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BIENT�T AUX �DITIONS CHIHAB
Chronique des ann�es d'espoir et de terreur
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 05 - 2005

�La guerre sans merci que les terroristes int�gristes ont men�e entre 1993 et 1997 contre les journalistes s'est sold�e par un bilan effarant que nul autre pays que l'Alg�rie n'a connu � ce jour : pr�s d'une centaine de journalistes et travailleurs des m�dias assassin�s. Depuis l'attentat meurtrier commis contre le journaliste et �crivain Tahar Djaout le 26 mai 1993, les terroristes ont mis en application, de mani�re syst�matique, un programme d'�puration des membres de la famille journalistique r�sum� par le sinistre slogan des Groupes islamiques arm�s : �Ceux qui nous combattent par la plume p�riront par la lame�.
Le summum de l'horreur fut atteint le 11 f�vrier 1996 lors de l'attaque � la voiture pi�g�e de la Maison de la Presse Tahar-Djaout qui la d�truisit en grande partie. Cette attaque commise en plein mois de Ramadhan co�ta la vie � trois journalistes du quotidien Le Soir d'Alg�rie dont les locaux furent enti�rement souffl�s. Elle causa aussi la mort de plusieurs citoyens de passage � la rue Hassiba-Ben-Bouali. Cette attaque visait � an�antir le moral des journalistes pour les amener � cesser de pratiquer leur devoir d'informer. Le r�sultat atteint fut � l'exact oppos� du but recherch�. Pass� le moment de stupeur, les journalistes d�cid�rent de continuer leur mission. Le travail, un moment interrompu, fut repris et les trois quotidiens touch�s, Le Soir d'Alg�rie, Le Matin et L'Opinion, dans l'incapacit� physique de para�tre, trouv�rent refuge dans les autres journaux sous forme d'une page quotidienne. Ce fut l'une des plus belles le�ons de solidarit� que les journalistes donn�rent de leur corporation face � l'adversit�.
L'auteur qui a v�cu en acteur engag� la d�cennie 1988-1998 dresse un tableau vivant mais sombre de cette p�riode charni�re qui a vu le basculement d'un syst�me de parti unique ferm� � un syst�me multipartite ouvert o� les journalistes alg�riens ont jou� un r�le d�cisif pour la libert� de la presse et la libert� d'expression en payant un lourd tribut.�
Un lourd tribut
�Avec 37 assassinats contre 9 en 1993, 25 en 1994, 20 en 1996 et 5 en 1997, l'ann�e 1995 fut la plus terrible et la plus meurtri�re de toutes. Les terroristes int�gristes se sont acharn�s de mani�re particuli�re sur ceux qui ont fait du m�tier d'informer leur credo. Dans leur folie meurtri�re, ils n'ont �pargn� ni r�dacteur, ni reporter photographe, ni correcteur, ni administratif, ni chauffeur. Indistinctement, ils s'en sont pris au professionnel comme au simple collaborateur, au responsable comme � l'employ�, � l'homme comme � la femme. Contrairement � une id�e r�pandue, cette guerre n'a jamais �t� s�lective. Ses commanditaires n'ont jamais fait de diff�rence entre un journaliste francophone et un journaliste arabophone, un Kabyle et un �Arabe�, la presse publique et la presse priv�e, la presse �crite et la presse audiovisuelle, d'�ge, de sexe ou de pens�e politique ou religieuse.� � Parmi les journalistes et les travailleurs des m�dias assassin�s, 67 appartenaient au secteur public (presse �crite et audiovisuelle confondue) et 29 au secteur priv� (presse �crite). Si leur nombre est beaucoup plus important dans la presse audiovisuelle (39 dont 26 de la t�l�vision et 11 de la radio), cela s'explique par le simple fait que les employ�s du premier secteur sont plus nombreux que ceux du second. La m�me raison peut �tre �voqu�e � propos du nombre de femmes (11) par rapport � celui des hommes (85). Le plus grand nombre d'assassinats a eu lieu � Alger (79). Le reste dans d'autres villes du pays : 5 � Blida, 2 � Boufarik, 2 � Dellys, 2 � Tizi-Ouzou, 1 � Boussa�da,1 � Constantine, 1 � Dra�-Ben- Khadda, 1 � Gdyel, 1 � Skikda et 1 � Tipasa A de rares exceptions, c'est pr�s du domicile, quelquefois � l'int�rieur m�me, sur le chemin du lieu du travail ou au retour du lieu de travail, que les journalistes ont �t� surpris par des individus arm�s de pistolets automatiques ou de couteaux, parfois des deux � la fois, de fusils-mitrailleurs quelquefois. Le fait de viser toujours la t�te montre que les terroristes agissaient en tueurs professionnels, ne laissant aucune chance de survie � leur victime.�
Se taire ou mourir
�En ce premier mois de l'ann�e 1993, En-Nafir, organe clandestin du FIS dissous, donne un d�lai de quarante jours aux journalistes, les sommant de mettre fin � leur campagne de �d�nigrement� du projet islamiste. Dans des mosqu�es alg�roises sous contr�le des int�gristes, des listes de professionnels des m�dias et d'hommes de culture sont placard�es, Tahar Djaout en faisait partie. Ces pressions et ces menaces sont relay�es par la radio clandestine du FIS. Le message sera re�u cinq sur cinq par les tueurs de l'ombre qui aiguisaient d�j� leurs couteaux et huilaient leurs pistolets automatiques, en attendant le moment propice pour passer � l'action. Ce moment ne tardera pas � venir.�
Tahar Djaout
�Dans la cit� populaire de Ba�nem o� habite Tahar Djaout, une cit� adoss�e � la for�t des hauteurs de Bouzar�ah et qui fait face � la mer, distante de quelques centaines de m�tres, dans une voiture arr�t�e au parking, trois jeunes, sur le qui-vive, l'œil bien ouvert, aux aguets, attendent depuis une heure ou deux. Bien que nerveux, ils sont s�rs de leur coup. Ils sont bien renseign�s sur les habitudes du journaliste pour l'avoir surveill� pendant des jours. Ils connaissent sa voiture, son nom, ses horaires � la minute pr�s. Son petit-d�jeuner pris, comme � l'accoutum�e, Tahar Djaout embrasse ses trois filles, dit au revoir � sa femme et sort de chez lui. Il n'y a que quelques minutes de la maison, situ�e au quatri�me �tage, � la voiture dans le parking. Alors que sa femme l'observe par la fen�tre, il s'installe sur le si�ge et baisse les vitres pour chasser l'air confin� dans l'habitacle et laisser rentrer un peu de fra�cheur. L'un des trois occupants de la voiture en stationnement descend et se dirige lentement vers lui. Absorb� par ses pens�es, le journaliste ne pr�te gu�re attention � ce jeune, comme il y en a partout, qui se dirige vers lui. Il devait penser certainement au prochain num�ro du journal qu'il faut pr�parer. Lorsque, face � l'arme point�e sur lui, il comprend de quoi il s'agit, il est d�j� trop tard. Couvertes par le cri horrifi� de sa femme qui observe la sc�ne du balcon, trois d�tonations �clatent dans le matin de cette journ�e du mercredi 26 mai 1993. Atteint de trois balles, dont une dans la t�te, tir�es � bout portant, Tahar Djaout s'effondre et entre dans un coma profond. Comme une tra�n�e de poudre, la nouvelle se r�pand tr�s vite dans les salles de r�daction, les si�ges des partis politiques et des associations, dans les administrations. C'est le choc. L'attentat suscite de nombreuses r�actions d'indignation et de r�probation dans tout le pays et � l'�tranger o� il est connu comme �crivain. Le lendemain de l'attentat, deux de ses assassins sont abattus du c�t� de Notre-Dame d'Afrique, sur les hauteurs d'Alger. Le troisi�me sera arr�t� le surlendemain. Plong� dans un coma profond, Tahar Djaout restera suspendu entre la vie et la mort pendant huit jours. Il d�c�dera le mercredi 2 juin. La famille de la presse est en deuil.�
Abderrahmane Chergou
�Mardi 28 septembre 1993, Mohammadia (ex-Lavigerie), El Harrach, proche banlieue � l'est d'Alger. Malgr� les menaces qu'il sait peser sur lui, en d�pit des reproches, des remontrances et des avertissements de sa famille, de ses camarades et de ses amis, Abderrahmane Chergou continue de vivre selon ses habitudes. Comme � l'accoutum�e, ce matin-l�, il sort de son domicile pour aller faire ses courses dans le quartier. Il est 8h45 lorsque, son panier dans une main et des journaux dans l'autre, il revient chez lui. Plong� dans ses pens�es, il ne remarque pas les trois individus qui l'attendent planqu�s dans la cage d'escalier de son b�timent. Arriv� � leur niveau, ils se ruent sur lui et lui ass�nent plusieurs coups de couteau. Pris au d�pourvu, il tente de r�agir en parant les coups avec son panier, contenant des sachets de lait et des baguettes de pain, mais c'est d�j� trop tard. Gravement atteint au ventre et � la poitrine, il s'�croule dans une mare de sang en criant : �Non, non, non!� Transport� � l'h�pital le plus proche, il succombe � ses blessures moins d'une heure apr�s l'attentat. �
Sma�l Yefsah
�Bab Ezzouar, cit� des 2 068 Logements. Il est presque 8 heures quand Sma�l Yefsah quitte son domicile, situ� au b�timent A 1, et se dirige vers sa voiture, gar�e dans le parking de la cit�, pour se rendre au 21, boulevard des Martyrs o� se trouve le si�ge de la t�l�vision. A quelques m�tres de son v�hicule, une 405 Peugeot grise, trois terroristes qui guettaient sa sortie, le surprennent et lui portent plusieurs coups de couteau dans le dos. Atrocement bless�, souffrant le martyre, le journaliste tente de fuir en criant : �Je n'ai rien fait ! Je n'ai rien fait !� Les assassins sortent alors leurs armes � feu et lui tirent dessus. Touch� de trois balles au ventre et � la poitrine, il tombe. Les tueurs, pensant qu'il �tait mort, r�cup�rent leurs trois autres complices post�s non loin d'eux, montent dans sa voiture et prennent la fuite. Encore vivant, souffrant le martyre, Sma�l Yefsah rassemble ses derni�res forces, se rel�ve et, titubant, parcourt une cinquantaine de m�tres, � la recherche d'un lieu s�r, d'un refuge, d'un secours. Arriv� au niveau de la cage 6 de l'immeuble, il s'y engouffre et monte p�niblement, une � une, les marches. Arriv� au deuxi�me �tage, il frappe � la porte de l'appartement d'un de ses voisins et les mains serr�es sur son ventre, s'�crie : �Refermez vite la porte !�, avant de s'�crouler, sans vie. Tout au long de son parcours, du parking � l'appartement, les traces de son sang perdu maculent le sol, les escaliers, les murs. A l'h�pital de Belfort o� il a �t� transport� par des policiers du commissariat de Bab-Ezzouar, les m�decins constatent le d�c�s. Sma�l Yefsah n'est plus.�
La valise ou le cercueil
�Jour et nuit, ils sont sur le qui-vive, aux aguets, les nerfs � fleur de peau. Beaucoup parmi ceux qui sont mari�s ont laiss� femme et enfants au domicile familial ou sont partis avec eux s'installer ailleurs. Les uns chez des amis, les autres chez des membres de la famille. Quant aux c�libataires, s'ils sont plus libres de leurs mouvements, ils n'en vivent pas moins le m�me calvaire. Se rendre du lieu d'habitation au lieu de travail et vice-versa rel�ve de l'exploit quotidien. On "casse" ses horaires habituels, on change de caf�s, de bars, de restaurants quand on ose y aller, on prend des chemins, d�tourn�s, des autobus ou des taxis de stations diff�rentes de peur d'�tre rep�r� et suivi. La voiture, quand on en a une, a �t�, pour des raisons �videntes, purement et simplement abandonn�e dans un garage ou dans un parking. Ce "jeu" dangereux de cache-cache avec la mort, qui peut surgir � n'importe quel moment et en n'importe quel lieu, met les nerfs � rude �preuve. Ceux qui l'ont programm� le savent bien, eux qui par une guerre psychologique savamment men�e, cherchent � cr�er la psychose chez les journalistes afin de ne leur laisser de choix qu'entre la valise ou le cercueil. �
Carnage au si�ge de "L'Hebdo Lib�r�"
� Le lundi 21 mars 1994, en ce d�but de printemps, � peine sortie d'un mois de Ramadhan particuli�rement sanglant, la nouvelle �clate comme une bombe sous le ciel d'Alger : les locaux de L'Hebdo Lib�r� ont �t� attaqu�s par un groupe de terroristes ! Cela faisait environ dix mois que j'avais quitt� ce journal o� j'avais pass�, avec une des �quipes les plus sympathiques et les plus d�termin�es de la presse alg�rienne, des moments intenses et rares. Comme � l'accoutum�e, je lisais ce jour-l� les quotidiens du matin lorsque la sonnerie du t�l�phone retentit. A l'autre bout du fil, je reconnus la voix de Abdelkrim Chaoui, un ancien coll�gue d' Alger R�publicain : �J'ai une mauvaise nouvelle. Ils ont attaqu� le si�ge de L'Hebdo Lib�r�. Il y aurait plusieurs morts.� Il n'est pas loin de 11 heures, ce premier matin de printemps, lorsqu'un groupe de sept terroristes se pr�sente au si�ge administratif. Se faisant passer pour des policiers en civil, ils se font ouvrir la porte en fer par la secr�taire. Lorsqu'elle comprend son erreur et se ravise en voulant refermer la porte, il est trop tard. Les terroristes forcent le passage et p�n�trent dans les lieux o� se trouvent Madjid Yacef, reporter photographe, Rachid Benhaddou, chauffeur, Azzedine Ramdani, agent administratif, Nadir Mahmoudi, fr�re du directeur du journal, permissionnaire du service militaire en visite, et Na�ma Na�li, secr�taire. Ils demandent apr�s le directeur Abderrahmane Mahmoudi et v�rifient les cartes professionnelles de chacun. N'ayant trouv� aucun journaliste, ils ordonnent aux cinq pr�sents de se mettre � plat ventre et froidement leur logent chacun une balle dans la t�te. Les pistolets munis de silencieux n'attirent l'attention de personne. Une fois leur forfait accompli, ils quittent les lieux. Ni vus ni connus. Bless�e, la secr�taire r�ussit � sortir et � alerter les policiers de faction de la radio. Madjid Yacef et Rachid Benhaddou, �g�s tous les deux de quarante ans, meurent sur le coup. Nadir Mahmoudi, vingt-quatre ans, mourra � l'h�pital quelques jours apr�s l'attentat. Azzedine Ramdani et Na�ma Na�li, bless�s, s'en sortiront avec des traumatismes.� Yasmina Drissi �Yasmina Drissi est professeur de fran�ais et correctrice au quotidien Le Soir d'Alg�rie. Le dimanche 10 septembre 1994, alors qu'elle se trouve dans sa voiture en compagnie d'une amie polonaise, dans une station-service, un groupe de terroristes, se pr�sentant comme des policiers, les accoste dans l'intention d'enlever son amie �trang�re. De toutes ses forces, Yasmina s'oppose � eux. Devant sa farouche d�termination de ne pas laisser son amie � son sort, les terroristes abandonnent cette derni�re et emm�nent de force Yasmina vers une destination inconnue. Deux jours plus tard, le mardi 12 juillet, elle est retrouv�e, la gorge tranch�e, du c�t� de Rouiba, � l'est d'Alger.�
Rachida Hammadi
�Accompagn�e de sa sœur Houria, surnomm�e M�riem, secr�taire dans la m�me bo�te, Rachida Hammadi, comme tous les matins, s'appr�te en ce d�but de journ�e du 20 mars 1995, � se rendre au si�ge de la t�l�vision nationale o� elle travaille comme journaliste. Il est 8h20 et devant leur domicile, situ� � la cit� Rostomia (ex-Clairval) de Chevalley, sur les hauteurs d'Alger, le chauffeur de la voiture de service qui les accompagne tous les jours au travail attend depuis quelques minutes. Du balcon, leur p�re, qui a pris l'habitude depuis que les assassinats de journalistes se sont multipli�s, de regarder � l'ext�rieur pour s'assurer qu'il n'y a rien de suspect, ne remarque pas la voiture de type Lada break de couleur rouge stationn�e juste en face de la cit�, de l'autre c�t� de la route. La circulation est particuli�rement dense dans ce quartier encombr�. La vigilance la plus extr�me peut �tre prise en d�faut tant le ballet infernal des voitures qui passent, qui s'arr�tent ou qui d�marrent est incessant. A peine les deux sœurs ont-elles pris place dans la voiture de service qu'un jeune homme arm�, qui s'�tait m�l� � la foule des �tudiants attendant leur transport � l'arr�t des autobus universitaires, s'approche du v�hicule de service dont le chauffeur marque un temps d'arr�t avant de quitter l'esplanade de la cit� et de se couler dans le flot des voitures. Arriv� au niveau du v�hicule, il sort son arme automatique et ouvre le feu, visant la journaliste et sa sœur. Houria qui a remarqu� le man�ge tente, dans un geste d�sesp�r�, de prot�ger sa sœur en la couvrant. Elle est tu�e sur le coup. Atteinte de plusieurs balles dont une � la t�te, Rachida sombre dans le coma. Son forfait accompli, le tueur rejoint ses deux complices qui l'attendent dans leur v�hicule, moteur en marche. A l'h�pital le plus proche o� elles ont �t� �vacu�es, les m�decins tentent l'impossible pour sauver Rachida qui lutte contre la mort. Les balles sont retir�es du corps mais celle qui s'est log�e dans la t�te n�cessite des moyens dont l'h�pital de Beni Messous ne dispose pas. Transf�r�e � l'h�pital militaire de A�n-Na�dja, mieux �quip�, Rachida est imm�diatement prise en charge par des m�decins qui tentent de l'arracher des griffes de la mort. Alors que sa sœur lutte toujours contre la mort, Houria est enterr�e au cimeti�re de B�ni-Messous. Elle avait 36 ans. Devant l'impuissance des m�decins � extraire la balle qui s'est log�e dans sa t�te, le 26 mars, la d�cision est prise de transf�rer Rachida � l'h�pital parisien du Kremlin-Bic�tre. Malheureusement, les m�decins parisiens �chouent aussi dans leur tentative d�sesp�r�e de la ramener � la vie et Rachida d�c�de dans la nuit du 30 au 31 mars. A l'�ge de 32 ans. C'est la premi�re femme journaliste assassin�e.�
Sa�da Djeba�li et Ahmed- Mustapha Lazhari
�Sa�da Djeba�li est journaliste au quotidien arabophone priv� El Hayat El-Arabia et Ahmed- Mustapha Lazhari est chauffeur dans le m�me quotidien. Ils sont fianc�s. Comme � son habitude, Lazhari accompagne Sa�da � son domicile, situ� � la cit� Skasni, dans le quartier de Beaufraisier, sur les hauteurs d'Alger. Ils sont surpris en ce jour du 16 octobre 1995, � la tomb�e de la nuit, par un groupe de terroristes qui ouvrent le feu sur leur v�hicule. Ils d�c�dent sur le coup, unis dans la mort. Sa�da �tait licenci�e de l'Institut des sciences politiques et des relations internationales de l'universit� d'Alger. Elle avait commenc� sa carri�re de journaliste le 8 octobre 1994, un an avant que la mort ne l'arrache � ce m�tier qu'elle avait choisi malgr� tous ses dangers.�
Attentat contre la Maison de la Presse
�15 heures. Je ne comprends pas. Je sais seulement que quelque chose de terrible vient d'arriver. Un s�isme, me dis-je en mon for int�rieur. Tout se passe en une fraction de seconde. Les doigts crois�s, je plaque mes mains sur ma t�te de toutes mes forces et je plonge entre deux bureaux. Je ne comprends pas encore. J'ai seulement l'impression que le ciel m'est tomb� sur la t�te. J'entends des bruits de fracas, des cris et des hurlements. Au bout de quelques secondes, je me l�ve, h�b�t�, seul dans un d�cor de cauchemar. Ce qui �tait un bureau il y a quelques secondes � peine ressemble maintenant � un champ de ruines. Je ne r�alise pas encore. Je sens sur mon visage et mes mains la chaleur moite du sang qui coule. Je pense toujours � un tremblement de terre mais la r�ponse me vient du couloir o� quelqu'un crie de toutes ses forces : �Une bombe! C'est une bombe!� �Dorbhan est mort!� La macabre nouvelle, l'incroyable nouvelle fait tr�s vite le tour de la Maison de la Presse. Personne ne veut y croire. Je ne veux pas y croire. Mohamed, mon ami, l'ami de tous, ne peut pas mourir. C'est une erreur. Une m�prise. Ce n'est pas possible. Et pourtant, il faut se rendre � l'�vidence, cette d�pouille inanim�e, ce corps allong�, cette t�te �clat�e, baignant dans son sang encore chaud, c'est bien Mohamed.�
H.M.
*Lazhari Labter, n� � Laghouat, licenci� en lettres fran�aises, commence une carri�re de journaliste en 1976 au journal L'Unit�. Il collabore � R�volution Africaine, Saout Echa�b, Alger R�publicain, L'Opinion, L'Hebdo Lib�r�, El Manchar, Le Payset L'Humanit� Dimanche. Il publie Novembre mon amouren 1978 et Floril�ge pour Yasminaen 1981, ses deux premiers recueils de po�mes. Journalistes alg�riens, entre le b�illon et les balles, t�moignage sur les assassinats de journalistes et leur difficile combat contre la censure, para�t en France, chez L'Harmattan en 1995. Son dernier recueil de po�sie, Yasmina ou les sept pierres de mon collier d'amour, a �t� publi� aux Editions Barzakh � Alger en 2001 et son r�cit Retour � Laghouat mille ans apr�s Beni Hillel aux Editions El Ikhtilef en 2002.


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