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Le jubil� de Ramdane Abane Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 05 - 2005

Et si les choses s'�taient pass�es autrement ? Et si m�me, entre r�alit� et reconstruction mentale, elles continuent � se passer autrement que comme elles se passent ? Cet exercice instinctif de l'imaginaire s'impose � moi chaque fois que je lis un canard. Pourquoi ? Parce que, il y a probablement, dans l'histoire qui nous rassemble en surface et nous divise en profondeur, beaucoup de zones d'ombre, d'ambigu�t�s, de non-dits, de mensonges, d'�quivoques.
Et c'est dans cette face cach�e o� l'ombre est la proie que l'imaginaire puise ses aliments. Chaque fois que je lis un canard, �a me le fait. Je n'y ai pas coup�, cette fois-ci pas moins que les autres. J'ai lu, par exemple, que le village de Azouza, en Kabylie, s'est par� de ses plus beaux atours pour accueillir ses illustres invit�s pour le jubil� du premier pr�sident de la R�publique alg�rienne, Abane Ramdane. Je me suis mis � imaginer que ce n'est pas Abane Ramdane qui f�te son jubil� mais Ben Bella. L'un a �t� attir� par ses faux fr�res dans une ferme au Maroc pour y �tre d�finitivement assassin�. Il n'avait que 36 ans. Au cimeti�re d'El Alia, � Alger, la tombe qui porte son nom est vide. L'autre a eu plus de bol. Non seulement, il a soigneusement �vit� de passer par les fermes au Maroc o� de faux fr�res pouvaient le guetter, mais il a trouv� les ressources pour survivre � tout et, ph�nix par procuration, de rena�tre constamment des cendres des autres. Imaginons donc que Ramdane Abane a �t� assassin� et Ben Bella f�te son jubil�. Cette supposition ne r�gle pas tous les probl�mes. Trois choses, au moins, m'intriguent dans ce jubil�. La premi�re, la plus simple, et la plus complexe dans le m�me temps, est de comprendre ce que veut dire jubil� pour un homme politique. Pour un sportif, �a va, je pige. Il invite des copains — les plus prestigieux, bien s�r ! —, fait un dernier match avec eux, ou un dernier sprint. Tout le monde dit de lui le plus grand bien, qu'il a �t� un grand sportif, un grand patriote qui a d�fendu avec hargne et honneur les couleurs du douar contre toutes les adversit�s. Puis apr�s les faux buts qu'on lui laisse marquer et les vraies effusions dont on l'humecte, il s'assied sur le banc de touche et regarde, par-del� la pelouse, pousser les bl�s en attendant la grande Faucheuse. �a, c'est le jubil� d'un sportif. Je crois savoir, ce que c'est, le jubil� d'un artiste. Tiens, par exemple, un com�dien. Il joue une derni�re fois devant un parterre de potes �namour�s, puis le rideau tombe. Mais c'est la derni�re fois. La toute derni�re fois ! D�sormais, il n'entendra les ovations, m�lang�es � d'autres bruits plus suspects, que dans la houle de sa m�moire. Les feux de la rampe qui lui br�leront l'iris, ce seront ceux de la nostalgie. Le jubil� pour un chanteur, c'est � peu pr�s la m�me chose, mais avec une variante de taille : �a peut devenir une strat�gie. Les plus charitables d'entre les chanteurs qui jubilent peuvent vous pr�venir : si tu rates mon jubil�, t�che de ne pas louper le prochain. Mais pour un politique, c'est quoi, un jubil� ? Franchement. C'est quoi le jubil� de Ben Bella, hors circuit depuis 1965, date � laquelle ses potes en k�pis, qui lui avaient fait la courte �chelle pour grimper sur un char, ont retir� les mains ? Il va faire des adieux path�tiques � des arm�es r�volutionnaires qu'il a h�ro�quement conduites � la libert�, aux masses opprim�es pour lesquelles il a ferraill�, � des �lecteurs qui l'ont port� d�mocratiquement au pouvoir pendant des d�cennies ? Que non ! Alors, jubil� ? Quoi, jubil� ? Qui jubile et pour quoi ? Peut-�tre que ses proches, qui n'�taient pas nombreux � l'�poque o� �a co�tait d'�tre un de ses proches, se souviennent, au milieu de son �ge canonique, que Ben Bella a �t� footballeur, � Maghnia d'abord, ensuite � Marseille, et que cette passion de jeunesse m�rite un petit jubil�. Je serais tent� de le croire, vu que l'une des premi�res festivit�s du jubil� qui a �gay� la morne plaine de Maghnia a eu lieu � la salle omnisports en une soir�e au cours de laquelle, entre autres, l'in�narrable Mohamed Lamari, qui met toujours autant de talent � c�l�brer un dirigeant que son rival, aurait redoubl� de contorsions. La deuxi�me chose qui me chiffonne dans cette histoire, c'est tout le tralala maraboutique fait autour de ce jubil�. Quand on sait � quelles pulsations battait le socialisme sonore des ann�es Ben Bella, on se dit que c'est plut�t de l'effiloch� que �a finisse par une oua�da au mausol�e de Sidi Yahia, un recueillement devant celui de Sidi Djillali et une danse folklorique. Troisi�me chose, mais pas derni�re. Je ne trouve rien � redire au fait que ce soit la ville de Maghnia et la wilaya de Tlemcen, donc l'�tat alg�rien de Azouza � A�n Guezzam, qui honore un homme qui, quoi qu'on puisse en penser, a �t� en effet le premier pr�sident de l'Alg�rie. A Azouza, lorsqu'on comm�more l'assassinat d'Abane Ramdane, c'est avec les moyens frustes d'une association de jeunes. Heureusement, du reste, car on aurait vu, dans le cas contraire, encore du r�gionalisme. Le jubil� de Ben Bella, qui r�v�le collat�rallement l'existence d'un journalisme lyrique dans la r�v�rence a aussi, on s'en serait presque dout�, un enjeu horriblement actuel. Le pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika, qui s'appr�te � passer la pilule de la �concorde nationale�, un pardon qu'on accorde sans qu'il ait �t� demand�, a besoin de s'appuyer sur des forces politiques, et c'est le boulot des partis et des chefs qui fr�tillent dans son giron, mais pas seulement. Il a besoin aussi, surtout, de s'appuyer sur des forces morales, suppos�es telles. De Doha, la capitale du Qatar, o� il est hospitalis�, Abassi Madani exhorte les d�bris du Fis � laisser �la r�conciliation entre les mains de Bouteflika�. Ben Bella n'a pas manqu� de renvoyer l'ascenseur au locataire d'El Mouradia en d�clarant, �je d�die ce jubil� au pr�sident Bouteflika et (...) � la r�conciliation nationale�. Ceci �tant dit, Ben Bella est loin d'�tre uniquement la victime d'un putsch perp�tr� par un syst�me dont il �tait sinon un pilier, du moins un des architectes. Ce n'est pas uniquement le prisonnier dont on ne pronon�ait m�me pas la premi�re syllabe du nom sous le r�gne de Boumediene. Ce n'est pas non plus seulement l'homme � la pens�e relativement radicale, qui est pass�e d'un socialisme sec � quelque chose qui est presque de l'islamisme. Ben Bella repr�sente le courant dominant du nationalisme alg�rien. Il en incarne les contradictions jusqu'� l'outrance. Et c'est cela qui fait de lui un personnage int�ressant. Il n'y a aucune surprise � ce qu'il appuie la �concorde nationale �, non point parce que son grand �ge a apais� les pulsions de combat en lui mais parce que, dans la matrice id�ologique d'o� il sort, il n'y a pas de heurt entre islamisme et nationalisme. Il y en aurait eu certainement entre la R�publique sociale de Abane et l'islamisme. Mais c'est une autre histoire.
A. M.
P.S. de l�-bas : C'est le royaume d'Ubu, l'Alg�rie de la concorde, un pays o� on jette si facilement des journalistes en prison. Il y a pire : c'est ce pays, la France, o� on jette des avocats en prison. Carr�ment! Ici ou l�-bas, tu vois un peu? Mal barr�, hein !...


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