Entre Annaba et le poste frontalier d�Oum T�boul, la RN 44, serpentant sur pr�s d�une centaine de kilom�tres � travers l�immense for�t de ch�nes-li�ges couvrant les espaces � perte de vue est une v�ritable invitation au voyage et � l��vasion. Les vacanciers profitent de ce paysage f�erique traversant les villages inond�s de soleil et contemplant les maisonnettes aux toits en tuile rouge agglutin�es au flanc de la montagne. Des cl�tures en bois de part et d�autre de la route, des vaches paissant dans les pr�s et des paysans travaillant dans les champs ajoutent � cette beaut� naturelle unique que cette r�gion de l�Alg�rie profonde a su pr�server. Le poste frontalier d�Oum T�boul appara�t au d�tour d�un virage juch� sur un promontoire surplombant la grande bleue visible � quelque deux kilom�tres et dont les vagues capricieuses viennent caresser le sable dor�. Une centaine de voitures immatricul�es en France pour la plupart attendent de passer les contr�les ; des policiers en faction veillent au bon d�roulement de l�op�ration, des douaniers post�s aux points strat�giques surveillent discr�tement les all�es et venues, et des agents de la Protection civile se tiennent pr�ts � intervenir en cas de besoin. Dans la grande salle climatis�e, les touristes se pressent pour remplir les fiches de police et � passer les formalit�s, on se pr�sente, on remet ses documents � l�un des cinq agents derri�re le comptoir qui, en l�espace de 2 � 3 minutes, le temps de v�rifier sur micro, vous remet vos papiers vous signifiant que vous �tes en r�gle et que vous pouvez franchir la fronti�re. Un couple de Batna en voyage de noces est tout heureux de n�avoir attendu que 15 minutes pour repartir en direction de la Tunisie toute proche : �Nous sommes vraiment contents de l�accueil qui nous a �t� r�serv�, nous confie l�heureux mari�, et nous remercions tout le monde pour avoir facilit� notre passage.� C�t� entr�e, c�est pratiquement la m�me chose, plus d�une centaine de voitures, pr�s de 400 Alg�riens rentrant au pays, ce sont d�autres guichets qui sont mis � leur disposition pour leur permettre de repartir rapidement chez eux. Le chef de poste que nous avons rencontr� nous a appris qu�en 24 heures entre 3 500 et 4000 touristes traversent la fronti�re dans les deux sens. �C�est cependant moins que les ann�es pr�c�dentes et la tendance est � la baisse, peut-�tre que les Alg�riens pr�f�rent passer les vacances chez eux�. Selon nos informations, le nombre de Tunisiens entrant en Alg�rie est tr�s r�duit, ils ne font que passer, la quasi-totalit� d�entre eux va au Maroc. Le no man�s land qui s��tend sur une dizaine de kilom�tres s�parant les deux postes, d�habitude d�sert, est tr�s fr�quent� pendant l��t�, des centaines de voitures empruntent la route qui le traverse pour rejoindre le poste tunisien de Melloula. Des �l�ments de la garde nationale tunisienne surgissent parfois de la for�t pour proc�der � des contr�les auxquels les Alg�riens se soumettent non sans exprimer leur col�re puisque ces contr�les ont d�j� �t� effectu�s. Melloula est un petit poste exigu construit pour accueillir juste 500 touristes, une salle minuscule souhaitant la �bienvenue aux fr�res alg�riens� ce qui n�est pas vraiment le cas au vu de ce qui s�y passe. Les touristes alg�riens subissent un v�ritable calvaire amenant certains � rebrousser chemin et � rentrer au pays. En effet, pour des familles, c�est un goulot d��tranglement que ce poste par lequel on transite pour aller en Tunisie et �profiter� de ses vacances. Des dizaines de familles attendent sous un soleil de plomb qu�on veuille bien s�occuper d�elles, des enfants qui pleurent, pas d�eau, pas de climatisation, pas de commodit�s et des heures d�attente avec en plus les brimades des agents affect�s � l�accueil. �Il est midi trente, nous dit un p�re de famille, nous sommes l� depuis 10 heures et nous attendons toujours notre tour, �a tra�ne, les enfants ont soif et sont fatigu�s, ils veulent qu�on reparte. Je regrette vraiment d��tre venu ici, j�aurais mieux fait de programmer nos vacances � B�ja�a ou � Collo, je ne peux pas rebrousser chemin, la famille a attendu ces vacances depuis le d�but de l�ann�e. Je dois subir en silence ce qui se passe mais je me suis promis � moi-m�me de ne plus revenir.� Le chef de poste de Melloula avec lequel nous avons eu un petit entretien nous a bien re�us et a bien voulu r�pondre � nos questions non sans avoir obtenu auparavant l�autorisation de ses sup�rieurs. �C�est tout � fait normal, nous d�clare-t-il, il y a une grande affluence de nos fr�res alg�riens et nous faisons de notre mieux pour rendre leur s�jour agr�able, il est vrai qu�on passe beaucoup de temps dans ce poste, il est exigu et il n�est pas con�u pour s�occuper d�un aussi grand nombre de touristes qui affluent en ce mois d�ao�t. Croyez-moi, nous essayons de faciliter au maximum le passage de nos fr�res, mais voyez-vous, il y a des r�gles � respecter et �a prend du temps. Cette situation sera r�gl�e avec l�inauguration du nouveau poste qui ouvrira ses portes le 7 novembre prochain, il est spacieux et sera mieux �quip� en moyens humains et mat�riels, revenez nous voir quand il sera op�rationnel et vous constaterez par vous-m�mes.� Cependant, dehors, les touristes alg�riens s�impatientent, il y en a qui crient leur col�re, d�autres, las d�attendre, se sont install�s dans leurs voitures esp�rant passer en territoire tunisien avant la tomb�e de la nuit. De l�autre c�t� de la fronti�re, � une dizaine de kilom�tres, la ville c�ti�re de Tabarka s��tale au bord de la mer avec ses h�tels et ses restaurants en plein air, quelques touristes europ�ens attabl�s, d�autres se baladent dans les rues ou font du shopping, quelques voitures immatricul�es en Alg�rie circulent et c�est � peu pr�s tout. Il n�y a pas vraiment l�ambiance d�antan et on a l�impression que rien n�est plus comme avant, et les Tunisiens pourtant aimables et accueillants sont d��us, les touristes se font rares, il faut dire que la conjoncture internationale y est pour beaucoup. Au retour, c�est le m�me topo, de longues files d�attente et des heures perdues avant de repasser la fronti�re dans l�autre sens. Au poste d�Oum T�boul, les Alg�riens sont contents de rentrer, ils s�accordent tous � dire qu�ils ne reviendront pas de sit�t.