La loi de finances pour 2006 est bas�e sur un prix de r�f�rence r�el du baril de 40 dollars et non sur un prix officiel de 19 dollars, selon le ministre des Finances, Mourad Medelci, s�exprimant devant les membres de la commission des finances et du budget de l�APN. Selon notre confr�re Libert�, dans son �dition d�hier, le ministre des Finances, Mourad Medelci, aurait �promis, sur insistance des d�put�s, de r�v�ler officiellement en pl�ni�re, que le projet de loi de finances pour 2006 a �t� �tabli en r�alit� sur un prix de r�f�rence du baril � 40 dollars et non pas 19 dollars tel qu�il a �t� indiqu� dans le document�. En outre, Mourad Medelci aurait, selon la m�me source, affirm� que le gouvernement a donn� un faux prix formel pour ne pas susciter des interrogations et pour �ne pas faire peur au peuple�. M�me si cette derni�re affirmation s�av�re improbable, le grand argentier n�en demeure pas moins convaincu que le prix de r�f�rence pour 2006 doit �tre r�ellement de 40 dollars le baril et aurait d� correspondre � 37 dollars lors de l��laboration de la loi de finances compl�mentaire 2005. Un prix fiscal qui est d�termin� en fait, selon le ministre des Finances, par un calcul �conomique prenant en consid�ration la hausse des cours mondiaux du p�trole et l�impulsion du programme quinquennal de soutien � la croissance (2005-2009). Ce faisant, le grand argentier semble consid�rer que le lancement de ce programme ne doit pas p�tir de changements de cap intempestifs, d�autant qu�il existe, selon lui, assez de liquidit�s en circulation dans le pays. Ce qui explique le prix de r�f�rence de 19 dollars retenu formellement dans le projet de cadrage budg�taire pour l�ann�e prochaine, �pour �viter de tomber dans les erreurs commises dans les ann�es 1980 o� le p�trole a connu une chute importante�. Au-del� de l�apparente contradiction, une telle attitude marqu�e de prudence se retrouve dans les termes du rapport de pr�sentation de cette loi de finances, selon lequel le prix du baril de p�trole brut, en 2006, est maintenu au m�me niveau que les prix fiscaux retenus dans le cadrage des lois de finances depuis 2000, soit 19 dollars le baril (� l�exception de l�exercice 2002 o� la loi de finances compl�mentaire a �t� construite sur un prix de 22 dollars pour un baril de p�trole brut). Une option pour un prix de cadrage de 19 dollars qui ob�it � la pr�occupation de �pr�munir la d�pense publique d'�ventuels retournements brutaux de la conjoncture du march� p�trolier dont l'impr�visibilit� demeure toujours pr�sente�. En effet, selon ce rapport, �certaines pr�visions avanc�es par les institutions internationales sp�cialis�es pr�voient une contraction du prix du baril de p�trole brut en 2006 par rapport � son niveau moyen en 2005�. Il met aussi en avant le fait que les croissances �conomiques en Chine et en Inde, pays contribuant fortement ces derni�res ann�es � l'accroissement de la demande d'�nergie, seront l�g�rement en recul en 2006 par rapport � 2005. Mais aussi par la n�cessit�, indique le d�partement de Mourad Medelci, �de contenir la d�pense publique dans des limites soutenables � terme et en ad�quation avec les capacit�s d'absorption des financements� et de �contribuer, dans un contexte de forte progression de la d�pense publique, � contenir l'inflation, dans des limites proches de celles de nos principaux partenaires, � travers le fonds de r�gulation des recettes qui a un effet de stabilisation sur la liquidit�. En consid�rant que �plus l��cart entre le prix fiscal et le prix r�alis� du baril de p�trole est grand (au prix moyen de 49,6 dollars au premier semestre 2005), plus l�effet stabilisateur de la liquidit� � travers le fonds de r�gulation est important�. Le ministre de l�Energie et des Mines, Chakib Khelil, s�exprimant r�cemment, s�est montr� lui aussi prudent � ce propos en mettant en avant la n�cessit� d�assurer une garantie financi�re aux grands projets du quinquennat 2005-2009. Mais aussi la prudence, selon Chakib Khelil, de se pr�munir contre tout risque de bouleversement du march� p�trolier mondial, avec la menace d�une possible r�cession de l��conomie am�ricaine et, partant, celle mondiale, la baisse de la demande p�troli�re mondiale et la psychose de la d�gradation des cours de l�or noir. Cela m�me si le ministre de l�Energie de soutenir que les prix du p�trole ne vont pas descendre � moins de 50 dollars au cours des six prochains mois au moins, les fondamentaux du march�, les probl�mes g�opolitiques, les effets des perturbations atmosph�riques et les limites de la capacit� de raffinage dans le monde, n��tant pas appel�s � changer de sit�t. Or, le Fonds mon�taire international (FMI) a recommand� r�cemment aux autorit�s alg�riennes �une utilisation plus graduelle et �tal�e sur toute la p�riode 2005-2009 des nouveaux projets d�investissements inscrits dans la loi de finances 2006�. En d�autres termes, le FMI a appel� � �ne pas aller trop vite dans l�ex�cution de ce programme� afin de �ne pas compromettre la qualit� de ces d�penses et de limiter l�impact sur l�inflation� et en veillant � garantir des capacit�s d�absorption. Dans ce sens, l�institution financi�re internationale sugg�re de transformer l�actuel fonds de r�gulation des recettes en un fonds d��pargne pour le futur, avec l�objectif de canaliser l�exc�dent important de recettes g�n�r�es par les hydrocarbures et de l�utiliser pour le financement des programmes de d�veloppement social et �conomique. N�anmoins, le FMI juge opportun de maintenir le prix de r�f�rence � 19 dollars, �une ancre et un acquis pour l�Alg�rie�, selon les propos tenus dimanche dernier � Alger par un de ses repr�sentants, dans le cadrage budg�taire et pour la couverture des d�ficits budg�taires et du Tr�sor. Des d�ficits qui peuvent �tre largement couverts par les fonds accumul�s dans le fonds de r�gulation des recettes. En avan�ant un prix de r�f�rence r�el de 40 dollars et un prix de r�f�rence officiel de 19 dollars, le ministre des Finances se met-il en porte-�-faux avec les desiderata du FMI ou oppose-t-il un leurre � l�opinion publique ? L�interrogation s�av�re fond�e, le grand argentier du pays ayant adopt� un raisonnement tr�s nuanc�, ouvrant la voie � toutes les supputations et incertitudes dont le moindre est de savoir si les 21 dollars d��cart iront r�ellement au fonds de r�gulation des recettes, comme pr�conis� par le FMI ?