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MAROC
Ben Barka, une affaire non encore �lucid�e
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 10 - 2005

Il y a 40 ans, le 29 octobre 1965, le leader de la gauche marocaine, est enlev� en plein Paris. Il est tortur� � mort, son corps a �t� dissous dans de l�acide. Les t�moins de l�affaire ont tous disparu.
C�est sur d�cision du roi Hassan II, lors d�une r�union tenue le 25 mars 1965 avec les chefs de la s�curit� du royaume, qu�a �t� prise la d�cision d�enlever Mehdi Ben Barka (1). Ce jour-l�, le monarque marocain avait d�clar� : �J�ai besoin de mon ancien prof de maths, j�ai une �quation � r�soudre� (2). Interpell� par deux inspecteurs de police fran�ais, le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain � Paris, le leader de la gauche marocaine dispara�t � jamais.
La vraie cause de sa disparition
Au Maroc, Mehdi Ben Barka, fondateur de l�UNFP (Union nationale des forces populaires), militait ouvertement pour �l�abolition du r�gime f�odal et personnel � marocain. Le 16 novembre 1962, il �chappe d�j� � un attentat foment� par les services du g�n�ral Oufkir et du commandant Dlimi. Le 16 juillet 1963, apr�s que le roi Hassan II eut d�cr�t� l��tat de si�ge, Ben Barka se r�fugie en Alg�rie, suivi une ann�e plus tard par sa femme et ses enfants qui ne voulaient pas ��tre pris en otages� (3). Et quand �clate �la guerre des sables� entre l�Alg�rie et le Maroc durant l�automne 1963, il d�nonce �la guerre d�agression� contre l�Alg�rie et pr�ne la solidarit� avec �la R�volution alg�rienne�. Le 22 novembre, il est condamn� � mort par contumace pour complot et tentative d�assassinat contre le roi. Commence alors un exil militant. Alger, alors carrefour de la plupart des mouvements r�volutionnaires du Tiers- Monde et o� il rencontre Che Guevara, Amilcar Cabral, Malcom X.., Le Caire, Rome, Gen�ve, La Havane �maillent son itin�raire. Il travaille � f�d�rer les mouvements r�volutionnaires du Tiers-Monde en vue de la Tricontinentale devant se tenir en janvier 1966 � la Havane et o� affirmait-il dans une conf�rence de presse que �les deux courants de la r�volution mondiale y seront repr�sent�s : le courant surgi avec la r�volution d�Octobre et celui de la r�volution nationale lib�ratrice�. (4). Pr�sidant la commission pr�paratoire, il y d�finit les objectifs parmi lesquels, l�aide aux mouvements de lib�ration, le soutien � Cuba soumis � l�embargo am�ricain, la liquidation des bases militaires �trang�res et l�apartheid en Afrique du Sud... Pour l�historien Ren� Galissot, �c�est dans cet �lan r�volutionnaire de la Tricontinentale que se trouve la cause profonde de l�enl�vement et de l�assassinat de Ben Barka� (5), ce commis voyageur de la r�volution selon l�expression de l�historien Jean Lacouture.
Truands fran�ais et agents secrets marocains
Le leader de la gauche marocaine est alors pist�, surveill�, mis sous �coutes t�l�phoniques. Ben Barka se sent menac� depuis que son compagnon Cheikh Arab est assassin�. A Rome, il ne sort que d�guis�. A Gen�ve, il trouve refuge dans la r�sidence du consul d�Alg�rie. Il croise beaucoup de gens avant de se faire pi�ger � Paris. Il se rend dans la capitale fran�aise pour rencontrer un r�alisateur, George Franju, qui lui a propos� de r�aliser un documentaire sur le mouvement de lib�ration des peuples intitul� �Basta�. Ben Barka, qui avait rendez-vous avec lui � la Brasserie Lip, ne savait pas que ce dernier �tait un �ami� du truand George Figon. C�est Antoine Lopez, chef d�escale � Orly, en fait agent secret du SDECE, l�anc�tre de la DGSE, qui indique aux deux policiers, Louis Souchon et Roger Voitrot, le leader marocain qui �tait alors accompagn� par un �tudiant, Thami Azzemouri. Ben Barka est interpell�, conduit dans une Peugeot 403 dans laquelle se trouvait l�un des quatre truands recrut�s par les services marocains, Julien Le Ny. Azzemouri est laiss� libre. Ben Barka est emmen� � Fontenay-le-Vicomte dans la maison de George Boucheseiche, le chef des truands, qui sera rejoint aussit�t par le commandant Dlimi, chef de la s�ret� marocaine, le g�n�ral Oufkir, ministre de l�Int�rieur, et plusieurs agents marocains dont Miloud Tounzi, Mohamed Achaachi et Boubker Hassouni dit l�infirmier. Tortur� par le commandant Dlimi en personne, sous les yeux du g�n�ral Oufkir, Ben Barka succombe dans la nuit du 29 au 30 octobre quelques heures apr�s son enl�vement. D�cision est prise de ramener clandestinement le corps au Maroc afin d��viter le scandale, gr�ce sans doute � des complicit�s au sein de l�appareil d�Etat fran�ais. Arriv� � l�a�roport de Rabat, dans la nuit du 31 octobre, le corps de Ben Barka est emmen� dans un centre de torture, Dar el Mokri, o� sur les indications d�un certain colonel Martin, chef de l�antenne de la CIA au Maroc et qui avait acc�s directement au roi Hassan II, le corps du d�funt leader marocain est plong� dans une cuve remplie d�acide et dissous, r�v�lait en juin-juillet 2001 l�ex-agent secret marocain, Ahmed Boukhari (6). La sc�ne est film�e. Une copie du film est remise par le commandant Dlimi au roi Hassan II.
Liquidation physique des t�moins de l�affaire
En chargeant ses services d�enlever Ben Barka, le roi Hassan II avait-il l�intention, comme on l�a pr�tendu plus tard, de trouver un compromis avec son adversaire d�clar� ? Si c��tait le cas pourquoi le monarque marocain n�a-t-il pas annonc� publiquement son intention de le rencontrer ? Pourquoi a-t-il couvert de son autorit� le g�n�ral Oufkir et le commandant Dlimi et pourquoi les autres agents marocains ayant particip� � cette sordide affaire n�ont jamais �t� inqui�t�s, d�autant que deux d�entre eux � Miloud Tounzi et Boubker Hassouni � sont encore en vie ? Quant aux autres protagonistes et t�moins de ce crime d�Etat, ils ont tous disparu. L��tudiant Azzemouri, t�moin de l�enl�vement de Ben Barka, a �t� retrouv� mort en 1971 dans une chambre � Paris, officiellement il s�est �suicid�. Le truand George Figon est retrouv� mort le 17 janvier 1966 � Paris, ses complices George Boucheseiche, Pierre Dubail et Julien Le Ny, qui ont �t� exfiltr�s vers le Maroc en 1965 o� ils dirigeaient un cabaret au nom �vocateur �le Bel Abri�, sont morts assassin�s entre octobre et novembre 1974. Entre-temps, le g�n�ral Oufkir est mort lors du coup d�Etat rat� contre le roi Hassan II en 1972. Le cinqui�me truand serait mort des suites d�un cancer en 1976 au Maroc. Enfin, le commandant Dlimi, devenu, entre-temps, num�ro deux du r�gime, est mort en 1983, officiellement � la suite d�un accident de la circulation ! Seul protagoniste fran�ais encore en vie, l�ex-agent secret Antoine Lopez qui avait, dans un entretien accord� au Parisien dat� du 6 f�vrier 2000, lev� un coin du voile sur l�affaire Ben Barka. Ainsi donc, quarante ans apr�s, au nom sans doute de la raison d�Etat, la mort de Ben Barka n�est pas encore �lucid�e.
H. Z.
(1) Le Monde et Le Journalhebdo( hebdomadaire marocain) du 30 juin et du 1er/2 juillet 2001. Enqu�te de Stephen Smith, Aboubakr Jama� et Ali Amar
(2) Ben Barka de Zakya Daoud et Ma�ti Monjib, Editions Michalon, Paris. 1996. Mehdi Ben Barka a �t� le professeur de math�matiques du futur roi Hassan II au Coll�ge royal de Rabat.
(3) Entretien de Mansour Ben Barka, fils de Ben Barka dans Gauche Hebdo du 18 f�vrier 2000
(4) et (5). Ren� Galissot. Mehdi Ben Barka et la Tricontinentale. Le Monde diplomatique d�octobre 2005.
(6) Le Monde et le Journal- Hebdo du 1er/2 juillet 2001.


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