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LETTRE DE PROVINCE
La mis�re des jours ordinaires Par Boubakeur Hamidechi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 11 - 2005

Les petites gens n�ont que de petites attentes et surtout de modestes esp�rances. Elles n�osent pas croire aux bonnes r�solutions des puissants quand ils pr�tendent � la commis�ration et se donnent bonne conscience en �tant ostentatoirement charitables.
Elles savent d�exp�rience que tous les protocoles compassionnels de la solidarit� ne sont que du vent dans les voiles d�une politique depuis longtemps funeste au pays. Avec un lucide d�tachement, elles se d�tournent du verbalisme des bateleurs de l�altruisme, sachant que cette vaste tromperie, qui ne se d�ploie et op�re qu�en saison sainte, n�est que du vulgaire marketing de pouvoir auquel sont associ�s les aigrefins de l�affairisme et les pseudo-d�positaires de la spiritualit� religieuse. Tout un agr�gat de centres d�int�r�t qui se mobilise ponctuellement �autour� de la mis�re et non pas contre, pour y puiser une notori�t� morale. Mais d�s cette semaine, les plus pauvres d�entre nos pauvres retourneront � leur d�nuement initial. Et il ne leur faudra plus compter sur le minist�re des �n�cessiteux� pour acc�der � la soupe quotidienne, ni sur l�empressement des officines divinement caritatives pour habiller leur prog�niture encore moins sur les g�n�reux donateurs du Ramadhan qui investissaient dans l�aum�ne comme on conclut une bonne affaire. L� aussi, il n�y aura plus un seul dinar � ramener � la masure. Passez votre chemin, ils ont d�j� donn� !... Rideau donc sur la bienfaisance politico-religieuse et retour � la haute solitude de la mis�re. C�est pr�cis�ment de cela que les petites gens sont conscientes, elles qui ne se trompent pas sur les buts poursuivis par cette course � la charit� occasionnelle et de ce fait, savent que la seule bont� d�sint�ress�e est celle qui est, non seulement constante, mais leur est dispens�e par leurs semblables. Car, jusque-l�, la sollicitude tapageuse des Ramadhan de chaque ann�e a, sans coup f�rir, r�v�l� le c�t� cour des mises en sc�ne. Une odieuse th��tralit� de l�entraide. Pis encore, ce sont les pouvoirs publics et tutti quanti qui gravitent autour de la foi qui se chargent de jouer les premiers r�les, d�en m�diatiser leurs postures et de faire de la d�tresse des autres une carte de visite de leur savoir-faire. A ce propos, Mme Louisa Hanoune avait parfaitement raison de rappeler au pouvoir qu�il �n�avait pas � �tre fier de g�rer la soupe populaire� quand il est attendu de lui qu�il finance la dignit� humaine par une politique de plein-emploi. Une fois de plus, le politique et le religieux font cause commune et agissent en duo sur la sensibilit� collective. Sans plus, chacun s�effor�ant d�engranger de factices satisfecit. Pour le premier cela consiste � ravauder la fa�ade du r�gime d�sorient� par l�actuel d�sastre social et pour le second, une opportunit� ponctuelle pour r�activer sa communication et doper le pros�lytisme. Autant dire que la sanctification de cette solidarit�, tout � fait circonstancielle, n�est rien d�autre qu�un pr�texte suspect bien loin du souci d�all�ger le malheur ou de promouvoir la vertu du partage. Double mensonge, qui, en se r�p�tant une fois l�an, est destin� � anesth�sier les doutes de milliers de d�class�s puis � les soustraire � la mobilisation afin de les emp�cher de contester l�insoutenable condition qui est la leur. Sujets vers lesquels convergent toutes les attentions et que l�on offre en spectacle dans les moments festifs de la religion, ne sont-ils pas subitement largu�s, ignor�s, oubli�s quand reviennent les jours ordinaires ? Voil�, en fait, comment se d�cline le m�pris de l�Etat notamment et que s�effacent de l�espace public les tartufes donateurs. Alors il ne reste aux petites gens, � nouveau en rade, qu�� s�arc-bouter � l�entraide mutuelle. Celle qui ne leur a fait que rarement d�faut et qu�on oserait � peine qualifier de solidarit� de �classe� tant cette vieille lune �veille d�insens�s fantasmes, alors que l�on sait que les petits matins de petites gens sont plut�t annonciateurs de nouvelles inqui�tudes. Mais qui est plus qualifi� que cette humanit� sacrifi�e sans �tat d��me sur l�autel du bradage �conomique � qu�ils nomment lib�ralisme �, pour savoir adoucir par elle-m�me son mis�reux quotidien et maquiller la gangr�neuse malvie en nouveau style d�existence ? C�est que les petites gens ont appris � vivre, non pas �dans� la mis�re, mais �avec� elle. R�ussissant � ce propos des am�nagements existentiels, voire des accommodements vis�- vis des contraintes est une g�niale adaptation � toutes les privations. Plus qu�une nuance de rh�teurs ce �savoir-survivre�, qui est tout le contraire du savoir-vivre des nantis, est une r�alit� tangible. Certains l�appellent prosa�quement d�brouillardise. Le qualificatif est commode en ce sens qu�il se contente d�appr�cier de nouveaux r�flexes se gardant de toutes les g�n�ralisations, encore moins de la moindre conceptualisation. Comme on le sait, les gens d�extraction modeste ont un sens frugal du bien-�tre et une pratique peu dispendieuse du �bonheur� si tant est que ce dernier a le m�me sens pour tout le monde. Bref, cela a quand m�me d�velopp� en eux une sorte d�intuition aiguis�e du malheur et une suspicion tranquille � l��gard des faiseurs de promesses. De cette vigilance et de cette sagesse, ils en ont tir� une redoutable m�fiance vis-�-vis de l�Etat et ses dirigeants. Ceux-l� s��tant r�v�l�s de cyniques chefs de clan au lieu d��tre des b�tisseurs de nations, leurs sujets n�avaient d�alternative pour assurer leur survie que de se retourner � leur tour vers les valeurs de la tribu. Que celle-ci se r�duise � la famille o� qu�elle s��largisse aux alliances et aux arouch, ne diminue en rien � rien � l�efficacit� de l�entraide qu�ils trouvent. Ainsi, au c�ur du marasme qui mit au ch�mage des milliers de p�res de famille, aggrav� par l�indiff�rence notoire des relais de l�Etat, que reste-t-il comme ultime recours sinon le retour au cocon communautaire. Le constat est chaque fois catastrophique pour les couches sociales les plus fragiles. Celles-ci viennent de passer un �ni�me Ramadhan aussi p�nible que les pr�c�dents et ne doivent d�efficaces secours que de la part d�initiatives de proximit� dont la particularit� principale est le lien affectif. L�absence de calcul et la spontan�it� dans la prise en charge des d�munis r�habilitent un vieux fonds culturel oubli� : celui de l�authentique devoir de solidarit� vis-�-vis des siens. Cette assistance agissante et discr�te ne constitue-t-elle pas la meilleure riposte � la d�fection d�une politique sociale fond�e sur le �moins d�Etat� et dont le d�lestage est la seule ligne d�horizon de son r�formisme ? Ainsi quand, � mi-car�me, un ministre de la R�publique vient � d�cr�ter qu�il n�y aurait en tout et pour tout que 80 mille mis�reux dans ce pays, l�on avait compris qu�au-del� de cette ridicule contrev�rit�, les institutions de l�Etat �taient totalement d�connect�es de la r�alit� de cette soci�t�. En somme, une puissance publique virtuelle qui ne peut rivaliser avec le pays r�el lequel contribue seul � att�nuer les souffrances des plus expos�es. On voudra s�rement trouver ce r�quisitoire injuste et caricaturel � l�exc�s en arguant que la sollicitude de l�Etat est moins fictive qu�on ne l��crit. On y verra aussi dans cet alarmisme de journaliste, rien d�autre qu�une clause de style. Mais pourra-ton, sans le secours de l�hypocrisie et la flagornerie, ignorer le pessimisme ambiant qui a pour origine la dramatique situation de la soci�t� et la totale opacit� politique ? C�est � ce niveau que se situent les v�ritables interpellations et que s��talonnent � la fois les �checs �conomiques et la clochardisation galopante. Abruptement, certaines couches sociales sont en droit d�attendre quelques clarifications quant � leur hypoth�tique devenir. En effet, ce sont les petites gens qui se posent le plus de questions et sont par cons�quent en droit d�avoir des assurances. Ce sont elles qui se demandent ce qu�est cette gouvernance qui pratique avec d�lectation la tactique de la nonconsultation au pr�texte qu�en dehors de ses choix il ne peut y avoir de salut. De la m�me mani�re elles ne cessent de scruter, avec l�inqui�tude que l�on devine, la ligne d�horizon du pays o� grossit de jour en jour la cohorte des mis�reux. Enfin, disentils, � quoi servent les caut�res de la solidarit� officielle quand les listes des bless�s par le ch�mage continuent � s�allonger ? Ce sont l� r�sum�es les angoisses des lendemains d�un Ramadhan de tous les d�magogues, au moment o� la privation forc�e succ�de � l�abstinence sacr�e. Dans les chaumi�res, comme par le pass�, la d�tresse est immuable.

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