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MENSONGES ET CALOMNIES D'UN TORTIONNAIRE DEVENU G�N�RAL DE L'ARM�E FRAN�AISE
V�rit�s sur l�arrestation de Larbi Ben M�hidi (II)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 11 - 2005

Nous publions la deuxi�me partie des bonnes feuilles de Mensonges et calomnies d�un tortionnaire devenu g�n�ral de l�arm�e fran�aise de notre confr�re d�El Moudjahid Mouloud Benmohamed, qui �voque les circonstances de l�arrestation du martyr Larbi Ben M�hidi d�apr�s plusieurs r�cits et t�moignages.
L�auteur a rencontr� l�ex-lieutenant-colonel Marcel Bigeard, chef du 3e r�giment de parachutistes coloniaux et ex-directeur de l��cole contre-gu�rilla de l�ex-Philippeville (Skikda), qui soutient n�avoir jamais tortur� en Alg�rie malgr� les d�clarations de son ex-chef le g�n�ral Massu (d�c�d�) et les t�moignages de nombreux militants rescap�s. Ni regrets ni remords, Bigeard se fait le d�fenseur des pieds-noirs, use et abuse d�un sentimentalisme b�at. Son livre Crier ma v�rit� est un soutien de plus � son acolyte de g�n�ral Maurice Schmitt qui, d�apr�s de nombreux t�moignages, a dirig� les tortures � l�ex-�cole Sarrouy (Casbah). Dans cet entretien r�alis� en 2002, toujours d�actualit�, Bigeard se d�robe � chaque fois sur les questions relatives � l�histoire et va jusqu�� affirmer toute honte bue, sans scrupules, que �l�on ne meurt pas de la g�g�ne�. Avec l�aimable autorisation des �ditions Afic et de notre confr�re nous proposons cet entretien � la lecture.
GENERAL MARCEL BIGEARD (CHEF DU 3e RPC EN ALGERIE 1955-1960)
Ni regrets, ni remords
L�effet r�troviseur. Au ralenti. Je revois Bigeard au quartier de ma naissance, � la Scala en montant vers El Biar. Comme si c��tait hier : mon grand-p�re qui me tire par la main pour vite traverser la route afin de ne pas marcher sur le m�me trottoir que le chef du 3e r�giment de parachutistes coloniaux. M�me qu�� l��poque gare � celui qui osait r�der pr�s de la villa-restaurant de Madame Venys situ�e � quelques m�tres de l�ex-terrain de jeu de boules sur lequel, apr�s l�ind�pendance, la belle mosqu�e de la Scala qui domine majestueusement une partie de la baie d�Alger. A trois reprises, la cellule FLN locale dirig�e par Rachid Akrour sous les ordres de Ly�s Henni, chef militaire d�une des zones de la Zone autonome d�Alger et second� par les fr�res martyrs Mizir a failli �avoir� Bigeard (qui me confiera lui-m�me qu�il ignorait jusqu�� notre rencontre l�op�ration mont�e contre lui�). Lorsque ce dernier sortait de sa r�sidence sise en plein virage de la Scala (aujourd�hui c�est la demeure des Yalaoui) pour rejoindre un de ses PC (c�est l� qu�ont �t� d�tenus les Larbi Ben- M�hidi, Abdelmadjid Bentchicou, Omar Sifaoui, Brahim Chergui�), situ� en face de l��cole de filles de Fort-l�empereur, plus bas de la station d�essence, pr�s de la demeure des A�d, donc lorsque Bigeard empruntait les quelque 500 m�tres qui le s�paraient de son plus fameux PC, tous les militaires de son r�giment attabl�s au �Casablanca� s�empressaient pour rendre ostensiblement le salut militaire [�], L�, dans cette villa, le lieutenant-colonel Marcel Bigeard, recevait chaque jour ses officiers et chefs de compagnie pour �faire le point en mati�re de renseignements�. Le lieutenant Allaire (qui a proc�d� personnellement � l�arrestation de Larbi Ben-M�hidi), les lieutenants Schmitt, Fleutiot, terribles tortionnaires, les capitaines Chabannes et L�ger, et autres tristement c�l�bres Jean Luc de la Bourdanay y concoctaient leur plan de d�mant�lement de la ZAA, y confrontaient de jour et de nuit les renseignements acquis � coups de g�g�ne et d��lectricit�, y recevaient les plus hautes autorit�s civiles et militaires de la France coloniale. Un lieu historique qu�on aurait d� pr�server en mus�e pour que les futures g�n�rations sachent ce qu�a �t� la guerre d�Alg�rie � Alger. H�las, on pi�tine la m�moire, l�engagement, le sacrifice des artisans de l�ind�pendance, on pi�tine dans l�indiff�rence. Evident que les Ben-M�hidi d�rangent m�me par leur mort. Les lieux aujourd�hui sont transform�s en locaux commerciaux (!). Derri�re un arbre, pr�s de l�arr�t de bus, une modeste st�le, anonyme pour le passager, �voque la d�tention de notre h�ros national, Larbi Ben-M�hidi, qui avait �t� d�tenu d�s le 23 f�vrier 1957. �Dans l�anonymat total�, me dira plus tard, l�exparachutiste Raymond Cloarec qui cherchera l�apaisement en acceptant de m�accorder une interview dans laquelle il se confesse en r�v�lant avoir �tu� 73 Alg�riens� (lire interview en annexes). Je parcours quelques pages de ce Crier ma v�rit�, le dernier ouvrage de Bigeard dont la maison d��dition parisienne m�a fil� les coordonn�es t�l�phoniques. - D�accord. Je vous re�ois. Mardi � partir de 10 heures. Je vous invite � ma table. Oui, oui, on discutera de tout ce que vous voulez� me r�pondait, trois jours auparavant, Bigeard, �le militaire le plus d�cor� de France�. La g�ne m�habite. D�jeuner � la table d�un tortionnaire qui n�a jamais eu le courage de reconna�tre les tortures qu�il a ordonn�es, dirig�es ou approuv�es. �J�ai vu Bigeard torturer�, avait d�clar�, le g�n�ral Massu, commandant de la 10e Division de parachutistes. �A son �ge, Massu ne savait plus ce qu�il disait. Un journaliste habile pouvait tout lui faire dire��, r�torquera tout � l�heure Bigeard en guerre, cette fois, contre les journalistes, les communistes et le pr�sident Chirac. Avec une forme �blouissante (�footing tous les matins�) malgr� son �ge personne ne peut s�avancer � soutenir qu�il est atteint de s�nilit�. Embarrass� aussi parce que je ne sais plus comment lui dire : Monsieur Bigeard ? C�est plus simple. Mon g�n�ral ? Impossible d��tre neutre face au chef du 3e RPC. R�giment qui a pratiqu� syst�matiquement la torture � Alger. Il en �tait le commandant donc il ne pouvait pas ignorer. Les rescap�s sont formels. Des dizaines de ses victimes apportent des t�moignages pr�cis, sans fioritures, avec des d�tails forts embarrassants. �Quant � Bigeard, j�ai pu observer, comme jeune officier des sections administratives sp�ciales � SAS � sur le territoire m�me du Sud oranais o� il a s�vi, combien ses m�thodes brutales et inutiles avaient fait �cole�, confiait le p�re Alain Maillard de la Morandais ( Le Monde du 24 juin 2002). Impossible de donner du �Mon g�n�ral� � celui qui tente de masquer son pass� par de belles phrases � l��gard de Larbi Ben-M�hidi dont il souhaite rendre hommage � Alger ; � ce g�n�ral qui n�a pas le courage de regarder son pass�, qui n�ose pas reconna�tre la torture g�n�ralis�e sous son commandement et qui avoue avoir ob�i au doigt et � l��il au pouvoir politique � Douloureux dilemme pour celui qui a �t� r�sistant pour son pays, et qui deviendra tortionnaire, de r�sistants alg�riens. Plus grave m�me : �J�ai fait dispara�tre des r�sistants morts sous les tortures � l��cole Sarrouy�, r�v�lera plus tard Raymond Cloarec (lire interview en annexes) Bigeard ne pouvait pas ne pas savoir. Aujourd�hui encore, celui qui a �t� secr�taire d�Etat � la d�fense sous le r�gne du pr�sident Valery Giscard d�Estaing fait dans la dissimulation et cultive le mensonge� D�ailleurs, il le prouvera lorsqu�il prendra fait et cause pour son poulain de Maurice Schmitt qui le devancera au seul titre que Bigeard n�a pas eu : chef d��tatmajor des arm�es fran�aises. Cloarec n�aura pas tort en me soulignant que �ces gens-l� l�esprit de corps l�emporte toujours� [�]. � Je ne pourrais pas vous envoyer mon aide de camp pour vous chercher. Prenez le premier taxi et demandez qu�on vous am�ne chez moi. Tout le monde conna�t ma maison, m�indique Bigeard avec un ton qui invite � l�amiti�. Arriv�e � la gare de Toul en ce 1er octobre 2002. Quelques voyageurs descendent. Toul est un petit village du centre-ouest de France. Il est situ� pr�s de Nancy, la premi�re grande ville. Au bout du couloir de sortie, un militaire qui d�visage les passagers. Je ne crois pas un instant qu�il est l� pour moi. Nous nous fixons du regard puis il m�aborde : �Pardon. Venez-vous pour rencontrer le g�n�ral Bigeard ?� Interloqu�, j�h�site un instant avant de lui r�pondre non sans pr�ciser que son g�n�ral m�avait soulign� que personne ne viendrait m�attendre. �J�ai pr�f�r� diff�rer ma permission de quelques heures. C�est � sa demande. On y va�� Moins de deux minutes j�arrive chez l�ex-chef du 3e RPC qui a � son actif des milliers de victimes alg�riennes, des tortur�s, des disparus, des bless�s, de tout �ge, des deux sexes. Ah si Hachemi Hamoud, Ourida Meddad, Berrekia, et autres victimes pouvaient raconter leurs supplices ! Il n�est pas seul. Une brochette de militaires de r�serve, c�est-�-dire qu�ils ne sont pas vraiment en retraite puisque l�arm�e a toujours besoin d�eux. Elle peut leur faire appel n�importe quand. N�a-t-on pas su qu�Aussaresses � commandant �O� durant la �bataille d�Alger� � est all� enseigner, il n�y a pas si longtemps, le contre-terrorisme aux militaires US. Une dizaine d�ex-paras. Bigeard me les pr�sente. Impossible de retenir leurs noms. Ni sourire ni moue. Je sens qu�ils se ma�trisent � cause de Bigeard � leur chef de toujours � qui a certainement donn� le mot. Chez ces gens-l�, la haine est �ternelle. Pour preuve, les d�clarations du g�n�ral Schmitt au cours de ses deux proc�s. Ils se retirent. Gaby, l��pouse de Marcel Bigeard, apporte des boissons. Le sourire toujours accroch� � ses l�vres surtout lorsqu�elle �voque Alger et �la rue Michelet o� nous allions prendre souvent le th锅 [�] Bigeard m�invite � visiter sa demeure. Tr�s rustique. Tr�s simple aussi. �Je n�ai jamais �t� un bourgeois. C�est la maison de mon p�re. J�y ai v�cu tr�s simplement et je me suis habitu� aux choses simples de la vie. Cela m�a permis de r�sister � la d�tention au Viet-Nam�� Bigeard est tr�s volubile sauf sur les choses essentielles ; alors il adopte l�attitude de l�h�risson qui se recroqueville et �s�h�risse�. D�abord, le rez-de-chauss�e, et la cave o� sont soigneusement d�pos�s des dizaines d�ouvrages. Tous de sa plume. S�il est le militaire le plus d�cor� de France, il est certainement aussi le plus prolifique. Treize livres �crits ! Sans rien lui demander il m�en offrira deux : Crier ma v�rit� avec d�dicace et De la brousse � la jungle, la brousse �tant la guerre au Viet-Nam avant celle d�Alg�rie, et la jungle son passage dans le champ politique lorsqu�il avait assum� les charges de secr�taire d�Etat � la d�fense [�]. Un seul portrait dans son bureau o� je r�alise l�interview. Celui du sergentchef Sentenac, mort le 21 novembre 1957, sur l�erg occidental pr�s de Timimoun. Lorsque Bigeard l��voquera, cela sera son unique moment d��motion. Des larmes qui ruisseleront le long des sillons de son visage. Gaby viendra � la rescousse. Alors, il se ressaisira en faisant l��loge de celui qui sera abattu par une katiba de l�ALN : �C��tait un grand soldat. Il s��tait �vad� du camp de Dien Bien Phu o� il �tait prisonnier. Seul, durant deux mois, il a travers� des montagnes. Il avait mang� du rat pour survivre� Il a fait la guerre d�Alg�rie. Plusieurs fois bless�, plusieurs fois d�cor�, plusieurs fois cit�. Des m�dailles. Il est mort pr�s de Timimoun� J��tais dans mon h�licopt�re, je suis descendu pour le secourir. C��tait trop tard. Une guerre qui n�a servi � rien.� Si. Elle a servi � lib�rer l�Alg�rie lui r�pondais-je. Un long regard� Bigeard met sa carapace. A partir de cet instant, je d�cide de ne plus l�interrompre, de ne pas le contredire. D�ailleurs, c�est une interview et non un entretien. Il faut le laisser parler, le lecteur jugera. Ses h�sitations, ses silences, ses
retranchements, ses vives r�actions que son air jovial n�arrive pas � combler sont l�expression d�un refus, celui de dire la v�rit�. Bruno � son pseudonyme de guerre � est demeur� Bruno. Au service de sa patrie la France. Cette fois et comme toujours pour la couvrir. La France coloniale, ce n�est pas demain que le g�n�ral Bigeard empruntera le discours de la v�rit�. D�fendre le colonialisme, justifier ses exactions, ses m�faits, ses horreurs, c�est son credo. Pour preuve, le canon de Madagascar qui orne son jardin. Il acceptera que je le prenne en photo juste � c�t�. Comme s�il voulait dire qu�il reste l�un des d�fenseurs de la m�moire coloniale. �Pour �tre fid�le � la France�, se justifiera-t-il. Nous entrons dans son antre � son bureau � que d�j� il parle d�Alg�rie. Alors actuellement le bilan en Alg�rie � L�islamisme, l�ins�curit�. Des gens qui meurent d�une fa�on violente. Pays merveilleux que j�aime. Si c��tait tranquille, j�aurais essay� de louer un petit truc l�bas, voyez-vous ce que je veux dire� Bon. Nous, ce n�est pas brillant non plus. Il n�y a plus de valeurs. On ne respecte plus les parents, on ne respecte plus l�enseignement voyez-vous. Tout est � reprendre. Nous avons des politiques pour lesquels seul compte leur carri�re. Voyez-vous ce que je veux dire ? La France passe apr�s� De Gaulle, c��tait un politique mais c��tait d�abord la France avant sa carri�re. Il est rest� � deux �toiles, il est mort � Colombey-lesdeux- Eglises en jouant beaucoup aux cartes. De Gaulle n�a profit� de rien. Moi je n�ai pas un samedi, je n�ai pas un dimanche, je n�a pas un jour de vacances. Voil� le courrier d�hier [NDA : il me montre une vingtaine de lettres de diff�rents formats envoy�es de diff�rents d�partements fran�ais] je n�arr�te jamais. Sans compter les visites, je suis compl�tement crev�. J�esp�re crever debout� [NDA il se l�ve pour prendre du dessus d�un meuble quelques chemises cartonn�es et il lit :] Louisette Ighilahriz [puis il met le dossier � part avant de poursuivre :] Marcel Bigeard : n� le 14 f�vrier 1916 � Toul� [NDA ; il lit son curriculum vitae de sa propre initiative]� octobre 1938 : caporal de r�serve� 1939 : sergent [�] vingt-cinq citations. Une dizaine de d�corations �trang�res� [NDA : la lecture n�est d�aucune utilit� pour moi. Pourquoi se conduit-il ainsi ? Je ne peux m�me plus placer une question. Veut-il m�impressionner ? Tente-t-il de me d�courager � lui poser des questions embarrassantes ?] Dix ans d�Indochine, six ans d�Alg�rie� Treize livres. Il faut faire tout cela. [NDA : il prend deux de ses ouvrages, me demande d��peler mes nom et pr�nom et �crit une d�dicace � haute voix : ] un vrai, du solide dont je suis et serai fier [NDA : Bigeard fier de moi ?!!! Je viens � peine de le conna�tre ! Que veut-il exactement ? Il me demande mes coordonn�es � Alger puis il me questionne : ] Quelle est l�ambiance � Alger ? Il y a une am�lioration de la situation� Cela commence � se calmer� Gr�ce � l�arm�e, [NDA : il s�arr�te d��crire la d�dicace, l�ve sa t�te et me fixe quelques instants� Il revient � ses livres :] Dans ces livres je parle de l�Alg�rie d�hier et d�aujourd�hui. Je reprends les attaques contre moi� Il y a Ben M�hidi d�avant, il y a Ben M�hidi d�aujourd�hui� Il y a l�islamisme, la violence, l��ducation. [NDA : De quoi se m�le-t-il ? Je pr�f�re ne pas l�interrompre]� O� va la France ? Il faut �uvrer pour rapprocher les deux pays. Raconter des salades sur Pierre et Paul, c�est du temps perdu� [NDA : long silence le temps qu�il lit le titre d�un autre de ses ouvrages : ] De la brousse � la jungle ; la brousse, c�est la guerre ; la jungle, c�est le monde politique. J�ai eu la chance d��tre ministre, d��tre 10 ans d�put� � C�est un milieu que je connais bien� C�est pareil chez vous� Dans l�arm�e on se fait tuer� Ceux qui se sont battus dans les maquis, il n�y en a pas un qui a eu le pouvoir. Ils sont �limin�s. Bon. C�est toujours ainsi, la guerre profite aux hommes qui ne l�ont pas fait. Je lis la presse alg�rienne qui �crit qu�il y a des dizaines de milliers de faux moudjahidine. Chez nous, il y a de faux-r�sistants [�] NDA : Bigeard tente de d�tourner l�objet de l�entretien] �a c�est ma carri�re. Ce n�est pas du bidon. [NDA : il lit une lettre qu�il a adress�e � De Gaulle en 1959. Trop long� Je suis oblig� de l�interrompre. J�entame l�entretien [NDA : lire annexe 5] Bigeard versera tant�t dans le sentimentalisme, tant�t dans la critique des dirigeants alg�riens. Le sentimentalisme pour m�amadouer, comme pour m�inciter � ne pas l�indisposer par des questions g�nantes. La critique comme pour dire que le colonialisme, les pieds-noirs �taient une bonne chose pour l�Alg�rie. D�marche analogue � celle des d�put�s fran�ais qui ont le 23 f�vrier 2005, approuv� des deux mains que le colonialisme avait permis la civilisation de l�Alg�rie entre autres. Il s�agit plut�t de syphilisation� Tout au long de l�entretien, s�il n�est pas vulgaire dans ses propos, il n�exprime aucun regret, aucun remord. �Je n�ai pas tortur�, all�gre-t-il. �La g�g�ne, on n�en meurt pas�, argue-t-il sans aucun scrupule. Il se d�clare �ami de Larbi Ben M�hidi� mais il continue � torturer ses fils et petits-fils en adoptant les contrev�rit�s et les mensonges pour sa d�fense [�]. (A suivre)
Le t�moignage de Brahim Chergui
* Une premi�re question : Que pensez- vous de la guerre d�Alg�rie ?
Je l�ai �crit dans tous mes ouvrages.�
Ce n�est pas tout le monde qui les a lus. Puis peut-�tre que votre point de vue a chang�...
Non, non ce n�est pas la peine de revenir l�-dessus, c�est �crit dans tous mes livres... Je pense qu�un militaire ex�cute, le militaire va l� o� on se bat. Cela ne l�emp�che pas de penser. J�estime qu�on avait donn� l�ind�pendance au Maroc et � la Tunisie apr�s avoir �t� mis � la porte en Indochine. Ce n��tait pas de ma faute mais nous avons abandonn� l�Indochine pour laquelle j�avais consacr� 10 ans. Alors que faisions-nous en Alg�rie ? Il fallait faire quelque chose. Je l�ai d�j� dit : il fallait progressivement foutre le camp. (NDA : Ce sont les propos exacts de Bigeard sans correction ou alt�ration) en leur donnant le pouvoir. (NDA : Bigeard parle des Alg�riens). D�un autre c�t�, il ne fallait pas aller trop vite. Voyez ce que cela a donn�. Ce n�est pas brillant aujourd�hui l�Alg�rie. (NDA : tiens tiens. Bigeard devient le d�fenseur des Alg�riens !!!). Pourtant, il y a quarante ans que la guerre est termin�e. Nous aurions pu former des cadres, les mettre en place puis foutre le camp. Cela aurait �t� parfait. Les piedsnoirs ont fait ce pays quand m�me. Il y en a qui l�aiment. Il ne fallait pas aller trop vite. On pouvait garder les pieds-noirs qui avaient une valeur, qui avaient fait beaucoup ...
Mais les pieds-noirs ont choisi de partir d�Alg�rie.
Non. Ils se faisaient trucider les uns apr�s les autres (NDA : Contrev�rit�. Mais il est pr�f�rable de ne pas le contredire pour le laisser s�exprimer sans retenue). Je crois que cela s�est fait en d�pit du bon sens. Des hommes politiques qui ne pensaient pas, des militaires qui ex�cutaient des ordres sans savoir o� ils allaient. Cela ne m�emp�chait pas de dire ce que je pensais. C�est pour cela que De Gaule est venu me voir le premier. Il a abandonn� l�Alg�rie. C��tait dur pour lui parce qu�il avait dit �Alg�rie fran�aise�. De Gaule a �t� pris au d�pourvu. Ce n��tait pas facile pour lui... Il faut reconna�tre que si cela avait �t� autrement, cela serait mieux en Alg�rie.
Vous ne r�pondez pas � ma question qui se rapporte � la guerre d�Alg�rie ?
C�est une guerre comme toutes les guerres. De la guerre de 1914-18, de la guerre de 1939-45, de la guerre d�Indochine. C��tait une guerre o� le militaire y allait.
En 1939-45, vous �tiez dans une guerre pour lib�rer la France. Mais en Alg�rie, vous �tiez � l�autre bord, vous d�fendiez la France autrement.
C��tait l�Alg�rie fran�aise. De Gaule l�avait dit. Tout le monde le criait. L�Alg�rie faisait partie de la France. J�y d�fendais la France. Mais quelques ann�es apr�s je disais qu�il fallait traiter avec les musulmans et les mettre en place. �coutez, je ne supporte plus les palabres. Cela dure depuis 42 ans. Il faut aller de l�avant. La France est dans la m... parce qu�il n�y a plus d�autorit�. Et vous, vous �tes dans la super m... aussi. J�ai des photos d�Alger. ce n�est pas brillant... Tous les jours des gens qui se font couper � coups de hache, des familles d�cim�es. Il ne faut pas raconter des trucs...
Vous venez de publier votre ouvrage �Crier ma v�rit�, dans ...
Je n�ai pas fini de crier ma v�rit�. Jusqu�� mon dernier souffle. Je me souviens de tous ceux qui sont morts sans rien demander, qui sont morts pour rien. Je d�fends tous ces gens. Il faut mourir en �tant conscient avec sa conscience. Je plains ceux qui ont fait des vacheries parce qu�au moment de leur mort, ils vont se poser des questions. Mais moi je partirai tranquille. Si je cr�ve demain ... Je ne veux pas aller trop loin pour ne pas �tre sur une poucette. De Gaule est mort � 80 ans, Miterrand aussi, ils ont eu beaucoup de veine de ne pas aller plus loin. Imaginez De Gaule qu�on pousse sur une petite charrette ! Non. Moi j�ai d�j� 6 ans de trop. J�ai 86 ans... Valait mieux partir � 80 ans. Moi je pars tranquille. Demain. Tout de suite. Je n�ai pas de probl�me.�
Et votre conscience ?
La conscience c�est ce qui compte. J�ai v�cu pour mes types, l�amour de la patrie. Je n�ai profit� de rien. J�ai v�cu jusqu�� 20 ans dans une petite baraque de mon p�re, avec les WC au fond du jardin. Il faut voir ce que j�ai connu. Cela m�a permis en captivit� chez les Viets de dominer le probl�me (...) 8000 morts sur 11000 militaires en 4 mois en Indochine et moi ...
Vous dites �partir tranquille�. Et les tortures en Alg�rie. De nombreuses personnes vous accusent.
Non. Non. Non. Pas en France, c�est fini. Ils ont compris.
Si. Massu, Aussaresses, des rescap�s alg�riens.
Non. Non. Ne revenez pas sur la torture. C�est un mot qui me fait mal. Cela ne veut plus rien dire de parler de cela. La torture, c��tait de l�autre c�t� bien plus que chez nous. J�ai vu 20 appel�s tomb�s dans une embuscade, leurs corps mutil�s. J�ai vu ... j�ai vu... Non. Non. Ne parlez pas de cela parce que c�est beaucoup plus grave de l�autre c�t�... Mieux vaut ne pas en parler. Moi, j�ai fait un travail propre en disant � mes hommes �soyez honn�tes. Soyez humains. Interrogez les vrais coupables�. A un moment, il fallait trouver les bombes. Ce n�est pas moi qui l�ai demand�. C�est le pouvoir qui nous a demand� qu�il fallait trouver les bombes. J�en ai trouv� 87. Ben M�hidi avait dit que la bataille d�Alger allait �tre le Dien Bien Phu de l�arm�e fran�aise. Si on n�avait pas trouv� ces bombes, tout aurait saut�. Autant d�Alg�riens que de Fran�ais.
C�est Ben M�hidi qui vous a affirm� cela ?
Oui. J�ai eu de longues conversations avec lui. Il �tait devenu un ami.
Justement Monsieur Bigeard...
Non. Je ne veux rentrer l�-dedans. Cela ne m�int�resse pas que vous me parliez de la torture. Moi je veux parler de la France et de l�Alg�rie. (NDA : Il est �vident qu�il est dispos� � interrompre l�entretien). Vous �voquez Ben M�hidi. Dans quelles circonstances a-t-il �t� arr�t� ? C�est dans tous mes ouvrages. Nous avions un renseignement selon lequel un responsable FLN �tait r�fugi� dans un appartement. En fait, nous nous sommes retrouv�s en face de Ben M�hidi. Les militaires �taient surpris. Ils m�am�nent Ben M�hidi. Il avait les mains menott�es, la corde autour de ses pieds. J�ai vu la gueule du gars qui �tait pour me plaire. Je lui ai dit que j��tais dispos� � lui enlever les menottes et la corde � condition qu�il me donne sa parole de ne pas s��vader. Je lui ai promis qu�il serait libre dans mon PC ... Ben M�hidi m�a r�pondu que si jamais je faisais cela, il s��vaderait par la fen�tre. C��tait un sacr� type. Tous les jours nous discutions de l�Alg�rie nouvelle. Je lui disais qu�il ne fallait pas aller trop vite, que les pieds-noirs avaient construit vos villes, que vous n��tiez pas capables de faire autant. C�est vrai les pieds-noirs avaient boss�. Il m��coutait (...). Je regrette qu�il ne soit pas vivant. Au bout d�un certain temps, le commandement disait �Bigeard devient fellagha�. Je devais passer Ben M�hidi au commandement 24h ou 48 heures apr�s. Je l�ai gard� 15 jours. Aussaresses est venu le prendre. C��tait l�homme charg� des basses �uvres. Je ne pensais jamais que cela serait ainsi. D�apr�s ce que j�ai su apr�s, Aussaresses l�a pendu dans une ferme puis apr�s il l�a remis dans sa cellule comme s�il s�y �tait pendu. C�est �crit par Aussaresses dans son livre.. Aussaresses a fait beaucoup de tort. Il �tait charg� des basses �uvres. Il en fallait peut-�tre mais il fallait des types sp�ciaux. Vous ne pourriez pas tirer sur un type sans arme. Moi non plus. Tandis que Aussaresses, c�est autre chose. Quelqu�un lui demandait si lorsqu�il devait tuer douze gars, il leur tirait par derri�re, Aussaresses r�pondait : �Non. Je leur tire de face�... Quand on fait un tel boulot, on ferme sa g... Ben M�hidi et moi nous nous voyions souvent au PC. De part et d�autre, il y avait beaucoup d�estime. Je vous assure que je voudrais que Ben M�hidi soit l�... Cela changerait tout.
Est-ce que Ben M�hidi a �t� tortur� ?
Par nous, absolument pas. A mon PC personne ne l�a touch�.
Et dans d�autres lieux ?
Tant qu�il a �t� � mon PC, il n�a pas �t� touch�... J�ai re�u l�ordre de le passer au commandement.
Qui vous a donn� l�ordre ?
C��tait la Division. Ils m�ont dit �Bigeard que faites-vous avec Ben M�hidi. Vous devenez fellagha ou quoi. On va le prendre � telle date�.
C��tait Massu qui vous avait donn� l�ordre ?
Il y avait Godard, il y avait un tas de colonels qui �taient autour de Massu. Ils s�inqui�taient vraiment. J��tais en plus jalous�.
Pourquoi jalous� ?
Parce que Bigeard gagnait toujours. J�ai trouv� Ben M�hidi, j�ai trouv� les bombes ; au djebel, le foutais 100 FLN en l�air alors que j�avais un seul bless� parmi mes gars. Pour...
Ben M�hidi a-t-il �t� tortur� apr�s qu�il ait �t� pris de votre PC ?
Je n�en sais rien. Je n�en sais rien. ce que j�ai su est �crit dans le livre d�Aussaresses. pas plus.
Dans votre ouvrage vous affirmez qu�un peloton lui a rendu les honneurs au moment o� il quittait votre PC de la Scala ?
Oui, vous pouvez voir Allaire. Il vous en parlera mieux que moi.
Je n�ai pas ses coordonn�es. Pourriez-vous... ?
D�accord, mais je ne veux pas rentrer l�-dedans. Ce n�est pas cela qui m�int�resse. Je veux faire une Alg�rie et une France qui se tiennent la main dans la main (Nda : Bigeard l�ve le ton. Il s�offusque, s�emporte et lance : �Je ne veux plus entendre parler de tortures parce que moi je n�ai tortur� personne.
Mais nous parlons de Ben M�hidi...
Il y avait le contact entre nous. Je vous dis ceci : �Si je rassemblais les vrais fellagas qui se sont battus contre moi, ils me porteraient en triomphe. Moi, je les respectais, dans mes comptes-rendus, j��crivais qu�ils s��taient bien battus. Si j�avais pu leur donner une d�coration, je l�aurais fait. Vous ne pouvez pas comprendre cela parce que vous �tiez jeune pour faire la guerre. C�est tant mieux pour vous. Plus les fellagas au maquis se battaient, plus je disais bravo. Je n�aurais jamais �t� Bigeard si j�avais �t� autre chose que cela.
Ne pensez-vous pas que Ben M�hidi a �t� assassin� parce qu�il �tait un irr�ductible, un pur dont il fallait se d�barrasser car il n�acceptait pas de marchander l�ind�pendance et �l'avenir de l�Alg�rie ?
Il savait ce qu�il voulait. Il voulait l�ind�pendance de l�Alg�rie pour laquelle il se battait. Il en est mort d�ailleurs. Pour lui, c��tait net ; une Alg�rie alg�rienne.
Vous disiez tout � l�heure que vous avez l�esprit tranquille. Si vous deviez t�moigner face � l�Histoire que diriez vous ?
J�ai �t� un commandant sorti des rangs. J�ai �t� sergent, sergent-chef, adjudant, adjudant-chef, sous-lieutenant, lieutenant,... le plus d�cor� de France. J�ex�cutais les ordres, j��tais fier de mes hommes. je gagnais car un militaire est fait pour gagner. Et Bigeard gagnait en Alg�rie. Demandez-le au FLN... Tout le monde ne gagnait pas en Alg�rie contre le FLN. Il y a des Fran�ais qui ont pris de belles branl�es.
R�cemment, Massu d�clarait qu�il vous avait vu torturer...
Ne revenez pas l�-dessus, je vous dis, tout cela est faux. Massu m�a t�l�phon� l�autre jour en me disant : �Bigeard, je vous ai aim� d�s que je vous ai vu en 1942 � Meucon�. A 94 ans, Massu a perdu compl�tement les p�dales. Un journaliste habile lui fait dire ce qu�il veut. Mais pas avec Bigeard ; vous ne me ferez pas dire ce que je ne veux pas dire... Parlons du rapprochement c�est mieux.
Comment voyez-vous ce rapprochement ?
42 ans apr�s, je ne dis pas que l�on a besoin l�un de l�autre. Mais ils ont plus besoin de nous que l�on a besoin d�eux. Il n�y a qu�� voir tous les Alg�riens qui viennent en France. L�Alg�rie est un pays o� il y a beaucoup de ch�mage, il y en a aussi chez nous. C�est un pays o� l�on ne mange pas � sa faim. C�est un pays qui p�riclite au lieu de progresser. L�Alg�rie a besoin d�aide. Bon sang, la France ne peut plus rien faire en Alg�rie. La France, il faut d�abord qu�elle se refasse. Ceci �tant, si on avait des fr�res alg�riens, ce serait beaucoup mieux que des ennemis (...)
Comment avez-vous proc�d� pour d�manteler la ZAA ?
Lorsqu�on m�a demand� cela, j�ai r�pondu que j��tais pas flic. Les djebels, les bandes, la nature, d�accord mais l�, ce n��tait pas notre boulot. Mais c��tait un ordre... Bon, on d�marre avec un colleur d�affiche auquel on demande qui est son chef. Cela �tait dur. Il fallait trouver les bombes. Lorsqu�on �tait s�r que celui-ci savait o� les bombes �taient, alors il fallait l�interroger. On ne lui coupait pas les oreilles, on le lui crevait pas un �il (Nda : �videmment pour ne pas laisser de traces, Bigeard et ses tortionnaires pr�f�raient que le supplice meurt sous les tortures comme le confirme Raymond Cloarec. C��tait le cas pour des centaines de suspects...), on ne lui coupait pas une jambe. On l�interrogeait s�rieusement. Il y a eu ce qu�on appelle la g�g�ne, on n�en meurt pas (Nda : comme on le constate il �tait utile de ne pas interrompre Bigeard �gal � lui-m�me). Massu se l�est essay� sur luim�me. Moi non. Mais jamais un type n� a �t� tu� chez moi (Nda !!!). Il y a eu des interrogatoires s�rieux qui ont pu �viter des quantit�s de morts chez nous comme chez vous... Avec 87 bombes, on pouvait foutre une ville en l�air.
En page 74 de votre ouvrage, vous soutenez qu��il faut tout faire pour savoir o� elles doivent exploser�... Que voulait dire �tout faire� ?
Tout faire, cela signifie des interrogatoires s�rieux... Vous revenez l�-dessus encore.... Vous m�emm... Non, non. Je dis interrogatoires pouss�s, mais ce n�est pas comme le FLN qui ouvrait les ventres... Ce n��tait pas cela... Il fallait amener psychologiquement le type � parlez (Nda : !!!), moi, je n�ai jamais vu appliquer la g�g�ne mais cela s�est fait. Mais pas sur n�importe qui, c��tait sur l�homme qui savait. (Nda !!!) (...) J�avais des capitaines qui n��taient pas des c..., ils ont tous fini g�n�raux d�ailleurs c��tait des humains, nous n�avions qu�un d�sir : que cette bataille d�Alger finisse et qu�on reparte dans les djebels. Nous pr�f�rions les djebels que de jouer aux h�ros � Alger (....)
Vous donnez une tr�s belle image de l'arm�e fran�aise coloniale. Pourtant elle a �t� condamn�e m�me par des Fran�ais...
Cela les emm... d�avoir un Bigeard vivant. Cela emm... la gauche comme la droite. Bigeard dit sa v�rit�. Je ne leur fais pas de cadeau... C�est le monde de la politique diff�rent du notre. Ils ne se sont pas attaqu�s � nous, mais ils ne nous ont pas d�fendus.
Vous et les autres devenus g�n�raux, �tes accus�s de tortures syst�matiques. Pourquoi le pouvoir politique fran�ais n�a pas r�agi ?
Le pr�sident de la R�publique est le chef des arm�es. Il a m�me fait la guerre d�Alg�rie comme sous-lieutenant. Si au d�but il aurait dit : �Ne touchez pas � l�arm�e. C�est moi le chef�, cela aurait �t� fini. Mais il n�a rien dit.
Pourquoi ?
Giscard d�Esteing qui est un ami me disait : �Bigeard, continuez � parler. Nous avons tous besoin de vous entendre ; moi le premier. Dites-vous bien qu�on ne peut rien contre vous�. Giscard m�as mis ministre. Ce qui emm. le pouvoir, c�est que je ne sors pas des grandes �coles. Je sors de rien, je me suis fait tout seul.
Vous n�avez pas encore r�pondu � la question du rapprochement.
Un pays d�pend du chef. Avons-nous le chef que m�rite ma France ? Avez-vous le chef que m�rite l�Alg�rie?
Vous soulignez dans votre ouvrage que le jeu politique vous d�passait...
On ne comprenait pas les politiques. Un jour blanc, un jour c�est noir.
Vous soutenez en page 79 que vous n�utilisez pas les m�thodes de la DST, que voulez-vous dire ?
Mes capitaines �taient r�partis � Alger. Presque tous les jours, je les r�unissais � mon PC pour faire le point. A chaque fois, je mettais � jour l�organigramme. Toute l��quipe travaillait, je n'�tais pas tout seul. Nous �tions des superflics sans nous en rendre compte (...)
Autre question, celle-l� relative aux harkis. Vous �tes l�un des lib�rateurs de la France, comment pourriez-vous dans votre livre prendre la d�fense des harkis.
J��tais oblig� de le faire : c��tait des gars tr�s courageux...
Pourquoi �tes-vous stup�fait par ce que vous affirmez �tre �un l�chage, une accumulation d�attaques� contre l�arm�e ?
A l��poque, c��tait Mitt�rand, Lacoste, Max Lejeune, le pouvoir politique socialiste qui nous a envoy�s dans cette guerre. Ils venaient tous � mon PC tous les ministres y ont d�fil� : �Bravo�, �f�licitations�, �heureusement qu�il y a des hommes comme vous�, me disaient-ils. Mais apr�s personnes ne nous a d�fendus. M�me avec la droite, cela aurait �t� pareil... Un politique ne meurt jamais (...) En cet instant, Guaby, son �pouse, nous rejoint au bureau. Instructivement elle s�exprime : �J��tais chez moi � Alger. Je me rappelle surtout qu�il y avait des fellagas au domicile de Massu. Massu a adopt� � l��poque deux petits musulmans qu�il a adopt�s. (Nda, au jour de cet entretien, le g�n�ral Massu n��tait pas d�c�d�) mais il est un peu faux jeton surtout lorsqu�il a d�clar� � France-Inter que c��tait Bigeard qui torturait et non lui...�
Mais les propos de Massu sont confort�s par de multiples t�moignages de r�sistants Alg�riens rescap�s.
Je n�ai personnellement jamais tortur�. C�est net. Il y a eu dans mes compagnies des interrogatoires pouss�s, autrement nous n�aurions pas trouv� les bombes.
Mais des interrogatoires pouss�s, c�est de la torture ?
Oui, mais enfin. Cela n�a rien � voir avec les oreilles coup�es...
Mais vous apparteniez � une arm�e qui avait souscrit � la Convention de Gen�ve et autres...
Non, non. Ce n�est pas un probl�me pour moi parce que je suis net.
Massu est parmi ceux qui vous accusent ?...
Gaby : Cela lui a �chapp�.... il l�a regrett�.
Bigeard : Il a 94 ans... Comment serais-je � son �ge ?
Gaby : Quand Ben M�hidi a �t� pris du PC de Marcel, il a pleur�.
Pourquoi ?
Bigeard : Je m��tais attach� � lui (Nda : Bigeard succombe � l��motion, il pleure).
Gaby : Il y a eu des montages pour d�molir Bigeard. Le chef des arm�es y est pour quelque chose (...) (Nda : Son �pouse nous convie � d�jeuner. l�entretien se poursuit) (...).


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