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MENSONGES ET CALOMNIES D'UN TORTIONNAIRE DEVENU G�N�RAL DE L'ARM�E FRAN�AISE
V�rit�s sur l�arrestation de Larbi Ben M�hidi (III)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 11 - 2005

Cette troisi�me partie de publication des bonnes feuilles de notre confr�re d�El Moudjahid, auteur de Mensonges et calomnies d�un tortionnaire devenu g�n�ral de l�arm�e fran�aise, � para�tre prochainement aux �ditions Afic que nous remercions pour leur collaboration est consacr�e au t�moignage � version pour d�autres �, de l�ex-lieutenant Jacques Allaire qui a particip� � l�arrestation du chahid Larbi Ben M�hidi. A la lecture, il est �vident que cette capture �tait bel et bien le fruit du hasard. A pr�ciser que ce t�moignage a �t� publi� �au lendemain de l�ind�pendance�.
La version du lieutenant parachutiste Jacques Allaire
(...) Bonjour. Je voudrais parler avec M. Jacques Allaire
C�est lui-m�me. A qui ai-je l�honneur ?
Je suis journaliste alg�rien. Je voudrais vous entretenir � propos de la guerre d�Alg�rie et pr�cis�ment sur le th�me de ce qui est appel� la Bataille d�Alger.
Comment avez-vous eu mes coordonn�es ?
C�est le g�n�ral Bigeard qui me les a donn�es (...) D�apr�s mes informations, c�est vousm�me qui avez arr�t� Larbi Ben M�hidi
C�est exact.
Avant de vous rencontrer, je l�esp�re pour une interview, je voudrais savoir si cette arrestation de Ben M�hidi est due au hasard ou c�est � la suite d�une d�nonciation. Selon une rumeur non av�r�e, c�est le militant Brahim Chergui qui aurait donn� l�adresse du refuge de Ben M�hidi...
Non. Absolument faux. Je suis absolument formel. Chergui n�a rien � voir avec l�arrestation de Ben M�hidi. C��tait un hasard. Je suis le premier concern� par cette arrestation que j�ai dirig�e. Nous ne savions pas que Ben M�hidi �tait dans cet appartement... Je vous dirais plus en vous affirmant que Chergui nous a eus pendant plusieurs jours. Il s�est fait passer pour un niais, un interm�diaire sans dimension... Ecoutez, si vous voulez me rencontrer pour cela, je n�ai rien � ajouter par rapport � mon t�moignage �crit que j�ai publi� dans Historia, il y a quelques ann�es. Donnez-moi votre adresse, je vous le transmettrai.
D�accord. Mais j�ai d�autres questions � vous poser si vous le permettez.
O. K. Alors...
(...) Quelques jours apr�s, je re�ois le t�moignage de l�ex-lieutenant Allaire; aujourd�hui colonel en r�serve (c�est-�-dire en retraite). Intitul� �A Alger, un boulot de flic�, raconte en quelques pages comment a eu lieu l�arrestation du chahid Larbi ben M�hidi (lire annexe 4). Allaire ne se mettra pas en exergue et pr�f�rera emprunter le pseudonyme de Klaudic. Pourquoi ? Il est le seul � conna�tre les raisons. Il conna�t aussi beaucoup de choses � propos de la �Bataille d�Alger� (...) A Alger, en 1957, le lieutenant Jacques Allaire �tait le chef de la compagnie op�rationnelle de commandement du 3e RPIMA (ex-RPC) de Bigeard (...)

Le lieutenant Klaudic, commandant la compagnie op�rationnelle de commandement, d�nomm�e ainsi par opposition � celle qui reste en base arri�re, est charg� de suivre les affaires d�licates. Mais comme il a aussi la responsabilit� de la s�curit� du PC, il d�cide de faire le pont dans le quartier en attendant de traquer le gros gibier. Justement, le personnel non sp�cialis� de l�h�pital le plus proche n�a pas pris son service le matin du 28 janvier. Muni des noms et adresses des gr�vistes, un d�tachement de la compagnie va les cueillir au g�te. Ils sont un peu plus de vingt et, pour la plupart, de braves types victimes de la conjoncture.
� Pourquoi n��tes-vous pas venus travailler ? ... Allez, parlez si vous avez encore un peu de courage et de personnalit�.
� C�est la gr�ve, mon lieutenant, r�pond le ch�ur des lampistes.
� Quelle gr�ve ? Qui a dit de faire la gr�ve, le syndicat ? Makache syndicat, mon lieutenant, c�est le mot d�ordre.
� O� prenez-vous ce mot d�ordre ?
� Partout, mon lieutenant. Tout le monde y dit : c�est la gr�ve. Alors on fait la gr�ve.
� Bon. Si �le mot d�ordre� �tait de vous foutre � l�eau, vous vous jetteriez � la mer ? Il n�y en aurait pas un pour dire non ?
� Y en a pas moyen, mon lieutenant. Celui qui dit non au FLN, c�est coup� kab�che.
� Tiens, on ob�it au FLN. Alors il doit bien exister un meneur ou un agent de transmission parmi vous ? Un collecteur de fonds peut-�tre ? Qui verse au Front ?
L�atmosph�re commence � devenir plus lourde. Les visages se ferment. Il doit y avoir un ou deux fellaghas dans le tas. Mais comment les identifier ? Ces gens ont peur et Klaudic les comprend. Il y a longtemps qu�il pratique la guerre subversive. C�est le moment le plus difficile de la lutte antiterroriste. On sait que parmi les suspects que l�on a en face de soi se trouvent deux sortes d�hommes : les lions et les moutons. Ceux qui suivent et qui ne peuvent �tre tenus pour responsables et ceux qui les commandent. Faute d�indications et... d�indicateurs, on en arrive au tir au jug�. Klaudic doit faire confiance � son instinct. Cela, bien entendu, lui pose quelques probl�mes de conscience, mais dans la mesure o� le combat dans lequel il est engag� passe par le d�mant�lement de l�adversaire, il doit lui aussi se jeter � l�eau. Son regard s�arr�te sur celui d�un homme du deuxi�me rang. C�est un Arabe que rien ne distingue des autres si ce n�est une petite �tincelle de haine au fond des yeux. Celui-l� n�est probablement pas un mouton.
� Toi l�-bas, quel est ton nom ?
� Mohamed. Le nom est parti d�une voix neutre, bien pos�e, sans servilit� ni arrogance. Pour un peu, Klaudic partirait d�un �clat de rire. Chez les tirailleurs, il suffit de dire : Mohamed viens ici ! pour que la compagnie fasse un pas en avant. Klaudic a d�cid� de s�occuper de ce Mohamed-l�.
� Suis-moi ! Les autres, d�p�chez- vous d�aller travailler. Fissa !
Remonter la fili�re
Mohamed, soldat inconnu de la r�bellion �tait chef de cellule. Il coiffait trois ou quatre camarades et percevait la d�me � ce modeste �chelon. Il remettait sa collecte � un chef de niveau un peu plus �lev� et ainsi de suite jusqu�au ministre des Finances. Pour Klaudic, la technique consiste donc � remonter la fili�re tout en prenant garde de ne pas sauter un maillon ni de passer d�une cha�ne � l�autre. Mohamed avait bien un revolver, mais il n�en avait pas l�usage. Il devait le remettre � un nomm� Boussaf dont la mission �tait d�intimider ou de liquider ceux qui ne voulaient pas payer l�imp�t, cet imp�t que Mohamed �tait charg� de recueillir pour le Front. Aupr�s des collecteurs se trouvaient les tueurs. Avec de tels arguments, l�argent rentrait vite. Au-dessus des tueurs, on arrivait aux responsables politiques. Ces hi�rarchies parall�les sont l�ABC de la subversion et de la clandestinit� avec le cloisonnement.
Un prisonnier pouvait donner deux ou trois noms au maximum s�il �tait loquace. S�il refusait de parler, les maillons lat�raux et verticaux permettant de reconstituer l�organisation locale manquaient. S�il tardait seulement � parler, les complices prenaient la fuite. Il fallait alors repartir � z�ro ou presque. Dans cette course contre la montre, Klaudic et ses pairs connaissent la valeur du temps pour l�avoir pratiqu�e � rebours pendant l�occupation. Au prix de journ�es et de nuits harassantes, sans jamais prendre le temps de souffler, les paras reconstituent en quelques semaines ce que les polices avaient mis des ann�es � �tablir. Chaque soir, au briefing, les commandants de compagnie apportent une nouvelle pierre � l��difice. Les points d�interrogation font place � des noms, les noms � des �tres de chair et de sang que l�on interroge et que l�on dirige ensuite vers des camps d�internement. Comme l�argent va � l�argent, la DST remet � Klaudic quelques personnages embarrassants dont elle souhaite se dessaisir pour des raisons dont la plus �vidente n�est pas toujours celle que l�on croit. Klaudic les trouve bien encombrants et se demande d�j� � qui il pourra �les repasser�. Il y a Djender l�avocat. A l�instar de Paul Eluard, il �crit des po�mes sur les murs de sa prison. Il c�r�bralise la r�sistance et se bat, du moins il le pense, comme il gagnait sa vie auparavant : en baratinant. Son insignifiance est si �vidente que quelques jours apr�s, Klaudic le remet � la justice. Ousmer est un morceau de choix. Ancien inspecteur de la DST, il a r�ussi l�exploit d�intoxiquer son propre service en cr�ant un maquis fant�me en Kabylie. L�argent et les armes destin�s � ces chauds partisans de �l�Alg�rie fran�aise� sont all�s moiti� dans les poches d�Ousmer, moiti� dans celles des fellaghas de Kabylie. Au cours d�une op�ration h�liport�e, le 3e RPC a justement d�couvert le pot aux roses en an�antissant les �partisans� d�Ousmer. Certains inspecteurs de la DST voudraient bien se d�barrasser de ce faux fr�re mais Klaudic a senti le vent et s�empresse de leur rendre le b�b�. Si, dans les premiers jours de la bataille d�Alger, les paras poss�dent peu de renseignements sur le plan op�rationnel, apr�s quelques semaines d�une activit� consid�rable, le plus difficile est de distinguer les informations objectives des ragots. Par ailleurs, il faut bien le dire, les officiers n�ont pas tous l�aptitude requise pour d�m�ler le vrai du faux dans tous les documents saisis au domicile des suspects et encore moins dans leurs d�clarations dont beaucoup sont sujettes � caution, en raison m�me du climat particulier dans lequel elles ont �t� recueillies.
� Mon lieutenant, Mohand veut vous parler,
� Je viens.
Le lieutenant Klaudic quitte la popote. Il y a plus d�une semaine que Mohand lui a �t� remis par la DST. La Direction de la s�curit� du territoire pense qu�il peut conduire au sommet de la pyramide si on sait l�interroger...
Mohand n�est pas bavard
Mohand est blond aux yeux bleus. C�est un Kabyle et, comme beaucoup de ses cong�n�res, rien ne le distingue d�un Europ�en. Ce genre d�homme est pr�cieux dans la lutte clandestine. Avec de faux papiers, il peut circuler librement. Les premiers interrogatoires n�ont rien donn�. Il n�a rien � dire ou ne veut rien dire. Il existe un moyen pour le savoir, mais ce moyen n�est pas s�r. Outre le fait que Klaudic ne souhaite pas l�employer, il a le sentiment que Mohand est du genre d�homme � mourir plut�t que de trahir ses fr�res. Comme ce n�est ni un tueur ni un poseur de bombes, il pr�f�re attendre une occasion favorable pour le contraindre � baisser sa garde. Cependant Klaudic r�ussit � d�couvrir une information digne d�int�r�t. Mohand a travaill� dans une agence immobili�re. A ce titre, on peut penser qu�il a eu la possibilit� de procurer des planques � des membres du Comit� de coordination et d�ex�cution (CCE).
Ce bon M. Joseph
Ces membres sont cinq : Krim Belkacem, ex-chef de la wilaya III (Kabylie) qui tient le maquis depuis le d�but de la r�bellion et est recherch� pour assassinat ; Ben M�hidi Mohamed Larbi, ex-chef de la Wilaya V (Oranie), pr�sident du congr�s FLN de la Soummam du 20 ao�t 1956, l�homme qui, depuis, se d�pense sans compter pour l�orienter, l�organiser, le structurer ; Abane Ramdane qui a purg� 5 ans de prison en France, commissaire politique national charg� plus sp�cialement de la ligne politique FLN ; Ben Khedda Benyoucef, commissaire politique national, charg� de la propagande, de la presse et des liaisons, chefpolitico- militaire de l�agglom�ration alg�roise et enfin, A�ssat Idir, secr�taire g�n�ral de l�Union g�n�rale des travailleurs alg�riens (UGTA), dit Alexandre, alias Sa�d, dont on ne d�couvrira l�appartenance qu�apr�s l�arrestation de Ben M�hidi. Au moment o� Mohand est remis au 3e R�giment de parachutistes d�infanterie de Marine, on a toutes les raisons de croire que les membres du CCE n�ont pas quitt� Alger. Mais, sous la pression des unit�s de la 10e DP, le CCE ne parviendra jamais � jouer la mission de coordination qu�il re�ut au congr�s de la Soummam. Ses membres ne parviendront pas � se r�unir r�guli�rement. Fin f�vrier 1957, 3 auront quitt� Alger et 2 seront arr�t�s. Mohand est un gar�on �quilibr�, il n�affiche pas une foi irr�fragable en la R�volution, mais ne le renie pas pour autant. En vrai musulman, il est fataliste jusqu�au jour o�� Ayant trouv� l�adresse de son fr�re, Klaudic d�barque sans crier gare � son domicile et est accueilli par une Europ�enne enceinte de six mois au moins. Elle est au bord des larmes ; la r�putation des casquettes vertes n�est pas de nature � la rassurer. Elle jure que son mari n�est pas m�l� � la r�bellion et qu�il rentrera dans la journ�e. Le lieutenant veut bien la croire et lui confie un message anodin.
� S�il souhaite avoir des nouvelles de son fr�re, qu�il passe me voir � El-Biar, rue de Verdun. Il est venu ce matin, pas tr�s rassur�, il a le type encore plus europ�en que Mohand. Apr�s l�avoir autoris� � le voir, Klaudic le laisse repartir en l�invitant � lui apporter des informations sur les relations de son fr�re. Quant � Mohand, il est boulevers�. Il �prouve une vive affection pour son cadet et craint qu�il ne soit rapidement appel� � partager son sort. Klaudic ne fait rien pour le rassurer car il sent bien qu�il vient de trouver la faille.
� Mohand, tu veux me parler ?
� Oui, mon lieutenant, je vais tout vous dire mais promettez-moi de ne pas toucher � mon petit fr�re, il ne sait rien.
� Je t��coute Mohand.
� Voil� mon lieutenant. J�ai �t� contact� par le FLN, il y a un an pour cacher des chefs de passage. Je devais trouver des appartements dans le quartier europ�en, les louer au nom d�Europ�ens ou les acheter. Les acheteurs payaient toujours en esp�ces et portaient des noms fran�ais. Je suis certain que ces planques �taient encore occup�es le jour de mon arrestation et je vais vous donner les adresses. Un quart d�heure plus tard, Klaudic et ses gars forcent la porte d�un appartement boulevard Saint- Sa�ns. Le chauffe-bain est encore allum� mais l�oiseau s�est envol�. Le concierge arrive stup�fait et, parmi les photographies qu�on lui montre, il reconna�t Ben Khedda.
� Mais c�est Monsieur Joseph Debris ! Il est instituteur. Un locataire tr�s s�rieux. Vous devez vous tromper. Sans perdre de temps, les paras partent � la deuxi�me planque. Si la premi�re �tait au rez-de-chauss�e, donc facile � cerner, celle-ci est au troisi�me �tage. La concierge est intrigu�e par nos mines de passe-murailles. Elle reconna�t Ben M�hidi parmi les cinq photographies. Cette fois, il s�agit de M. Antoine Perez, employ� de mairie, tr�s poli et discret, il ne re�oit jamais de visite. C�est probablement une erreur. Le facteur frappe � la porte de la loge et remet un paquet de journaux et de lettres.
� A quelle heure montez-vous le courrier ?
� D�s qu�il arrive. Klaudic, quelques grad�s de la compagnie et un inspecteur de la DST escortent la concierge dans sa tourn�e. Cet �trange cort�ge croise un capitaine parachutiste b�ret bleu dans l�escalier. Il les interpelle de toute sa hauteur.
� Que faites-vous dans cet immeuble ? Ce n�est pas la Casbah ici.
� Pas grand-chose mon capitaine, nous venons arr�ter un chef FLN.
� C�est une plaisanterie ! Un fellagha dans cet immeuble ! Vous vous trompez.
� Moins de bruit s�il vous pla�t, laissez-nous v�rifier la plaisanterie et n�allez pas �chercher M�hidi � quatorze heures� (1). Le capitaine s��carte en maugr�ant. Ces gars de Bigeard, ils se croient tout permis ! La concierge frappe � la porte.
� Qu�est-ce que c�est ?
� C�est le courrier Monsieur. Ben M�hidi ouvre la porte. Il est en pyjama. La vue d�un P. 38 lui signifie la nature de la correspondance et celle du facteur. En quelques secondes, il est menott� et pouss� au fond de l�appartement. Un mois, il y a tout juste un mois que �les paras sont dans la ville� (1) lorsque l�ancien chef de la wilaya V arrive au PC Bruno, le 23 f�vrier 1957. Bien entendu, la capture de Ben M�hidi fait grand bruit et, d�s le lendemain, les journalistes arrivent au PC du colonel Bigeard. Ils d�couvrent avec stup�faction devant l�organigramme dress� par le capitaine Fr�guelin, officier de renseignements du 3e RPC que l�organisation FLN n�a plus gu�re de secret pour les policiers amateurs. Le g�n�ral Salan est pr�sent. Bien que peu d�monstratif, il ne cache pas sa satisfaction. Il a fait un bon choix en chargeant la 10e DP du maintien de l�ordre � Alger (2). Cette conf�rence de presse est suivie de la visite de parlementaires dont l�attitude ne semble appeler aucune r�serve sur l�action entreprise. Le secr�taire d��tat � la d�fense nationale va jusqu�� dire :
� Allez-y, votre m�thode est bonne (3).
(1) Marc Flament : les Beaux Arts de la guerre. Edition de la pens�e moderne, page 212.
(1) Titre d�un ouvrage �crit par le colonel Godard, ancien chef d��tatmajor de la 10e D.P. publi� chez A. Fayard en 1972.
(2) �Un petit lieutenant vient d�arr�ter Hakim�, �crit le g�n�ral Salan dans le tome 3 de ses M�moires, page 154 (Presses de la Cit�). C�est exact, mais pas dans les circonstances dont il fait mention (Hakim, qui veut dire le preux ou le pur, �tait le pseudonyme de Ben M�hidi dans la r�bellion).
(3) Il s�agit du socialiste Max Lejeune qui apporta son soutien constant � l�arm�e pendant la Guerre d�Alg�rie (NDLR). (Extrait de Alger, un boulot de flic)
(Organigramme, voir le fichier PDF)


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