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Contribution
La la�cit� : pr�alable � la d�mocratie ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 03 - 2006

La la�cit� comme pr�alable � la d�mocratie est un th�me ambitieux et un d�fi au moment o�, dans le monde, la r�surgence du religieux politique devient une r�alit�. Dans le sud m�diterran�en, la probl�matique rel�ve d�un pari difficile, mais exaltant. L�Alg�rie a �chapp� de peu � un Etat th�ocratique, sans pouvoir r�gler la question d�mocratique.
Le repl�trage du r�gime qui a men� � sa reconduction rel�ve de plusieurs causes. Cependant, il est int�ressant de voir les liens d�instrumentalisation entre le pouvoir et l�islamisme pour rejeter la d�mocratie et pr�venir la la�cit�. Comment en est-on arriv� l� ? Les causes sont � la fois anciennes et r�centes, li�es au colonialisme, � la construction et � la nature de l�Etat national. La Grande R�volution a incontestablement exerc� sur l�ensemble du personnel politique alg�rien une influence consid�rable, � l�image de Messali Hadj (leader radical) et de Ferhat Abbas (leader mod�r�). Ces deux personnalit�s dominantes du nationalisme alg�rien durant un quart de si�cle ont �t� fascin�es par les id�aux de 1789. Ils le disent tous les deux dans leurs m�moires ou leurs �crits. Ils m�nent leur combat au nom de ses valeurs pour atteindre une �mancipation collective en faveur des colonis�s. Cependant, le naufrage de la R�publique avec ses discriminations juridique et politique et la pr�gnance du religieux dans la soci�t� indig�ne jouant le r�le de r�f�rent identitaire n�ont pas amen� ces deux leaders � adh�rer � la la�cit�. Si l�on peut r�sumer cette situation, on peut dire que la R�publique est le vecteur du combat tandis que l�islam demeure la �patrie spirituelle�. Cette posture va ainsi dominer le mouvement national depuis sa naissance jusqu�au d�clenchement de la lutte arm�e (1954/1962) o� une tentative audacieuse a �t� formul�e au Congr�s de la Soummam en ao�t 1956 (premi�re charte du FLN) pour d�finir la nature du futur Etat national. Il est explicitement �crit qu���il ne s�agit pas de restaurer une monarchie ou une th�ocratie d�sormais r�volues. L�Etat sera d�mocratique et social�. Cette postulation franchement la�que, port�e par la t�te pensante du Congr�s, Abane Ramdane, personnalit� socialis�e par l��cole de la IIIe R�publique, sera peu � peu �branl�e au lendemain de l�ind�pendance. L��re de la construction nationale est inaugur�e par un coup d�Etat pour la prise de pouvoir, op�r� par l�arm�e des fronti�res contre l�autorit� l�gale, le GPRA (Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne). La l�gitimation du pouvoir jusqu�� l�av�nement du multipartisme en f�vrier 1989 se fera � coups de chartes octroy�es et de r�f�rendums pl�biscitaires sur la base de n�gation des libert�s publiques et de r�pression ouverte. Au plan id�ologique, si des options s�cularis�es � arabisme et socialisme � sont mis en �uvre, toutes les Constitutions de cette �poque � trois au total � proclament dans leurs articles 2 : �L�islam est religion d�Etat�. La confusion est telle entre l�option arabo-socialiste et l�islam qu�on parlait de �socialisme sp�cifique� pour mieux souligner que la la�cit� n�a pas droit de cit�. Durant le r�gne de Ben Bella (1962-65), la seule association autoris�e en dehors des organisations de masse li�es au parti unique,, �tait d�inspiration islamiste : �El-qiyam� ou les �Valeurs�. Apr�s l��viction du premier pr�sident par un putsch, la clarification n�est pas nette. Houari Boumediene (1965/1978) dissout l�association �El-qiyam� mais op�re un rapprochement avec les ul�mas (docteurs de la loi) qu�il int�gre dans ses divers gouvernements et proc�de � une arabisation acc�l�r�e � partir de 1968. Des pans entiers dans les secteurs id�ologiques � l�enseignement et la justice � sont confi�s � des arabisants qui ne sont pas loin de l�islamisme. La frilosit� en mati�re de la�cit�, m�me si le discours est progressiste, se v�rifie par l�incapacit� des dirigeants de cette �poque � doter le pays d�un code de la famille. La r�forme du statut personnel effectu� par Bourguiba en Tunisie en 1956 ne verra pas naissance en Alg�rie. Cette question sera r�gl�e en 1984 de mani�re r�actionnaire lorsque l�APN (Assembl�e populaire nationale) du parti unique va voter un code de la famille le plus r�gressif de l�aire arabo-islamique apr�s le saoudien. Le r�gne de Chadli Bendjedid (1979) jusqu�� l�irruption du pluralisme est marqu� pendant dix ans � la fois par un l�ger d�gel politique et d�un coup de barre vers la conservation sur le plan soci�tal. La g�n�ration de l�arabisation commence � arriver sur les champs politique et �conomique. Elle r�clame une autre orientation pour sortir de la �la�cit� islamique�, si je reprends le titre d�un ouvrage �crit par Henri Sanson qui a analys� cette p�riode de fa�on pertinente sur ce plan. Les agissements des islamistes apparaissent publiquement. Leur influence se caract�rise symboliquement par le d�but du revoilement de la femme alg�rienne � partir des ann�es 1980. Pour la premi�re fois depuis l�ind�pendance, la convergence entre l�autorit� �tatique et l�islamisme �non institutionnel� est �tablie concr�tement durant cette p�riode au milieu de cette d�cennie. Au plan politique, les islamistes ne se satisfont pas de cette plus nette inflexion. Ils visent le pouvoir. Ils veulent l�enti�ret� du pouvoir. Que dire de cette premi�re tranche historique post-ind�pendance au vu du titre de cette table ronde ? On est tent� de dire abruptement que le constat est sans appel : l�absence de la�cit� se conjugue avec l�autoritarisme et la dictature. Y a-t-il un lien de cause � effet ? La r�alit� est autrement plus complexe dans son v�cu et m�me dans sa compr�hension. Une chose est s�re : une grande partie du personnel politique a �t� form� dans et pour la modernit�. Il aurait pu, par volontarisme, aller dans le sens d�une franche s�cularisation. Par ailleurs, n�oublions pas que le concept de la�cit� est quasiment propre � la France et qu�eu �gard aux circonstances historiques, les adversaires de cette option se donnent � bas prix des brevets de patriotisme. La d�faite du groupe de Tizi-Ouzou, regroupement d�une partie des maquis de l�int�rieur et de la F�d�ration de France du FLN, align�s derri�re le GPRA, a compromis s�rieusement les chances de cette philosophie. Sans faire dans la fiction, les virtualit�s d�un k�malisme � l�alg�rienne �taient r�unies � l�ind�pendance mieux que celle de son promoteur historique, en son �poque et dans son pays : la Turquie. Au final, j�oserai une premi�re conclusion qui se situe � revers de la question pos�e : l�absence de d�mocratie en cette p�riode a jugul� les potentialit�s la�ques port�es par le projet de lib�ration nationale. La deuxi�me partie historique s�ouvre avec le multipartisme en f�vrier 1989. La d�mocratie est entr�e par effraction. Il est vrai que l�h�g�monie du parti unique est ouvertement contest�e depuis 1980 par les Berb�ristes se r�clamant de la d�mocratie et de la�cit� et des islamistes qui revendiquent un Etat th�ocratique. La baisse brutale des prix du p�trole, l�ann�e 1986, a fini par avoir raison du monopole politique du FLN en octobre 1988. De ces deux groupes les plus actifs dans la contestation, ce sont les d�mocrates qui p�tissent le plus de l�absence de libert�s publiques. A la diff�rence des islamistes qui ont des sanctuaires sacralis�s � les mosqu�es �, les d�mocrates sont partout pourchass�s. Les confusions id�ologiques et constitutionnelles avaient cr�� une s�rie de fictions politiques qui vont finir par renforcer les pires ennemis de la d�mocratie : les islamistes. D�s les premi�res �lections, le FIS (Front islamique du salut) � municipales en juin 1990 et l�gislatives en d�cembre 1991 � sort majoritaires dans l�ensemble du pays, � l�exception notable de la Kabylie. S�ouvre alors une p�riode extr�mement dangereuse, dont le prix pay� en vies humaines est �lev� : pr�s de 100 000 morts en une d�cennie. L�irruption brutale de l�arm�e pour arr�ter le processus �lectoral entre les deux tours des l�gislatives n�a pas cl�tur� le d�bat sur les bienfaits et les m�faits de cette action. Dans l�imm�diat, il a accentu� les divergences entre les deux principales formations politiques d�mocratiques : le FFS et le RCD. Ces deux partis, se r�clamant du message originel de Novembre 1954, revendiquent la la�cit� : le FFS essaye de forger un nouveau concept en parlant de �l�Etat civil� et de s�paration des champs politique et religieux, tandis que le RCD fait ouvertement acclamer la la�cit� avec s�paration de l�Etat et du culte. Pour cette derni�re formation, la la�cit� n�est pas �trang�re � l�Alg�rie si l�on puise dans nos r�f�rents traditionnels. En effet, dans les assembl�es villageoises qui dominaient le monde rural, particuli�rement en Kabylie, la s�paration est nette entre les pouvoirs spirituel et temporel. C�est cette exp�rience qu�il va falloir remettre au go�t du jour et moderniser. Et si elle recoupe la notion fran�aise, c�est l�acc�s � l�universalit� qu�il faudra non seulement accepter, mais encourager. Pour la premi�re fois en Alg�rie, le mot la�cit� est explicitement revendiqu�. L�emballement des �v�nements depuis l�arr�t du processus �lectoral n�a pas permis d�aborder sereinement cette question si charg�e �motionnellement et symboliquement. Du c�t� du pouvoir, le m�me cycle d�erreurs a recommenc�. Le nouveau processus de l�gitimation commenc� l�ann�e 1995 par la premi�re �lection pr�sidentielle pluraliste est entach� de fraude �lectorale alors que la participation populaire est importante malgr� les menaces islamistes. Tout le processus qui s�ensuivra conna�t un sort identique. Les pesanteurs anciennes, combin�es � la pr�servation du pouvoir quoi qu�il en co�te � la nation, vont donner naissance � cet immense paradoxe : l�islamisme est vaincu militairement gr�ce � la mobilisation de la soci�t� tandis qu�il n�a pas dit son dernier mot politiquement � cause des orientations du pouvoir. Le dernier r�f�rendum portant sur �la charte pour la paix et la r�conciliation nationale�, malheureusement salu� par le Quai d�Orsay comme une consultation d�mocratique, est un indicateur suppl�mentaire de cette compromission entre le conservatisme et l�int�grisme. Pour conclure, je dirai que malgr� les apparences, la soci�t� alg�rienne rec�le en son sein un immense potentiel d�mocratique et la�c qui ne demande qu�� �merger davantage. L�id�e de la�cit� est toujours
neuve. Elle n�est pas �puis�e. Si l�id�e est manipul�e ici et l� pour instaurer des r�gimes autoritaires, elle reste la garantie d�une d�mocratie �panouie. Le chemin est long et difficile. Il commence par l��cole qui forme le citoyen. Aussi, avons-nous choisi cet acronyme symbolique : RCD avec culture au centre. Nous sommes persuad�s que cette lumi�re passe par l��ducation et la formation, mais aussi par une r�novation de l�islam qui rel�ve de la soci�t� enti�re et des th�ologiens en particulier. Le courage ne nous manque pas dans le Sud, c�est l�absence d�int�r�t du Nord qui nous fait d�faut. Ne soyez pas frileux face � l�int�grisme, � tous les int�grismes, o� qu�ils soient. C�est au final, l�id�e de la�cit� qui garantit l��quilibre entre vie publique et vie priv�e, une s�paration salutaire pour l�harmonie sociale et politique. L�Alg�rie en a grandement besoin pour entrer de plain-pied et d�finitivement dans la modernit�. Je vous remercie.
Tarik Mira
Communication prononc�e le 09.11.05, � Paris, lors de la c�l�bration du centenaire de la loi de s�paration de l'Etat et de l'Eglise. L'association Egale, pr�sid�e par le s�nateur Radical de Gauche, G�rard Delfau, a organis� dans l'une des enceintes du S�nat fran�ais un colloque intitul� : �La la�cit� : hier, aujourd'hui et demain�.


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