Mohamed Benchicou, journaliste emprisonn� depuis le 14 juin 2004, et dont un portrait g�ant habille une des fa�ades de la Maison de la Presse pour en rappeler la pr�sence, est pour l�ensemble de la corporation le symbole du combat pour la libert� de la presse. Il l�est tout autant que ses dizaines de confr�res assassin�s par des terroristes aujourd�hui amnisti�s, pour avoir choisi de d�fendre la R�publique. La gr�ce d�cid�e par le pr�sident � l�occasion du 3 mai ne touchera pas Mohamed Benchicou condamn� � deux ans de prison ferme pour �infraction au change�. Notre confr�re purgera toute sa peine. Sa�da Azzouz - Alger (Le Soir) - Un 3 mai, en prison, un deuxi�me, pour Mohamed Benchicou qui boucle son 23e mois de d�tention � la prison d�El Harrach. Les 687 jours de tentative de �domestication� n�ont en rien servi � assujettir la plume rebelle de ce journaliste dont le canard est suspendu depuis le 24 juillet 2004. Ni d�ailleurs les incessants va-et-vient entre le centre p�nitentiaire et le tribunal de Sidi-M�hamed pour r�pondre de ses �crits et de ceux de ses journalistes. M�me malade, Mohamed Benchicou n�a pas �t� �pargn� du transport dans le panier � salade, et des longues heures d�attente dans les sous-sols humides du tribunal d�Alger. Ces �ch�timents� n�ont pas �branl� la conviction de celui qui recommandait � ses coll�gues de ne jamais renoncer � accompagner dans leurs revendications les mouvements citoyens et les syndicats, en somme les Alg�riens. Quoi qu�il en co�te ! De par les prix internationaux de la libert� de dire qu�il collectionne, Mohamed Benchicou d�range encore et toujours ce pouvoir �scandalis� par les unes libres du quotidien Le Matin, les chroniques impertinentes de son directeur, les �crits effront�s de quelques-uns de ses journalistes et le trait incisif de son caricaturiste. Condamn� � deux ans de prison ferme, pour �infraction au change� sous le fallacieux pr�texte de bons de caisse, l�auteur de Bouteflika une imposture alg�rienne a �t� mis en prison pour l�exemple . �Je devais, para�t-il, expier les p�ch�s d'une presse jug�e trop remuante. Par ma punition, je devais, para�t-il, racheter mes "cong�n�res" et peut�tre leur �pargner les foudres des seigneurs. H�las, mon ch�timent n'a pas apais� les col�res. Pas plus que les louvoiements et les reculades, d'ailleurs. Et de ma prison, j'ai tout le loisir de compter les coups r�p�t�s port�s � cette presse, hier adul�e pour son courage, aujourd'hui tra�n�e dans la boue � cause de ce m�me courage. Triste �poque o� les pr�dateurs ont cru venu le moment de sonner l'hallali : inflation de proc�s contre les journaux et multiples condamnations � la prison ferme, mises sous contr�le judiciaire et emprisonnements de journalistes... Aucune chance ne doit �tre laiss�e � la presse. Il faut l'achever. Ainsi en ont-ils d�cid�. Faut-il pour autant d�sesp�rer, accepter de dispara�tre ? Faut-il renoncer � informer, � dire et �crire librement ? Non. Aujourd'hui plus que jamais, non ! Cette flamme qui nous a fait, hier � l'heure de la lame assassine, relever les d�fis et donn� la force de croire et de continuer, nous anime toujours. Elle peut vaciller, jamais s'�teindre. J'en suis convaincu. J'ai raison de croire, comme vous avez raison de croire et de continuer : la presse alg�rienne sera libre ou ne sera pas.� Cet extrait tir� de la lettre adress�e � la corporation par Mohamed Benchicou du fond de son cachot le 28 avril dernier que les journalistes ont lue et relue r�sume le sentiment de tous ceux qui n�ont jamais renonc� � leur conviction : la libert� de dire, la libert� d�informer que l�on c�l�bre aujourd�hui dans le monde entier avec Mohamed Benchicou.