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LETTRE DE PROVINCE
Si pr�s de Beyrouth et si loin de Skikda Par Boubakeur Hamidechi [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 07 - 2006

Sans doute que l��motion et l�indignation sont r�elles et qu�il faille en rendre compte largement dans nos journaux. Cependant n�est-il pas excessif d�arguer de cette raison pour mettre sous embargo nos probl�mes d�indig�nes, en d�licatesse ancienne avec leurs dirigeants, au seul pr�texte que notre identit� est humili�e sous d�autres cieux ? Quitte � ce que cette chronique souffre d�un certain �d�calage� anachronique jugera-t-on, elle fera quand m�me l��conomie d�une litanie (une de trop), sur ce Liban devenu si tragiquement familier.
Pr�f�rant � celui-ci la tentation oc�ane d�une lointaine Skikda, pourquoi donc n�irions-nous pas voir comment il est encore possible � des �continentaux � sans horizon marin de r�aliser la prouesse d�un voyage d��t� ? Car, moins qualifi� que bien de confr�res pour commenter la meurtrissure identitaire dont le monde arabe nous a habitu�s, n�est-il pas plut�t salutaire de vivre en bonne intelligence avec son �quant � soi� �triqu� en s�attachant � la description des petits d�sagr�ments de nos saisons locales ? �Faire avec� comme on dit populairement consiste justement � emprunter la voie la plus r�aliste pour se d�marquer de la capitulation morale des dirigeants et la r�cup�ration du malheur des autres peuples pour faire de la diversion aupr�s de leurs sujets. Ah ! Ces faux meetings de solidarit� que les caciques exp�dient comme des pensums. Et puisque tout est fichu de ce c�t�-ci ne vaut-il pas mieux mettre ses pas dans les pas des gens des �hautes terres� qui transhument rituellement vers des rivages cl�ments ? Embarquons vite pour une excursion entre Constantine et Skikda. Voyage bien plus �difiant que tous les embrigadements de circonstance et la langue de bois d�agitateurs r�mun�r�s. G�ographes et arpenteurs patent�s ont parfois la pr�cision moins parlante. Eux dont le savoir et la technique consistent � designer les lieux et mesurer les distances ignorent l�illusion magique qui met en phase un �ici� et un �ailleurs� en d�pit de toute la rationalit� de leur science. Ainsi en est-il de certaines villes r�put�es fonci�rement continentales alors qu�elles ne respirent que par des bronches oc�anes. A l�inverse, il en est d�autres dont l�intimit� marine n�a jamais chang� leurs habitudes bouseuses. Qui ne conna�t pas ces cit�s qui tendent les bras vers l�oc�an malgr� l�obstacle de la distance ? Et qui n�a pas d�couvert un jour que d�autres blotties face � la mer demeurent insupportablement f�ch�es avec celle-ci ? Un v�ritable pied-de-nez � la rigoureuse cartographie d�mentie par une sorte de cartomancie qui r�v�le po�tiquement le fond de l��me de chaque lieu. Constantine est-elle une ville �terrienne� ? Allons donc, rarement cit� ne fut plus dispos�e qu�elle aux noces marines. Bien que toutes les cartes routi�res la situent � 80 bornes des rivages ne change rien � son go�t immod�r� pour les �tendues liqu�fi�es. Les chroniqueurs arabes de l��ge d�or, �tonn�s par sa posture �a�rienne�, ne sugg�raient-ils pas un possible cousinage avec cet �ailleurs marin� ? Dans sa prose lyrique le grand voyageur Al Bakri parlait d�elle en termes �th�r�s. Car, avouait-il, en d�pit de l�imposante pr�sence de la roche, il humait dans ses murs des effluves marins. Nous voil� dans une g�ographie particuli�re : celle qui est revisit�e par les �sens�. Cette sensibilit� qui d�c�le le discret appel de la mer se manifestant � l�approche de l��t�, quand le �complot� du soleil et de la roche rend insoutenables les jours. C�est donc un tutoiement ancien qu�elle entretient avec l�oc�an et de fait les Constantinois ne s�y rendent pas aupr�s de celui-ci, pour seulement fuir l�enfer solaire. Eux �rendent visite� � la mer dans une sorte d�all�geance pa�enne encore enracin�e dans les derniers pans d�une urbanit� de plus en plus malmen�e. La mer pour les Constantinois est per�ue d�abord comme le compl�ment de leur ville. Une sorte de prolongement mythique et mystique de leurs saints tut�laires qu�il faudra honorer �galement sur les bords de l�infini liquide. Les femmes �d�ici�, quand elles abordent ces rivages, se �fendent� d�abord en ablutions dans un rituel immuable et rapportent avec elles, lors du retour, des flacons de son eau : un talisman de la jouvence. Autres temps autres m�urs. Certes cette relation c�r�monieuse avec la mer est tomb�e en d�su�tude et plus personne ne pense � l��voquer, mais la passion marine, elle, est demeur�e intacte. Constantine n�a jamais rompu avec les rivages et Skikda demeure son bastingage de toujours, d�ailleurs l�on y acc�de pr�cis�ment � partir de �Bab Ksentina�. On y entre par cet unique corridor terrestre. Ici l�arr�t des taxis reliant la ville aux wilayas environnantes a valeur de verrou et d��cluse. Il signifie la porte de sortie vers l�arri�re-pays et la cl� pour acc�der au c�ur de la cit�. Une ville qui ne se d�couvre que par petits �morceaux� sans vision panoramique imm�diate, car il faut toujours, au voyageur, remonter les arcades de la rue Didouche-Mourad avant d��tre en surplomb pour la �d�visager� enfin� Selon les jours, une bouff�e d�air accompagne le pas jusqu�� la place du 1er-Novembre d�o� le regard embrasse � l�est la �vieille� Stora et � l�ouest la �moderne� Ben M�hidi (ex- Jeanne d�Arc). On croit ainsi capter la r�alit� de la ville avec son ancrage historique et son avanc�e dans le futur. Stora avec son illusoire village de p�cheurs continue d��voquer une grande part du pass� et Jeanne d�Arc campe les lignes de d�veloppement qui lui furent impos�es. Le sch�ma d�une cit� avec une colonne vert�brale grouillante de vie, commer�ante � souhait est s�duisant � premi�re vue, mais il est trompeur. La r�alit� est moins engageante. Stora, par exemple, jadis port de p�che de premier ordre, n�est, depuis quinze ans au moins, qu�un ponton sur la mer tragiquement n�glig�. Accroch� � une montagne hostile, il a oubli� sa vocation par la faute d�une pollution de ses eaux. De reconversion en r�am�nagements du site, ce village de p�cheur a d�finitivement perdu son �me. L�autre �poumon� que constitue le site de Ben M�hidi apr�s avoir connu un essor prodigieux gr�ce � la p�trochimie et le plein emploi de l��re �tatique, d�couvre de nouvelles r�alit�s sociales en m�me temps que la d�t�rioration d�finitive de ses atouts touristiques. Ainsi par la force des choses, Skikda est devenue une erreur oc�ane autant que Constantine, son a�n�e, n�a cess� de qu�ter une l�gitimit� de la� mer. Rusicade est aujourd�hui une zone grise d�un ch�mage li� aux d�mant�lements industriels. Laboratoire d�une �r�volution industrielle� avec une population de paysans, elle absorba dans les ann�es 70 une masse consid�rable de gens de la terre qui constituent aujourd�hui une citadinit� singuli�re tournant le dos � la mer. Car il ne faut pas se m�prendre sur ces �contemplatifs � de la grande bleue qui s�accoudent � la rambarde donnant sur le port. Ils ne coltinent ni nostalgies oc�anes ni poss�dent le pied marin. Ils sont venus d�un arri�repays agricole pour refaire leur vie ici au pied des torch�res de gaz. S�duits par le d�racinement, ils rencontreront la mer par hasard : seulement par �hasard et n�cessit�. Autant que la terre qu�ils quitt�rent, cette mer n�est pas nourrici�re pour eux. Juste un d�cor pour leurs moments de repos. Skikda, telle qu�en elle-m�me, n�est d�j� plus qu�une �vocation de la mer. A la place de la faconde de ses p�cheurs des frasques des marins � terre et des vantardises de comptoir des boscos, elle a install� dans ses murs et sur ses rives une humanit� trop ouvri�re pour prendre le large ! Reste �videmment les estivants constantinois, ces voyageurs � la petite semaine qui font trempette dans ses eaux, juste pour ne pas insulter une tradition. Maintenant que Skikda et Constantine nous sont redevenues famili�res, retournons � Beyrouth, Ghaza et Baghdad o� un holocauste est en train de s�accomplir avec la b�n�diction de la communaut� internationale et la l�chet� de nos dirigeants. Le pilonnage d�une civilisation, la n�gation d�une culture et la croisade contre une religion sont � l��uvre. A travers des proc�d�s plus sophistiqu�s que ceux du nazisme l�on vise � nous gommer de la carte humaine. Au moment o� cette conjuration des puissants �ghetto�se� le monde arabo-musulman avant de lui administrer la solution finale, une blague court les salons occidentaux : quelle diff�rence, demande-t-on, y a-t-il entre un Juif et un Arabe ? Pour le juif, le plus dur est pass� ! Faut-il donc une Shoah araboislamique pour qu�enfin nous acc�dions � l��l�mentaire dignit� humaine ? A m�diter.

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