Conjuguer l'Europe sur un mode plus transparent : cet enjeu essentiel s'invite au menu des travaux de la commission de Bruxelles. Le commissaire europ�en charg� des affaires administratives et de la lutte antifraude, Siim Kallas, attend le feu vert de ses coll�gues pour lancer une �initiative pour la transparence� qui entend s'attaquer � une question r�currente : faut-il r�glementer le lobbying ? En mars 2005, il s'�tait fait cinglant : �Les registres des organisations de lobbyistes actifs dans l'Union europ�enne ne fournissent que de maigres renseignements sur les int�r�ts qu'ils repr�sentent et sur leurs sources de financement. Quant aux codes de bonne conduite, ils n'ont que peu de signataires et ne pr�voient aucune sanction dissuasive.� Des propos gu�re appr�ci�s par la Soci�t� des professionnels des affaires europ�ennes (Seap), bas�e � Bruxelles, qui a mis en place ce type de code. �La Commission devrait d'abord faire le m�nage chez elle et rendre ses fonctionnaires moins vuln�rables aux pots-de-vin�, avait r�pliqu� son responsable Rogier Chorus. Depuis, Siim Kallas a quelque peu nuanc� : �Le lobbying n'est pas une activit� n�gative, au contraire. Mais il faut plus de transparence. Je ne souhaite pas aller vers une l�gislation lourde et contraignante, n�anmoins, si cela s'av�re n�cessaire, une l�gislation ne peut �tre exclue.� Revirement ou tactique ? Bruxelles est en tout cas devenue la deuxi�me capitale mondiale des lobbyistes, apr�s Washington. Selon les estimations de la Commission, ils sont pr�s de 15 000 � graviter dans la capitale belge autour des institutions europ�ennes. Une activit� lucrative qui produit entre 60 et 90 millions d'euros de revenus annuels. Aujourd'hui, Bruxelles est devenue incontournable pour les entreprises comme les ONG, qui veulent savoir ce qui se pr�pare, influencer les l�gislations, les susciter, voire les tuer dans l'�uf. En revanche, contrairement aux Etats-Unis, les lobbyistes bruxellois ne sont soumis � aucune obligation r�glementaire. D'o� le sentiment que ce jeu d'influences se pratique dans le secret. Entre initi�s. Lobbycratie �On n'est pas pour se cacher et vivre dans l'ombre�, assure Philippe Blanchard, directeur g�n�ral de Hill & Knowlton, l'un des cabinets les plus connus � Bruxelles. Pourtant, les lobbyistes veulent s'en tenir � l'autor�gulation. Certains, comme Daniel Gu�gen, fondateur du Clan Public Affairs, plaident pour la cr�ation d'un organisme professionnel sur le mod�le des avocats ou des architectes. Seule voix d�cal�e, celle de Xavier Delacroix, pr�sident de l'association fran�aise des conseils en affaires publiques : �Les codes de conduite, c'est bien gentil, mais la vertu, �a vient rarement spontan�ment�, lance-t-il avant de sugg�rer d'aller voir du c�t� du Qu�bec o� un commissariat au lobbying a �t� r�cemment mis en place. Pour tenter de faire le poids face au lobbying... des lobbyistes, 50 ONG � emmen�es par le Corporate Europe Observatory (CEO � observatoire europ�en des entreprises), un groupe de recherches bas� � Amsterdam, sp�cialis� dans �la lobbycracy� � se sont regroup�es pour d�fendre la mise en place de r�gles de transparence et d'�thique. �Nous n'avons pas de probl�me avec le lobbying en tant que tel, assure Erik Wesselius du CEO. Toutefois, ce qu'on voit � Bruxelles, c'est qu'il y a un �norme biais vers les int�r�ts des entreprises qui ont des acc�s privil�gi�s aux d�cideurs.� �Les ONG n'ont sans doute pas les m�mes moyens que nous, mais elles ont la confiance de l'opinion publique�, r�torque David Earshaw, un des responsables de Burson-Marsteller, l'un des plus importants cabinets de consultants � Bruxelles. Avec ou sans r�gles, le lobbying a encore de beaux jours...