Livre entre les mains, r�gl� � la caisse � 399 DA, des Alg�riens et des Italiens ont envahi l�espace de la librairie du �Tiers-Monde�, jeudi pass�, en qu�te d�une d�dicace de l�auteur du livre, la journaliste italienne Giuliana Sgrena, Embuscade � Bagdad, dont la version fran�aise vient de para�tre aux �ditions Casbah. Victime d�un enl�vement, qui reste jusqu�� aujourd�hui �nigmatique pour les autorit�s italiennes et pour elle-m�me, Giuliana Sgrena partage avec ses lecteurs, par la publication de ce livre, �sa captive par les forces de r�sistance irakiennes�, mais aussi elle revient sur la situation de l�apr�s-guerre en Irak. Forte et juste, militante des droits de l�homme, l�envoy�e sp�ciale du quotidien italien El Manifesto n�a jamais accept� l�invasion am�ricaine en Irak, qui, selon elle, n�a fait que renforcer la division ethnique et politique des habitants de ce pays. Son int�r�t est dirig� particuli�rement vers la ville de Fallouja, le p�le et le symbole de la r�sistance irakienne contre l�occupation am�ricaine. C�est dans cette m�me ville qu�elle a �t� captur�e par les r�sistants �moudjahidine�, des sunnites, d�apr�s son t�moignage. Lors de sa rencontre jeudi avec la presse, � la librairie du Tiers- Monde, Giuliana Sgrena n�a pas mis l�accent sur les conditions de sa d�tention, ni sur son cauchemar qui a dur� quatre longues semaines. Un mois o� sa vie �tait suspendue aux seules n�gociations enclench�es par le gouvernement italien avec les groupes arm�s de r�sistance. Tout comme dans son livre de 195 pages, la journaliste est revenue sur son drame avec beaucoup de lucidit�, de courage et de ma�trise de soi. �Mon enl�vement �tait politique, car je ne trouve aucune autre explication quant � l�int�r�t de mes ravisseurs de me kidnapper �, a-t-elle confirm�. Sgrena a la certitude que ses �kidnappeurs �, qu�elle a du mal � identifier, mais qu�elle refuse n�anmoins de qualifier de �terroristes �gorgeurs de Al Zarkaoui�, ont n�goci� leur place dans la construction de l�Irak de l�apr�s-guerre. �Ce sont des gens tr�s religieux mais pas des fondamentalistes �, les d�crit-elle. Affirmant la haine port�e par les Irakiens aux Occidentaux, la journaliste a, malgr� son drame, essay� d�analyser et m�me parfois de justifier le comportement de ses ravisseurs. �La situation est tr�s confuse en Irak. Les Irakiens ont �t� d��us de la r�action des Am�ricains apr�s la chute du r�gime de Saddam�, rel�ve-t-elle, en avertissant sur le d�clenchement d�une guerre civile en Irak, apr�s le retrait des forces am�ricaines. �Les chiites, les Kurdes et les sunnites se disputent les richesses nationales et la situation en Irak va en se d�gradant�, a d�plor� la journaliste. N�anmoins, l�enl�vement de la journaliste italienne n�a pas livr� tous ses secrets, notamment du c�t� am�ricain. �Je sais que les Am�ricains ont refus� les n�gociations entre le gouvernement italien et mes ravisseurs, mais je ne sais pas si c�est la raison pour laquelle ils ont ouvert le feu sur la voiture qui me conduisait � l�a�roport lors de la lib�ration�, s�interroge la rescap�e, qui dit poursuivre son enqu�te pour conna�tre les v�ritables raisons qui ont conduit l�arm�e am�ricaine � vouloir l��liminer. Rendant un vibrant hommage � l�agent italien Nicola Calipari qui lui a sauv� la vie, la journaliste est plus que jamais persuad�e que les tirs am�ricains ont vis� les personnes se trouvant � l�int�rieur du v�hicule. �Comment expliquer que 57 balles ont �t� tir�es dans notre direction et une seule seulement dans le moteur de la voiture ?�, veut-elle comprendre. En attendant d�avoir des r�ponses plus concr�tes sur ses interrogations, la journaliste italienne continuera � d�fendre la cause irakienne, celle de la femme pr�cis�ment. S�agit-il de retourner sur place ? �Non, pas pour le moment, peut-�tre un jour. La blessure est encore profonde.�, dit-elle. Une blessure � laquelle elle n�a pas laisser libre cours dans son livre, pour faire passer avec beaucoup d�objectivit� son message, qui est celui de faire avancer le combat d�mocratique en Irak.