Se rendre sur les bancs d�une classe en ce d�but du mois de septembre pour les �coliers, les coll�giens et les lyc�ens d�Adrar repr�sente un v�ritable exploit. En effet, la temp�rature, gu�re cl�mente, d�courage les plus hardis et contribue � une nonchalance et un engourdissement qui g�lent toute activit�. Le mercure, imperturbable, nous nargue du haut de ses 38 ou 40 degr�s. Rares sont ceux qui osent relever d�fi et s�aventurer entre midi et seize heures. Arm�s de gourdes, de bouteilles remplies d�eau fra�che, ces �coliers, sous un soleil de plomb, affrontent, seuls cette canicule qui les d�shydrate. Ils seront encore l�, l�ann�e prochaine devant le m�me dilemme. En ce mois de septembre, Ramadhan arrive dans un ballet interminable de va-et-vient o� s�agglutinent �a et l�, des gens affair�s � faire des courses. D�autres, une fois le �boulot� termin�, s�empressent de se rendre illico presto chez eux, se mettre � l�abri de cette chaleur torride sous les bienfaits du climatiseur. Quant aux logements qui en sont d�pourvus, le ventilateur, brassant l�air chaud n�apporte nullement le confort et le r�confort tant esp�r�s. Le soir, juste apr�s la rupture du je�ne, les commer�ants sont les premiers � se manifester, apportant un tant soit peu de gaiet� � ces rues d�sert�es au cr�puscule. Les fid�les se rendent massivement aux mosqu�es pour accomplir le devoir religieux et s�acquitter pleinement des �tarawih�. A 22 heures, la foule se fait plus dense et compacte et les noctambules reprennent le dessus. Si les uns pr�f�rent se vautrer � m�me le sol, sur la grande place, sirotant un th� mousseux, guettant inlassablement cette fra�cheur nocturne qui contribue in�luctablement aux veill�es anim�es par un tohu bohu incessant de ronflement de moteurs, de brouhaha, d�autres, plus assagis, s�adonnent pleinement � leurs jeux favoris (domino, rami, goinche) qui font ravage au caf� mitoyen du stade municipal. Des parties interminables mettent aux prises des joueurs motiv�s par la finalit� de l�enjeu : la victoire dans une parodie g�n�rale des vaincus. La nuit s�ach�ve dans un d�fi perp�tuel et gargantuesque qui reprendra le dessus le lendemain car avec le sommeil, les souvenirs amers s�estompent. D�autres r�servent leur soir�e � des visites amicales ou familiales autour d�une table garnie de kalb ellouz, zlabia. Quant aux femmes, elles s�organisent comme elles peuvent et d�ambulent souvent en bandes, arpentant les avenues � la recherche d�articles de confection pour la f�te de l�A�d. Parfois, elles se retrouvent entre elles et de recette en recette, elles retournent les facettes de la plan�te, � l��coute du moindre fait nouveau qui fait vibrer une oreille attentive qui alimentera certainement les comm�rages du lendemain. Les bains maures sont tr�s pris�s et connaissent un afflux particulier, lieu de rencontre par excellence, rares sont celles qui ne daignent pas y aller. La temp�rature, sujet de discussion, repousse au soir ce que l�on envisage d�entreprendre. On a l�impression que la chaleur s��ternise car elle dura 7 mois sur 12. Le c�ur y est mais les conditions climatiques trop p�nibles font de ce mois de septembre, un mois particuli�rement chaud. Heureusement c�est ce qui distingue la soci�t� d�Adrar des autres. Une soci�t� qui n�a rien mais qui a tout d�une soci�t� qui a tout mais qui n�a rien. Habitu�s aux grosses chaleurs, les habitants de la r�gion ne s�attendaient gu�re � un Ramadhan aussi chaud. Je�ner ici est vraiment difficile.