La Grande-Bretagne se rebiffe, le communautarisme commence � lui faire peur. Ayant recr�� un mini- Etat taliban au c�ur de Londres, les autorit�s britanniques �taient habit�es par un sentiment de s�curit� euphorique. Aux Fran�ais, emp�tr�s dans la sulfureuse affaire du hidjab � l'�cole, les Anglais vantaient leur infaillible syst�me de cohabitation communautaire. Depuis les attentats de juillet 2005, dans le sanctuaire suppos� du Londonistan, les donn�es ont chang� : de la complicit� passive, pour ne pas dire active, avec le terrorisme, la "Perfide Albion" est pass�e au statut de victime. "R�glement de comptes" au Londonistan, aurait pu titrer un journal alg�rien exc�d� par l'impunit� et l'asile offerts aux terroristes. Apr�s avoir go�t� � la terreur, les Anglais explorent aujourd'hui les limites de leur l�gendaire tol�rance. C'est Jacques Straw, ministre des Relations avec le Parlement et ancien ministre des Affaires �trang�res, qui a, disons, allum� la m�che dans une tribune de presse. S'exprimant jeudi dernier dans le journal de sa circonscription, le Lancashire, Jacques Straw, �lu d'une r�gion qui compte 30% de musulmans, a jet� un pav� dans la mare int�griste. Il a, en effet, sugg�r� aux femmes portant le niqab de se d�voiler lorsqu'elles venaient discuter avec lui, lors de ses permanences parlementaires, et en pr�sence d'une employ�e f�minine. "Je ne peux pas avoir un "face-�-face" avec une personne sans voir son visage", a-t-il affirm�. Et d'ajouter que le port du niqab �tait "une d�claration visible de s�paration et de diff�rence". Prudent comme tous les British, Jacques Straw pr�cisait dans cette tribune qu'il s'opposait seulement au port du niqab qui emp�che de voir le visage de son interlocuteur. Le lendemain, cependant, et sur les antennes de la BBC, Jacques Straw a exprim� plus qu'un v�u. Il s'est dit inquiet devant le "d�veloppement de communaut�s parall�les" et il a �t� plus direct en affirmant qu'il pr�f�rerait que les musulmanes ne portent pas le voile du tout. Selon lui, le port du voile et le d�veloppement du communautarisme dont il est des signes rendent les relations entre communaut�s plus difficiles. Entendez par l� que la Grande-Bretagne chr�tienne anglicane s'accommode mal aujourd'hui de ce voile qu'elle arborait hier comme l'�tendard de la tol�rance. Comme de bien entendu, les organisations musulmanes, tr�s comme il faut puisque la plupart d'entre elles est impr�gn�e de wahhabisme, ont mal r�agi. Dans un m�me �lan, elles ont d�nonc� l'atteinte � l'Islam et � la libert� de se voiler la face. Seul le Conseil des musulmans de Grande-Bretagne, l'une des principales organisations, a dit comprendre que "le voile cr�e un malaise chez les non-musulmans". Pour ajouter au malaise "intercommunautaire", Alexandre Amr Bacha, un policier britannique, n� de p�re syrien et mari� � une Libanaise, a fait sa crise de conscience cet �t�. En pleine guerre du Liban, il a d�couvert la contradiction qu'il y avait entre son serment professionnel et sa profession de foi. Membre des forces de police charg�es de la protection des ambassades, Amr Bacha a invoqu� des "raisons morales" pour refuser son affectation devant les locaux diplomatiques isra�liens, nous apprend le quotidien londonien Al- Hayat. Ses sup�rieurs ont �videmment fait droit � sa demande au nom de la bonne vieille tol�rance. Scotland Yard a toutefois refus� d'avaliser cette exception et a d�cid� d'ouvrir une enqu�te administrative. Un ancien chef de la police a eu ces mots tr�s durs : "C'est la fin de la police britannique. Quand une personne quelconque s'enr�le dans la police, c'est pour �tre au service du peuple� et si cette personne ne peut pas accomplir son devoir, qu'elle s'en aille." Voil� qui risque de rendre encore "plus difficiles", selon les termes de Jacques Straw, les relations entre les communaut�s. Al-Hayat note � ce sujet que les musulmans de Grande-Bretagne expriment de plus en plus des sentiments anti-occidentaux. Cette tendance s'est accentu�e apr�s les attentats de Londres en juillet 2005 et le resserrement de la surveillance polici�re autour des communaut�s musulmanes. Selon Al-Hayat, un sondage r�alis� par l'organisation PEW montre que parmi les communaut�s musulmanes en Europe, celle de Grande-Bretagne est la plus hostile � l'Occident. Le quotidien de Londres relate, � titre d'exemple, le refus des organisations islamiques d'assister cet �t� � une c�r�monie comm�morative de l'Holocauste. Ces organisations ont affirm� que leur refus ne signifiait pas une n�gation de l'Holocauste mais une volont� de cultiver le souvenir de toutes les tueries (1). Nullement convaincu par cette explication, l'un des plus populaires chroniqueurs britanniques, Martin Bright, a d�nonc� l'idylle entre le gouvernement et les extr�mistes islamistes. Il a notamment point� du doigt l'influence n�faste du cheikh Karadhaoui sur les organisations islamiques. Dans cet ordre d'id�es, notons cet appel au gouvernement �gyptien lanc� la semaine derni�re par notre confr�re Nabil Charef Eddine. Il demande aux autorit�s, dans une lettre ouverte, d'intervenir pour stopper l'expansion du port du niqab chez les �l�ves et les enseignantes dans les �coles. Dans ce texte intitul� "L'invasion de l'Egypte par le wahhabisme", Nabil Charef Eddine affirme d'entr�e qu'il s'aventure en "terrain min�". Mais il constate que le hidjab et le niqab sont devenus la r�alit� quotidienne des Egyptiens, au point que celles qui ne le portent pas sont regard�es avec suspicion. Elles sont consid�r�es comme des "proies en puissance" et font souvent l'objet de questions et d'injonctions � porter le hidjab. Ces sollicitations ont lieu partout, en milieu familial, scolaire, universitaire et jusque dans les voitures de m�tro. Ces derni�res sont le cadre le plus r�cent de ces incitations qui ne semblent pas �mouvoir les autorit�s. "Je ne connais pas les raisons de ce silence des autorit�s, dit le journaliste, mais je pense qu'il y a trois explications : la n�gligence et le laxisme de l'Etat ; la complicit� et un accord tacite non �crit ; la surench�re en �tant plus extr�miste que les extr�mistes." Le m�me danger extr�miste semble �galement guetter les soci�t�s wahhabites. L'hebdomadaire saoudien Al- Majala d�plore cette semaine la superstition et les illusions dont se bercent aujourd'hui les soci�t�s du Golfe. La revue attribue la responsabilit� aux d�rives de la "m�decine islamique" ou "roqia". Elle �num�re ainsi les multiples accidents dus � cette pratique dont le plus r�cent a eu lieu dans une ville du sud du pays. Le "patient" d'un pratiquant de "roqia" a �t� �touff� par l'appareil dentaire de son praticien. Cela est arriv� lors du bouche-�-bouche que le gu�risseur faisait � son malade pour en chasser le d�mon. Au lieu de cela, c'est la proth�se de l'exorciste qui s'est enfonc�e dans la gorge du "malade" provoquant son asphyxie. Al-Majala ne m�conna�t pas la r�alit� de cette th�rapie et ses bienfaits mais elle estime qu'elle devrait �tre pratiqu�e sous surveillance et par des comp�tences reconnues. On enseigne bien l'"�conomie islamique", pourquoi pas un module de "m�decine islamique". A condition de v�rifier que les futurs praticiens aient toutes leurs dents. A. H. (1) Le massacre des Arm�niens n'entre sans doute pas dans cette cat�gorie puisque les auteurs sont musulmans. (2) Nous avons nous aussi de l'imagination puisque j'ai entendu un vendeur � la cri�e vanter son raisin "Koulibaly", en hommage au d�fenseur malien du Mouloudia qui a marqu� un but d'anthologie contre l'USMA.