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YENNAYER
L'an I de l'officialisation
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 01 - 2018

EN PRESENCE DU SG DU HAUT COMMISSAIRE À L'AMAZIGHITE
Célébration de Yennayer à Annaba
Placée sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et en présence du haut commissaire à l'amazighité, Si El Hachemi Assad, la fête du Nouvel An amazigh ou Yennayer qui entame l'année 2968 a été célébrée cette année par la wilaya de Annaba sous le slogan : «Algérien et fier de mon amazighité».
A cette occasion, les responsables de cette wilaya n'ont pas lésiné sur les moyens pour marquer cette date qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année du calendrier grégorien. Ainsi, un riche programme de festivités comportant, une semaine durant, plusieurs facettes de la richesse et diversité de la culture algérienne. Des expositions de divers objets artisanaux, habits traditionnels et plats de l'art culinaire ancestral sont prévues aussi lors de cette célébration. Le coup d'envoi a été donné dans la matinée de ce dernier jeudi, veille de la célébration, à partir du Centre de loisirs scientifiques (CLS) qui a accueilli une exposition des arts traditionnels. Accompagnés par les autorités civiles et militaires de la wilaya, dont le wali de Annaba Mohamed Salamani, du P/APW Nacer Hammond, les invités de la wilaya se sont retrouvés au centre des personnes âgées de la plaine Ouest relevant de la DAS où un orchestre avait pris place pour faire danser plusieurs troupes sur des airs des différentes régions du pays. Les festivités se sont poursuivies ensuite au théâtre Azzedine-Medjoubi avec notamment un gala musical animé par des artistes représentant les régions des Aurès, du Djurdjura et de l'Ahaggar. La fête de Yennayer se poursuivra du 11 au 14 janvier courant avec l'organisation d'ateliers artistiques à la maison des arts et de la culture Mohamed-Boudiaf et de présentation de danse classique des élèves de l'école communale de danse et de musique. Une exposition d'objets en argent, cuivre, bois et argile datant de l'époque numide sera appréciée à sa juste valeur par les visiteurs. Par ailleurs, des conférences sur la signification de la célébration de cette date qui marque la richesse de la culture algérienne dans toute sa diversité seront animées par des hommes de culture et des historiens. Ils retraceront les différentes étapes de la lutte du peuple algérien pour sa liberté et l'affirmation de son identité depuis la nuit des temps. Deux enseignants de langue amazighe et trois historiens seront honorés à l'occasion. A noter aussi des opérations de distribution de dons par la wilaya. Il s'agit de six ambulances au profit de structures sanitaires et de 12 tricycles pour handicapés dont deux élèves. La célébration de Yennayer cette année a été différente. Et pour cause, tamazight enregistre un acquis supplémentaire à travers l'officialisation de la fête de Yennayer. Elle a été décrétée fête nationale au même titre que les autres fêtes nationales et officielles par l'institution d'une journée chômée et payée, chaque 12 janvier, coïncidant avec le début de l'année amazighe. Mais bien avant l'officialisation de cette date, les Algériens célébraient chaque année Yennayer, Enayer ou Ras el A'am dans de nombreuses contrées du pays qu'elles soient berbérophones ou non. La veille de la célébration de cette journée, les familles algériennes dans un climat de joie, d'allégresse et de partage se retrouvent réunies autour d'un copieux repas à base de semoule et de viande blanche de poulet ou rouge d'agneau ou de bœuf produit de l'Ouzia'a ou la Nefqa. Le dîner est servi dans de nombreuses régions notamment de l'Est dans un grand ustensile en bois appelé «Methred», en utilisant des cuillères également en bois. Et la fête se prolonge tard dans la nuit avec l'échange de vœux pour que la nouvelle année berbère apporte avec elle plein de joie, de bonheur et qu'elle soit fertile et pour l'homme et pour la terre. Assegas Ameggaz 2968.
A. Bouacha

TIPASA
Une journée festive
De mémoire amazighe, il n'a été observé un événement officiel festif que celui qui a été enregistré récemment dans la région de Tipasa et ses proximités berbérophones.
Pour preuve, il convient de noter les fabuleuses festivités organisées officiellement dans les 28 communes de la wilaya, par les mairies et dédiées aux journées du Nouvel An amazigh 2968. Un affichage intensif à proximité des mairies invitait la population à assister à cet événement historique. Ainsi, la ville de Tipasa organisait en ce 11 janvier 2018 un concert d'un groupe d'artistes locaux au niveau du Centre culturel du Chenoua de 19h à minuit. Tandis que le 12 janvier 2018 il y a eu l'ouverture de l'exposition des arts traditionnels dans le Centre de l'artisanat à Tipasa. Au cours de cette journée, il y eu aussi l'organisation d'une sortie pédestre en montagne par une promenade pour identifier les plantes de la région qui sont utilisées dans les plats traditionnels par les familles berbères ; une autre visite au mausolée de Sidi Braham a été aussi programmée. Dans la commune de Gouraya, une ville située à 70 kilomètres de Tipasa et à 130 kilomètres d'Alger, il a été organisé par la municipalité, en ce 11 janvier 2018, un défilé de mode actif agrémenté par des tenues berbères et avec des poteries traditionnelles de la région liées à l'événement, de la célébration de cet anniversaire amazigh au profit des familles. Toujours dans ce contexte régional, plusieurs poèmes ont été déclamés suivis d'une conférence en tamazight relative aux anciennes traditions de la région portant sur leur dimension historique. A cette occasion, des collèges et des écoles primaires ont été encouragés à organiser des compétitions scientifiques et culturelles. S'agissant des festivités qui se sont déroulées dans la commune de Messelmoun, un haut lieu des drames vécus par les montagnards de la région lors de la décennie noire, il a été organisé une présentation des produits locaux traditionnels et des plats, un événement culturel organisé par le bureau local du tourisme de la région. A cette occasion, plusieurs documents liés à l'histoire et aux origines amazighes de la région notamment le côté festif de l'événement ont été présentés. Quant à la commune rurale d'Aghbal, perchée sur les contreforts des djebels Bou Maâd et de Gouraya, cet événement festif a été organisé dans la ferveur et l'enthousiasme local. Il a été organisé aussi une exposition d'artisanat pour le tourisme ainsi qu'une exposition de plats locaux et de gâteaux traditionnels par différentes familles locales pour promouvoir les traditions ancestrales. Il a été aussi organisé des activités culturelles et ludiques à l'Auberge de jeunesse de Aghbal par l'Association des activités pour la jeunesse «Afaq». Au cours de cette journée mémorable, au niveau de la ville de Koléa et au sein de la Maison de la culture Dr-Ahmed-Arwa, il a été procédé à la préparation de plats traditionnels amazighs ainsi que des spectacles folkloriques, des lectures de poésie amazighe pour faire revivre les poésies et chansons patrimoniales. Le 12 janvier 2018, une rétrospective sur les coutumes et traditions de janvier dans la région, avec des costumes traditionnels pour la robe amazighe agrémentée par un concert folklorique amazigh a été organisée. Au niveau de la municipalité de Cherchell et au sein de la Bibliothèque municipale, il y a eu pour ce 11 janvier 2018 la présentation de diverses expositions de plats et de robes traditionnelles, à travers une conférence pour l'occasion. Quant à la ville de Hadjout , ce 11 janvier 2018 a vu une cérémonie agrémentée par l'organisation d'une exposition de vêtements traditionnels à la Maison des jeunes ainsi que l'organisation au niveau de Dar-al-Rahma à Hadjout d'un repas organisé par l'association Kafel el Yatim clôturée par un concert andalou animé par le groupe Sulaymaniyah. Plus loin du centre de Hadjout, se trouve la ville de Merad, qui a vu ses rues et ses routes pavoiser aux couleurs nationales ainsi que l'organisation d'activités sportives et d'expositions artisanales traditionnelles à la Maison de jeunes. Dans les villes de Douaouda et de Fouka, ont été organisées des expositions dans l'artisanat traditionnel et la déclamation de poèmes. Ce 12 janvier 2018 a été agrémenté par un défilé de costumes, de plats traditionnels et populaires ainsi que par des activités sportives. Des activités similaires ont été organisées dans les villes de Bou Ismaïl, Bou-Haroun, Khemisti et Aïn-Tagouraït où ont eu lieu des expositions d'artisanat et d'arts traditionnels ainsi que des activités ludiques et sportives et des conférences.
Houari Larbi
M'SILA
La fête bat son plein
La maison de la culture Guenfoud-El- Hamlaoui de M'sila a tracé un riche programme culturel durant toute une semaine, en vue de célébrer l'année amazighe. Ces festivités ont débuté dans la matinée de la journée du mercredi 10 janvier par une exposition de la fabrication artisanale dans le hall de la Maison de culture. Dans la journée de jeudi, cette fête a été animée dans l'après-midi par une présentation musicale jouée par la troupe de fanfare et les troupes folkloriques émaillée d'exhibition équestre assurée par des cavaliers de fantasia en tenues traditionnelles, avant de se rendre dans la salle pour entamer la première édition de la semaine amazighe, en présence des autorités de la wilaya qui ont donné le coup d'envoi officiel de cette fête nationale, et assister à la présentation d'un film documentaire portant sur le patrimoine matériel amazigh à M'sila ; avant d'écouter des chansons présentées par l'Office national de la culture et l'information (ONCI) accompagnées par un défilé d'habits traditionnels amazighs selon le programme remis par la cellule de communication de la wilaya. Dans la journée du vendredi matin, une conférence est au programme, présentée à la bibliothèque municipale par le professeur universitaire en la matière M. Amrane Abdelhamid, suivie d'une exposition de livres amazighs. Pour le reste de cette fête, le directeur de la Maison de la culture M. Mebarkia Mebarek a programmé durant les trois jours de la semaine prochaine : un spectacle cinématographique en présentant le film amazigh Machahou, une pièce théâtrale intitulée El ayla (la famille), de la troupe «El Kalima» de M'sila, des lectures poétiques, et à la fin, un concours de cuisine dans la préparation de plats traditionnels notamment ce qu'on préfère manger le jour de Yennayer ou la veille de «Hadjouza», bien sûr il sera question de repas à base de pâtes,de beurre et de légumes secs, comme le fameux plat de «chakhchoukha» ou «begherir», «Refisse» ou autre.
A. Laïdi
AIN DEFLA
Fêté dans toutes les contrées
Les manifestations entrant dans le cadre de la célébration de la nouvelle année amazighe ont commencé avant la date officielle du 12 janvier.
A Miliana, Djelida, Khemis Miliana, Tachta, Rouina, pour ne citer que ces communes, ont été organisées des manifestations culturelles, des expositions et des conférences sur les grandes étapes de l'histoire et les grands évènements qui ont marqué la naissance des mouvements de lutte pour la liberté (amazighité) des peuples opprimés depuis la victoire du héros Chachnak qui a vaincu les armées pharaoniques de Ramsès III, en l'an 950 avant J-C. Depuis, cette lutte n'a jamais cessé et les pages de l'histoire de ces peuples portent en elles les actes héroïques de ces hommes et de ces femmes qui ont défié les oppresseurs de tous les temps, qui ont toujours tenté d'étouffer les voix de ceux et de celles qui ont revendiqué leur identité, leur culture, leur religion et leurs traditions. C'est sur ces thèmes que les différents intervenants qui se sont succédé à la tribune ont mis l'accent lors de la grande cérémonie organisée dans la matinée de vendredi dans la Maison de la culture de Aïn Defla, cérémonie à laquelle a assisté le wali, accompagné des autorités civiles et militaires de la wilaya de Aïn Defla. Il a été mis, aussi, l'accent par plus d'un intervenant sur les dimensions de cette manifestation qui sort du folklore traditionnel pour devenir un événement marquant. «Cette fête est l'expression populaire de l'attachement à la terre, à la patrie, à l'amazighité (la liberté), à l'unité nationale, à la religion musulmane, mais aussi à l'arabité», furent les sujets récurrents développés par les conférenciers. Toujours dans le cadre de cette manifestation, sur l'esplanade de la Maison de la culture, un large éventail de produits du terroir ont été exposés par des groupes venus de Tizi-Ouzou, Tamanrasset Tlemcen et Khenchela. Il faut dire que dans tout ce qui a été exposé, plats culinaires, ustensiles de cuisine, tenues vestimentaires, n'a pas paru vraiment étranger pour les habitants de la région et même les manières de marquer l'évènement n'ont paru étranges ou étrangers, c'est dire que l'événement n'est pas un phénomène extraordinaire, ni méconnu dans la région mais seulement différent par les variantes de ses expressions parsemées et ancrées dans les traditions des habitants depuis très longtemps.
Karim O.
BOUIRA
Des festivités à la hauteur de l'événement et... du contexte
Jamais de mémoire de citoyen de Bouira, le pouvoir n'a mis autant de moyens pour fêter le premier jour de l'An amazigh ou Yennayer de cette façon. C'est que le contexte a changé et cette année, et à la faveur de la décision historique d'instituer cette journée chômée et payée, Yennayer 2968 a, de fait, revêtu un cachet particulier.
Le peuple algérien, et grâce au combat mené par des générations entières de militants de la cause mais également grâce aux sacrifices de centaines de martyrs qui ont payé de leur vie ce combat pour tamazight surtout en Kabylie, a pu arracher bien des acquis pour tamazight devenu aujourd'hui une langue nationale et officielle depuis 2016, et enseignée dans plus de 38 wilayas du pays. Et à la faveur des récents événements qui ont secoué certaines régions du pays pour réclamer un enseignement généralisé et obligatoire de tamazight à travers le territoire national, une académie pour permettre à tamazight une promotion réelle et effective, et enfin, faire de Yennayer journée chômée et payée, à la faveur de ces récents événements, le président de la République, lors d'un Conseil des ministres tenu le 27 décembre dernier, a pris des décisions historiques dont celle de faire de Yennayer journée chômée et payée à partir de cette année. Soit Yennayer 2968 qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année et dont le peuple algérien a fêté l'événement hier vendredi. Aussi, à Bouira et contrairement aux années précédentes où Yennayer était fêté d'une manière semi-officielle mais surtout dans un esprit revendicatif par des dizaines d'associations et de militants de la cause amazighe surtout dans la région berbérophone de la wilaya, cette année, les festivités de Yennayer sont fêtées d'une manière officielle et avec beaucoup de solennité. Tout indique que le pouvoir, à travers la décision du président de la République, voulait s'accaparer cette date millénaire et ce patrimoine universel qu'est Yennayer qui appartient à des centaines de millions de citoyens vivant dans toute l'Afrique du Nord jusqu'aux oasis de Siwa en Egypte. A Bouira, et c'est parce que tous les secteurs ont été instruits de fêter avec faste cet événement, ce fut le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El Hadi, qui fait partie des militants de la cause amazighe, qui a eu l'honneur de donner le coup d'envoi des festivités de Yennayer à Bouira, depuis le village de Tassala dans la commune de Taghzout, à 10 kilomètres au nord-est de Bouira, avant de visiter également l'Odej de Bouira relevant de son secteur, où un riche programme est tracé pour l'occasion. Au niveau de la Maison de la culture, ce fut le wali qui donna le coup d'envoi de la semaine culturelle le mardi dernier, puis le mercredi, ce fut au tour de la Direction du tourisme et de l'artisanat de donner, au niveau des Galeries de l'artisanat à Bouira, le coup d'envoi officiel des festivités. D'autres secteurs ne sont pas en reste, comme celui de l'éducation qui a donné des directives pour présenter un cours sur l'événement le jeudi 11 janvier, dans tous les établissements scolaires pendant les 15 premières minutes de la journée, ainsi que des festivités officielles dans une école primaire à Haïzer et un CEM à Bouira. La Direction de la solidarité sociale est aussi de la partie puisque toutes ses structures psychopédagogiques, et même la maison de rééducation d'Aïn- Laoui, la prison pour enfants mineurs, ont tracé des programmes pour fêter l'événement. Dernier secteur à fêter l'événement officiellement, la Direction des affaires religieuses et des Waqf qui a eu l'honneur d'une visite du ministre, Mohamed Aïssa, qui a donné le coup d'envoi d'un colloque régional sur «les valeurs civilisationnelles dans le patrimoine culturel amazigh» organisé à la Maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira. Le ministre, qui a visité l'exposition tenue sur les lieux où figurait tout ce qui a trait au patrimoine amazigh : gastronomie, agriculture, couture, habit, poterie, bois, etc., s'est félicité de la décision du président de la République en annonçant, pour sa part, des décisions prises dans son secteur ; entre autres, la formation des imams et les futurs étudiants en tamazight notamment dans les instituts et écoles coraniques supérieures de Bouira, d'Iloula, Tizi-Ouzou et à Batna, et ce, dans l'optique de donner des «dourous» en tamazight dans les mosquées. Le ministre a annoncé également l'édition prochaine, en collaboration avec le Haut-Commissariat à l'amazighité ou HCA, de la traduction du Coran (tafsir) en tamazight. Pendant toutes ces journées, des expositions multiples ont été organisées, des conférences relatives à l'événement et à certains thèmes ayant trait à la tradition comme cette conférence sur les bienfaits de l'huile d'olive organisée à Saharidj par une Tunisienne, ou encore ces conférences organisées à l'université Akli-Mohand- Oulhadj, sur la langue amazighe, ou d'autres encore organisées à Chorfa sous l'égide de la Direction des affaires religieuses sur l'apport de tamazight à l'Islam et l'histoire des Amazighs à travers les époques. Et, cerise sur le gâteau, ce vendredi et à travers l'ensemble des communes où des festivités sont organisées, alors que dans toutes les maisons, des centaines de millions de familles fêtaient Yennayer avec le traditionnel couscous au poulet ; au niveau des communes et des villages, une sorte de waâda, le couscous de Yennayer, ou «seksou n' Yennayer», est organisée un peu partout, à midi, avant la prière du vendredi où, rappelons-le «la khotba» des imams, et sur instruction du ministère des Affaires religieuses et des Waqf, sera consacrée à Yennayer comme grand moment de communion du peuple algérien. Espérons que l'intérêt montré par le pouvoir pour cet événement sera suivi et d'une manière sincère pour la création de l'académie de tamazight avec de véritables professeurs et autres docteurs en linguistique, des enseignants et tous les acteurs honnêtes et compétents ; mais également, une véritable feuille de route pour aller dans le sens d'une généralisation effective et graduelle de tamazight avec, dans un premier temps, la suppression immédiate du caractère facultatif là où elle est enseignée.
Yazid Yahiaoui
NAÂMA
Une nouvelle ère... amazighe
Cette année le Nouvel An berbère a été célébré dans une nouvelle ère. Si depuis la nuit des temps, la vaste région des monts des Ksour célébrait le Nouvel An amazigh (Yennayer), se contentant d'un repas spécial, aujourd'hui, Yennayer a pris une grande et large dimension à travers presque toutes les contrées d'Algérie.
Partant du premier jour de l'an, décrété jour férié, à l'enseignement de tamazight, puisque dans la wilaya de Naâma, trois classes ont été ouvertes dans trois communes d'origine amazighe (Tiout, Asla et Sfissifa), aux conférences du fait aussi que pour la première fois, plusieurs conférences ont été tenues ça et là, par notamment des spécialistes, à l'exemple du professeur et poète Mouloud Azzoug, qui a donné une conférence à l'annexe de la Maison de la culture de Aïn-Séfra, une intervention axée sur les atouts de la langue amazighe, comme il a présenté des chansons, des poèmes etc, Par ailleurs, un monologue en tamazight a été également présenté par l'artiste Abderrahim Hamam sous le thème «Akka ay da mdam» (tous pareils kifkif), tandis que M. Abdelkader Djebba a donné un aperçu sur l'utilisation de tamazight durant la guerre de Libération. De même qu'une intervention de l'animateur Hakim Talbi, qui présente des émissions amazighes à la radio locale de Naâma. Dans l'étymologie, «yennayer» est constitué de deux mots (premier mois) «Yen» qui veut dire premier et «Ayer» mois. Les Amazighs, comme tous les peuples du monde, avaient besoin d'un calendrier pour gérer le temps et organiser leur vie. En Afrique du Nord, on enregistre la présence de quatre calendriers. Le calendrier amazigh ou agricole qui est solaire, le calendrier hébraïque (pour les juifs marocains), il est à la fois lunaire et solaire, le calendrier grégorien qui est solaire et enfin le calendrier hégirien (arabo-musulman) qui est lunaire. Beaucoup s'accordent à dire que le calendrier amazigh souffre encore de l'absence d'études scientifiques approfondies. Comme à l'accoutumée, la célébration de yennayer a été marquée par deux plats somptueux : le merdhoud : couscous à gros calibre, d'une particularité singulière et spéciale à la fois, il reste le plat le plus apprécié pour cette nuit particulière dans l'année. Le bouillon se prépare avec la viande d'agneau ou la viande de veau, dans une marmite spéciale à feu (Guedra), contenant toutes sortes de graines de légumes secs (fève, haricot, lentilles, pois-chiches, blé..., ) et de légumes frais coupés en petites tranches (carotte, citrouille, navet, patate), et autres klila, dattes... Le couscous est enduit de beurre de brebis de préférence, ou à défaut de beurre de vache. Couscous et bouillon sont mélangés, et présentés dans un géant plat spécial (Gasaâ ou Tajra (en tamazight), grand plat en bois. Certaines pratiques demeurent encore de tradition à nos jours par exemple : on met 7 dattes dans la marmite et celui qui découvre la première datte dans le couscous est le béni de la famille. On enfonce un bol plein de beurre sur le couscous. Il y a ceux qui ne mangent pas de viande (symbole de dépenses) pour moins de dépenses durant la nouvelle année ; il y a ceux qui ne mangent pas de piquant (piment par exemple), symbole de la colère (pour que la nouvelle année soit tendre et sans difficultés). Le second plat c'est la karkcha ou kachkcha, une variété de fruits secs présentée comme veut la tradition dans un grand plat fabriqué en alfa (appelé tbag), constituée d'amandes, d'arachides, noix, noisettes et autres friandises, bonbons, chocolat, gâteaux et des fruits frais : oranges, bananes, pommes, ananas etc. Le festin est toujours accompli et agrémenté d'un thé à la menthe et du fromage local (jben). Autour de la Sinia, les familles se réunissent dans une ambiance particulière, où chacun des bambins dispose d'un sachet spécial où il y met sa part de kachkcha, d'ailleurs, les enfants sont les plus heureux dans toutes les fêtes et les parents ne sont là que pour rendre encore plus heureux leur progéniture malgré les dépenses colossales, conséquence de la cherté des produits. Assougasse amegasse à toute la communauté amazighe, à tout le peuple algérien.
B. Henine
MOSTAGANEM
Si Yennayer m'était conté
Jadis, nos grands parents le célébraient avec beaucoup de couleurs, des senteurs et des saveurs qui excitaient les sens des petits.
Depuis longtemps à Mostaganem, cette fête a les mêmes repères dont l'aspect le plus intéressant est la façon à réinterpréter fidèlement la tradition de fêter. Cette fois-ci, le Nouvel An 2968 est devenu fête nationale et officielle grâce au président de la République et a marqué l'histoire en lettres d'or. Le cérémonial varie selon les goûts et l'appartenance tribale des familles mostaganémoises. Voici comment dans le vieux Tidjditt, le quartier mauresque d'antan, on célébrait Yennayer. Echerchem, c'est le plat du déjeuner, un plat incontournable composé de blé tendre, de fèves séchées et des pois chiches préparé dans une marmite en terre cuite à l'aide d'un madjmar au charbon. Dans la contrée du Dahra, on y ajoutait des haricots blancs et des lentilles cuits séparément et puis mélangés. Le début de l'après-midi, c'est la préparation de la pâte à beignets qui sera conçue à l'aide du levain du boulanger du coin. Le secret du beignet c'est bien entendu le levain du boulanger et c'est la trituration à la force des bras, cette pâte est mise dans un kaste, une sorte de jarre de 50 cm de hauteur ; Elle sera marquée par un repère avec du charbon noir, pour voir à la fin le niveau de la pâte levée en gaz carbonique. Son goût est unique en saveur. Les beignets tout chauds mélangés avec du raisin sec sont consommés et accompagnés de thé ou de café pendant les retrouvailles en famille dans l'après-midi. A l'aide d'une midouna ou une gasaâ, nos mères mettaient toutes les confiseries, les fruits secs, les beignets et de l'argent. Ce «butin» est confiné sous le lit et gare à celui qui s'aventure à vouloir en manger en cachette durant la nuit. Donc, le jour J principalement le 10 janvier c'est toujours le plat du cherchem qui agrémente principalement la table. Le soir, c'est le festin avec un dîner roboratif composé de cherchem de tride (regague) et de couscous au poulet ou viande d'agneau. C'est ainsi que dans la joie et l'allégresse, chaque enfant reçoit sa part de victuailles en sucreries et en fruits secs en parts égales dans un petit sac confectionné à cette occasion à l'avance par nos mamans. Et la fête continue...
A. B.
TLEMCEN
La région de Béni Snouss fête comme à l'accoutumée Ennayer
Dans le livre Les Béni Snouss, causerie faite par M. Roger Bellissant, instituteur à la Société des Amis du Vieux Tlemcen du 18 janvier 1941, le Nouvel An amazigh, soit Ennayer, célébré le 12 janvier, est relaté tel que nous l'avons vécu en ce vendredi de 2018.
C'est dire que la tradition de cette fête a des ancrages ancestraux et qu'elle n'endure aucune ride, ni dans son protocole, ni dans son contenu, ni dans ses couleurs. La célébration du Nouvel An amazigh 2968 a toutefois revêtu, cette année, un cachet plus officiel, puisque cette journée a été désormais décrétée pour la première fois, fête nationale, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. C'est pour ainsi dire, renforcer l'identité nationale et mettre en exergue la richesse du patrimoine culturel de notre pays. Ainsi, Béni Snouss a vécu cette fête au rythme du folklore, des expositions de tous les produits traditionnels, de l'art culinaire de la région et d'un défilé de parade. A l'ouverture des festivités, abritées par le stade municipal de la localité, le wali de Tlemcen, Ali Benyaiche, n'a pas caché son sentiment de découverte. En effet, les habitants ont voulu prouver, cette année, que Ennayer ou comme ils l'appellent «Ayred» est une fête traditionnelle par laquelle ils s'identifient. Un citoyen à la barbe blanche et d'un certain âge, nous dira : «Ennayer n'est ni kabyle, ni chaoui, ni targui, ni mozabite, il est algérien et il a toujours fait partie de notre vie, sans nous faire perdre la qibla». La cérémonie qui a rassemblé des milliers de personnes, s'est achevée par la lecture de la Fatiha et l'imploration de Dieu le Tout-Puissant pour nous donner santé, prospérité, pluviométrie et de bonnes récoltes. Ne dit-on pas que «Ayred» est avant tout une fête agraire ?
M. Z.
MASCARA
La remise des pendules à l'heure
Cette année, la célébration de Yennayer avait une saveur quelque peu particulière avec son officialisation.
Comme d'habitude, le jeudi, les citoyens s'affairaient pour effectuer les derniers achats dans les boutiques bien garnies au centre-ville Trig el Oued. Malgré une légère pluie, les festivités avaient lieu sur la place Emir Abdelkader avec des troupes folkloriques. A la Maison de la culture, il y avait une exposition de plats ainsi que de costumes traditionnels. L'ambiance était festive avec la présence de beaucoup d'enfants accompagnés de leurs parents. Les femmes étaient nombreuses. Après l'arrivée des autorités, un berkoukès bien chaud sera servi. Massinissa, Jugurtha et le calendrier amazigh seront évoqués. Le huis clos est levé et la parole libérée. Nous avons souvenance qu'avec la montée de l'islamisme, certains milieux avaient tenté d'en faire un interdit voire de l'éradiquer, en vain. L'on en parlait avec détachement pour les uns alors que pour les autres, l'on évoquait cette journée à demi-mot «que voulez-vous, vous dira le commun des citoyens, nous le célébrons juste pour les enfants», c'était tout de même une forme de résistance au diktat que l'on a voulu nous imposer. Chassez le naturel et il revient au galop. Yennayer est un pan de l'identité algérienne retrouvée et scellée aujourd'hui. Qui ne se souvient, pour les personnes âgées, de la célébration de cette pratique ancestrale dans la chaleur familiale où les enfants réunis autour du mendir attendaient chacun son sachet que leur remettait leur mère ou grand-mère accompagné d'un «cherchem» bien chaud ? Bonne année.


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