Au lendemain de la grande �r�volution fatimide� lanc�e par Kadhafi devant un parterre de Touareg m�dus�s, les journaux nous annoncent que les Alg�riens sont les premiers � en r�colter les fruits. Ils sont donc dispens�s de visas pour la Libye et ils pourront donc aller et venir � leur guise entre les deux pays. Il ne reste plus qu�� envoyer notre ami Hadjar pour nous concocter une nouvelle mouture de la �ni�me future union alg�ro-libyenne. �Tous comptes faits, ces Alg�riens sont plus fr�quentables�, doit se dire le guide de la Jamahiria. Ils souffrent d�un cruel probl�me d�identit� et ils sont pr�ts � se fondre dans un creuset arabe et fatimide qui bannirait tous les particularismes. Sans citer Kadhafi, le leader copte et opposant �gyptien Adli Abadir a r�pliqu� en quelque sorte � ses propos sur l�identit� unique. L�homme qui vit en exil depuis 45 ans en Suisse y a organis� le mois dernier une conf�rence sur le sort des minorit�s et de la femme dans le monde arabe. L�originalit� de cette conf�rence est, en effet, d�avoir trait� le cas de la femme comme celui d�une minorit� opprim�e au m�me titre que les autres. Tirant les conclusions de cette conf�rence pour le magazine Elaph, il affirme que la contestation copte ne fait pas partie d�un complot am�ricain. �Les coptes, dit-il, sont fiers d��tre �gyptiens et ils n�accepteront jamais d��tre des Arabes parce que ceci �quivaudrait � les diminuer et � refuser de reconna�tre leurs origines pharaoniques�, a-t-il dit. On sait maintenant que tous les Egyptiens n�aiment pas plus les Fatimides qu�ils n�aiment notre ami Maamar. Je sais, vous allez dire que je m�occupe encore de Kadhafi alors que des bombes explosent � Alger. Je peux vous dire sans forfanterie aucune que les alertes � la bombe, il y en a eu chaque semaine dans mes chroniques et dans celles d�autres confr�res. On pouvait m�me lire les signaux d�alarme entre les lignes. Comment voulez-vous qu�il n�y ait pas de vocations lorsque nos mosqu�es, nos radios et nos t�l�visions font l�apologie des attentats-suicides. A force de chercher la subtile nuance qu�il y a entre r�sistance et terrorisme, au niveau des m�thodes, on en oublie l�essentiel. Et l�essentiel, c�est d�abord cette arithm�tique absurde qui nous vient d�Irak : il faut massacrer 200 Irakiens avant de tuer un soldat am�ricain. Dans quelques ann�es, il n�y aura plus d�Irakiens et l�Am�rique disposera encore de nombreux effectifs militaires. Ce sont ces exemplesl� qui nous sont servis aux heures des d�ners et des pri�res, avec quelques extras �pisodiques du c�t� d�Isra�l. Prenez un pouvoir ind�cis et, l�un dans l�autre, une classe politique d�finitivement discr�dit�e par le vrai faut proc�s de Blida et vous aurez les �l�ments de la recette explosive. M�langez ceci avec les �clats de haine d�une jeunesse d�sabus�e, embrigad�e par les pr�ches directs et indirects et vous comprendrez le sourire triomphant de Ben Laden. Sous pr�texte de retirer le tapis sous les pieds du terrorisme islamiste, on a fait de la surench�re, donn� plus d�Islam au peuple. A force de vouloir rivaliser, en mati�re de religion, avec les partisans de la violence, on l�a produite, cette violence, � l��chelle industrielle. Bien s�r, des imams du vendredi ont condamn� les attentats du 11 avril mais sans pour autant disqualifier le discours religieux ambiant. D�ailleurs, il me semble qu�il est impossible de s�attaquer aux causes d�un mal dans un pays o� la chasse aux effets est le premier sport national. Il suffit de discuter avec de jeunes Alg�riens pour saisir la profondeur de la cassure qui existe entre gouvernants et gouvern�s de ce malheureux pays. C�est justement la pr�paration et la mise en condition des candidats au suicide qu��voque l��crivain irakien Aref Alouane, suite aux explosions du 11 avril. Il rappelle que le premier attentat-suicide du monde arabe a �t� l��uvre des Fr�res musulmans d�Egypte en 1956. Ces derniers avaient projet� d�assassiner Nasser en lui envoyant un jeune kamikaze, pr�alablement conditionn�. Apr�s son arrestation, le jeune terroriste a reconnu que ses instructeurs lui avaient fait miroiter les f�licit�s qui l�attendaient dans l�Au-del�. On lui avait notamment promis qu�il acc�derait au paradis avant tous les autres bienheureux musulmans. C'est-�-dire sans passer par l��tape du jugement qui devait faire la part de ses p�ch�s et de ses bonnes actions. Apr�s sa rupture avec les Fr�res musulmans, Ben Laden et les siens ont affin� la technique. Ils promettaient l�acc�s direct au paradis pour tout combattant qui tombait en Afghanistan. Il �tait question, en particulier, des plaisirs sensuels qui attendaient les volontaires arabes pour l�Afghanistan en cas de martyre. Aref Alouane croit savoir cependant que le recours aux promesses de plaisirs sans fin et sans limites avec les �Houris� figurait dans la pr�paration de Zerkaoui. Des renseignements obtenus aupr�s des terroristes arr�t�s ont montr� que ce sont de v�ritables rituels, faisant intervenir la libido, qui pr�c�daient le d�part au tr�pas. Ces rituels tiennent beaucoup plus des f�tes pa�ennes c�l�brant le plaisir des sens que des rituels musulmans, note Aref Alouane. C�est en jouant sur les d�sirs sexuels des adolescents et des jeunes et en leur promettant qu�ils les assouviraient au paradis, qu�ils motivent leurs candidats, souligne-t-il. On leur d�crit notamment et avec force d�tails comment les anges accueillent le martyr et c�l�brent son union avec des beaut�s ensorceleuses � la f�minit� parfaite. Il peut s�accoupler avec celles qu�il veut sans limite de nombre, car Dieu les a cr��es pour lui et pour sa f�licit� durant son s�jour �ternel au paradis. Les images ainsi sugg�r�es aux futurs kamikazes sont si pr�cises que m�me des �crivains sp�cialis�s, et la�ques, h�sitent � les utiliser. Il n�est pas �tonnant que tous les candidats au suicide soient des c�libataires auxquels on a fait des promesses d�extase et qui sont press�s d�y acc�der. En fait, la propagande des mouvements islamistes constitue un v�ritable appel � la d�bauche qui pollue le vrai sens de l�Islam et la vraie vocation du paradis. Il est pr�sent� comme une r�compense destin�e � assouvir une fringale sexuelle. C�est la r�compense promise aux adolescents et aux jeunes pour peu qu�ils acceptent d��gorger le plus grand nombre d�innocents arabes et musulmans et qu�ils se fassent exploser sur les places publiques, ajoute Aref Alouane. Bien s�r, rel�ve encore l��crivain irakien, aucun dirigeant fondamentaliste n�a envoy� un de ses fils mourir pour la d�fense de l�Islam ; que ce soit Ben Laden, Hanieh (chef du gouvernement palestinien) ou Mohamed Mehdi Akef (leader des �Fr�res musulmans�) ou d�autres. Ils auraient prouv� ainsi qu�ils croient vraiment au martyre pour la cause de l�Islam. Au contraire, tous les fils et les filles de tous les dirigeants islamistes sont des dipl�m�s des universit�s. Ils sont souvent mari�s et il ne leur manque rien de ce qui fait g�n�ralement la prosp�rit� des classes nanties. Aref Alouane cite, enfin, l�information rapport�e par Al- Hayat sur ce village d�Arabie saoudite, Djaouf, qui a vu quelque trois cents de ses jeunes partir combattre en Irak. Pour lutter contre cet exode �djihadiste�, les habitants ont trouv� une parade : marier syst�matiquement les jeunes avant qu�ils soient tent�s d��pouser des �Houris� en des noces explosives. Al- Hayatpr�sente l�op�ration comme un succ�s mais sans pr�ciser de combien de �Houris� terrestres a b�n�fici� chaque jeune mena�ant d�aller mourir en Irak. Une nouvelle forme de chantage saoudien : �Mariez-moi, sinon je vais en Irak !�