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ANTOINE SFEIR
�Une guerre asym�trique�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 04 - 2007

Le Soir d�Alg�rie : Vous rencontrez Ben Laden en 1982 � Riyad. Vous le retrouvez, des ann�es plus tard, m�tamorphos�. Que s�est-il pass� pour lui ?
Antoine Sfeir : Il a en effet subi une v�ritable �m�tamorphose�. Oussama ben Laden a trouv� en Afghanistan le terrain d�expression de son engagement religieux. Il y participe � l�organisation de la lutte contre l�ennemi sovi�tique (ath�e) aux c�t�s de Washington (le pr�sident des Etats-Unis est alors Reagan, qui n�h�site pas � mettre en avant ses croyances religieuses) afin de lib�rer le pays et surtout d�installer l�islam au pouvoir.
Comment s�est constitu�e Al Qa�da ?
C�est � ce moment-l� que na�t Al-Qa�da. Elle est � l�origine �la base� � comme son nom l�indique � � partir de laquelle s�organisent les combattants venus de toute la r�gion pour lutter contre l�invasion de l�URSS en Afghanistan, autour d�Oussama ben Laden, rapidement rejoint par Ayman al-Zawihiri, devenu depuis son p�re spirituel.
Les attentats du 11 septembre 2001 constituent un tournant dans la marche du monde, r�v�lant la fragilit� de la puissance am�ricaine et la figure mena�ante de Ben Laden et d�Al-Qa�da. Comment le 11-Septembre a-t-il �t� techniquement possible ?
La mise en �uvre des attentats du 11 septembre 2001 n�a pas �t� la chose la plus difficile. Il a fallu assez peu de moyens financiers, relativement peu d�hommes pour mener cette action typique de la �guerre asym�trique�. Finalement, le premier point fort de cette attaque a �t� sa conception. On voit en effet tous les symboles sur lesquels elle a jou� : la puissance financi�re, �conomique, politique et militaire des Etats-Unis mais aussi l�affichage de celle-ci, la fiert� qu�elle procure. Tout cela a souffert des attaques et a compt� bien plus dans les esprits que les morts du World Trade Center.
La France est une cible d�Al- Qa�da. L�a-t-elle �t� depuis le d�but ou l�est-elle devenue et � partir de quand ?
La France a �t� la premi�re puissance occidentale confront�e aux attentats islamistes. Elle s��tait simplement fait un peu oublier pendant quelques ann�es. Depuis plusieurs mois toutefois, nous savons que la France est vis�e par Al-Qa�da et est consid�r�e comme une cible prioritaire. Le message enregistr� de Ayman al Zawihiri et diffus� en septembre 2006 est clair sur ce point.
Pour attaquer la France, vous dites qu�Al-Qa�da a choisi �un tueur� pour �ex�cuter le contrat�, le GSPC alg�rien. Comment s�explique cette extension internationale du GSPC alg�rien ?
Le GSPC alg�rien et Al-Qa�da se rejoignent tr�s logiquement. Ils partagent la haine de la France (pour la guerre d�Alg�rie surtout pour le premier, en raison de la loi sur le voile pour le second) et cherchent tous deux � diffuser l�islamisme, vision rigoriste de l�islam, par la violence. De m�me que les organisations ind�pendantistes collaborent entre elles (Corses, Basques, Irlandais etc.), les terroristes islamistes trouvent des avantages dans la coop�ration. Le GSPC, en s�alliant avec Al Qa�da, poursuit donc sa lutte en empruntant un autre chemin.
Propos recueillis par Meriem Nour
Biographie d�Antoine Sfeir
N� le 25 novembre 1948 � Beyrouth (Liban), Antoine Sfeir est un �crivain, politologue et journaliste libanais chr�tien vivant en France. Il est le directeur des Cahiers de l'Orient (revue d'�tudes et de r�flexions sur le monde arabo-musulman), et pr�sident du Centre d'�tudes et de r�flexions sur le Proche-Orient. Il est la victime d�un enl�vement en 1976 pendant la guerre du Liban. En 1977, il fonde le journal J'informe, puis jusqu'en 1989, il devient journaliste au journal fran�ais La Croixpuis au P�lerin. C'est �galement un collaborateur du journal Le Point, du Quotidien de Pariset de l'�v�nement du Jeudi, ainsi que des revues Etudes, Esprit, Afrique et Asie Moderne et Politique Internationale. Il est consultant de diverses �missions radio (Europe 1) ou t�l�vis�es sur les th�mes qui tournent autour de l'islam et du monde arabe. Il est tr�s souvent invit� dans l'�mission C dans l'air
� Tunisie, Terre de paradoxes, Archipel, 2006
� Am�ricains-Arabes : L'affrontement, Seuil, 2006, avec Nicole Bacharan
� Libert�, �galit�, islam : la R�publique face au communautarisme,
Tallandier 2005, avec Ren� Andrau
� Dictionnaire de l'Islam, Plon, 2002
� L�Atlas des religions, Perrin, 1993, r��dit� en 1999
� Les r�seaux d'Allah, Plon 1997
� L'Irak, Philippe Rondot, Que sais-je? PUF, 1995
� L'Argent des Arabes, Herm� 1992
� Vers l'Orient compliqu�, Grasset 2006
� Al-Qa�da menace la France, Le Cherche-Midi 2007

�Al Qa�da menace la France� (*)
Avec Al Qa�da menace la France, paru aux �ditions Le Cherche Midi, Antoine Sfeir �nonce avec autant de clart� que de clairvoyance la couleur de ce sc�nario catastrophe. Le titre accrocheur sur fond de photomontage d�un Boeing encastr� dans une tour Eiffel pourrait illustrer la couverture d�une de ces fictions politiques en vogue. Mais son auteur, le directeur des tr�s s�rieux Cahiers de l�Orient, consid�r� en France comme le sp�cialiste du Moyen et Proche-Orient, n�est pas romancier et sa mise en garde est bien r�elle. En une centaine de pages, chapitre apr�s chapitre, dans un ordonnancement savamment p�dagogique, il d�monte la strat�gie de conqu�te de ce mal incarn�. De Ben Laden, ce jeune homme timide rencontr� par l�auteur � Riyad en 1982, � la posture extr�me de celui dont le �complexe d��dipe a mal tourn�, Antoine Sfeir dresse un portrait qui se veut d�mystificateur tandis que �la base� mise en place par Al-Qa�da reste quant � elle effroyablement efficace. Des talibans au GSPC, quels visages prend aujourd�hui l�internationale terroriste ? De l�attentat du Drakkar � Beyrouth en octobre 1983 au choc plan�taire du World Trade Center en passant par le d�tournement de l�Airbus d�Air France, le 24 d�cembre 1994, de la guerre du voile � l�embrigadement par le biais des mosqu�es sauvages et l�investissement d�organisations officielles comme l�UOIF (Union des organisations islamiques de France) quelles armes constitue aujourd�hui l�arsenal de la terreur ? C�est d�abord une histoire que nous conte Antoine Sfeir, celle d�un jeune homme en qu�te d�une action qui conforte la mise en pratique de ses id�aux religieux tout empreints de wahhabisme. L�Afghanistan en sera le terrain de pr�dilection et la confrontation am�ricano-sovi�tique, le point de d�part de son r�ve de conqu�te plan�taire. L�auteur montre comment l�orgueil bless� d�Oussama Ben Laden provoquera la rupture avec ses anciens alli�s, l�arabie Saoudite, les USA et la CIA, puis son alliance avec l�Egyptien Al-Zawahiri, le fondateur de la Gama�at Islamiya, et son rapprochement avec l�internationale islamiste d�fendue par les Fr�res musulmans. Le d�cor est plant�. Le but : �Prendre le pouvoir au sein des communaut�s musulmanes pour rassembler la grande oumma.� L��chec relatif de l�attentat du 11 septembre, �l�objectif final n�ayant toujours pas �t� atteint�, pousse Al Qa�da � s�int�resser � l�Indon�sie, � l�Australie, au Maroc, � l�Arabie et enfin � l�Europe qui, avec ses 13 millions de musulmans, constitue un r�servoir de recrutement. C�est l� que la France, avec ses 5 millions de musulmans, prend sa place parmi les cibles de la terreur, l�auteur s�empressant d�ajouter : �Bien entendu, la quasi-unanimit� de cette communaut� vit en bonne communion avec la R�publique.� C�est � l�occasion du 5�me anniversaire des attentats du 11-Septembre 2001 qu�Al Zawahiri cite la France comme cible prioritaire d�signant �un tueur pour ex�cuter le contrat�, le GSPC alg�rien. L�analyse d�Antoine Sfeir s�attarde sur cette branche dissidente du GIA, histoire, strat�gie, raisons de ses griefs � l��gard de la France. Ces raisons sont multiples : int�r�ts au Liban, complicit� avec les r�gimes arabes qu�elle condamne, mission de s�curisation en Afghanistan et surtout cette pratique unique de la pire forme du blasph�me, la la�cit�. Si la menace est r�elle, c�est aussi qu�il existe en France un terreau propice � son d�veloppement. Et l�auteur cerne le mal-�tre de la troisi�me g�n�ration des jeunes issus de l�immigration : �(�) les Fran�ais ne les regardaient pas comme des concitoyens, mais comme des musulmans, des Alg�riens, des Tunisiens ou des Marocains. C�est alors qu�ils ont ressenti la n�cessit� de retrouver une identit� (�).� Proie facile pour les recruteurs de l�islamisme qui font passer les lois de Dieu avant celles de la R�publique. C�est ainsi que l�int�grisme progresse avec la b�n�diction des politiques ignorant des r�alit�s de l�Islam et de ses d�rives. Face au mal d�int�gration, ils se contentent d�une gestion s�curitaire, confiant au CFCM (Conseil fran�ais du culte musulman) le r�le de rempart contre l�islamisme tandis que les membres de sa composante la plus radicale, l�UOIF, sont patiemment approch�s par Al Qa�da. A l�issue de cette plong�e dans la r�alit� du pire, reste � s�interroger avec l�auteur sur la strat�gie de l�administration Bush vis-�-vis de Ben Laden: �N�a-t-elle pas int�r�t � le laisser en libert� ? Sa cavale justifie � elle seule la poursuite de la lutte anti-terroriste � outrance. En son nom, l�Am�rique a attaqu� l�Irak, plac� l�Iran dans l�axe du mal� mais aussi reni� les libert�s individuelles et r�tr�ci la d�mocratie chez elle�� Une strat�gie duplicable � l�infini.
M. N.
Al Qa�da menace la France, Ed. Le cherche
midi, collection Actu, janvier 2007.


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