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Chronique
Yasmina (2e partie et fin) Par Le�la Aslaoui [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 07 - 2007

En guise de compliments, il me lan�a : �Tu �tais moche. Mal coiff�e. Cela accentuait ta laideur.� Moi, laide ? Cet homme ne m�avait-il pas dit qu�il �tait amoureux de mes �yeux de gazelle�, de ma �peau de porcelaine�, et de mon �corps �lanc� ? Je ne r�pondis pas. Mais � partir de ce jour, j�optai pour l�indiff�rence la plus absolue. Je n�avais pas abdiqu�. J�avais men� � bien tous mes projets. J��tais d�cid�e � m�investir pleinement dans mon activit� professionnelle pour ne retrouver Omar qu�en fin de journ�e. Je ne m�expliquais pas moi-m�me les raisons qui me poussaient � demeurer aupr�s de lui.
Je ne l�aimais plus. Financi�rement, j��tais � m�me de me prendre en charge, d�autant que je n�avais gu�re go�t� � ses largesses, rest�es � l��tat de simples promesses. Je parvenais encore moins � comprendre pourquoi j�avais envie d��tre m�re. Je savais que je m�enfoncerais un peu plus, mais mon besoin de maternit� �tait plus fort que tout. Peut-�tre esp�rais-je secr�tement qu�Omar changerait ? Que notre couple repartirait sur de bonnes bases, pour ne pas s�en tenir � une simple � mais atroce � cohabitation ? Pourquoi ne pas l�avouer ? Devenir m�re signifiait, pour moi, avoir un �tre � ch�rir dans cette maison glacial o� tout m��loignait de mon �poux. Telle une maladie incurable, ma solitude me rongeait de l�int�rieur. Passionn�e par la lecture depuis mon jeune �ge, je tentais de partager ce plaisir avec mon mari. Peine perdue. Il n�aimait que la presse sportive et la page n�crologie de son quotidien pr�f�r�, El Moudjahid (4). Mes amis, m�me les plus intimes, ne me rendaient plus visite, d�courag�s par le silence dans lequel il se murait en leur pr�sence. Et quand des membres de ma famille venaient chez nous, ils ne les voyaient pas : Omar s�enfermait dans son bureau. Il �tait parvenu � m�isoler. En revanche, je me devais d��tre aimable lorsqu�il recevait ses �copains� ou ses coll�gues. Je n��prouvais aucune sympathie � leur �gard et n�avais rien � leur dire. Mon �cher et tendre� r�unissait autour de lui des personnes qu�il pouvait dominer. Il ne les appr�ciait que courtisans et quasiment analphab�tes. Admiratifs, ils l��coutaient raconter sa vie estudiantine, relater dans les moindres d�tails le jour o� il avait d�croch� son dipl�me d�architecte. En les voyant agglutin�s ainsi autour de lui, je trouvais le spectacle � la fois affligeant et comique. Peu disert avec moi, Omar se r�v�lait fort �loquent, tr�nant face � des ignares plus affairistes qu��hommes d�affaires� comme ils pr�tendaient l��tre. Les rencontrer m�insupportait, mais je me devais � du moins en �tais-je convaincue � cette �poque � d�assumer mon r�le de ma�tresse de maison accomplie. En me mariant, n�avais-je pas promis d�ob�ir � mon �poux (5)? En 1987 naquit Ramzi. Deux ans plus tard, je mettais au monde Anisse, mon deuxi�me fils. En 1992, enfin, je fus combl�e avec la venue de ma fille Lamia. Chaque naissance m�a procur� un immense bonheur. Mais c��tait compter sans l'esprit destructeur et �inventif� d�Omar. Le moindre bobo, une mauvaise note � l��cole ou au lyc�e, une b�tise de gamin, lui offraient l'occasion de pointer son doigt accusateur sur moi. J��tais une m�re indigne au c�ur de pierre qui d�laissait sa prog�niture pour s�occuper de celle d�autrui. Pourtant, mes enfants �taient parfaitement pris en charge par ma m�re lorsque je me trouvais � l�h�pital. Ils �taient �panouis, se savaient aim�s et �voluaient sans probl�me. Leur p�re n�avait jamais cru utile de conna�tre leurs enseignants, mais il ne manquait jamais de les humilier lorsqu�ils lui pr�sentaient leurs bulletins scolaires. �J�esp�re que vous pourrez tout de m�me faire quelque chose dans votre vie. Avec ces notes catastrophiques, vous n�irez pas loin.� Les a-t-il seulement aim�s ? Il lui fallait les d�valoriser, les amoindrir, les ab�mer, comme il avait tent� de le faire avec moi. Il �tait d�autant plus injuste que leurs r�sultats scolaires n��taient par de nature � nous faire rougir. Bachelier � seize ans, Ramzi est un excellent exemple pour son fr�re et sa s�ur. Plus que mes enfants, ils sont aussi pour moi des amis, des complices. Et s�il est vrai que leur p�re est exclu de notre sph�re, c�est de son propre fait. Je n'en suis nullement responsable. Je me souviens de l�hilarit� monstrueuse avec laquelle il accueillit la nouvelle de la s�lection de mes fils en �quipe nationale de basket-ball. Son �clat de rire r�sonne encore dans mes oreilles, telle une douleur lancinante. �La marche � pied vous si�rait parfaitement, mais le basket-ball, quelle pr�tention !� J�intervins comme toutes les fois o� il me fallait d�fendre et prot�ger mes enfants de ses agressions verbales : �Nous n�avons pas besoin de tes commentaires mais de ton autorisation (6).� Tous ces souvenirs, ces plaies, ces br�lures, ces offenses, m�appartiennent. Jamais �M. le juge�, ne pourra les comprendre. Comment peut-on se dire humili�e, tortur�e par son �poux et avoir des enfants de lui ? O� est la logique ? Ces enfants, monsieur le juge, sont la seule chose r�ussie de ma vie conjugale. La seule qui m�ait donn� la force de continuer et de tenir t�te � Omar. Je voulais �tre m�re, et lui seul pouvait satisfaire mon d�sir de maternit�. Il ne fut pas mon mari, ni mon amant ni m�me mon compagnon. Il fut un g�niteur, rien de plus, rien de moins. Je sais, monsieur le juge, que vous consid�rez que ma d�cision vient bien tard, trop tard. Il est vrai que j�aurais d� demander le divorce, il y a d�j� longtemps. J�ai h�sit� � le faire parce que je craignais que mes enfants, petits, ne saisissaient pas le sens de mon acte. Je me suis sacrifi�e parce que je souhaitais pour eux un p�re et une m�re. Pardon, monsieur le juge : �Sacrifi�e� est un mot grandiloquent et surtout inexact. Ces enfants, c�est moi seule qui les voulais. Vous admettrez probablement que la naissance de Ramzi aurait �ventuellement pu �arranger les choses�. �Mais les deux autres�, me direz-vous ? Je me dois de vous dire la v�rit� : je voulais une fille. J�ai eu un second gar�on. J�ai recommenc� une troisi�me fois parce que les femmes de ma famille, ma belle-m�re, mes cons�urs, les infirmi�res du service p�diatrie, ne cessaient de me dire qu� �une fille est une douce compagne pour sa m�re�. J�ai surtout cru que je deviendrais plus rus�e, plus forte qu�Omar, et que je parviendrais � le changer. J��tais convaincue, comme bien d�autres femmes qui se pr�sentent devant vous, qu'enfanter �tait l�arme id�ale pour se battre contre la loi � faite pour les maris. �Si tu veux encha�ner un homme, fais des enfants�, recommande un adage populaire. Mais � quoi bon ce dicton lorsque le maire remet aux couples nouvellement unis un livret de famille o� il est mentionn� premi�re �pouse � la troisi�me page, deuxi�me �pouse � la quatri�me page, troisi�me �pouse � la cinqui�me page et quatri�me �pouse � la sixi�me pas (7) ? Peut-on d�truire un char avec un revolver ? Et la loi avec un enfant ? j'aurais d� partir bien avant la naissance de Ramzi. Omar est le m�me homme depuis dix-huit ans. Il n�a jamais exprim� de regrets, ne s�est jamais montr� repentant. �Nulle�, �moche�, �stupide�, �maladroite�, �m�re indigne�, �caract�rielle� : ce sont l� ses compliments ! Les seuls dont je me souviendrai. Je sais, monsieur le juge, que tout cela n�est, pour vous, que broutilles. Est-ce que je me trompe ? A quoi me servira ma libert�, me direz-vous ? et avant m�me de m�entendre, vous r�pondrez : � mener une vie de d�bauch�e. Que peut faire d�autre une femme seule qui n�a rien � reprocher � son ex-�poux ? Je vous l�ai d�j� dit : je suis un cas inclassable. J�esp�re qu'aujourd�hui l�affaire va �tre mise en d�lib�r�. Omar a d�cr�t� que �nous n�avons plus rien � nous dire�. En attendant l�appel de mon num�ro, je discute � voix basse avec Fran�oise, assise � c�t� de moi. Son �poux est mort l�an dernier. Ses beauxfr�res se sont empar�s de toutes la succession, parce qu�elle n�est pas musulmane. Pendant quarante ans, elle s�est crue ma�tresse des lieux dans sa maison. Il a suffi d�un instant pour lui apprendre qu�elle avait �t� h�berg�e � titre pr�caire et r�vocable. �J�aurais d� jouer le jeu et prononcer la shahada (8). Ainsi, aurais-je pu avoir ma part d�h�ritage. On m�interdit de garder mon petit-fils (le fils de ma fille) le week-end sous pr�texte que j�en ferais un chr�tien.� En l��coutant, j�en veux � son mari d�funt. Pourquoi ne l�a-t-il pas prot�g�e ? �Cela ne change pas grand-chose que vous soyez fran�aise, r�pond Dalila. Je me retrouve dans la m�me situation que vous. A la mort de mon �poux, ma belle-famille s�est empar�e de tous les biens, y compris de notre domicile conjugal. Je n�ai pas eu de gar�on. Les deux filles et moi-m�me avons �t� purement et simplement d�sh�rit�es (9).� Ces femmes qui patientent dans la salle des pas perdus, qu�attendent-elles du juge ? Elles sont l�, me semble-t-il, comme elles auraient pu �tre ailleurs, ne sachant o� aller, ni � qui s�adresser. Enfin mon num�ro ! le juge me dit d�approcher. �Votre cas est particulier. Acceptez-vous de vous s�parer de votre �poux par kh�l (10) ? Si vous refusez, je vous d�bouterai. Que r�pondrez-vous ?� Mon avocat me fait signe d�accepter. J�acquiesce sans savoir sur quoi je suis d�accord. Kh�l, qu�est-ce que cela signifie ? �Jugement � quinzaine.� Ma�tre L. a tent� de m�expliquer, mais je n�ai rien compris. Je sais seulement que le juge se prononcera contre moi, si je n�accepte pas sa proposition, sa �solution�. Et j�ai le pressentiment, la conviction m�me, qu�Omar me r�serve une mauvaise surprise. En voulant rentrer le soir � la maison, je constate que les serrures ont �t� chang�es. Mon avocat fait venir un huissier, accompagn� lui-m�me d�un serrurier. Je p�n�tre enfin dans ce que je crois �tre encore �chez moi�. Ou plut�t �chez nous�, puisque j�ai la chance d��tre soutenue par mes enfants, humili�s et aussi d�molis que moi, mais apr�s le d�part des hommes de loi, Omar me somme de quitter les lieux. �Je suis chez moi. L�appartement est ma propri�t� et la loi pr�voit que tu dois partir. Tu prends tes effets personnels, ceux de tes enfants (il insiste sur �tes�) et vous d�guerpissez tous. � Le jugement n�a pas encore �t� prononc�. Moi aussi, je suis chez moi.� Omar se montre violent. C�est la premi�re fois que je le vois dans cet �tat. Il a perdu le sang-froid que je lui ai connu depuis dix-huit ans, et sa force semble d�cupl�e. Pour la premi�re fois, il est d�stabilis�, perdu. �Pourquoi veux-tu partir ? Pourquoi ?� Il fait peine � regarder. Il est pitoyable. Mais je n'ai pour lui aucune mansu�tude. Mon expulsion est paradoxalement
son ultime chantage pour me faire rester. Je ne c�derai pas. Je lui demande de se calmer et commence � emballer p�le-m�le nos affaires. Omar a dit �effets personnels�, pourtant il n'ignore pas que dans cette maison chaque chose m'appartient. Je sais qu'il gardera tout, qu'il ne me donnera rien. Anisse prend son micro-ordinateur. Son p�re le lui arrache des mains. �Ta m�re gagne bien sa vie. Elle n'aura qu�� t�en offrir un.� Avant de sortir, je me suis mise au balcon, une derni�re fois. La baie d'Alger est � mes pieds. Je n�aurais plus le bonheur de regarder la mer tous les matins, tous les soirs, de voir que sa couleur n�est jamais la m�me... combien de temps ai-je pass� � contempler les vagues qui venaient se fracasser sur les rochers ? Je ne me suis jamais lass�e de voir la M�diterran�e en col�re. Il me semblait lui confier ma propre tourmente. J'ai mal. tr�s mal m�me. J�ai v�cu dix-huit ans dans ces lieux. Je refoule mes larmes. Il ne faut surtout pas que je pleure. Omar n�a pas dit au revoir � ses enfants. Lamia a voulu l'embrasser, mais il l'a repouss�e. Il s�est content� de trois mots : �Tu le regretteras�. Pour la premi�re fois j�ai vu des larmes dans ses yeux. Etaient-ce de vrais pleurs ou encore un jeu, une ruse ? Un de mes fr�res accepte de nous h�berger en attendant que je puisse louer un appartement. J'assumerai jusqu'au bout ma d�cision. Au t�l�phone, mon avocat reprend ses explications. Je comprends enfin que je dois verser � mon �poux des dommages et int�r�ts pour racheter ma libert�. Selon ma�tre L., cela correspond au montant de la dot (11) vers�e par mon ex-�poux. Telle est la solution pr�vue pour les effront�es de mon esp�ce. Le seul cadeau que m'a fait Omar, c�est ma bague de fian�ailles. Je peux la lui restituer, mais je sais qu'il exigera beaucoup plus. Le 8 mars 2004, le juge p�n�tre dans la salle d'audience. Quelques jours auparavant, Omar et moi avons �t� convoqu�s dans son bureau. Omar a demand� deux millions de dinars (12) sous pr�texte qu'il subit un pr�judice moral important. Apr�s discussion, le montant a �t� revu � la baisse, soit cinq cent mille dinars (13). Ainsi le juge en a-t-il d�cid� : �Jugements � la date de ce jour : Affaire 183/2004. 8 mars 2004. �Prononce la s�paration des �poux par kh�l.� �Condamne madame Yasmina N. � verser � monsieur Omar T. la somme de cinq cent mille dinars � titre de kh�l et de d�dommagement pour le pr�judice � lui causer. �Dit que le domicile conjugal est la propri�t� de l'�poux et qu'il est unique. Conform�ment � l'article 52 du code de la famille. �Confie la garde des trois enfants � leur m�re. �Dit que la gardienne n'a pas droit au maintien des lieux dans le domicile conjugal. �Partage les d�pens entre les parties.� Et mes blessures, mes plaies et bosses enfouies dans mon c�ur, inscrites dans ma m�moire, qu'en fait-on ? Qui m�en d�dommagera ? Qui m'en gu�rira ? Omar a refus� d'exercer son droit de visite. �Si vous d�sirez me voir, vous saurez o� me trouver�, a-t-il dit aux enfants. Toujours cet orgueil ex�crable et d�mesur�. �Moi� toujours. �Moi� encore. �Moi, moi...� Je ne veux pas de pension alimentaire. Je me suis toujours occup�e de mes enfants. Cela ne changera pas. Je devrais �tre heureuse. Sauter de joie. Me voici enfin libre. Je ne serai plus la proie d'Omar. Je ne subirai plus sa perfidie. Mais j'ai un go�t naus�eux au fond de la gorge. Ai-je �t� une �pouse ? Suis-je une esclave affranchie apr�s avoir �t� rackett�e ? Fran�oise et Dalila ont �t� d�bout�es. Elles ne seront jamais h�riti�res. Fran�oise m'embrasse et me dit qu'elle a d�cid� de repartir vivre en France. Dalila dit vouloir se battre. Mais contre qui et comment ? Avant de lever l'audience, le juge s'adresse � nous : �Bonne f�te mesdames, en cette journ�e du 8 Mars (14).
L. A.
4. Journal gouvernemental, le seul quotidien alg�rien de 1962 � 1989, avant que le pluralisme de la presse devienne r�alit�.
5. L�article 38 du code de la famille stipule que �l��pouse doit ob�issance � son mari� !
6. L�article 87 du code de la famille fait de l��poux l�unique tuteur l�gal de ses enfants mineurs, le seul apte � signer des documents administratifs ou autres les concernant. L��pouse ne se voit reconna�tre cette responsabilit� qu�apr�s le d�c�s de son mari ou apr�s un divorce, si on lui a confi� la garde des enfants.
7. L��poux pouvant �tre polygame, il est fait mention, dans le livret de famille de la possibilit� d�un ou plusieurs nouveaux mariages.
8. Profession de foi par laquelle un musulman atteste qu� �il n�y a d�autre Dieu que Dieu et (que) Mohammed est son envoy�.
9. Dans ce cas, le Coran a d�termin� la part de la succession qui revient aux filles. Mais la pratique est tout autre : le plus souvent les filles sont priv�es de leurs droits par les h�ritiers m�les.
10. L�article 54 du code de la famille stipule que �la femme peut se s�parer moyennant r�paration (kh�l) apr�s accord sur celle-ci�. C�est le prix offert par l��pouse pour obtenir la dissolution du mariage : une ran�on qu�elle paie pour racheter sa libert� (talq bi kh�l).
11. En Alg�rie, il s�agit de la somme d'argent et des autres cadeaux (notamment des bijoux) offerts par l��poux lors des fian�ailles avant consommation du m�nage.
12. Vingt mille euros, environ.
13. Cinq mille euros, environ.
14. Journ�e internationale de la femme que ne manque pas de c�l�brer l�Alg�rie.


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