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HALTES ESTIVALES
Interview exclusive de la plus belle des exil�es Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 09 - 2007

Je l�avais cherch�e partout en Alg�rie, mais je finis par comprendre qu�elle avait �migr�. Aussi, quelle ne fut pas ma surprise de la revoir, rayonnante comme toujours, sur la terrasse de l�h�tel �Nour El A�n�, l�une des perles touristiques de A�n Draham, cette charmante station climatique tunisienne qui surplombe les premi�res collines alg�riennes du c�t� de Souarakh, au bout d�une belle route de montagne.
Elle �tait l�, allong�e sur une chaise longue, prenant du soleil. Nous �tions au mois d�avril et il faisait encore tr�s frais. C��tait bien elle, en d�esse des bois, irradiant de sa beaut� irr�elle ces lieux qui auraient pu �tre tristes en ce matin brumeux. Mais non, la tristesse �tait chass�e par sa seule pr�sence. Elle leva la t�te, �ta d�un geste �l�gant ses lunettes tr�s sombres et me fixa de ses yeux clairs : �Toi ici, pas possible !� Elle bondit de sa chaise longue pour m�embrasser tendrement sur les joues. Puis, elle reprit sa place en face du d�sert blanc qui reconqu�rait la for�t apr�s une apparition tr�s br�ve du soleil. Alors, j�eus cette id�e saugrenue de lui proposer de m�accorder une interview. Elle me fixa � nouveau et trouva l�id�e pas b�te du tout. Elle me donna rendez-vous pour 18h, devant la grande chemin�e du salon-bar. Je m��tais li� d�amiti� avec l�agent qui allumait, � heure fixe et avec un rituel singulier, cette colossale chemin�e qui dominait de sa masse imposante tout le s�jour. J�aimais le suivre dans les bois au moment o� il allait ramasser les troncs des arbres morts et, petit � petit, nous �tions devenus des amis. Souvent, il venait me cherchait pour m�annoncer qu�il allait proc�der � l�allumage de la chemin�e. J�accourais aussit�t, mais je n��tais pas seul. Tous les gosses, l�ch�s enfin par leurs parents, aimaient �galement assister � cette c�r�monie. J��tais le seul client adulte au milieu de cette bande bruyante et cela me renfor�ait dans ma conviction, qu�au fond, je suis rest� un m�me et que, d�cid�ment, je ne serais jamais une personne sens�e. Tant pis, si la v�rit� sort de la bouche des enfants, j�aime �tre encore enfant ! Elle �tait l�, sublime, imp�riale, dans un manteau noir au collet montant tr�s haut. Elle portait des bottines de la m�me couleur. Je m�assis � c�t� d�elle, sortis mon stylo et mon calepin et entamai l�interview :
M. F. : Madame, voici longtemps que vous �tes partie d�Alg�rie. Des rumeurs ont circul� sur les raisons de ce d�part. Peut-on conna�tre enfin la v�rit� ?
L.J.D.V. : Nuance. Je ne suis pas partie. J�ai �t� chass�e. Les gens du pouvoir et les fondamentalistes se sont ligu�s contre moi. Je n��tais pas assez s�rieuse � leurs yeux. Pourtant, d�s l�ind�pendance, les �lites comprirent qu�il fallait accompagner la grande �uvre de construction nationale par une vie culturelle � la dimension des d�fis qui nous attendaient. Avec ses faibles moyens, le pays s�engagea dans la valorisation de la culture et des arts, donnant � chaque secteur sa v�ritable place dans le projet d��mancipation du peuple. C�est � cette �poque que furent mises en place les bases de la future industrie cin�matographique, partie de rien, et qui deviendra dans les ann�es soixante-dix une r�f�rence. C�est au cours de ces ann�es qu�un th��tre authentiquement national et r�volutionnaire fut install�. C�est au cours de ces ann�es que la litt�rature alg�rienne s�enrichit des meilleures �uvres post-ind�pendance, utilisant encore la langue fran�aise, butin de guerre, alors que les pr�mices d�une litt�rature en langue arabe annon�aient les grands auteurs � venir. La peinture alg�rienne �tait au summum. Les Alg�riens vivaient une vraie r�volution dans tous les domaines, mais cela ne les emp�chait pas d��tre heureux, joyeux, gais. J��tais l� pour leur donner tout cela et le couronnement fut cette merveilleuse explosion d�amour et de beaut� qu��tait le festival panafricain ! Plus tard, quelques politiques, que Dieu leur pardonne, pens�rent que la joie de vivre, la gaiet�, la bonne humeur �taient incompatibles avec la r�volution ! On avait confondu s�rieux et tristesse. C�est � cette �poque que commenc�rent mes d�boires. Mais j�avais pu r�sister jusqu�au d�but des ann�es 1990. L�, on ne voulait plus de moi. Nos villes s��taient soudainement habill�es de morosit�. La culture et les arts modernes reculaient affreusement. J��tais l� pour encourager Linda de Suza � la salle Atlas ! Les fondamentalistes ne voulaient pas du gala. L�Etat recula. L�Alg�rie de ma jeunesse venait d��tre enterr�e sous mes yeux. L�Alg�rie de Larbi Ben M�hidi et de Hassiba Ben Bouali venait de c�der devant les envoy�s tr�s sp�ciaux des talibans. Durant les mois qui suivirent cet incident, j��tais montr�e du doigt dans les rues de Bab-El-Oued. Les barbus m�insultaient. Je perdis mon poste et fut remplac�e par madame T. qui instaura tout de suite la fermeture de tous les espaces de convivialit�, imposa un verrou suppl�mentaire � la culture de notre si�cle, convoqua un certain cheikh Ghazali pour propager l�an�antissement de toutes nos valeurs alg�riennes authentiques et intoxiquer davantage notre jeunesse et cr�a toutes les conditions pour nous faire reculer d�un si�cle, etc. Mais les choses allaient empirer quand les marabouts furent r�veill�s. Le conservatisme charlatanesque se conjuguait � l�ordre des obscurantistes et � une nouvelle culture import�e d�Arabie saoudite pour envoyer l�Alg�rie vers les �ges obscurs. L��cole avait pour mission d�accentuer ce d�calage avec le monde moderne en refusant aux enfants de b�n�ficier de la rigueur de la pens�e logique, les �loignant de toute rationalit� pour les enfoncer dans l�arri�ration et l�obscurantisme. L�, je n�en pouvais plus. Le monde est grand et j��tais chez moi partout, sauf en Afghanistan, en Iran et en Arabie saoudite. Pour des raisons politiques qui les arrangent, ils veulent mettre la Syrie ou Cuba sur la liste de mes ennemies. Jamais ! Je suis tr�s � l�aise dans ces deux pays. J�adore ces deux peuples modernes et qui vivent cent � l�heure�
M. F. : Que faites-vous en Tunisie ?
L.J.D.V. : J�y suis pour quelques jours. C�est un pays que j�adore. Les gens ne se sentent pas oblig�s d��tre plus musulmans que les autres. Ils vivent l�islam de leur si�cle en le gardant intact, pur et en refusant de tomber dans le pi�ge de l�int�grisme. Ceci gr�ce � une pens�e rationnelle qui leur permet de s�parer le bon grain de l�ivraie. Nous sommes au pays de la grande Zitouna et l�islam y est simple : nous avons cinq obligations � accomplir et certains comportements � �viter. C�est clair et net. Mais les nouveaux docteurs de la foi inventent tous les jours mille autres obligations et dix mille nouvelles interdictions ! Je suis bien avec les Tunisiens parce qu�ils r�fl�chissent et agissent en hommes modernes sans perdre leur authenticit� et leur attachement � la religion de la paix ! Regardez les Marocains aussi, ils viennent de renvoyer � leurs classes les islamistes. Dans ces deux pays, il y a une volont� manifeste d�assumer la modernit�
M. F. : Ne pensez-vous pas que c�est un peu sch�matique. Si le peuple tunisien devait voter librement, ne choisirait-il pas, lui aussi, les islamistes ? Quant aux Marocains, et sans aucune arri�re-pens�e, n�y a-t-on pas jou� � l�alg�rienne pour manipuler les �lections ?
L.J.D.V. : �coutez, moi je ne fais pas de politique. Mais, si vous voulez mon avis, les Tunisiens, et particuli�rement les Tunisiennes, sont trop attach�s � leur libert� pour tenter le diable. Et puis, ils ont le �bon exemple� � c�t� : le retard social et les bombes. Quant aux Marocains, vous ne pouvez pas �tre plus royaliste que le roi. Le parti islamiste donn� favori et grand perdant, lui-m�me a dit que les �lections n�ont pas �t� entach�es d�irr�gularit�s. Il fait plut�t un reproche aux partis vainqueurs en affirmant qu�ils ont pay� les �lecteurs ! Peu importe. Ce que j�essaye de vous expliquer, c�est qu�il est impossible d�aller vers la d�mocratie et la libert� sans modernit�. C�est une impossibilit� j�allais dire physique ! Il faut d�abord choisir le camp de la modernit�, s��loigner des attitudes et des comportements irrationnels, changer l�esprit de l��cole, r�duire l�impact de l�obscurantisme, etc. Et pour cela, il faut un pouvoir fort, avec des objectifs clairs... Les gens ne se rendent pas compte et le jour o� il sera trop tard, ils seront oblig�s de baisser la t�te ou de r�sister ! Mais auront-elles la capacit� de le faire, ces �lites lamin�es par les d�parts successifs des meilleures comp�tences ? Vous serez oblig�s, prochainement, de subir le diktat des trabendistes analphab�tes qui contr�lent l�argent du pays et qui vont passer au contr�le de la politique� Eux, leur id�ologie est claire. Voil�, cher ami, je ne pense pas que je reviendrai chez vous. Vous avez vendu votre �me � ma concurrente, Madame T.
M. F. : Mais qui est Madame T. ?
L.J.D.V. : C�est Madame Tristesse�� Les flammes de la chemin�e montaient maintenant tr�s haut. La belle dame m�invita � d�ner. J��tais heureux d�avoir pu interviewer L. J. D. A., La Joie De Vivre, mais j��tais triste de savoir qu�on venait de la perdre � jamais ! Nous sommes foutus car cette sorci�re de Madame T. n�est pas pr�s de nous l�cher !


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