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CHRONIQUE D�UN TERRIEN
Dans leurs regards, une lumi�re� Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 10 - 2007

Quand je monte � Alger de temps � autre, j�en profite toujours pour aller humer l�atmosph�re, si ch�re � ma jeunesse, de ces vieux quartiers sentant bon les effluves d�licieux descendant des cuisines ouvertes sur le grand bleu des balcons riants, les exquises ar�mes se d�gageant des p�tisseries o� dominaient, de bon matin, le parfum du roi croissant, les odeurs du caf� fra�chement moulu chez les torr�facteurs et les senteurs enivrantes des roses chez les fleuristes.
Je dois dire aussi que j�aimais bien l�ambiance des caf�s maures o� le sourire �tait sur toutes les l�vres et o� les jeunes vouaient un respect illimit� aux personnes �g�es qui �taient consid�r�es comme des puits de savoir et des monuments de moralit�. On apprenait chez eux tant de choses et on �tait �merveill�s par leur sagesse. Maintenant que nous nous approchons des cimes tranquilles de ces �ges de la pl�nitude, sommes-nous pareils � eux ? Je ne le pense pas. Ils �taient tr�s distants des choses mat�rielles et leur spiritualit� n��tait pas agressive. Ils vivaient selon leurs moyens. Tous avaient le m�me visage plein de sant� et d�une douceur qui les rendait tr�s beaux. Aujourd�hui, la course vers la richesse � tout prix a dessin� sur les gueules un rictus effrayant. La religiosit� expansive a allong� les barbes hideuses, sales et mal taill�es qui n�ont plus rien � voir avec les boucs et les barbes raffin�es de nos a�euls ; les habits import�s d�Iran, de Pakistan ou du Soudan ont fait perdre � beaucoup cette �l�gance si alg�rienne qu�arboraient �nos� vieillards v�tus de belles gandouras immacul�es et de burnous majestueux ! Mais, heureusement, qu�il existe encore des retrait�s paisibles qui donnent l�impression d��tre les hommes les plus riches de la capitale. J�en rencontre beaucoup dans les caf�s, les bistrots et les jardins. Je suis souvent interpell� par une voix famili�re et que je reconnais, malgr� l�alt�ration provoqu�e par les ans. S�engage alors une de ces discussions qui me manquent terriblement dans mon coin perdu. Fichu ordinateur et fichu mobile � encore que pour ce dernier, j�ai eu la chance de �l�oublier� pendant deux ann�es : exquis !� ; ces instruments de la modernit�, s�ils nous permettent de dialoguer, �SMSser�, chatter et un tas d�autres barbarismes introduits dans notre langage actuel, n�auront jamais la dimension humaine des rencontres authentiques. Avec ces vieux compagnons des ann�es lumineuses de l�Alg�rie paisible qui se construisait fraternellement et au profit de la majorit�, nous �voquons des tas de souvenirs. Ces hommes ont �t� des b�tisseurs, des r�veurs qui ont permis � la jeunesse de l��poque de croire en son pays, d�avoir confiance en ses dirigeants. C�est Boudiaf qui disait, je crois, le lendemain de la mort du pr�sident Boumediene : �Cet homme que pleure tout un peuple ne pouvait pas �tre un dictateur.� Et, joignant le geste � la parole, il d�cida de suspendre son parti d�opposition. Comprendra-t-on, enfin, que les Alg�riens d�il y a trente ans avaient un grand espoir dans leur pays et qu�ils ne voulaient pas le quitter, malgr� toutes les promesses de cet ailleurs miroitant de facilit�s et de luxe ? Parce qu�il faut aussi pr�ciser que nous n�avions aucun complexe : nous rivalisions avec les meilleurs. Un exemple : le bac alg�rien �tait plus difficile que le bac fran�ais et �tait reconnu partout. Je me souviens de notre �tonnement lorsque nous nous pr�sent�mes aux �preuves du bac fran�ais au lyc�e Pierre et Marie Curie d�Annaba qui �tait directement g�r� par les Fran�ais et dispensait le programme de l�Hexagone. Apr�s les difficiles �preuves du bac alg�rien, nous nous attendions � quelque chose de plus consistant. Ce fut du g�teau ! Vraiment d�un niveau tr�s abordable par rapport � notre bac (premi�re session 1968)! Et le document officiel d�livr� par les responsables de la coop�ration culturelle fran�aise ne nous servait souvent � rien. Nous �tions fiers d�aller dans les facult�s alg�riennes ou de rentrer directement dans la vie active, allant vers ces immenses chantiers de la modernit� ouverts partout, comme ce fut mon cas et celui de beaucoup de mes amis ! Ces vieux qui ont b�ti un pays dans les moments difficiles, se sacrifiant avec un esprit r�volutionnaire qui �tait encore tenace, vivent aujourd�hui avec de minables retraites, des sommes d�risoires que le parvenu hiss� par le trabendisme aux cimes d�une richesse douteuse, bouffe en une matin�e ! J�ai souri et j�ai pleur� lorsque j�ai vu cette annonce : �Les retraites revues � la hausse !� Souri parce que je n�avais pas encore lu le texte. Pleur� parce qu�il s�agissait de 4% d�augmentation ! Comme beaucoup de mes anciens amis touchent des retraites allant de 10.000 DA � 15.000 DA (ils font partie des privil�gi�s : il y a pire et pire que le pire !), j�ai calcul� cette fameuse augmentation : 400 DA pour les premiers et 600 pour les seconds. Le petit sac de semoule, qui co�tait 750 DA il y a une ann�e, vaut aujourd�hui 1500 ! Alors, messieurs, franchement, vous vous foutez de qui ? Nous allons utiliser un langage que vous comprendrez mieux : que peut-on faire avec 4 euros ? Mais, au fond, je suis content pour mes amis, parce que j�ai retrouv� chez eux ce sourire beau comme l�Alg�rie de leur espoir et j�ai d�cel� dans leurs paroles une grande libert� de ton, une franchise et un courage que n�ont pas les courtisans, oblig�s de se baisser pour ramasser les miettes que leur jettent leurs ma�tres. Mes amis ont des fins de mois difficiles, mais lorsqu�ils marchent, ils ont la t�te haute ! Ils ne veulent pas parler de politique, mais si vous les poussez � le faire, ils n�auront pas assez de mots durs envers ceux qui ont men� la grande r�volution alg�rienne au n�ant visible dans nos rues, avant d��tre scientifiquement �valu� dans les sondages et les classements qui nous ridiculisent ! Mais, ce qui chagrine le plus mes amis, est le fait que de jeunes journalistes, n�ayant pas v�cu cette �poque de lumi�re qui fut d�une f�condit� incomparable � tous points de vue, � Kateb Yacine critiquait vertement le pouvoir, mais personne ne l�avait emp�ch� de diriger une coop�rative de th��tre � Sidi- Bel-Abb�s et ses pi�ces �taient jou�es partout en Alg�rie, le saviez-vous, Madame Khalida Toumi ? � ; ce qui chagrine mes amis, est le fait que certains jeunes journalistes mettent leurs plumes au service des revanchards et des nostalgiques de l�Alg�rie fran�aise en faisant des bilans globaux sur les fameuses 40 ann�es de �dictature� et de �mauvaise gestion�. Les �poques qui ont jalonn� ces quatre d�cennies ne sont pas d�une �gale valeur : il faut savoir rendre hommage aux patriotes sinc�res. Comme il faut, aussi, pointer un doigt accusateur sur ceux qui ont creus� le tombeau de nos r�ves et ceux qui ont fait passer le bulldozer de l�ultralib�ralisme sur cette m�me s�pulture. Au cours de ce m�me voyage � Alger, j�ai �t� sid�r� d�apprendre que les services qui ont remplac� la SM ont maintenant leurs hommes de main dans beaucoup de quotidiens dits ind�pendants ! Elle est belle votre �d�mocratie � ! De mon temps, du temps de la �dictature�, du parti unique et de tout ce que voulez, le journal El Moudjahid avait une seule tutelle : le minist�re de l�Information ! Et les braves agents de la SM devaient �pier nos discussions au �Palma� ou au �Tahiti� pour faire leurs rapports. Un jour, le d�funt et tonitruant Rachid Maouche, alors secr�taire g�n�ral de la section syndicale d� El Moudjahid, constatant qu�un gars, assis � une table mitoyenne, au bistrot �L�Europe�, suivait attentivement tout ce que nous disions, se leva et l�interpella : �Monsieur, si ce que nous disons vous int�resse, venez vous asseoir � notre table, votre rapport sera plus complet !� Plus tard, du temps de Chadli, il y eut les fameux BSP, mais c��taient des personnes connues et cela n�avait rien � voir avec le �secret� des agents. Nous avions �galement une cellule du FLN, mais son chef ne r�ussit jamais � nous vendre ses cartes de militants ! Nous d�fendions, avec l�opini�tret� des r�sistants, l�honneur des incorruptibles et, parfois aussi, avec l�enthousiasme excit� des agitateurs, une ligne r�volutionnaire et socialiste en laquelle nous croyions ! Nous �tions les enfants de la r�volution, pas les hommes de paille de la SM ou des manipulateurs au service d�officines obscures rattach�es � des int�r�ts occultes ! Nous ne fricotions pas avec ces milieux-l� ! Alors, presse ind�pendante de mon pays, qu�as-tu � reprocher � ceux qui ne mangeaient pas du pain qui nourrit, aujourd�hui, beaucoup de tes titres ? Nous avions toujours agi en notre �me et conscience et lorsque la Kabylie s�embrasait en 1980, nous trouv�mes qu�il �tait d�plac� que notre journal parle d��meutes de �casseurs� et de �voyous� ; nous r�ag�mes en signant une p�tition pour expliquer que nous n��tions pas d�accord. Personne n�a �t� renvoy� ou mis en taule. Certes, la censure s�exer�ait parfois (quel est le titre qui ne la pratique pas aujourd�hui ?) et j�ai perdu mon poste de chef de la rubrique �Magazine�, en 1983, pour avoir publi� une photo illustrant la p�nurie d�eau � Alger. L�ordre serait venu de la pr�sidence. D�autres confr�res, de tendance �pagsiste�, voyaient leurs papiers charcut�s, mais on �tait loin du �goulag�. Plus tard, nous avions continu� � dire non � la r�pression contre les r�dacteurs, comme ce fut le cas dans l�affaire des journalistes d� El Cha�b renvoy�s par leur directeur, affaire qui me poussa � claquer la porte de l�UJA, laissant MM. Bouka�bache et le d�funt Hassani ahuris, ou dans celle dite de Malika Abdelaziz (interdite d��criture � Alg�rie Actualit�) � laquelle nous avions r�agi par une p�tition tr�s dure� Aussi bien � la section syndicale de l�UGTA qu�au sein de l�Union des journalistes alg�riens, ou encore dans les commissions paritaires, mes amis journalistes et moi-m�me avions lutt� inlassablement pour arracher des droits inimaginables aujourd�hui ! La �dictature� ne nous imposait pas le silence et n�essayait pas de nous corrompre, lorsque nous d�fendions les classes laborieuses, par l��crit et les actes. Nous avions coll� des affiches dans les rues d�Alger pour appeler les citoyens � participer en masse aux op�rations de volontariat et toi, cher lecteur d�Alger et d�ailleurs, si un jour tu te mets � l�ombre d�un arbre majestueux pour fuir la canicule, sache qu�il y a de fortes chances pour qu�il ait �t� plant� par un m�decin, une infirmi�re, une enseignante ou un pompier. Chaque dimanche
(eh oui, c��tait le samedi-dimanche !), les travailleurs d�un secteur allaient massivement au reboisement, dans cette ambiance familiale et festive qui nous manque tant aujourd�hui ! Nous n��tions pas parfaits. Nous avions nos faiblesses, nos petites l�chet�s et nos reculs, et nous avons certainement beaucoup de choses � nous reprocher, mais le parti unique et la SM n�avaient jamais, au grand jamais, interf�r� dans notre travail (je parle de la p�riode allant de 1970 � 1979). Nous �tions de vrais professionnels au service d�une cause, celle des classes laborieuses et nos ennemis �taient les ennemis et les exploiteurs de ces classes. C��tait simple comme bonjour. Alors, s�il vous pla�t, ne blessez pas ces papys qui ont donn� leur vie pour l�Alg�rie. A d�faut de les d�fendre pour que leurs retraites retrouvent des niveaux de dignit� � la hauteur de leurs sacrifices, ne les abaissez pas au rang d�ex�cutants de basses man�uvres concoct�es dans les pr�tendus laboratoires des ma�tres � penser et ne comparez pas l�Alg�rie de Boumediene � un immense goulag. Les d�rives, connues ou gard�es secr�tes et qui seront r�pertori�es un jour par les vrais historiens, ne sont rien � c�t� de l��uvre colossale que cette g�n�ration a b�tie. Pour que tous les enfants de notre pays aillent � l��cole afin de devenir ces lumi�res qui font aujourd�hui le bonheur de beaucoup de puissances. Ils m��crivent de si loin pour me dire qu�ils sont dans les domaines pointus (nouvelles technologies, espace, nucl�aire) et qu�ils peuvent mettre leur savoir au profit de leur pays et rentrer imm�diatement, mais � une seule condition : �Que l�Alg�rie soit rendue aux Alg�riens !�


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