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AHMED AKKACHE
La r�volte des saints : �Ce mouvement que la jeunesse alg�rienne gagnerait � mieux conna�tre�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 11 - 2007

Le Soir d�Alg�rie : Qui sont ces circoncellions qui prirent eux-m�mes le nom de saints ?
Ahmed Akkache : Ce sont en g�n�ral des paysans libres d�pouill�s de leurs terres par la colonisation romaine et transform�s en ouvriers agricoles ou en esclaves. Bien entendu, ils se battaient pour r�cup�rer leurs biens et briser leurs cha�nes. Ce qui leur a permis de rassembler autour d�eux tous les m�contents et les victimes de l�occupation, suscitant ainsi un immense mouvement social auquel on peut donner le nom de �R�volte des saints� ou �des justes� par r�f�rence aux noms que prenaient les premiers groupes d�insurg�s pour se diff�rencier de la sauvagerie romaine.
Ce mouvement extraordinaire n�est en fait qu�un des maillons de cette longue et riche cha�ne historique que Kateb Yacine a appel�e �la Guerre de 2000 ans�, et que la jeunesse alg�rienne gagnerait � mieux conna�tre.
Nombre d'historiens r�duisent les circoncellions � une bande de pillards. Pour votre part, vous appr�hendez la r�volte sous le prisme de la lutte des classes. Quels sont vos arguments ?
Les luttes de classes sont une r�alit� historique. Elles existent et existeront tant qu�il y aura des exploit�s et des exploiteurs, les uns s�effor�ant d�asservir les autres pour leur extorquer la plus grande partie possible des fruits de leur travail. A l��poque romaine, le mode de production dominant �tait l�esclavage. Deux classes fondamentales �taient en pr�sence : les ma�tres, qui poss�dent les moyens de production (terres, troupeaux,..) et les esclaves. Entre les deux, des couches sociales interm�diaires : religieux, soldats et miliciens, marchands, artisans, petits cultivateurs libres.. etc. C�est la crise de l�Empire romain, au d�but du IVe si�cle, qui a fait pencher ces couches interm�diaires �cras�es par les imp�ts et les dettes en direction des esclaves r�volt�s, donnant ainsi � la lutte le caract�re d�un grand mouvement de toutes les couches sociales contre la classe des ma�tres, qu�il fallait d�truire. Quand ils attaquent les fermes, les premiers groupes d�insurg�s prennent des sacs de bl� et du b�tail pour leur nourriture. Mais ils prennent aussi et br�lent les titres de propri�t� des esclaves et les reconnaissances de dettes. Il ne s�agit donc pas de simples �meutes de la faim ou de pillage mais de luttes pour la transformation des rapports sociaux existants. Ce qui s�est confirm� par la suite lorsque les r�volt�s sont parvenus � d�finir un programme comportant : r�forme agraire, redistribution des terres, abolition de l�esclavage, annulation des dettes, etc. C��tait une v�ritable r�volution sociale.
Vous faites le parall�le entre la R�volte des saints et la guerre de Lib�ration. Quels en sont les points communs et en quoi diff�rent-elles ?
Dans les deux cas il s�agit de guerres fondamentalement paysannes. Dans les deux cas, la lutte pour la libert� et la r�cup�ration des terres se confond avec la destruction du joug colonial. Enfin dans les deux cas la lutte arm�e a abouti � une acc�l�ration de la prise de conscience sociale et � des transformations politiques et �conomiques consid�rables dans le sens du progr�s. Mais les changements et les acquis sociaux obtenus par les luttes populaires ne sont jamais d�finitifs. Ils peuvent �tre consolid�s et enrichis ou au contraire annul�s et remis en cause. Comme c�est le cas aujourd�hui en Alg�rie. Les diff�rences entre les deux p�riodes tiennent aux conditions historiques, aux rapports de force, � l��volution de la soci�t� et de son environnement international qui ne sont pas du tout les m�mes. Disons pour simplifier que les luttes d�hier exigeaient du courage et du patriotisme. Celles d�aujourd�hui demandent aussi du patriotisme et du courage. Mais elles exigent en plus beaucoup de savoir et de connaissances, beaucoup de travail, beaucoup d�int�grit�, et beaucoup de conviction d�mocratique.
Vous d�mystifiez l'ic�ne saint Augustin au moment m�me o� en Europe, en Tunisie et en Alg�rie, il est une seconde fois sanctifi�. Pourquoi ce regain d'int�r�t ?
Peut-�tre parce que l�Europe (qui garde aujourd�hui encore les empreintes profondes de son pass� colonial) pense-t-elle que saint Augustin est le symbole de ce que devraient �tre les relations entre les pays occidentaux et les �bons indig�nes� de leurs anciennes colonies ? Ce qui est s�r, en tout cas, c�est que l�id�ologie actuelle de la mondialisation, qui vise � d�truire les Etats nationaux et les grands acquis sociaux du si�cle dernier, encourage le renoncement, la soumission, la croyance dans le caract�re in�luctable de la domination du grand capital international, pr�sent�e parfois comme une expression de la volont� divine. Or, saint Augustin � contrairement � d�autres grands chefs chr�tiens comme Cyprien ou Donat � a toujours pr�n� le respect des autorit�s en place. Il disait � ses fid�les : �Dieu n�a pas cr�� les esclaves pour �tre libres mais pour �tre bons�, c'est-�-dire pour travailler sans se plaindre, respecter leurs ma�tres, d�noncer les agitateurs et les rebelles. Il ne s�agit plus ici de religion mais de pressions politiques au service d�int�r�ts �vidents.
Quelle image, selon vous, doit-on conserver de ce personnage ?
Celle d�un grand penseur de dimension universelle, qui est n� en Alg�rie, mais qui a eu � l��gard de ses compatriotes combattant l�imp�rialisme romain une attitude ex�crable.
En quoi les tribus ont-elles jou� un r�le progressiste sur le plan historique en Alg�rie?
Ce sont elles qui � en l�absence d�un Etat central organis� � ont lutt� les armes � la main contre les nombreuses invasions �trang�res subies par le pays. Ce sont elles aussi qui ont maintenu au long des si�cles les vieilles traditions communautaires de solidarit�, d��galit�, ainsi que la propri�t� collective des terres.
Peut-on, � propos de cette p�riode, parler des pr�mices de la nation alg�rienne ?
Absolument. Ce sont les luttes et les sacrifices communs qui cr�ent les conditions n�cessaires � l��mergence historique des nations. Dans le cas de l�Alg�rie, une mention sp�ciale devrait cependant �tre accord�e � l��uvre immense de Massinissa, ce personnage hors du commun qui, deux si�cles avant J-C jetait d�j� les bases d�un Etat et pr�parait le berceau de la nation.
Propos recueillis par Meriem Nour
Biobibliographie
Ahmed Akkache est n� le 10 novembre 1926 � Alger. Apr�s des �tudes d�histoire et d��conomie politique, il est nomm� instituteur � Bouira en 1944. Apr�s les �v�nements du 8 Mai 1945, il d�missionne de son poste et s�engage en politique. En 1955, son parti (le Parti communiste alg�rien) et son journal Libert� interdit, il entre dans la clandestinit�. Arr�t� et tortur� en mars 1957, il est condamn� � la r�clusion criminelle. Transf�r� en France, il s��vade en d�cembre 1961 et rentre clandestinement en Alg�rie. A l�ind�pendance, il quitte la politique pour se consacrer � des activit�s sociales de d�veloppement (l�gislation du travail, protection sociale, etc.) Il a publi� des ouvrages historiques ( Tacfarinas en 1967, Les guerres paysannes de Numidie en 1969, La R�sistance alg�rienne en 1970), �conomique (Capitaux �trangers et lib�ration �conomique en 1972) et litt�raire (L�Evasion en 1973). La R�volte des saints,paru chez Casbah Editions en 2006 est son dernier ouvrage.


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