Le monde de la chanson cha�bie conna�t depuis son existence le ph�nom�ne de l�appropriation de po�sies par certains interpr�tes �v�reux� tant et si bien qu�aujourd�hui, on arrive difficilement � reconna�tre l�appartenance de certains po�mes. Profitant d�une conjoncture o� les connaisseurs du domaine de la po�sie melhoun se comptaient sur les doigts d�une seule main, des chanteurs incultes ou n�ayant aucune aptitude versificatrice s�attribuaient, pour des raisons de p�dantisme et de suffisance, des paroles qui ne leur appartenaient point. Et comme personne, par nullit� ou par r�serve, ne pouvait se mettre en travers de leur volont� de porter pr�judice � l�intellectualit� lyrique surtout que ces �chanteurs-pseudopo�tes � �taient d�une arrogance c�r�monieuse, ils ne pouvaient que profiter du laxisme en place pour faire le plein. Et dire combien de po�mes de Sidi Lakhdar Benkhlouf, pour ne citer que celui-l�, sont inscrits aujourd�hui au nom de h�bleurs sans vergogne qui pr�tendent les avoir compos�s eux-m�mes. Pour l�exemple, une c�l�bre po�sie appel�e Elfiyachia du po�te Sidi Bahloul Yahia Echerqi qui a v�cu au XVIIIe si�cle et un autre texte intitul� Qarn erba�tache(XIVe si�cle) qu�avait �crit au d�but de l�an 1900 cheikh H�sabet de Blida, se sont fait attribuer par deux chanteurs connus de la sc�ne musicale cha�bi. Pis, une qacida d�un po�te connu ayant pour titre El q�bar koul youm eynadi (la tombe appelle chaque jour) a �t� chant�e � la t�l�vision mais � la surprise de tous, le nom de Sidi Lakhdar Benkhelouf, auteur authentique toute honte bue, par le nom d�un chanteur de bas �tage qui s�est m�me attribu� une po�sie andalouse d�El Mu�tamed Ibnou Choudja�. N��tant plus de ce monde, ces po�tes ne peuvent revendiquer aujourd�hui la paternit� de leurs �uvres. A contrario, une po�sie ayant connu une popularit� sans pr�c�dent au d�but des ann�es 1970 car chant�e par un interpr�te c�l�bre fut tax�e de d�tournement et son v�ritable auteur, encore en vie, a �t� accus� de tous les maux par une caste de calomniateurs. Pour r�pondre � ses d�tracteurs, l�a�de composa un po�me caustique qu�il donna � un grand chanteur pour le graver sur un 45 tours de l��poque. Et justement pour pallier ce genre de situation, une �quipe de chercheurs dans le domaine du melhoun travaille d�arrache-pied pour reconstituer l�authenticit� du patrimoine po�tique et r�tablir les choses dans leur v�ritable contexte. Et une fois leur travail achev�, il y aura vraisemblablement des surprises qui mettront � nu les imposteurs du cha�bi.
