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C'est ma vie
Les rêveries de Farouk (2e partie et fin)
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 08 - 2017

Les esprits bienfaisants se penchèrent sur le berceau de Farouk avec une prédilection toute particulière. Ils lui dispensèrent un peu de magie dans le métier de tailleur couturier. Un art qu'il va perfectionner auprès d'un artiste de la profession.
A la fin des trois mois de préavis, le vieux Sicilien organise une collation à son honneur. Après la cérémonie d'adieu, il lui remet une lettre de recommandation écrite en langue italienne à son ami Nino, le couturier milanais. M. Vasilio avait au préalable téléphoné à son ami pour l'informer de l'arrivée de Farouk.
Une semaine après, jour pour jour, Farouk s'envole pour Milan. Arrivé à destination à 21h locales, il réserve pour une semaine une chambre d'hôtel. Le lendemain il se rend à Via Monte Napoleone, où se trouvent les bureaux, la galerie d'exposition et les ateliers de Nino où il élit domicile.
Bien accueilli, en attendant l'arrivée de l'habilleur des stars, on l'installe confortablement dans une salle d'attente parée d'un luxe ostentatoire.
Dix minutes après, accompagné de son garde du corps, Nino Valentini fait son entrée. L'hôtesse l'informe de l'arrivée d'un étranger muni d'une lettre de recommandation émanant d'un ami à lui résidant en Algérie. Les deux agents de sécurité fixés en permanence dans le hall accompagnent leur patron jusqu'à la salle d'attente. Le Milanais, qui parlait couramment français, avec une courtoisie chevaleresque, tend la main à Farouk et lui demande de le suivre dans son bureau. Fatigué, Farouk s'affale sur un fauteuil en bois d'ébène, il ouvre son attaché-case, prend la lettre de recommandation et la tend à M. Nino Valentini. La lettre reprend en évidence le beau panégyrique écrit par M. Vasilio, son compatriote, ami et ancien collègue dans les années cinquante chez une grande maison de mode parisienne. Les éloges pour son excellent travail et surtout le témoignage irréfutable de son incroyable imagination créatrice sont bien mentionnés dans la lettre. Pour l'instant, son futur patron n'a d'autre alternative que de les prendre pour argent comptant.
Une hôtesse d'accueil lui fait visiter bureaux, atelier, galerie et enfin le pôle d'excellence sur lequel repose toute la stratégie de la maison.
Farouk est embauché en qualité de designer. Sa période d'essai est fixée à six mois. On lui octroie un bureau où il y travaillera seul quand son génie supposé est unique. Confortablement installé, il n'avait plus qu'à mettre en exergue ses compétences.
Depuis, chaque jour, Farouk répond par une innovation qu'il soumet à l'étude et l'approbation du grand couturier, qui trouve toujours quelque chose à redire. Ce n'est pas que les modèles dessinés au crayon bleu et peaufinés au crayon noir étaient mauvais, au contraire, la coupe et les éléments ajoutés au costume, au manteau, à la robe, au tailleur, étaient uniques. Jusqu'à présent, aucune des grandes maisons de mode ne s'est aventurée dans une telle recherche, préférant se confiner dans la tendance conservatrice. Nino Valentini, connu dans toutes les capitales de la mode, finit par confirmer que le garçon qu'il a la chance d'avoir sous la main est un génie, mais c'était sa façon à lui de le pousser dans ses retranchements. L'astreindre à un travail plus poussé dans la recherche continuelle de création d'habits d'apparats uniques. Il arrive souvent à Farouk, en homme de métier racé, d'appuyer ses coudes sur le bureau et de prendre sa tête entre ses mains. On le voyant dans cette position, beaucoup de ses collègues disaient qu'il était à court d'inspiration, ce qui le rendait oisif. Mais ce qu'ils ne savaient pas, et qu'ils découvriront par la suite, c'est que sa douce oisiveté est un travail intellectuel par lequel il est sans cesse à la recherche d'idées jusqu'à ce qu'il trouve celle qui correspond le mieux à son projet, tenir en main le plan d'un rare spécimen de l'art de la haute couture.
Un mois après son embauche, il conçoit trois modèles homme, femme à présenter éventuellement au prochain défilé de la marque. Il ne lui reste qu'à les soumettre à Nino Valentini pour recevoir son aval et lancer la fabrication pour habiller les mannequins. Il se rend au bureau du chef. Il frappe à la porte et entre, tenant à la main son sésame. Le génie créateur de Farouk a prévalu sur tous les autres. Le réputé couturier est ébouriffé.
Il se lève d'un bon et crie : «Eurêka !» Il demande à sa secrétaire de convoquer le personnel technique pour une réunion à 17h précises.
A l'heure indiquée, pas une minute de retard, les responsables des dix métiers de la haute couture sont réunis sous la présidence du premier dirigeant. Il remet à chacun un exemplaire du dessin et exige d'eux d'apporter si nécessaire des réserves sur les modèles homme et femme conçus par Farouk. Pendant plus d'une demi-heure, les dix ténors de la mode dont quelques-uns parmi eux, munis d'une loupe grossissante, essayent de trouver une quelconque anomalie. En vain. Tout est parfait. Le modèle conçu est unique en son genre. Une mode des années folles remise au goût du jour.
Le talent de Farouk est applaudi à l'unisson. A la fin de la réunion qui dura trois heures, le patron donna le ton pour mobiliser l'ensemble du staff technique à la tâche. Les modèles à présenter au défilé qui approche seront terminés dans un délai de six jours.
Toutes les icônes de la mode, du monde du showbiz, de la musique et de la chanson, les journalistes et photographes de mode, la télévision sont présents au défilé du printemps-été 1977.
L'assistance est nombreuse, Farouk a le trac. Nino Valentini, accompagné de son designer fétiche, présente devant le public sa nouvelle collection. Les mannequins femmes ne tardent pas à faire leur apparition. Elles montent sur le podium.
Ensuite vient le tour des mannequins hommes. La coupe et le style des costumes, manteaux, blazers et chemises, le choix et la couleur des tissus ont été le plus beau fleuron de la collection. Des ovations fusent de partout. La collection unique de Nino Valentini de l'année 1977 deviendra la charte universelle ; elle fera le tour du monde. Un sourire de Duchenne illuminait les visages de Farouk et Nino.
Pour son premier défilé, Farouk venait de damer le pion aux ténors de la haute couture, côtoiera des vedettes de cinéma, de la chanson, les princes et les princesses. Au summum de la gloire, il se séparera de son guide après de longues années de service pour créer sa propre marque à Londres. Ses anciens protecteurs, d'Alger et de Milan, ne manqueront pas de lui rendre visite à chaque fois qu'il présente une nouvelle collection. Il ne les remerciera jamais assez pour ce qu'ils ont fait pour lui.
Le pari de Phileas Fogg, le héros du roman d'aventures de Jules Verne, de faire le tour du monde en 80 jours se réalisa, celui de Farouk en revanche n'était qu'une vision chimérique, un pur fantasme. Couché sur un matelas à même le sol d'une pièce de quatre mètres-carrés aux murs peints à la chaux, il se réveille aux coups de boutoir de sa sœur qui le somme de se lever pour aller chercher le lait et le pain. Il se gratte la tête avec les deux mains et se lève d'un bond. Il venait de faire un rêve mirifique susceptible de devenir realité un jour.


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