La pr�sidence de l�Union europ�enne par le chef de l�Etat fran�ais, Nicolas Sarkozy, ne se pr�sente d�cid�ment pas sous les meilleurs auspices. C�est une v�ritable claque que vient de lui infliger l�Irlande � petit pays de 4,2 millions d�habitants, soit � peine 1% des 495 millions d�Europ�ens � en se pronon�ant dimanche � plus de 53% contre le trait� simplifi� de Lisbonne, ce trait� que Sarkozy portait aux nues et qu�il consid�rait comme son �uvre pour sauver l�Europe d�une impasse. De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed L�impasse est justement l�, et le non irlandais rend caduc ce trait�, m�me si Sarkozy et la chanceli�re allemande Ang�la Merkel se sont fendus d�une d�claration commune vendredi soir dans laquelle �ils esp�rent� que les 9 pays (sur les 27 que compte l�UE) qui n�ont pas encore ratifi� le trait� poursuivent le processus de ratification. Cela ne d�bloquera, en aucune fa�on, la crise institutionnelle dans laquelle se d�bat l�Europe depuis une dizaine d�ann�es. Il faudra bien que Sarkozy et ses partenaires europ�ens, qui se retrouveront les 19 et 20 juin en Conseil europ�en � Bruxelles, trouvent une parade. De grandes man�uvres vont donc commencer pour contourner le non irlandais. Ce sera difficile mais pourtant n�cessaire car la mise en vigueur du trait� exige qu�il soit adopt� � l�unanimit� des 27 membres pour que les nouvelles institutions commencent � fonctionner. En tant que pr�sident en juillet prochain et pour six mois de l�UE, Sarkozy devait pr�parer les premi�res r�formes institutionnelles du trait� de Lisbonne et notamment la nomination du pr�sident de l�UE et celle du nouveau haut repr�sentant des affaires �trang�res. Il avait aussi pour priorit� de sa pr�sidence europ�enne �ses� chantiers majeurs que sont la d�fense, l��nergie et le r�chauffement climatique, un pacte pour l�immigration et l�Union pour la M�diterran�e. Malgr� les d�clarations fran�aises qui tentent de minimiser l�effet du r�f�rendum, l�Irlande vient donc repousser aux calendes grecques les ambitions de Sarkozy qui, par ailleurs, continue d�essuyer des revers sur son projet m�diterran�en. Pour compliquer encore la donne, la R�publique tch�que, qui a tout fait pour repousser sa ratification du trait� que l�actuel gouvernement est loin de cautionner, a demand� que l�on arr�te le processus de ratification. Il est � craindre des r�actions en cha�ne des 9 pays n�ayant pas encore ratifi� le document et qu�elles ne viennent renforcer encore la crise ouverte. Les membres du Conseil europ�en seront, quoi qu�en disent certains d�fenseurs du trait�, dans l�impasse. �Nous sommes convaincus que les r�formes contenues dans le trait� de Lisbonne sont n�cessaires pour rendre l�Europe plus d�mocratique et plus efficace et qu�elles lui permettront de r�pondre aux d�fis auxquels sont confront�s ses citoyens� : ce sont l� les termes de la conclusion de la d�claration commune franco-allemande �voqu�e plus haut. Mais cette profession de foi ne suffit pas et c�est justement ce qu�ont voulu dire les Irlandais � l�Europe et ce qu�auraient dit certains autres pays europ�ens, si on leur avait donn� la possibilit� d�exprimer par r�f�rendum leur choix. C�est ce que disent en tous cas, aujourd�hui aussi, tous ceux, et ils sont nombreux, qui consid�rent que le �non irlandais� est un succ�s, car, disent-ils, sans charte sociale d�fendant un mod�le de redistribution et de protection des travailleurs, sans d�bats d�mocratiques et tant que l�on continuera � vouloir construire l�Europe sans les peuples europ�ens, on ne pouvait qu�aller droit au mur. A Sarkozy d�imaginer la solution � m�me d�escalader ce mur sans le fissurer. Des solutions n�ayant pas encore, jusqu�� hier, �t� sugg�r�es, l�escalade va sans doute �tre des plus compliqu�es.