Le rideau est tombé sur les demi-finales de la Coupe Arabe, et l'affiche de la finale a désormais un goût particulier : le Maroc croisera le fer avec la Jordanie. Une opposition inédite entre une puissance maghrébine, habituée des grands rendez-vous continentaux, et une nation asiatique qui écrit la plus belle page de son histoire footballistique. Une finale inattendue, mais ô combien révélatrice de la diversité et de l'imprévisibilité de cette compétition. Le Maroc, sérieux et implacable face aux Emirats arabes unis Beaucoup rêvaient d'une demi-finale explosive entre le Maroc et l'Algérie. Un derby maghrébin à haute intensité qui aurait enflammé le monde arabe. Mais le destin en a décidé autrement. Les Fennecs algériens, tenants du titre, ont été stoppés net par les Emirats arabes unis en quart de finale, au terme d'une séance de tirs au but cruelle. Ironie du sort, ces mêmes Emirats ont ensuite été balayés par les Lions de l'Atlas, sortis "par la fenêtre" sur un score sans appel de 3-0. Opposés aux Emiratis au Qatar, les hommes de Houcine Ammouta ont livré un match maîtrisé, sans éclats excessifs mais avec une efficacité redoutable. Fidèle à sa philosophie, le Maroc n'a pas cherché à séduire à tout prix, mais à assurer l'essentiel : contrôler le jeu, gérer les temps forts et frapper au moment opportun. L'ouverture du score intervient à la 28e minute. El Berkaoui, une nouvelle fois décisif, défriche les rails avant de conclure au fond des filets, au milieu des trompettes, des chants et des espoirs émiratis encore nourris par l'élimination de l'Algérie. Ce but, son troisième dans le tournoi, libère les Lions de l'Atlas mais n'entraîne pas pour autant une domination totale dans le jeu. Une longue attente, puis le coup de grâce en fin de match La seconde période est marquée par de nombreuses approximations côté marocain. Le ballon circule moins bien, le rythme retombe, et les Emirats tentent timidement de revenir dans la partie. Mais la solidité défensive marocaine et l'expérience collective font la différence. Sans forcément briller, le Maroc reste maître de son destin. Le tournant du match survient à la 80e minute. À peine entrés en jeu, Hamdallah et El Mahdioui se muent en sauveurs. Le premier sert parfaitement le second, qui crucifie Al Megebaali d'une frappe croisée du droit (83e, 2-0). Un but libérateur, encore plus porteur d'espoir que le premier, tant il vient récompenser la patience et la discipline tactique des Lions de l'Atlas. Dans le temps additionnel (90'+2), Hamdallah scelle définitivement le sort de la rencontre. Sur un centre précis de Boulacsout, il reprend le ballon et inscrit le troisième but marocain, envoyant son équipe en finale de la Coupe Arabe, 13 ans après sa dernière apparition à ce stade. Une victoire symbolique pour le football maghrébin Cette qualification marocaine marque aussi le passage, voire le relais, des grandes équipes du Maghreb dans cette édition : Algérie, Tunisie et Maroc ont chacune laissé leur empreinte, confirmant la solidité et la compétitivité du football nord-africain sur la scène arabe. Les Lions de l'Atlas, sans flamboyance excessive, ont prouvé qu'une équipe bien organisée et pragmatique peut aller loin. Ils viseront désormais une deuxième étoile jeudi prochain, avec la ferme intention d'inscrire leur nom au palmarès et de confirmer leur statut. La Jordanie, l'invité surprise qui bouscule la hiérarchie La Jordanie ! Qui l'aurait cru ? Pour la première fois de son histoire, les Al-Nashama se hissent en finale de la Coupe Arabe. Une performance historique, bâtie sur la rigueur défensive, l'abnégation et une efficacité minimale mais suffisante. Opposés à l'Arabie saoudite d'Hervé Renard lors de la deuxième demi-finale, les Jordaniens ont créé la surprise en s'imposant 1-0. Le but victorieux est l'œuvre de Nizar Mahmoud Ahmed Al Rashdan à la 66e minute de jeu. Une réalisation qui a suffi à faire basculer le destin de la rencontre. Les deux équipes ont peiné… Il faut toutefois reconnaître que cette demi-finale n'a rien eu de spectaculaire. Les deux équipes ont peiné à proposer un jeu séduisant ou innovant. Les Saoudiens auraient pu égaliser, voire prendre l'avantage, mais leur manque de réalisme et certaines décisions discutables dans le dernier geste ont éloigné les occasions de but. De leur côté, les Jordaniens sont restés fidèles à leur réserve défensive, n'osant se projeter vers l'avant qu'avec parcimonie. Le rythme est resté poussif, la créativité limitée, et cette demi-finale a globalement déçu par son niveau technique. Mais au football, seule la qualification compte, et la Jordanie a su saisir sa chance. Une finale aux allures de défi tactique La finale Maroc – Jordanie, prévue ce jeudi 18 décembre à 17h, promet un affrontement de styles. D'un côté, les Lions de l'Atlas, solides, expérimentés et sûrs de leurs forces. De l'autre, une équipe jordanienne joueuse dans l'âme mais avant tout disciplinée, prête à tenter le plus grand pari de son histoire. Les Marocains peuvent d'ores et déjà se frotter les mains si la Jordanie maintient la même stratégie ultra-prudente. Mais gare à l'excès de confiance : dans une finale, tout peut arriver. Les Al-Nashama rêvent de «crocheter» les Marocains et de prolonger leur conte de fées. Reste désormais à savoir si l'expérience et la maîtrise marocaine feront la différence, ou si la Jordanie réussira l'exploit ultime. Une chose est sûre : cette finale, Maghreb contre Asie, s'annonce riche en symboles et en enseignements pour le football arabe.