Treize ann�es apr�s sa mort, l�artiste peintre M�hamed Issiakhem a r�ussi une toile de ma�tre. Son hameau natal, comme effleur� par la virtuosit� de son pinceau, �tait color� par la venue de nombreux artistes alg�riens, une fresque d�une cinquantaine de photographes et de peintres de renom qui ont consenti � raconter leur passion d�un art o� la cr�ation esth�tique rel�ve d�une interpr�tation �sot�rique pour la foule venue nombreuse pour la circonstance. Rassembler les artistes, une volont� affich�e par ses activit�s d�alors en tant que membre fondateur de l�Unap et membre du groupe des 35, et surtout les r�concilier en allant � la rencontre de l�Alg�rie profonde, �taient la cl� de vo�te de la vie d�Issiakhem. Incontestablement, en l�espace de deux jours, son v�u a �t� concr�tis� gr�ce � la complicit� de l�APC, de ses amis, de sa famille et d�une coordination de sept associations. Le week-end dernier, la peinture �tait � l�honneur au lyc�e des Aghribs, 50 km � l�est de Tizi Ouzou, o� pendant deux journ�es la population s�est m�l�e aux nombreux �tudiants venus de diff�rentes �coles des beaux-arts, d�Oran, de Mostaganem, d�Alger et d�Azazga, mais aussi approcher des artistes dont la notori�t� d�passe nos fronti�res. D�abord pour contempler leurs diff�rentes expositions ensuite pour les �couter parler de peinture et enfin pour voir �clater leurs coups de crayon � l�int�rieur des ateliers qui leur ont �t� sp�cialement am�nag�s ou en r�alisant des fresques sur les murs de l��tablissement. Le programme, faut-il le signaler, avait d�but� dans la matin�e de jeudi par une visite de la demeure natale de l�artiste au village Taboudoucht. Actuellement en ruine, elle sera enti�rement r�nov�e pour servir de maison des artistes, selon les organisateurs. Une volont� de l�association culturelle Issiakhem et de quelques autres peintres de renom qui avaient couv� l�id�e depuis l�hommage qui lui a �t� consacr� l�ann�e derni�re. Il s�agit l� d�un autre objectif que celui de r�unir ses �uvres dispers�es � l��tranger. Un travail de sape confi� � Issiakhem Djamila, membre de la famille, qui relate que sur les 520 toiles existantes seules 220 sont connues en Alg�rie, cela d�note de l�ampleur de la t�che qui l�attend. D�cidemment, bien qu�il s�agisse des festivit�s organis�es en l�honneur du peintre Issiakhem, il est de fait qu�elles insufflent un pr�texte aux organisateurs de saluer tous les artistes, en somme c��tait aussi leur f�te. Au-del�, c��tait l�occasion d�orienter et d�initier les jeunes � un art confin� jusque-l� dans des galeries ou mus�es. Le directeur de l��cole des beaux-arts de Mostaganem, Ameur Hachem, tout en admiration devant tant de consid�ration, parle d�sormais d�une nouvelle inspiration, celle de faire d�placer l��v�nement vers l�ouest du pays sous le th�me �Ben Khedda invite Issiakhem�. Parmi les artistes, nombreux ont �t� ceux qui l�on c�toy�. Ces derniers se sont charg�s des allocutions �clairantes sur le personnage et les �uvres et sa vie. La pr�sence du po�te Ben Mohamed avait ponctu� les diff�rentes interventions par la d�clamation de nombreux po�mes de son riche r�pertoire. Yacine Dimerdji, dans une conf�rence fleuve, a parl� de l�homme, de sa vie, de ses multiples facettes et du trio Kateb- Issiakhem-Malek Haddad. Quant � Benamar Mediene, professeur en sociologie et critique d�art � Aix-en-Provence, dans son intervention, il a longtemps d�cortiqu� ses �uvres, sa mani�re de peindre, o� il rel�ve l�omnipr�sence de son combat, les traces de son pays, l�Alg�rie, et, comme il fallait s�y attendre, un soup�on de son �me. En arri�re-plan, des conf�rences-d�bats, des projections de films, des ateliers de peinture, une dizaine d�associations ont accompagn� l��v�nement par des expositions diverses, des chants, des chorales, des exhibitions d�arts martiaux et des pi�ces th��trales, ce qui a donn� une seconde coloration aux festivit�s laissant les invit�s en admiration devant un potentiel de jeunes alertes � tout ce qui les entoure : l�environnement, la sant�, l�architecture, les objets traditionnels et, bien entendu, les artistes. Signalons tout de m�me la pr�sence, en plus de la Cha�ne II, habitu�e � ce genre de couvertures, de la t�l�vision nationale. L�hommage � Issiakhem est � l�image de la grandeur du personnage et, � travers, il est question de l�artiste alg�rien en grand apparat, il n�est plus un paria. En outre, c�est aussi un exercice p�dagogique qui a permis d�appr�cier la lutte de l�homme et de r�concilier nos enfants avec l�abstrait et la recherche de la beaut�, c�est-�-dire attiser leur fibre artistique s�il est tent� de croire qu�il leur en reste des r�sidus.