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MOHAMED CHAFIK MESBAH AU SOIR D'ALG�RIE :
�Ce que je sais de Zeroual�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 01 - 2009

Suite � la publication r�cente du communiqu� de presse du pr�sident Liamine Zeroual par lequel il d�clarait ne pas �tre candidat � l��lection pr�sidentielle et renoncer m�me � toute ambition politique, le Soir d'Alg�rie a tenu � revenir sur cet �v�nement en en livrant une analyse plus approfondie. C�est l�avis d'un expert susceptible d��clairer l�opinion publique nationale sur la teneur de la d�claration publique de l'ancien chef de l'Etat aussi bien que sur sa personnalit� qui a �t� requis. Nous avons sollicit�, en effet, l�ami et le collaborateur du Soir d�Alg�rie , Mohamed Chafik Mesbah lequel, ancien officier de l'ANP, politologue et observateur avis� des r�alit�s nationales, pouvait se livrer � cette analyse d�autant qu�il a exerc� � la pr�sidence de la R�publique au moment o� M. Liamine Zeroual �tait chef de l�Etat. Pour d�crypter le communiqu� de presse du pr�sident Liamine Zeroual, Mohamed Chafik Mesbah a accept� de se soumettre, de bonne gr�ce, au feu roulant de nos questions indiquant, seulement, que le sentiment d'affection qu'il portait � l�ancien chef de l�Etat risquait d�alt�rer l�esprit critique indispensable � l�exercice. Voici, tour � tour, l��vocation du personnage de M. Liamine Zeroual et l�analyse de son dernier communiqu� de presse.
Le Soir d�Alg�rie
Le Soir d�Alg�rie : Vous avez �voqu�, dans la chronique autobiographique qui accompagne votre ouvrage � para�tre �Probl�matique Alg�rie�, votre passage au cabinet de la pr�sidence de la R�publique. Ce passage vous aura permis, sans doute, de mieux appr�cier le comportement personnel du pr�sident Liamine Zeroual ainsi que sa d�marche politique�
Mohamed Chafik Mesbah : Il faut r�tablir la v�rit�. C�est � la demande du g�n�ral Mohamed Betchine que je suis arriv� � la pr�sidence de la R�publique apr�s ma d�mission des rangs de l�ANP d�but 1997. J��tais, donc, le collaborateur direct du ministre conseiller du pr�sident de la R�publique lequel, naturellement, exer�ait sous l�autorit� du chef de l�Etat. Du fait de mon itin�raire professionnel et intellectuel, je me suis, forc�ment, int�ress� � tous les chefs militaires. Avoir �t� aussi proche du ministre conseiller m'a permis, toutefois, de disposer d'un poste d'observation privil�gi�. Il est normal, dans ce contexte, que ma connaissance du personnage de M. Liamine Zeroual se soit parfaite � la faveur de mon passage � la pr�sidence de la R�publique. Je remercie, � cet �gard, le g�n�ral Mohamed Betchine de m�avoir permis de vivre un �pisode exaltant dans ma vie, au service de mon pays et aux c�t�s d�un pr�sident fonci�rement patriote, int�gre et d�sint�ress�.
�tes-vous surpris par l�annonce faite par le pr�sident Liamine Zeroual de ne pas se pr�senter � la prochaine �lection pr�sidentielle ?
Absolument pas. Pour m�moire, le pr�sident Liamine Zeroual a, toujours, d�daign� les responsabilit�s politiques. C�est un homme moral pas un homme politique. Il raisonne en militaire qui ne con�oit de responsabilit� que sous forme de mission � ex�cuter. C�est le devoir moral qui l�interpelle, pas l�attrait de la fonction. C�est ainsi qu�au lendemain de l�interruption du processus �lectoral, en 1992, il s�est extrait de sa paisible retraite � Batna pour �tre le premier officier g�n�ral � venir se mettre � la disposition du commandement militaire � l�effet d�assumer une t�che op�rationnelle dans le dispositif qui se mettait en place pour lutter contre le terrorisme. C�est pourquoi je vois mal le pr�sident Liamine Zeroual postuler pour la magistrature supr�me. C�est, absolument, contraire � son temp�rament, je veux dire � son habitus culturel et � son mode de vie pratique. Tout homme moral qu�il est, M. Liamine Zeroual n�en est pas moins, par ailleurs, un homme pragmatique. Il ne peut ignorer que les d�s sont jet�s, le chef de l�Etat actuel devant se succ�der � luim�me pour la troisi�me fois. Nonobstant toutes les consid�rations morales, croyez-vous que le pr�sident Liamine Zeroual puisse se fourvoyer dans une �lection d�j� r�gl�e ?
La forme solennelle du dernier communiqu� de presse du pr�sident Liamine Zeroual vous para�t correspondre � la personnalit� de l�ancien chef de l�Etat ?
Parfaitement. La forme du communiqu�, solennel comme vous le soulignez, correspond � l�attention que le pr�sident Liamine Zeroual a toujours accord� � la forme. A fortiori lorsqu�il s�agit de manifestations ou de d�clarations se rapportant � des devoirs d�Etat. La m�thode de pr�sentation des id�es-force du communiqu� sous forme de paragraphes, se succ�dant de mani�re didactique et harmonieuse, refl�te cette formation militaire qu�il a toujours continu� de cultiver. Le ton apaisant choisi par le pr�sident Liamine Zeroual pour exprimer ses opinions traduit son sens de la pond�ration et son esprit de retenue. Le communiqu� de presse est sign�. Ne vous y trompez pas, cependant, derri�re ce tableau rigide qui para�t presque impersonnel, c�est une conscience troubl�e qui se d�voile.
Selon vous, le pr�sident Liamine Zeroual aurait recherch� quel objectif en proc�dant � la publication de ce communiqu� ?
Trois objectifs. Premi�rement, ne pas laisser dans l�erreur l�opinion publique nationale quant � la nature de ses intentions politiques. Il tenait, apparemment, � lever toute �quivoque sur sa d�termination de quitter la sc�ne politique. C�est l� l�expression du respect qu�il a toujours vou� au peuple alg�rien, en g�n�ral, et, � chaque citoyen, en particulier. Deuxi�mement, rappeler, m�me sous forme allusive, sa conception de l�action politique, pr�cisant que pour lui elle est subordonn�e � l�exercice effectif de la souverainet� populaire. C�est une forme courtoise mais ferme de se d�marquer de la gestion de son successeur � la t�te de l�Etat. Troisi�mement, dresser le bilan de sa gestion du pays pour faire justice des accusations d��amateurisme� ou d��ing�nuit� qui lui avaient �t� lanc�es apr�s son d�part anticip�. C�est une mani�re de solder les comptes.
Il s�agit tout de m�me d�une d�claration au contenu tr�s dense. Que peut-on en tirer comme enseignement majeur ?
L��tat d�esprit manifest� � travers cette d�claration par M. Liamine Zeroual correspond � celui qui pr�vaut chez la grande majorit� du peuple alg�rien. En ce sens, c�est, en effet, un document tr�s dense. Bien des cadres du pays et toutes les forces vives de la nation doivent s�y reconna�tre. De mani�re paradoxale, le pr�sident Liamine Zeroual �nonce ses id�esforce qui peuvent servir de r�ceptacle pour l��lite du pays et de refuge pour tous les patriotes que compte l�Alg�rie, au moment o� il proclame sa d�termination de quitter, d�finitivement, la sc�ne politique
Si vous deviez d�crire la personnalit� de M. Liamine Zeroual, vous la pr�senteriez sous quel visage ?
Il s�agit d�un homme probe, plein d�humilit� mais anim� de fortes convictions. Je puis, en effet, t�moigner du d�sint�r�t mat�riel autant que de la rigueur morale de M. Liamine Zeroual. Le d�sint�r�t mat�riel ? J�ai eu, au moins, � conna�tre d�un �pisode �loquent. Alors qu�il �tait commandant de la 3e R�gion militaire, dans les ann�es quatre-vingt, M. Liamine Zeroual avait sollicit� un cr�dit personnel aupr�s du ministre de la D�fense nationale pour un montant, si ma m�moire ne m�abuse, de 450 000 DA au motif d�achever la construction de son habitation � Batna. J��tais, alors, un jeune officier incr�dule. J�avais d�cel� l� ni plus ni moins qu�un canular. Les recoupements que j�ai pu effectuer aupr�s de compagnons r�sidant dans la capitale des Aur�s ont vite fait de me d�tromper. Pas une pierre, pas un sac de ciment, pas un v�hicule de transport n�avait franchi l�enceinte de l�habitation en construction de M. Liamine Zeroual � Batna sans qu�il se soit acquitt� du prix sur ses propres deniers. Au moment, d�ailleurs, o� il quittait ses fonctions de chef de l�Etat, trois responsables importants dans le pays, le ministre conseiller � la pr�sidence, le chef d��tat-major de l�ANP et le chef du d�partement du renseignement et de la s�curit� ont, vainement, tent� de le convaincre d�accepter la r�trocession � son profit de la r�sidence officielle o� il demeurait, chemin Cheikh-Bachir El-Ibrahimi, � El-Biar.
Et son style de commandement ?
Ne nous arr�tons pas � sa carri�re militaire. C�est dans l�exercice de ses responsabilit�s politiques qu�il faut examiner son style de commandement comme vous dites. Il se faisait un point d�honneur � consulter, syst�matiquement, ses proches collaborateurs autant que les responsables des diff�rentes institutions nationales. Il ne prenait de d�cision, surtout si elle �tait de niveau strat�gique, que sur la base d�une �valuation m�thodique, aussi large que possible. Sur les questions techniques qu�il ne pouvait maitriser, il n��prouvait aucune g�ne � requ�rir l�avis de plus ample inform�. Il n�h�sitait pas � se surpasser en mettant un point d�honneur � accorder, comme pour les grands partis, une attention toute scrupuleuse aux propos parfois longs, �puisants et, souvent, futiles des dirigeants de certaines formations politiques qui, pour �tre agr��es, �taient loin de disposer d�une r�elle repr�sentativit�.
Le bilan dress� par le pr�sident Liamine Zeroual de son passage � la t�te de l�Etat vous para�t correct ?
Seul un comit� d�audit peut dresser, de mani�re incontestable, ce bilan. Celui que le pr�sident Liamine Zeroual dresse reste, n�anmoins, honn�te. Des pr�cisions s�imposent, toutefois, pour certains domaines comme les questions de politique �trang�re et de d�fense nationale...
Existe-t-il une concordance entre le tableau de la situation s�curitaire que le pr�sident Liamine Zeroual dresse et l�h�ritage r�el l�gu� � son successeur ?
Il faut examiner cet h�ritage sous deux aspects distincts. Sur le plan de la neutralisation physique du terrorisme, les forces de l�ordre avaient atteint, en 1998, des r�sultats appr�ciables. Le dispositif op�rationnel mis en place fonctionnait de mani�re assez efficace. La coordination de l�action des appareils et institutions concern�s par la lutte contre le terrorisme �tait assur�e. Ce dispositif rev�tait la forme d�une instance de coordination, le CEMIS. Il avait pour visage la personnalit� fougueuse de l�ancien chef d��tatmajor de l�ANP. En 1998, le terrorisme, ph�nom�ne physique, �tait, ind�niablement, en phase descendante. Qu�en est-il au plan politique ? Le pr�sident Liamine Zeroual, tout en manifestant sa disponibilit� au dialogue, subordonnait l�ensemble de sa d�marche � l�imp�ratif de la restauration de l�autorit� de l�Etat elle-m�me conditionn�e par le r�tablissement de la s�curit�. Il �tablissait une distinction parfaite entre l�un et l�autre aspect de la lutte contre le terrorisme. Il �tait, certes, partisan d�une lutte implacable contre le terrorisme mais il a bien �t� le promoteur de la loi sur la Rahma. Echaud�, il a marqu� ses r�serves expresses sur la tr�ve conclue entre le commandement militaire et l�AIS. A ma connaissance, il n�a jamais embo�t� le pas, depuis, pour appuyer la politique dite de �r�conciliation nationale�, probablement en raison du danger qu�elle pouvait constituer pour les r�sultats engrang�s jusque-l�.
Vous pensez, en somme, que le pr�sident Liamine Zeroual est un �radicateur endurci ?
Ce serait une injustice que de laisser subsister ce doute. Je ne pense pas du tout que le pr�sident Liamine Zeroual ait �t� un adepte d�une conception primaire de l��radication. Vous connaissez beaucoup de g�n�raux, ministres de la D�fense nationale de surcro�t, qui se seraient rendus, de leur propre initiative et sans garantie de succ�s, � la prison militaire de Blida pour rencontrer les dirigeants du FIS emprisonn�s afin de les appeler � la raison et de trouver les termes d�un dialogue � instaurer ? Ayant eu � convoyer, en 1994, en 6e R�gion militaire, les deux dirigeants du FIS qui venaient d��tre lib�r�s, Abdelkader Boukhamkham et Ali Djeddi � lesquels devaient rendre visite aux intern�s de A�n M�guel �, j�avais not�, avec attention, la sympathie qu�ils exprimaient en faveur de M. Liamine Zeroual qu�ils cr�ditaient de conviction sinc�re pour d�nouer la crise nationale. En r�alit�, le pr�sident Liamine Zeroual, tr�s attach� � l�imp�ratif de restauration de l�autorit� de l�Etat et, d�abord, du r�tablissement de la s�curit�, n�a jamais �t� hostile, au plan du principe, au dialogue avec les dirigeants du FIS. Le reste est rapport de force entre parties en pr�sence, sans oublier la stupidit� de certaines positions politiques affich�es de part et d�autre de l��chiquier.
Le pr�sident Liamine Zeroual insiste, dans son communiqu� de presse, sur les vertus du dialogue national qui aura permis de consolider le consensus qui a �t� � la base de la d�marche de r�habilitation de l'Etat et consolidation des institutions nationales. Ce n�est pas l� une vision idyllique de la pratique d�mocratique ?
Il faut distinguer entre les intentions proclam�es et les r�sultats obtenus. Je ne doute pas de la sinc�rit� du pr�sident Liamine Zeroual lorsqu�il affirme avoir contribu� � la bonne pratique d�mocratique. Je suis plus circonspect pour ce qui concerne les r�sultats obtenus dans l�ancrage de cette pratique d�mocratique. Au cours du mandat de M. Liamine Zeroual, les imp�ratifs de la lutte contre le terrorisme et de la sauvegarde de l�Etat ainsi que des institutions nationales ont conduit � un renversement de priorit�. Le pr�sident Liamine Zeroual at- il c�d� � une �valuation incorrecte de la situation en insistant sur la dimension s�curitaire plut�t que politique de la crise ? Deux moments successifs sont perceptibles dans le cours de la d�marche de l�ancien chef de l�Etat. Ministre de la D�fense nationale et pr�sident de l�Etat, M. Liamine Zeroual d�crivait le syst�me en place comme un �syst�me corrompu �. Il sugg�rait ainsi, implicitement, qu�il fallait passer � une nouvelle phase avec un nouveau syst�me. En tant que pr�sident de la R�publique, cette fois, M. Liamine Zeroual semble s��tre focalis� beaucoup plus sur l�objectif physique de consolidation de l�Etat et des institutions nationales avec la remise � flots de l��conomie nationale. Il est clair, � cet �gard, que les institutions �lues �taient en d�ficit relatif de l�gitimit� m�me si le pr�sident Liamine Zeroual, personnellement, jouissait d�une autorit� nullement contest�e. Les crit�res de transparence n�ont, probablement, pas �t� int�gralement respect�s durant les consultations �lectorales et auparavant au cours de la d�signation des assembl�es institu�es, un moment donn�, pour tenir lieu de repr�sentation nationale. Probablement que le pr�sident Liamine Zeroual ins�rait l��pisode de son passage � la t�te de l�Etat dans une vision lointaine, pourquoi pas une perspective strat�gique ? Dans son esprit de militaire interpell� par le devoir � ce jugement n�est pas p�joratif � il �tait venu pour ex�cuter une mission pas pour s��terniser au pouvoir. Sa mission aura consist� � renflouer le navire Alg�rie pour le ramener � bon port. A charge pour ceux qui r�ceptionnent le navire de lui garantir les conditions d�une bonne navigation. M�me s�il �tait sinc�re dans ses convictions, je ne suis pas stupide, naturellement, au point d�affirmer que le pr�sident Liamine Zeroual a r�alis�, en 1999, l�alternance d�mocratique. S�il avait refus�, plus fermement, toute concession aux centres de pouvoir d�alors, il aurait r�ussi l�alternance d�mocratique. C�est au peuple souverain de d�cider du moins mauvais candidat. Se substituer � son choix, c�est commettre un d�tournement de souverainet�. Malgr� toute l�affection que je porte au pr�sident Liamine Zeroual, je continue de penser qu�il a commis une erreur strat�gique en quittant le pouvoir sans prendre de garantie s�rieuse sur la poursuite de sa d�marche de redressement national, en termes clairs en assurant les conditions d�une comp�tition �lectorale libre et transparente.
Votre jugement n�est-il pas s�v�re pour le pr�sident Liamine Zeroual ?
C�est l�affection que je porte au pr�sident Liamine Zeroual et la grande consid�ration que je lui voue qui me mettent en demeure de ne pas �tre complaisant. Je ne fais, au demeurant, qu�exprimer un point de vue intuitivement partag� par mes anciens et actuels compagnons, sinon m�me par la majorit� du peuple alg�rien.
Sur le plan du d�veloppement �conomique et social, le pr�sident Liamine Zeroual insiste sur l�int�r�t qu�il avait accord� � ce que la croissance �conomique soit li�e � la justice sociale. Pouvez-vous mieux expliquer cet int�r�t ?
Hormis l��pisode regrettable de la ponction sur les salaires, un f�cheux pr�c�dent, le pr�sident Liamine Zeroual a toujours insist� pour que le fardeau des restrictions impos�es par l��tat des recettes financi�res du pays puis par les accords sign�s avec le FMI soit, �quitablement, r�parti entre les diff�rentes couches de la soci�t�, des plus riches aux plus pauvres. L�aust�rit� dans la gestion des deniers publics �tait �galement une pr�occupation constante pour lui. Ce n�est pas mon ami Abdelmadjid Bouzidi, alors conseiller �conomique du pr�sident Liamine Zeroual, qui me d�mentira. Que de fois le pr�sident Liamine Zeroual n�a-t-il pas rejet� des programmes de d�penses publiques jug�es fastueuses et que de fois n�a-t-il pas fait preuve d�une application scolaire pour s�enqu�rir du niveau de r�serves des caisses de s�curit� sociale ? Que de fois, ne lui est-il pas arriv�, lui si pudique et si r�serv�, de prendre le t�l�phone pour admonester les responsables concern�s : �Ce n�est pas du kiwi que je veux voir dans les march�s, c�est de la semoule et de la farine !� Ce n�est pas, cependant, sous cette forme volontariste, presque candide, que se concevait et s�ex�cutait la politique �conomique du pays du temps du pr�sident Liamine Zeroual. Le chef de l�Etat arbitrant en dernier ressort, l�appareil �conomique et financier du pays �tait entre les mains de cadres rompus � l�exercice, impr�gn�s d�amour pour leur pays et parfaitement performants dans les n�gociations internationales. Ce n�est pas moi qui le dis, c�est le pr�sident Liamine Zeroual qui le rappelle dans sa d�claration.
A ce propos, c�est pour se d�marquer de son successeur � la t�te de l�Etat que le pr�sident Liamine Zeroual rend cet hommage singulier aux cadres alg�riens qui l�ont aid� � tenir � flots le navire Alg�rie en perdition ?
Ceux qui connaissent le pr�sident Liamine Zeroual pourront vous assurer que cet hommage n�est pas calcul�. Mais vous n��tes pas dans l�erreur en sugg�rant que cette �lite n�a pas re�u l�hommage qu�elle m�rite de la part de celui qui a succ�d� � l�ancien chef de l�Etat. Quoi qu�il en soit, les propos du pr�sident Liamine Zeroual sur les cadres alg�riens sont, indubitablement, le reflet d�une intime et profonde conviction.
Vous oubliez l��pisode des cadres emprisonn�s ?
�Pas de chasse aux sorci�res, pas de sanctions sans preuves pr�alables�, tel �tait le credo du pr�sident Liamine Zeroual. La v�rit� rattrapera, fatalement, ceux qui ont abus� de la confiance de l'ancien chef de l'Etat, profitant, notamment, de son inexp�rience dans la maitrise des rouages administratifs et judiciaires dans le pays.
Le pr�sident Liamine Zeroual abus� par son entourage ?
Je m�en tiens aux faits. Pour me limiter � la seule dimension �conomique du probl�me, je n�arrive toujours pas � comprendre les consid�rants de ceux qui avaient pouss�, � l��poque, au torpillage de projets pr�sidentiels �minents li�s � l�organisation de l��conomie nationale. Je veux citer la conf�rence, pourtant programm�e, des gestionnaires du secteur �conomique public, le projet de cr�ation d�un institut de conjoncture �conomique et sociale autonome et de statut scientifique ainsi, enfin, que le programme institutionnel de rencontres entre le chef de l�Etat et les chefs de structures �conomiques n�vralgiques, la Banque d�Alg�rie, Sonatrach et les Douanes nationales. Tous ces projets visaient � renforcer l'autorit� du pr�sident de la R�publique en clarifiant sa vision �conomique, en la rendant plus applicable, en la rendant consensuelle et, surtout, en ramenant vers lui les leviers de d�cision.
Au plus fort de la violence terroriste, l�Alg�rie, c�est un fait, avait �t� mise en quarantaine internationale. Comment, alors, l�ancien chef de l�Etat peut-il affirmer qu�en son temps, �l�Alg�rie avait pu faire un retour m�rit� sur la sc�ne mondiale� ?
Je vous conc�de que la p�riode n�a pas correspondu � cet aggiornamento de la doctrine diplomatique dont l�Alg�rie est en attente. Mais � l��poque, l�urgence �tait ailleurs. L�important est que la souverainet� nationale ait surv�cu. Evacuons, tout d�abord, les engagements pris par l�Alg�rie en application des accords sign�s avec le FMI ou des pr�ts accord�s par la Banque mondiale. Jamais, � ce titre-l�, la souverainet� nationale n�a �t� malmen�e. Passons aussi sur les activit�s de coop�ration avec les services de renseignement et de s�curit� �trangers pour les besoins de la lutte contre le terrorisme. Ces activit�s n�avaient jamais conduit � un d�tournement de souverainet�. Sur le plan diplomatique, l�Alg�rie �tait, en effet, mise en quarantaine. Mais, sauf mauvaise appr�ciation, le pr�sident Liamine Zeroual n�a, � aucun moment, cherch� � n�gocier, en contrepartie de concessions, l�all�gement de ce �containment� diplomatique. J�en veux pour preuve les rapports avec le Maroc et la France qui se caract�risent, toujours, par une forte dose passionnelle. Vis-�-vis du Maroc, lorsque la fiert� nationale et les int�r�ts sup�rieurs de l�Alg�rie furent affect�s, le chef de l�Etat n�a pas h�sit�, un seul instant, � proc�der � la fermeture des fronti�res terrestres, privant le voisin d�une manne financi�re et commerciale appr�ciable. S�agissant de la France, tout le peuple alg�rien se rappelle de l�incident diplomatique de New York o� le pr�sident Liamine Zeroual avait refus� de rencontrer en catimini le pr�sident Jacques Chirac. Je ne d�voile pas un secret si j�ajoute, sur le m�me registre, que le pr�sident Liamine Zeroual avait, de mani�re ferme et vigilante, instruit notre ministre des Affaires �trang�res � l�effet de ne pas se rendre en visite officielle en France, tant que, pr�alablement, le propre ministre des Affaires �trang�res fran�ais ne se soit pas d�plac� en Alg�rie de mani�re que la visite de retour ne soit dict�e par un ordre du jour pertinent et justifi�.
�voquant les circonstances de son d�part anticip� de la pr�sidence de la R�publique, M. Liamine Zeroual affirme que c'est de son plein gr� qu'il avait d�cid� d��courter son mandat pr�sidentiel. Cette version vous para�t convaincante ?
Les consid�rations que le pr�sident Liamine Zeroual avance pour expliquer son d�part de la pr�sidence de la R�publique ne sont pas fausses. Elles gagneraient, simplement, � �tre compl�t�es. Je suis enclin � penser que M. Liamine Zeroual, en temps voulu, �voquera, de mani�re plus approfondie, les circonstances exactes de son d�part. Elles peuvent avoir �t� le d�nouement d�un questionnement existentiel personnel o� le pr�sident Liamine Zeroual a choisi l�alternative de se d�mettre. Il est, en effet, si peu port� sur la compromission politicienne qui s�accompagne, fatalement, d�une perte irr�m�diable de substance morale. Je consid�re, pour ma part, que c'est sa modestie, son humilit� et sa retenue qui conduisent le pr�sident Liamine Zeroual � minimiser le climat d'hostilit� auquel il a �t�, parfois, confront� au sein m�me des rouages de l'Etat.
Le pr�sident Liamine Zeroual rencontrait de l'obstruction dans l'exercice de ses fonctions ?
La r�alit� est plus complexe. Le fonctionnement des rouages de l'Etat, relativement opaque, ne permet pas de disposer de preuves irr�fragables. Mais lorsque je me livre � une r�trospective de la p�riode, je rel�ve que, curieusement, M. Liamine Zeroual avait d�cid� d'�courter son mandat pr�sidentiel alors qu�il parvenait � consolider, non sans succ�s, le statut pr��minent de la pr�sidence de la R�publique comme centre d'impulsion et de d�cision n�vralgiques. Qu'il s'agisse d'organisation de la vie politique � d�roulement du congr�s du RND et �tablissement de relations confiantes avec le FFS � de nominations aux postes de commandement militaire � les commandements de r�gions notamment �, de d�signations aux hauts postes civils � gouverneur de la Banque d'Alg�rie en particulier, le pr�sident Liamine Zeroual, �paul� par son ministre conseiller, avait commenc� � restituer, concr�tement, � la fonction et � l�institution pr�sidentielles les leviers de commande perdus.
Certains observateurs consid�rent � ce propos, que le pr�sident Liamine Zeroual aurait frein� le processus de rajeunissement de la cha�ne de commandement militaire ?
D�j� lorsqu�il exer�ait des commandements militaires, M. Liamine Zeroual pr�nait ce rajeunissement auquel il �tait attach�. Les nombreux jeunes cadres militaires qui ont servi sous son commandement pourraient en t�moigner. Lorsqu�il a acc�d� aux fonctions de ministre de la D�fense nationale puis de pr�sident de la R�publique, il a �t� contraint, cependant, de tenir compte de l��tat des lieux ainsi que du poids de la menace terroriste. Il a �t� amen� � diff�rer, jusqu�� nouvel ordre, un processus de rajeunissement qui se serait traduit par des changements massifs dans l�encadrement de l�ANP avec le risque de perturber le dispositif de lutte contre le terrorisme. Voil� la lecture correcte des choses.
Le message que vient de publier le pr�sident Liamine Zeroual se termine par une formule sibylline. Il rappelle, en effet, que jamais il n�a cru � la notion �d'homme providentiel �. Avait-il besoin de le pr�ciser ?
Dans son communiqu� de presse, l�ancien chef de l�Etat rappelle, opportun�ment, qu�il avait accept� d�assumer les charges de chef de l�Etat, en 1994, uniquement pour permettre de d�passer une situation de blocage. Il faut le croire aussi lorsqu�il affirme avoir d�cid� d��courter son mandat pr�sidentiel, en 1998, uniquement pour favoriser l�alternance d�mocratique. Ni son temp�rament, ni ses convictions politiques ne justifieraient qu�il adh�re � cette logique. C�est au pr�texte de cette th�orie contestable de l�homme providentiel que la derni�re r�vision constitutionnelle est intervenue pour lever le verrou de la limitation des mandats pr�sidentiels et fermer les portes de l�alternance d�mocratique. De mani�re sibylline, comme vous le dites, le pr�sident Liamine Zeroual se d�marque de cette r�vision constitutionnelle. En v�rit�, �manant de la bouche du pr�sident Liamine Zeroual, le constat qu�il �met ou le v�u qu�il proclame � propos de cette notion constituent un aveu d��chec implicite sur les conditions anormales dans lesquelles s�est d�roul�e, en 1999, l�alternance dont, pour l�histoire, il porte la responsabilit�.
En d�finitive, vous consid�rez que le pr�sident Liamine Zeroual respectera son engagement de renoncer � toute ambition politique ?
Il est certain que l�app�tit du pouvoir ou l�enivrement que procurent les honneurs officiels n�exerce aucun effet sur le pr�sident Liamine Zeroual. Si vous permettez l�image, il ne doit pas lui �tre difficile de renoncer aux ambitions politiques. Je reste convaincu, n�anmoins, qu�il continuera de s�int�resser � la vie politique du pays comme pourrait le faire une conscience patriotique toujours �veill�e. Lorsque les conditions seront r�unies pour une saine comp�tition �lectorale, il appellera, vraisemblablement, le peuple alg�rien � porter son choix sur un candidat issu des nouvelles g�n�rations.
Apr�s cette longue �vocation de la personnalit� du pr�sident Liamine Zeroual, que vous inspire l��tat actuel de la conjoncture politique ?
Limitons-nous � �voquer ce puissant souffle d�espoir que le pr�sident Liamine Zeroual avait drain� avec lui en arrivant � la pr�sidence de la R�publique puis l�immense d�ception qui a r�sult� de son d�part intempestif. A chaque jour suffit sa peine�


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