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Entretien
MOHAMED MECHATI SE CONFIE AU SOIR D�ALG�RIE : �Si le peuple �tait aussi pr�t qu�en 1954��
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 05 - 2009

A 90 ans ou presque, sa lucidit� autant que son esprit de synth�se sont d�bordants. Du PPA � l�OS et du MTLD au CRUA, il conte, sans d�tour, des p�rip�ties historiques que la censure officielle a tr�s souvent d�natur�es. Sa m�sentente avec Boudiaf, qui �tait alors son chef, sa condamnation sans ambages d�un Ben Bella �avide de pouvoir�, sa grande d�ception de ce qui est advenu de sa patrie sont autant de questions qu�il aborde avec spontan�it� dans l�entretien qui suit. Mohamed Mechati, puisque c�est de lui qu�il s�agit, est membre des 21 historiques qui ont lanc� le mot d�ordre de la guerre de Lib�ration. Il se pencherait, actuellement, sur la finalisation d�un ouvrage historique intitul� Cela s�est pass� comme cela mon fils . En attendant, il a rouvert sans la moindre h�sitation son c�ur aux lecteurs du Soir.
Entretien r�alis� par Kamel Ghimouze
Le Soir d�Alg�rie : Vous avez �t� l�un des premiers � remettre en cause le nombre des historiques qui ont pris part � la r�union de Clos- Salembier. Alors c�est 21 ou 22 ?
Mohamed Mechati : L�essentiel n�est pas dans le nombre, mais il est dans la r�union en elle-m�me. Effectivement, la r�union de Clos Salembier a regroup� 21 personnes. Le chiffre de 22 provient d�une erreur d�Yves Courri�re qui a �t� le premier � �crire sur cette page de l�histoire. Une histoire romanc�e d�un reporter qui avait la confiance de l�arm�e fran�aise. Il a cit�, en effet, 22 personnes, dont Hadj Benalla qui nous a quitt�, il y a quelques jours (Allah yarahmou), lequel n�avait pas assist� � ce conclave. Depuis, cette question de 21 et /ou 22 a charri� beaucoup d�interpr�tations, dont le fait que Hadj Benalla avait �t� emp�ch� de venir en derni�re minute ou, encore, que le propri�taire de la maison de Clos Salembier fut le 22e pr�sent. N�anmoins, ce dernier faisait partie du r�seau de logistique et avait, comme ses pairs, un r�le � jouer. Un r�le qui s�est r�sum� pour la circonstance � ce qu�il offre sa maison pour abriter la r�union. Bref, il �tait � un niveau subalterne sous les ordres de Zoubir Bouadjadj qui, lui aussi atteste que ce dernier n�a pas assist� � la r�union.
Des d�cades sont pass�es depuis, que devient Mohamed Mechati ?
Il est devant vous avec le poids des ann�es en plus, et m�me � cet �ge, j�essaye de faire de mon mieux pour servir mon pays au m�me titre qu�un tas de militants de ma g�n�ration ou, encore, les plus jeunes qui ont pris la rel�ve et, � ce propos, la corporation des journalistes est parmi ceux-l�. Un m�tier aussi difficile que passionnant mais que je ne peux exercer, h�las, � mon �ge.
Il y a quelques jours, les Alg�riens comm�moraient les �v�nements tragiques du 8 Mai 1945 dont vous �tes un t�moin vivant. Quels impacts ont eu ces �v�nements sur la suite du combat que vous meniez � l��poque ?
Le 8 mai 1945� On peut dire qu�il a pr�cipit� le d�clenchement de la guerre de Lib�ration. Le peuple alg�rien n�a jamais accept� l�occupation, et cela se traduisait par des soul�vements p�riodiques, tous les 5 ou 6 ans, partout dans le pays. Finalement, le 8 Mai 1945 a �t� quelque chose de plus grand. Le mouvement des Amis du manifeste et de la libert� (AML) avait pris, � travers toute l�Alg�rie, des proportions qui faisaient peur au pouvoir colonial, lequel attendait l�occasion propice pour s�vir et il s�est saisi de cette �opportunit� pour r�primer ce mouvement comme il ne l�avait jamais fait auparavant. Pour les nationalistes de l�Etoile nord-africaine et du PPA, la situation �tait devenue intol�rable, il fallait donc passer � l�action. Nous nous sommes dits finalement, cet ennemi qui est rentr� par la force doit sortir par la force car il n�ob�it en fin de compte qu�� cette logique. Raison pour laquelle, d�ailleurs, nous avons d�cid� de constituer une force pour faire face � cet ennemi. Nous savions que nous n�avions ni canons ni avions � opposer � la puissance militaire coloniale et il nous fallait donc faire renverser ce rapport en comptant sur la force intarissable du peuple. Un peuple que nous devions seulement organiser car plus rien ne pourra l�arr�ter s�il est mature, d�cid� et organis�. Le 8 Mai 1945 a �t� donc le d�clic pour les chefs et les militants de l��poque qui ont compris qu�il fallait en finir avec cet ennemi et c�est ce qui a pouss� notre parti � constituer cette organisation sp�ciale qu�on appelle l�OS. Une organisation paramilitaire compos�e de militants inconnus de l�administration coloniale, car les politiques du MTLD, un parti du reste l�gal, �taient identifi�s par l�arm�e fran�aise et ont, pour la plupart, fait de la prison. L�OS a fonctionn� pendant plus de deux ann�es avant qu�elle ne soit d�voil�e en 1950 dans ce qu�on appelle l�affaire de T�bessa. Le parti l�a alors dissoute, mais avec l�intention de la refaire en mieux et passer de nouveau � l�action tant l�activit� politique qui a trop dur� a presque atteint ses limites avec en sus, une situation difficile pour le parti. La m�sentente de Messali El hadj avec ses compagnons allait finir par faire imploser le parti qui s��tait d�j� scind� en messalistes, centristes et autres neutralistes. Devant cette situation catastrophique, le comit� central, Lahoual Hocine en particulier, a fait appel � Mohamed Boudiaf qui �tait en France pour lui faire part de ce qui est advenu du parti par la faute de Messali El Hadj. A partir de l�, on a convenu de reprendre le mouvement et l�organisation paramilitaire en main et on a d�cid� de la cr�ation du CRUA (Comit� r�volutionnaire pour l�unit� et l�action).
Des �lites qui demandaient d�un peuple d�muni et d�sarm� de rejoindre leur cause. Etiez-vous s�rs de son adh�sion devant cette situation de d�sunion ?
Nous �tions convaincus que le peuple �tait pr�t, a contrario des chefs et dirigeants, rest�s, eux, divis�s pour des futilit�s et des consid�rations personnelles. Un parti politique doit �uvrer pour faire adh�rer le peuple � sa d�marche, or, � l��poque, le peuple en avait marre et n�attendait que la R�volution. Les gens fuyaient les militants car il y avait une r�pression terrible. Dans une situation d�attente, ils ne voulaient plus courir le risque de devenir suspects et subir les pires repr�sailles. Ils se contentaient de nous dire, quand arrivera la R�volution, nous serons pr�ts ou encore, donnez-nous des armes et nous la m�nerons cette r�volution. C�est pour cela que je dois dire que si les Alg�riens d�aujourd�hui �taient aussi pr�ts que le peuple � l��poque, nous ferons une autre r�volution. Tout s�y pr�te. C�est ce peuple qui est historique, quant � nous, nous ne sommes que des militants dont le plus jeune avait 22 ans et le plus vieux 33. Ben- M�hidi n�avait pas balanc� par hasard sa c�l�bre phrase : �Jetez la r�volution dans la rue et elle sera prise en charge par le peuple.�
Ne faudrait-il pas d�abord que la g�n�ration post-ind�pendance s�impr�gne de son histoire authentique ?
L��criture de l�histoire a �t� occult�e d�abord par le pouvoir colonial puis par les n�tres, d�s l�ind�pendance. Elle a �t� occult�e par le pouvoir ill�gitime de Ben Bella qui nous a trahi, en s�alliant avec l�arm�e des fronti�res et ensuite par Boumediene qui n�a pas un pass� de militant politique. Ils l�ont fait pour la simple raison qu�ils n�aient pas derri�re eux une histoire, un pass� ou m�me quelques ann�es de militantisme. C�est de la sorte que notre histoire a �t� �crite, d�abord par nos ennemis, car on se rend compte qu�il y a des historiens, des gens de conviction qui ont racont� notre r�sistance. Et � ce propos, s�il y a un peuple qui a r�sist� le plus face � un empire colonial, c�est bien le peuple alg�rien. En t�moignent, au risque de me r�p�ter, les soul�vements populaires p�riodiques � travers tout le territoire. Aujourd�hui, les gens ignorent dans quelles conditions vivaient les Alg�riens sous le colonialisme. Ils �taient interdits de s�jour dans leur propre pays, en r�sidence surveill�e chez eux, dans leurs propres ghettos. D�s qu�ils quittaient les quartiers arabes, ils devenaient des suspects. A Alger par exemple, les autochtones n�avaient droit de cit� qu�� l�int�rieur de La Casbah. Nous ne pouvions pas voyager � travers le pays, et c��tait d�autant plus difficile pour les militants appel�s souvent � se d�placer pour les besoins de la cause. Il fallait se d�guiser ou du moins s�habiller comme les Europ�ens.
Bien que vous soyez un membre des 21 historiques, responsable au niveau du d�partement de Constantine � l��poque, il est dit que le groupe de Constantine n�a pas �t� au rendez-vous du 1er Novembre 1954. Qu�en est-il au juste ?
Il y a eu entre nous, principalement Abderahmane Gherras et moi-m�me d�une part, et Boudiaf de l�autre, un accrochage car ce dernier pr�f�rait agir en solo. A l��poque, l�OS �tait structur�e dans les trois d�partements, � savoir Constantine, Alger, et Oran. Boudiaf, qui �tait responsable du d�partement de Constantine, avait sous ses ordres Ben M�hidi, Didouche Mourad et Abderrahmane Gherras. Ce dernier n��tait pas quelqu�un qui m�chait ses mots. Il avait toujours des questions � poser ou � �claircir. Avec lui, je me suis oppos� � Boudiaf qui �tait d�ailleurs mon chef et m�avait m�me pris sous sa coupe lorsqu�il a �t� appel� � Alger pour faire partie de l��tat-major national. Il avait sa fa�on de voir les choses alors que nous exigions que les choses doivent �tre discut�es entre des gens responsables � l��chelle nationale, entre chefs des �tats-majors des trois d�partements et non pas avec des personnes qu�il avait choisies tout seul. Il y a eu donc � cette r�union, 16 personnes du d�partement de Constantine, 4 d�Alger et une seule d�Oran. Des �l�ments subordonn�s qui ne connaissaient pas les v�ritables probl�mes et qu�il avait choisis justement, parce qu�il �tait responsable du d�partement de Constantine. Notre m�contentement apr�s cette fameuse r�union, qui est � mon sens une tromperie et une mascarade, nous a valu de ne pas �tre avertis de la date du d�clenchement de la guerre de Lib�ration sur d�cision de Boudiaf. D�ailleurs, apr�s la r�union d�Alger, lorsque nous avons senti la manipulation, nous nous sommes r�unis � Constantine et nous avons demand� � Boudiaf de se r�unir de nouveau, mais avec les gens concern�s cette fois-ci. Il n�a rien voulu savoir. Ce n�est pas seulement le groupe de Constantine qui a fait l�exception mais il n�a pas averti au niveau national. C�est pourquoi, au lendemain du 1er Novembre 1954, des personnes qui ont d�j� fait la prison ont �t� arr�t�es, tortur�es et condamn�es de nouveau. EIles n�ont, cependant, pas h�sit� un seul instant pour rejoindre les maquis d�s leur sortie de prison. J�estime que c�est une calomnie de la part de Boudiaf, une faute qui a �t� � l�origine des s�vices subis par des militants juste parce qu�ils n��taient pas inform�s.
Vous disiez que Ben Bella vous avait trahi ?
Malheureusement ! Nous �tions en prison ensemble et, � l�ind�pendance, il a chang�. Il voulait �tre chef alors que m�me ses compagnons de route n��taient pas du m�me avis que lui. Il s�est alli� alors avec l�arm�e des fronti�res, et personne ne pouvait plus rien contre lui au point que certains ont �t� emprisonn�s alors que d�autres ont carr�ment fui le pays. C�est de l� que le mal que nous vivons aujourd�hui tire son origine.
Des fellagas aux harraga ?
J�en souffre �norm�ment au m�me titre que ceux de ma g�n�ration qui ont combattu le colonialisme. Nous souffrons un peu plus que les autres parce que tout simplement nous savons comment nous sommes arriv�s � cette situation. C�est par la faute d�un pouvoir ill�gitime depuis Ben Bella � ce jour. Et ce dernier est malheureusement l�origine premi�re de ce mal, lui qui s�est permis des grossi�ret�s intol�rables � l�endroit de Ben Khedda en plein congr�s de Tripoli et bien plus, c�est lui qui nous a ramen� l�exalt� qui nous gouverne aujourd�hui.


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