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A FONDS PERDUS
Lorsque la mis�re r�ve de profit Par Ammar Belhimer [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 12 - 2009

Qui a dit que le capitalisme pouvait longuement s�accommoder de �r�gulation� ou de tout autre contre-pouvoir ? Il a fait le dos rond quelque temps apr�s la crise des subprimes, il a suppli� ses centres de commandement politique pour obtenir l�argent n�cessaire pour sauver les banques, avant de reprendre de plus belle ses mauvaises habitudes et de les afficher au grand jour, au m�pris de ses nombreuses victimes.
Profits bancaires insolents, bonus des traders, stocks options, retraites dor�es et sp�culation effr�n�e reprennent de plus belle. Le syst�me se veut plus que jamais optimal dans sa version sp�culative, pour les seuls poss�dants. Que reste-t-il de la crise et quelles le�ons en seront tir�es pour l�avenir ? Apparemment, ce ne sont pas les bonnes le�ons qui sont toujours relev�es. Le dernier rapport Perspectives �conomiques de l�OCDE (*) se veut rassurant pour l�avenir : la croissance du PIB a �t� n�gative ou catastrophique en 2009, elle sera moyenne en 2010 et repartira vers la hausse � partir de 2011. Ce faisant, l�OCDE reporte d�une ann�e les pr�visions de reprise initialement pr�vues par le FMI. Cette respectable publication constitue, de l�avis des connaisseurs, l�espace le mieux indiqu� de l�expertise bourgeoise pour la d�finition d�une strat�gie globale. En cela, elle est un bon indicateur de ce que mijotent les ma�tres du monde pour leurs sujets. L�id�e, d�apparence consensuelle, �mise par l��ditorialiste du rapport, Jorgen Elmeskov, est de �pr�parer la sortie� (sousentendu : de crise). Cette sortie de crise � moyen terme � et pas avant � est toutefois conditionn�e par de nouvelles r�ductions des d�ficits publics et une plus grande flexibilit� du march� du travail. En mati�re de d�ficits publics, l�OCDE pr�conise des dispositions qui, tout en �tant �importantes la plupart du temps et parfois radicales�, gagneraient � �tre �mises en �uvre � un rythme qui ne nuise pas � la reprise�. Doucement, mais s�rement, donc. Comment r�duire les d�ficits publics ? Plus exactement, quelles d�penses publiques sont vis�es ou concern�es ici sous le vocable de �r�formes� ? Comme si �r�former� signifie d�sormais mettre �hors d�usage� et non plus �mettre � jour� ou �rendre mieux fonctionnel�. Sont cibl�s, � ce titre, les �syst�mes de pension et de sant�, puis les imp�ts qui doivent �tre r�duits, enfin le secteur public dont il faut am�liorer l��efficience en maintenant ses r�alisations tout en r�duisant ses ressources � : toujours plus de r�sultats et de performances avec de moins en moins de moyens. Le second axe d�effort recommand� vise le march� du travail, d�j� fortement d�r�glement�, pr�caris�, � la faveur des d�mant�lements sociaux qui ont partout accompagn� les th�rapies n�olib�rales. A ce propos, ce qui est explicitement pr�conis� augure de lendemains qui d�chantent de plus en plus : �A mesure que la reprise progressera, les mesures d�urgence (r�gimes d�indemnisation du ch�mage partiel, par exemple) devront �tre progressivement supprim�es, car leur maintien affaiblirait la capacit� de production de l��conomie (�) Les dispositifs favorisant la r�duction du nombre d�heures travaill�es, qui ont �t� tr�s utiles pour amortir le ch�mage en p�riode de r�cession, doivent aussi �tre suivis de pr�s par crainte qu�ils ne se p�rennisent. Des contre-incitations suffisantes doivent �tre en place pour dissuader les employeurs et les salari�s de recourir � ce type de dispositifs en temps normal.� Voil� qui autorise plus d�un tenant de l�ordre �tabli � crier victoire. Un peu moins d�un an avant la crise, le milliardaire Warren Buffett p�rorait : �Il y a une guerre des classes (class warfare), c�est vrai, mais c�est ma classe, celle des riches, qui m�ne cette guerre, et c�est nous qui la gagnons �(**). Si, pour l�imm�diat, Warren Buffett peut se rassurer quant � l�issue, n�cessairement favorable, de cette guerre, il semble de plus en plus �vident que c�est paradoxalement aupr�s de ses adversaires, des pauvres, que le capitalisme trouve meilleur accueil ou refuge. Les classiques y voyaient de nouveaux d�bouch�s, un espace de moindre d�veloppement propice au maintien des taux de profit. L�id�e revient � la social-d�mocrate allemande Rosa Luxembourg et date d�j� du d�but du si�cle dernier. Nous sommes globalement sous le r�gime des pauvres au service du capitalisme. Si on n�a jusque-l� pas encore pens� au contraire � ou os� le faire, c�est d�sormais chose faite depuis cette semaine. �Le capitalisme au secours des pauvres�, titrait r�cemment Philippe Escande, �ditorialiste aux Echos, le quotidien parisien de l��conomie et des finances (***). �Alors qu'en France, on pr�pare d�j� en grande pompe l'enterrement du lib�ralisme, coupable de nous avoir plong�s dans une crise s�culaire, � l'autre bout de la plan�te, on compte sur lui et sur ses m�thodes pour sortir des gens de la mis�re�, souligne- t-il, inspir� par les �crits du chercheur am�ricain d'origine indienne, C. K. Prahalad, dont le titre de l�ouvrage est, de prime abord, une relecture id�ologique de ses classiques : The fortune at the bottom of the pyramid : eradicating poverty through profits - La fortune � la base de la pyramide : �radiquer la pauvret� par le profit (****). C�est en quelque sorte un replay de Marie- Antoinette : vous n�avez pas de pain pour vous nourrir, mangez des brioches ! Pour populariser le concept de �base de la pyramide� en 2004, C. K. Prahalad s�int�resse au sort des quelque 4 milliards d'individus qui vivent dans le monde avec moins de 5 dollars par jour selon la Banque mondiale. C. K. Prahalad commence son livre avec une proposition simple qui se veut r�volutionnaire : si nous cessons de penser les pauvres comme des victimes ou comme un fardeau et commen�ons � les identifier comme entrepreneurs souples et cr�atifs et comme consommateurs conscients des valeurs, un nouveau monde d'opportunit�s s'ouvrira. Prahalad sugg�re que quatre milliards de pauvres puissent �tre le moteur du prochain round du commerce global et de la prosp�rit� et peut �tre une source d'innovations. Servir les clients du bas de la pyramide exige que les grandes entreprises fonctionnent en collaboration avec des organisations de la soci�t� civile et des gouvernements locaux. En outre, le d�veloppement du march� au bas de la pyramide cr�era �galement des millions de nouveaux entrepreneurs au niveau de la base. L�approche du bas de la pyramide de Prahalad vise � reconsid�rer et � changer les convictions, suppositions, et id�ologies qui pensent les pauvres comme victimes et fardeau. Ils ne le seraient pas car ils constituent un march� viable, ils sont tr�s conscients des marques, ils sont connect�s (t�l�phones portables, TV, Internet). Et sont tr�s ouverts � la technologie de pointe. L�id�e, remise au go�t du jour, est de d�douaner le syst�me de toute responsabilit� et de d�montrer que le d�veloppement du march� et l'implication des entreprises sont bien plus efficaces pour lutter contre la pauvret�, que l�entraide ou la solidarit�, des vertus souvent traduites en termes d'assistance ou de don. Une sorte de r�chauff� d'Adam Smith, qui d�s le XVIIIe si�cle pr�conisait march�, libert� et int�r�t individuel comme moteurs du progr�s et de la cr�ation de richesses. Philippe Escande croit pouvoir d�celer deux postulats derri�re cette approche : �Le premier est �conomique. En concevant des produits adapt�s et accessibles financi�rement aux plus pauvres, les entreprises s'ouvrent un march� consid�rable tout en r�duisant l'injustice flagrante qui veut qu'aujourd'hui, les plus d�munis payent leur eau, leur cr�dit ou leur m�dicaments dix � cent fois plus cher que les riches. Le deuxi�me est moral. Transformer un assist� en consommateur, c'est lui rendre sa libert�, sa dignit� et l'estime de lui-m�me.� R�duit � ses derniers retranchements en son centre, l�Occident conc�de chez lui du collectif qu�il refuse � des milliards de personnes transform�es en consommateurs individuels. Warren Buffett a alors raison de le r�p�ter : c�est la classe des riches qui m�ne la guerre des classes et c�est elle qui gagne. Pour l�instant.
A. B.
(*) Perspectives �conomiques de l'OCDE, no 86, novembre 2009.
(**) New York Times, 26 novembre 2006.
(***) Les Echos, 2 d�cembre 2009.
(****)C. K. Prahalad, The fortune at the bottom of the pyramid : eradicating poverty through profits, �d. Wharton Publishing, 2004.


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