Le cas du grand fr�re de Nadia n�est-il pas symptomatique du sort des intellectuels et artistes indomptables exil�s, tr�s critiques vis-�-vis du pouvoir et de la pens�e ambiante au sein de la soci�t�. Nadia Mohia �tait l�invit�, mardi dernier, de la Maison de la culture pour d�battre de son livre La f�te des Kabytchousavec le public qui lui a fait honneur en remplissant la petite salle du th��tre, ce qui n�est pas fr�quent pour ce genre de manifestation culturelle. L�auteure qui devait, selon les organisateurs, pr�senter son livre ne l�a pas fait, elle a engag� directement le d�bat avec les mod�rateurs qui l�entouraient sur sc�ne, Hocine Haroun, enseignant artiste peintre et �lu FFS � l�APW, et surtout le docteur Sa�d Chemakh, linguiste enseignant au d�partement de langue et culture amazighes, l�un des rares parmi l�assistance � avoir lu le livre en question ayant par ailleurs travaill� sur l��uvre du regrett� Mohia. Ce dernier aura domin� le d�bat par ses questions sur les raisons qui ont pouss� Nadia � �crire un livre sur son fr�re, sur la langue utilis�e, sur les recherches, les traductions, l�adaptation et la personnalit� de son fr�re. A ces questions comme � celles pos�es par d�autres intervenants, les r�ponses de l�auteure ont �t� fragmentaires et ambigu�s, en tous les cas rarement satisfaisantes selon nous. La conf�renci�re avait l�air tr�s tendue, nerveuse, sollicitant souvent la bouteille d�eau devant elle, s�rement fatigu�e par la d�dicace de son livre dans la matin�e. Sa prestation � la tribune nous paraissait tr�s loin de refl�ter l�excellence de l��crit et la profondeur de l�observation et de la r�flexion que chacun peut constater dans La f�te des Kabytchous, un livre de valeur qui, au-del� des pr�textes qui ont contribu� � son �laboration, � savoir la maladie, le d�c�s et les fun�railles de Mohia, nous semble �tre une autopsie d�une famille, miroir de la soci�t� kabyle. La facilit� d��crire et la difficult� de dire observables assez souvent chez une cat�gorie de nos scientifiques et techniciens nous la retrouvons chez Nadia Mohia qui avait du mal, peut-�tre par g�ne ou r�serve, � s��tendre sur les impressions et les commentaires suscit�s par son livre. Ce n�est pas pour son plaisir ni pour celui de ses fr�res qu�elle �tale la vie familiale, elle le fait comme une m�dication � son v�cu � elle, � ceux de sa m�re et de son grand fr�re, m�me si l�on peut penser qu�il n�en ont plus besoin depuis leur mort. Le cas de son grand fr�re n�est-il pas symptomatique du sort des intellectuels tr�s critiques vis-�-vis du pouvoir et de la pens�e ambiante au sein de la soci�t�, �pris d�id�aux de libert�, de d�mocratie et de justice ? Mohand Ouyahia, c�est Kateb Yacine � l��chelle de la Kabylie et de sa culture, sur ce plan-l�, il d�passe Si Mohand Ou Mhand et Chikh Mohand Oulhocine, notamment par ses travaux en langue kabyle, inspir�s des �uvres universelles. Sans doute la conf�renci�re ne voulait rien ajouter � ce qu�elle a si bien �crit dans La f�te des Kabytchous sur la dimension de l��uvre de son fr�re, sur sa grandeur mais aussi sur ses d�fauts. Elle ne voulait pas sch�matiser son livre et d�voiler la port�e de ses observations ou la profondeur de sa r�flexion, privil�giant l�efficacit� de l��crit. B. T. Bio express Docteur en psychopathologie, psychanalyse et ethnoanthropologue, Nadia Mohia a d�j� publi� aux �ditions l�Harmattan Les th�rapies traditionnelles dans la soci�t� kabyle, Ethnologie et Psychanalyse, L�autre voie anthropologique de l�exil ; Zehra, une femme kabyle et, aux �ditions la D�couverte, L�exp�rience de terrain. Pour une approche relationnelle dans les sciences sociales.