Le président français Emmanuel Macron n'ira pas jusqu'à présenter des excuses au peuple algérien pour les atrocités commises par la France coloniale dans notre pays et il semble même avoir partagé cette vision avec le président Abdelaziz Bouteflika. Ni bloqué, ni complexé, Macron qui effectuait hier, une visite de travail et d'amitié en Algérie, refuse aujourd'hui qu'on lui pose des questions de quelqu'un qui vit dans un contexte qui n'a pas cours. Telle a d'ailleurs été sa réponse lors de la conférence de presse qu'il a tenue en fin de sa visite à l'hôtel El Aurassi. «Je n'appartiens pas à la même génération et je n'appartiens pas à la même histoire», a déclaré le président français, ajoutant avoir reconnu des choses et demandé des efforts au gouvernement algérien. En réplique à une interpellation sur le dossier de la mémoire sur lequel les Algériens l'accusent de n'avoir pas fait plus que les précédents présidents de la République française, il expliquera : «le monde que je veux construire avec le président Bouteflika, ce n'est pas ça». Et de citer les sujets abordés avec le chef de l'Etat, notamment «la jeunesse, la diaspora, les binationaux, le développement de l'activité économique et la politique de visas». Des «projets qu'on n'avait pas jusque-là», a-t-il lancé. «OK» pour la restitution des crânes Se disant «décomplexé et franc», Macron repète à qui veut bien l'entendre vouloir une relation d'égal à égal. avant d'asséner sèchement : «Ne me poser pas des questions de quelqu'un qui vit dans un contexte qui n'a plus cours». il s'agit pour lui «de repères qui bloquent les relations bilatérales» et qui «ne l'intéressent pas». Mais comme il l'a si bien expliqué dans sa déclaration préliminaire, Macron a exprimé sa volonté d'avancer dans un travail de mémoire conjoint et qu'il y est des gestes réciproques entre les deux pays notamment les deux ministères des AE et les parlementaires, pour accompagner le travail des historiens. A cet effet, et s'agissant de la demande de restitution des crânes de martyrs algériens conservés en France, il a annoncé avoir pris la décision de procéder à cette restitution, précisant que le texte de loi concernant la décision sera publié. En même temps, l'invité de l'Algérie dit avoir demandé aux autorités de notre pays de travailler à trouver les voies et moyens pour que les femmes et hommes nés en Algérie désirant revenir, puissent le faire. Une visite d'Etat en 2018 Sur son déplacement effectué au Maroc avant cette visite en Algérie après son élection, dira qu'au Royaume chérifien il avait été pour «un diner amical et personnel» qui n'a pas donné lieu à des échanges officiels avec le gouvernement. Contrairement donc à cette visite, même de courte durée en Algérie qui a un statut officiel, rappelant qu'il a rencontré le président, le Premier ministre et le président du Conseil de la nation. Plus encore, il annoncera une visite d'Etat qu'il va effectuer en 2018 en Algérie. Abordant, par ailleurs, l'épineux sujet des visas sur lequel il a eu des échanges avec le président Abdelaziz Bouteflika, Macron estime qu'on peut encore améliorer les choses, en allant vers plus de facilitations. Mais, aux jeunes qui l'avaient interpelé le matin lui réclamant des visas, il répondra que «cela n'est pas un projet d'avenir», mais plutôt «de fonder une famille, d'avoir un travail». Sur le plan économique, le président Emmanuel Macron, souhaitant un partenariat stratégique, expliquera que «le Comité intergouvernemental de haut niveau qui se tient aujourd'hui à Pari permettra d'avancer sur plusieurs projets d'investissement». Encourageant cette voie, il dit avoir proposé «la création d'un fond franco-algérien d'investissement qui permettra d'accompagner les entrepreneurs algériens investissant en France et les entrepreneurs français désireux investir en Algérie». enfin avec Bouteflika, le président français dit avoir abordé les questions régionales notamment la crise en Lybie pour laquelle il a salué «les accords constitutionnels en cours». Pour la lutte antiterroriste dans le Sahel, Macron souhaite accroitre les opérations opérationnelles, estimant que cette question «est une priorité régionale pour nos deux pays».