C'est une véritable marée humaine qui a déferlé, hier lundi, dans les rues de Béjaïa à l'appel de la CLE (Collectif local des étudiants) de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa. Près de vingt mille manifestants ont répondu, en effet, à l'appel des étudiants pour dénoncer la marginalisation de la langue tamazight. «Ma ulac tamazight ulac ulac !», «Assa azekka, tamazight tella tella !» ont été les principaux slogans scandés par les manifestants venus de tous les coins de la région. La procession, qui s'est ébranlée depuis le campus de Targa Ouzemour à dix heures, n'est arrivée à la Placette Saïd Mekbel, son point final, que vers midi. Il aura fallu, donc, pas moins de deux heures pour rallier les deux points distants de deux kilomètres seulement. Dans une prise de parole improvisée sur la placette, le collectif des étudiants par la voix d'un militant du CLE a appelé à «la généralisation de la langue tamazight partout et pour tous du préscolaire à l'université, par la mise en œuvre d'une loi organique pour la reconnaissance de cette langue officielle» comme stipulé par la Constitution. En dépit du nombre de courants traversant la coordination locale des étudiants comme le PST, et le MAK la manifestation s'est déroulée dans le calme sans qu'on ait à déplorer le moindre incident. Les préparatifs de cette imposante marche ne furent pourtant pas des plus sereins dans les campus où les débats étaient parfois houleux. Alors qu'il n'était question que de la marginalisation de tamazight, les étudiants d'obédience gauchiste ont pesé de tout leur poids pour faire admettre à leurs camarades du CLE la nécessité d'adjoindre aux mots d'ordre la dénonciation de la politique d'austérité du gouvernement ainsi que la loi de finances 2018 qui a été adoptée récemment par l'APN. C'est le refus de la promotion de tamazight dont se seraient rendus coupables les députés de la majorité, lors du vote de la loi de finances, qui a cependant donné le «feu aux poudres». Pour rappel, les lycéens de toute la wilaya n'ont pratiquement pas cessé de manifester leur réprobation de la marginalisation de la langue tamazight depuis une quinzaine de jours.