Depuis qu'il a été éjecté de son «poste» de secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem n'a été ni trop visible ni trop audible. On vient tout de même de l'apercevoir à un rassemblement de solidarité avec la Palestine, organisé à la coupole du 5-juillet, par... la wilaya d'Alger. Faut-il s'étonner qu'un politique algérien qui a été à un si haut niveau de responsabilité, tant étatique que partisane, s'efface de la vie politique aussi longtemps, alors que le pays est loin de couler des jours paisibles et prospères ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non, pour oser la réponse normande, même si elle n'est pas «dans notre culture», comme dirait un... chef de kasma. Peut-être bien que non. D'abord parce qu'on en a l'habitude, les responsables qui se planquent aussitôt débarqués de leur strapontin, nous en avons connus, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va se terminer. Ensuite parce qu'on connaît trop l'homme pour qu'il nous surprenne. On ne lui connaît ni convictions qui supposent un engagement actif dans la durée, ni coup de gueule qui suggère un courage politique à risques. Tout son parcours – il est loin d'être le seul en l'occurrence – est fait de gestion de carrière. Et Abdelaziz Belkhadem est trop malin, voire trop roublard pour ne pas savoir que les idées et les colères n'ont jamais été déterminantes dans la promotion politique dans son pays. Une énième fois, il s'est donc «mis en réserve de la république». On ne sait pas qui est l'auteur particulièrement inspiré de la «géniale» formule, mais on sait qu'elle a été adoptée par beaucoup de monde, peut-être bien avant son invention ! Cependant, on sait surtout qu'elle a encore de beaux jours devant elle et qu'elle est loin de tomber en désuétude. Peut-être bien que oui. On connaît trop l'importance des enjeux du moment, et à terme pour imaginer un «retour» aussi peu engageant. Mais ce n'est peut-être qu'un signal avant les choses sérieuses où il faudra tout de même faire et dire quelque chose. La Palestine, cause consensuelle s'il en est, offre un double avantage. Elle permet, même avec quelque dose de prétention, de se mettre au-dessus des contingences nationales. Et au-delà, réinvestir le terrain, retrouver de la visibilité, sans trop se mouiller. Il y a même une part de sincère réalisme dans l'affaire, à condition d'aller le chercher au fin fond de sa pensée : c'est peut-être la seule chose qu'il partage avec les algériens dont on sait qu'il a oublié les préoccupations de tous les jours. Même s'il n'a pas oublié, à l'occasion de sa virée à la Coupole de nous dire qu'il est toujours «présent sur la scène politique», des fois qu'on en douterait. C'est ainsi que parlent tous ceux qui se mettent «en réserve de la république», quand on les rencontre par un heureux hasard dans un rassemblement qui ne les engage en rien.