Cinq plasticiens algériens ont regroupé leurs travaux dans une exposition collective autour de la célèbre Guernica, œuvre du plus célèbre peintre espagnol, Pablo Picasso. Cette exposition, intitulée «Dialogue hispano-algérien sur le Guernica» est le fruit d'une résidence de création de deux semaines organisée par l'Institut culturel espagnol Cervantès d'Alger à l'occasion du 80e anniversaire du Guernica, et qui a rassemblé Mouna Bennamani, Djahida Houadef, Abderrahmane Aïdoud, Amor Idriss Dokman, Abderrahmane Cherif et l'artiste espagnol Julio Lozano. Une œuvre majeure qui, rappelons-le, est une des plus célèbres du peintre espagnol Pablo Picasso. Ce dernier réalisa cette huile sur toile de style cubiste entre le 1er mai et le 4 juin 1937, à Paris, en réponse à une commande du gouvernement de la république de Francisco Largo Caballero pour le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris 1937. Un symbole Cette toile monumentale est une dénonciation engagée du bombardement de la ville de Guernica (avril 1937), lors de la guerre d'Espagne, ordonné par les nationalistes espagnols et exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes. Le tableau de Picasso, qui fut exposé dans de nombreux pays entre 1937 et 1939, a joué un rôle important dans l'intense propagande suscitée par ce bombardement et par la guerre d'Espagne. Il a acquis ainsi rapidement une grande renommée et une portée politique internationale, devenant un symbole de la dénonciation de la violence franquiste et fasciste, puis de l'horreur de la guerre en général. Conservée pendant toute la dictature franquiste aux Museum of Modern Art de New-York aux Etats-Unis, à la demande de Picasso, cette œuvre a été transférée en 1981 en Espagne, où elle est conservée depuis 1992 au Musée Reina Sofia à Madrid… peut-on lire dans la présentation de cette œuvre. Inspiration Pour rester dans l'esprit de cette œuvre, dans la cadre de cette résidence de création, chaque artiste algérien a présenté sa propre version de la célèbre toile. Ainsi, le peintre Abderrahmane Aïdoud propose un grand format en acrylique sur toile mettant en scène, de manière figurative, la cruauté et la violence par une palette de couleurs très sombres dans une scène symbolisant les bourreaux par des formes animales féroces, comme dans l'univers de Picasso. Dans un travail de recherche plus poussé et plus contemporain, l'artiste Mouna Bennamani propose pour sa part un grand format fragmenté en quatre, réalisé au fusain, et qui évoque la cruauté de la guerre à travers des visages et des corps meurtris et encombrés de fumée, dans une œuvre intitulée Mîicha talba Hchicha (une vie à la recherche de végétation), déformation d'un adage algérien montrant l'impact de la guerre sur l'environnement direct de l'homme. Intitulé Dialogue avec le Guernice, le tableau de Djahida Houadef reprend la représentation cubiste des animaux matérialisant la violence et l'univers végétal et coloré qui caractérise les travaux de l'artiste dans une œuvre présentée en 16 petits formats assemblés. Pour sa part, le photographe et artiste peintre espagnol Julio Lozano expose un grand format atypique réalisé sur une plaque de métal, alliant la photographie et le dessin montrant des photos en noir et blanc de femmes criant leur détresse et d'hommes manifestant leur joie autour d'un bateau en bois échoué et détruit par une mère agitée évoquant le drame actuel du déplacement des populations fuyant la guerre. L'exposition Dialogue hispano-algérien sur le Guernica se poursuit à l'Institut Cervantès jusqu'au 25 du mois courant.