Même si la crise financière bat son plein et que les pouvoirs publics ne cessent d'appeler à diversifier l'économie nationale, les secteurs susceptibles de jouer ce rôle ont du mal à sortir la tête de l'eau, ne représentant qu'un infime taux des exportations. Tel est le tableau dressé par le gouverneur de la Banque d'Algérie qui a mis le doigt sur ce mal qui continue de sévir. Outre le gouverneur, les interventions des membres de l'APN, lors d'une séance plénière consacrée à la présentation du rapport des évolutions financières et monétaires en 2016 et en 2017 se sont articulées autour de l'impératif de trouver des alternatives à l'économie dépendante des hydrocarbures face à la baisse continue de leurs cours et son impact sur la situation financière du pays. Dans ce sens, le député Slimane Saadaoui du parti Front de libération nationale (FLN) a indiqué que le taux de croissance économique ne traduit pas forcément un développement, appelant à promouvoir le secteur agricole en tant qu'alternative stratégique. Pour sa part, et estimant que la «difficile» conjoncture économique du pays est due certes à la baisse des cours du pétrole mais aussi à «l'insuffisance de l'efficacité de la politique monétaire», le député El Houari Kessaci, du même parti, a plaidé pour des mécanismes susceptibles de drainer la liquidité monétaire en circulation sur le marché parallèle. Abondant dans le même sens, le député FLN Rahmani Khaled a appelé à «l'évaluation des orientations financières et monétaires» et au traitement de ce qu'il a qualifié de dysfonctionnements dans le système bancaire. D'autres députés de la même formation politique ont préconisé l'augmentation des intérêts bancaires en vue de favoriser l'épargne. Pour sa part, Mme Fatima Kerma, du RND a appelé à la révision du taux de change du dinar, au maintien du soutien des entreprises locales et au renforcement de la performance de la Chambre nationale du commerce. Pour sa part, le député Lakhdar Benkhellaf (Union Annahda-Adala-Bina) s'est interrogé sur l'utilité de présenter le rapport annuel de la conjoncture économique et financière après l'adoption de la loi de finances 2018. Soulignant l'augmentation des prix des produits de large consommation et l'inflation, il a critiqué «l'absence d'alternatives réelles et pratiques pour la diversification de l'économie nationale et le recours à des coupes sur les réserves de change». De son côté, le député Salah Zouiten, du même parti, a appelé à l'ouverture des bureaux de change agréés pour contrer le marché parallèle ainsi qu'à la révision de l'allocation de change. Par ailleurs, les députés du parti des Travailleurs (PT) ont demandé le bilan des crédits octroyés aux investisseurs. A ce propos, le député Djelloul Djoudi s'est interrogé sur le sort des milliers de crédits et d'avantages octroyés à «ceux qu'on appelle investisseurs», demandant un bilan sur la politique de soutien et sur la privatisation. S'exprimant sur cette question, Mohamed Loukal a fait part de «la forte baisse des réserves de change observée en 2017, laquelle a réduit la marge de résilience face aux chocs externes». Cela «rend nécessaire une consolidation des efforts pour accroître l'offre locale de marchandises afin d'assurer la soutenabilité de la balance des paiements à moyen terme et freiner l'érosion des réserves de change», a-t-il préconisé. Les réserves de change du pays ont reculé de 16,8 milliards (mds) de dollars en 2017 passant de 114,1 mds de dollars à fin 2016 à 97,3 mds de dollars à fin 2017.