Alors que l'arrêt des cours pour les classes des trois cycles scolaires est prévu pour le 15 mai prochain, les candidats au baccalauréat n'ont pas attendu cette date et ont déjà commencé à déserter les bancs des établissements. Ils préfèrent s'orienter vers les cours de soutien scolaire, payant alors en monnaie sonnante et trébuchante. En effet, les classes commencent à se vider, et dans quelques semaines, il n'en restera plus qu'une poignée d'élèves. Si le phénomène n'est pas nouveau, il n'en reste pas moins qu'il inquiète les parents d'élèves, les enseignants et les responsables des établissements scolaires. «Ce phénomène remonte en réalité à l'année 2008», nous a déclaré, hier, Messaoud Boudiba, secrétaire national à l'information et à la communication au niveau du Cnapeste. Pour M. Boudiba, «c'est depuis l'annulation de la fiche de synthèse, qui tenait compte des notes d'examen et des observations des enseignants, et qui déterminait le rachat de l'élève ou non, que l'on a constaté ce phénomène de l'absentéisme». D'ailleurs un autre facteur favorise l'absentéisme. «Le système d'évaluation est devenu obsolète, et du coup, l'élève n'accorde plus d'importance aux cours dispensés au niveau de son établissement scolaire», affirme M. Boudiba. En fait, pour notre interlocuteur, ce qui aggrave la situation, «c'est le fait que la direction et l'équipe pédagogique n'ont plus aucun pouvoir» et pour remédier à cette situation, «il faut revenir à la fiche de synthèse et revoir de fond en comble le système d'évaluation, et accorder plus d'importance aux cours et aux travaux dirigés (TD)». Les conséquences de la grève D'ailleurs, ces élèves payent les conséquences de la grève au niveau de l'université, car «l'enseignement académique, qui reste un pilier, n'a pas été suivi», conclut Boudiba. Il faut dire que les cours durant cette année scolaire ont été très perturbés, puisque plusieurs mouvements de grève ont été enregistrés, dont le dernier qui aura duré environ trois mois. A ce sujet, la ministre de l'Education nationale a affirmé récemment que la fin des cours du programme scolaire de l'année 2017/ 2018 est prévue le 15 mai prochain, excepté certains établissements qui connaissent un retard et sont tenus de poursuivre les cours, jusqu'à l'achèvement du programme scolaire. Mme Benghebrit a déclaré qu'«il n'y aura pas de retard dans les programmes scolaires, cette année, tous les cours seront dispensés», précisant que tout a été mis en œuvre pour assurer le bon déroulement des examens du 3e trimestre et ceux de fin d'année, selon le calendrier arrêté par le ministère de l'Education nationale. Les candidats au baccalauréat ne semblent pas l'entendre de cette oreille, puisqu'ils recourent aux cours de soutien pour finaliser le programme scolaire. «Il faut dire que si les candidats au baccalauréat optent pour le soutien scolaire, c'est d'abord pour compenser les trois mois d'enseignement manquants à cause de la grève», nous dira M. Fecih, professeur de soutien scolaire à El Mouradia. «Ces élèves pensent ainsi pouvoir terminer leur programme et ainsi gagner du temps», ajoutera-t-il. Augmentation de la demande de 30 à 40 % Ces dernières semaines, l'effectif des élèves poursuivant des cours de soutien a augmenté de 30 à 40 %. «La demande a augmenté. Certaines classes qui accueillaient 14 élèves sont passées à 25 élèves», selon M. Fecih, qui ajoutera qu'«il est arrivé de constater que, dans certaines classes des institutions scolaires de l'éducation nationale, l'enseignant dispensera son cours à seulement cinq élèves au lieu des 30 inscrits». Pour ce qui est des tarifs pratiqués, ces derniers ne diffèrent pas beaucoup du reste de l'année. Les prix des cours augmentent substantiellement durant le dernier mois qui précède l'examen du bac. «Les professeurs se font payer jusqu'à 5000 DA dix séances de cours de soutien, de mathématiques par exemple, et en offrent deux séances gratuites.» Cependant, dans certaines écoles de soutien scolaire, «l'élève ne peut se contenter de cours de soutien dans une seule matière, le responsable de l'établissement oblige ce dernier à prendre d'autres cours dans d'autres matières», relèvera notre interlocuteur. Les parents d'élèves, de leur côté, dénoncent le comportement des enseignants qui encouragent leurs élèves à prendre des cours de soutien pour pouvoir terminer le programme scolaire et être prêts pour l'examen du baccalauréat. Pour le président de l'Association nationale des parents d'élèves, Ahmed Khaled, «il existe un grand problème. Les enseignants ne font pas correctement leur travail et conseillent les élèves de prendre des cours auprès d'eux. «Ahmed Khaled dira qu'«on a informé à plusieurs reprises le ministère de l'Education pour qu'il dépêche des inspecteurs, mais cela n'a rien donné». En réalité, «les inspecteurs et les directeurs des établissements scolaires sont complices. Ça les arrange, ainsi en l'absence des élèves de la 3e année secondaire, les directeurs peuvent mieux maîtriser le reste des élèves des 1re et 2e années secondaires», argumentera-t-il. Pour mettre fin au phénomène d'absentéisme chez les élèves de terminale, le président de l'Association nationale des parents d'élèves suggère «la fermeture du site de l'ONEC pour que les candidats ne puissent pas retirer leur convocation, et parallèlement, les chefs d'établissement devront noter toutes les absences au cours du 3e trimestre». Reconnaissant que les parents ont leur part de responsabilité dans ce phénomène d'absentéisme, M. Khaled dira que, malgré tout, «les parents d'élèves n'ont pas d'autre choix que de recourir aux cours de soutien, vu le manque de compétences de certains enseignants». Le problème ne se poserait pas, selon M. Khaled, «si les institutions faisaient leur travail quitte à rajouter des heures de cours supplémentaires». Enfin, la ministre de l'Education, qui doit présenter de nouveau un projet pour revoir l'organisation des examens, rencontrera dans ce cadre, la semaine prochaine, les membres de l'Association nationale des parents d'élèves ainsi que ceux de la Fédération des associations des parents d'élèves (FNAP). Pour rappel, l'examen du baccalauréat 2018 aura lieu entre le 20 et 25 juin 2018, le 23 mai pour les épreuves de fin du cycle primaire et du 28 au 30 mai pour le Brevet de l'enseignement moyen (BEM). «Likoul.dz» propose des cours de soutien payants Des cours de soutien gratuits en direct pour les élèves devant passer le Brevet d'enseignement moyen (BEM) et le baccalauréat 2018 ont été lancés hier par la plate-forme de cours de soutien en ligne, «Likoul.dz». Contrairement à ce qui a été annoncé, en consultant le site web, il s'avère que la plate-forme est payante. En réalité, elle offre «la possibilité de visionner gratuitement une vidéo d'un cours de chaque niveau du programme (arabe, anglais, français, mathématiques...), et bien plus encore…», et propose deux types d'abonnements payants. Likoul.dz précise que sa plate-forme propose des cours de soutien «conformes au programme de l'Education nationale» du 1er mai au 4 juin aux élèves de classes d'examen, soit les 4e année moyenne et 3e année secondaire. Il est mentionné sur la page web que pour un abonnement individuel de 30 jours il faudra débourser 650 DA par utilisateur/par compte, est-il mentionné sur la plate-forme et pour 90 jours d'abonnement, ce sera 1500 DA par utilisateur/par compte. La deuxième offre est familiale : 500 DA pour un abonnement de 30 jours en multiutilisateurs (au moins deux comptes) et 900 DA pour un abonnement de 90 jours multiutilisateurs (au moins deux comptes). Il faut savoir que «les premiers sujets d'examen seront disponibles à partir du 27 avril et pourront être téléchargés sur Likoul.dz/Live» et les matières concernées sont les mathématiques, la physique, la chimie, les sciences naturelles, l'arabe, le français et l'anglais. «Des résolutions d'exercices, rappels, astuces et corrections des sujets d'examen seront présentés en direct (durant une heure, ndlr) par les enseignants du comité pédagogique de Likoul», souligne l'APS. Utilisant les réseaux sociaux pour toucher le plus d'élèves possible, la plate-forme Likoul.dz souligne que «grâce à des outils de communication interactifs, les candidats pourront poser leurs questions aux enseignants tout le long du live. Ces cours de soutien seront diffusés en direct sur la plateforme Likoul.dz (www.likoul.dz/live) et en simultané sur les réseaux sociaux Facebook et You tube».
