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Témoin et plus
Publié dans Le Temps d'Algérie le 20 - 02 - 2009

2009, malgré la crise économique, est une année qui commence de la plus belle des façons pour les assoiffés d'espoir que nous sommes. Ce soir un moment fort nous attend. Délicieux, émouvant et tout simplement beau à voir. Autant qu'hallucinant et invraisemblable...
En attendant, pour réchauffer mon coeur et dilater mes zygomatiques, dans ce décor hivernal de l'Amérique boréale, je m'imagine dans un de mes nombreux quartiers d'Alger de mes tripes and of my mind. Ça peut-être Carti-Helufa, comme Sustara ou encore Lusendi ou bien Buzeri'a, ou un autre. Car tous ces quartiers sont les miens.
Je revois et entends deux de mes amis d'enfance en train de gloser sur cet événement avec cet accent et cette gouaille inégalables. Esma' khuya Hasan, deux chefs d'États vont se rencontrer lyum. Wach fiha ? Normal ! Banal ? Bessah deux chefs d'États de couleur. Premièrement quelle couleur ? Ensuite, ch'kun les États ouela les Présidents qui sont de couleur ? Ce sont les présidents qui sont de couleur : noire, black, k'hal, averkan. Bof, depuis le début des années soixante, à chaque sommet de l'OUA, on ne voit que ça ; matchuf ghir huma.
Ce n'est pas en Afrique que ça se passe. Wach kayan sommet ta' la francophonie, la'chiya. Non, ça va se dérouler en Amérique du Nord. Ah, hemala fiha session ta' l'ONU. Non. Lala. Qul ba'. Aya ba'. Khlas hani qult ba'. Th'eb nzid, ana 'la balek zodiac diali bélier ascendant ma'la ba'''lich. Ha. Ha. Zid mera berk. Hah ba' ba' ba', tlata en un. Ce sont, tiens-toi bien, ched ruhek, deux chefs d'États nord-américains.
Barack Hussein Obama va rencontrer son homologue canadienne. Wachnu l'Canada ? Wa'lach l'Canada chef ta'hum mra ? Mra u aselha hiya ganit men Friqia. L'Canada djemluha hemala. An'am a chikh. L'aquba lina, khu. N'challah. Wa'lach lala.
De fait, la très honorable Michaëlle Jean est la gouverneure générale du Canada, depuis le 27 septembre 2005. Elle est née à Haïti. Elle est de complexion noire, tout comme le 44 ème président américain, qui moins d'un mois à peine après son investiture, consacre sa première visite au Canada. Pays, où il est adoré, porté aux nues tant par le peuple que par la classe politique dans son ensemble.
Quelle rencontre, mon doux Seigneur ! Merveilleux. Sublime. L'Amérique a su faire, aujourd'hui, des chefs d'États pour elle, de la race dont elle faisait, hier, ses esclaves. L'Amérique a changé. En bien. Fasse Dieu qu'elle continue, ainsi. ''God bless this America qui n'a jamais mérité autant de respect de son existence.''
C'est ce que j'ai réussi à comprendre, de ce que me disait avec la gorge nouée par l'émotion, les yeux rouges et les larmes sur les joues, un vénérable aîné, américain d'origine indo-pakistanaise, le lendemain de l'élection du premier président afro-américain des États-Unis d'Amérique. Il se considérait comme béni d'avoir vécu ces instants . Combien de générations en ont non seulement rêvé mais y ont activement oeuvré ? Corps et âme.
1949...
L'Amérique cette année là, est un peu, comme toujours, déglinguée et sonnée. Un peu comme toujours, chaque matin, elle déchante. Pour son vingtième printemps, le tout jeune chantre de la fraternité, Pete Seeger, ne veut pas recevoir de cadeaux. Il n'aime pas ça, les présents. Ce qu'il adore c'est partager et donner ce qu'il peut, à ceux qui en ont bien besoin. Aussi pour son anniversaire, à lui, ce qu'il souhaite par-dessus tout, c'est s'offrir à son valeureux peuple, pour juste aider un peu beaucoup, comme il peut.
À requinquer leur grande maison commune; à la rendre plus avenante; à y faire plus de place à la fraternité. L'Amérique de leurs coeurs et de leurs esprits a besoin de peu de choses pour cela. Wanted. Un marteau, a hammer. A bell, une cloche. Et rien qu'une chanson. Just a song!
C'est ça qu'il offrira . Il ne les a pas, pour le moment, mais, il les trouvera. Assurément.
Pas tout seul, il le sait. Mais grâce à tous ceux qui voudront l'aider à s'aider, il les aura, ils les auront. Promis. Sa parole donnée, il part aussitôt à leur recherche dans ce vaste pays qui est le sien.À chacune de ses innombrables escales, avec tous les camarades qui viennent grossir les rangs autour de lui, autour d'eux, ils chantent ensemble, chacun au rythme qu'il peut, mais tous avec la même émotion et avec la même conviction : We shall overcome some day. Un jour nous vaincrons. Un jour...
Le périple est plein d'embûches, rude et long. Très long. Mais la quête aura toujours été merveilleuse car sa seule durée témoignait que l'espérance n'avait jamais défailli. Bien-sûr, on était parfois au bord de l'assoupissement, de l'évanouissement, et très rarement, près du point de doute. Quand on en arrivait là : on est Américains n'est-ce pas ? Alors ataviquement, pour se ravigoter le moral, on allume un grand feu, pas encore tout à fait de joie. Mais, c'est tout comme. On grille des saucisses et des clopes .
On mange des hot-dogs. On trinque juste comme de raison. On gigue, et surtout, autour de Pete grattant sa guitare, on entonne invariablement : " Well we've got the hammer of justice... the bell of freedom...and the song about love between my brothers and sisters all over the land."
Oui, maintenant on les a : le marteau de la justice, la cloche de la liberté et la chanson sur l'amour entre mes frères et soeurs partout dans le pays qui est le nôtre. Ce n'est pas encore vrai.
On le sait. Mais on fait tout comme, pour le moment. Et ça repart. Plus il est chauve et plus le reste de ses cheveux blanchit, plus les jeunes sont nombreux à rejoindre la longue équipée. Aucune extinction de voix à l'horizon aussi fuyant qu'il puisse paraître. C'est juré. La route est déjà prise. On vaincra. Point de doute.
Soixante ans après. Un soir...
19 janvier 2009. Comme toujours, avec sa guitare, sa paire de jeans. Pas comme toujours, car ce soir à Washington le temps est glacial, il porte un bonnet en laine aux trois couleurs.
Comme pas toujours, il y a plus d'un demi-million de personnes de toutes les couleurs.
Mélangées à souhait et debout. Pete adore de toujours, les foules, de surcroît quand elles sont aussi vivement colorées et résolument debout.
Comme toujours, il ne peut pas ne pas être fidèle et ponctuel au rendez-vous. Mais pas comme toujours, ce soir, ça se passe au Capitole. Le frère de lutte de toutes celles et de tous ceux qui à raison sont toujours en colère, le rescapé du maccarthysme, l'indomptable rebelle, l'impénitent frondeur, l'irréductible pourfendeur de l'establishment sclérosé est au Capitole! Renversant. Surréaliste.
Inédit autant qu'inconcevable! Lui-même, quoiqu'arborant son sempiternel sourire semble un tantinet incrédule. Il se tient là, avec son coeur de couguar bien accroché et droit comme un séquoia de quatre fois vingt ans, sur l'esplanade du Capitole. Il regarde calmement autour.
Derrière lui, la statue en marbre d'un Abraham Lincoln souriant malicieusement semble lui murmurer curieusement qu'il est le bienvenu.
À sa droite, il entraperçoit une cohorte d'officiels de haut rang confortablement assis. Incroyable! L'habitué des champs de blé d'Inde et de pommes de terre, des vergers de toutes les colères, des mines enfumées, des usines surchauffées, des quais de ports en lock-out, le batailleur social et civique ne se pince pas.
Il se frotte juste les yeux, il les lève au ciel; il dédie une pensée et lance un clin d'oeil de connivence à tous ses inoubliables soeurs et frères de combat. Il regarde devant lui. Il n' hésite jamais devant une foule. Il militera ce soir en livrant à ses soeurs et ses frères, de sa voix la plus claire, le testament de leur frère, de son camarade Woody Guthrie : " This land is your land... From the Redwood Forest to the Gulfe Stream waters ''.
En même temps que la foule lui répond avec la même ferveur, '' Oui ce pays est le nôtre, de la Californie aux îles de New-York '', son oreille exercée distingue du côté droit, une voix singulière, mesurée. Il ferme les yeux. Il goûte le moment et le lieu. Il les rouvre. Le brave Bruce Springsteen, cet autre jeune camarade de la longue équipée accompagné de Tom Hanks, Denzel Washington, Stevie Wonder, Beyonce, Shakira et d'une pléiade de jeunes, dont beaucoup sont afro-américains, le rejoignent. Ils sont talentueux, beaux et ont tous l'air heureux.
Puis, en communion avec cette magnifique marée humaine ils sont tous, fiers de rendre ensemble les honneurs dûs à leur magnifique pays en libérant de leurs voix l'hymne de K. L. Bates : America the beautiful. La même voix que naguère se fait toujours entendre. Il se retourne.
Il a du mal à croire et ses yeux et ses oreilles. Celui qui fredonne, avec une bienséante dignité mais à l'unisson avec la majestueuse foule : Oui, ce pays est le nôtre, oui , l'Amérique est belle. C'est le Président élu des États-Unis d'Amérique. Wow! Et il est Afro-américain. Il est Noir. He's a Black. Wow ! 'n Wow! Il referme instinctivement les yeux. Il les rouvre aussitôt. Récurrence de la cooccurrence. Ce qu'il voit n'est plus une fiction.
Ni une dream-party collective. Il ne se frottera plus les yeux. Il ne veut plus, encore moins, les refermer. Bien au contraire. Il les ouvre grand. Il regarde vers sa droite. Il porte la main à son bonnet. Il le retire avec déférence. Il salue pour la première fois de sa vie, un Président : Le Président de son Pays, les États-Unis d'Amérique. Celui-ci tout sourire, se lève et le lui rend avec grâce et gratitude.
L'émotion est des deux côtés. Elle est de tous les côtés du monde entier. Ce soir, c'est le grand soir. Enfin, Pete est comme il ne l'a jamais été, heureux et fier d'être américain. Il ne rougira plus, plus que de raison du moins, quand il annoncera, pour de vrai cette fois, qu'il a trouvé le marteau, la cloche et surtout... la chanson sur l'amour entre ses frères et ses soeurs partout à travers son pays!
Nous sommes un, crie la foule. Enfin. Yes, we are one.

Soixante quinze jours plus tôt, la nuit
Le 04 novembre 2009. 20 heures, heure du Pacifique. C'est l'heure de Los Angeles, la cité des Anges où je me trouve; de San-Francisco, la ville éponyme du frère des humbles et des opprimés; de San-Diego du nom de l'apôtre des Justes; de Salem, la bien nommée cité de la paix et de tant d'autres belles et fières contrées de l'Ouest américain qui me rappellent mon Afrique méditerranéenne. Je suis avec ma fille de 20 ans au milieu d'amies et amis que je n'avais jamais vus avant ce début de soirée.
Dans ce salon de jeunes situé à la frontière de Hollywood ouest et de Beverly Hills, la très nombreuse assistance est certes cosmopolite et colorée mais elle est composée principalement d'Américains blancs d'origine européenne. L'ambiance est chaleureuse.
Dans les bureaux de vote de la ville, pour la dernière fois de la journée, retentit le fameux et non moins solennel ''A voté! ''
Silence. On ne vote plus. L'histoire est à l'heure des bulletins. Après ceux du vote, c'est au tour de ceux des informations. Silence. Face aux écrans géants, le souffle est coupé. Chacun se renferme dans un désert de solitude. Tout est gelé. Le temps s'écoule impitoyablement lentement. Ça y est. On proclame. Sitôt, une clameur d'une vigueur tellurique secoue les tréfonds du continent. Le vieux Nouveau Monde s'écroule. Vive le nouveau Nouveau Monde. On hurle. On pleure. On téléphone. On se tient la tête. On saute. On s'embrasse. On pleure encore. Les larmes sont de joie, de regrets, de remords.
Ce cri qui a fusé, accompagné de larmes et de sourires est une attestation confuse et ambivalente d'un décès toujours souhaité et d'une naissance longtemps espérée. Il est libérateur, car porteur d'une renaissance. Celle d'un pays o? tous ses enfants savent que maintenant, ce pays est le leur; qu'il leur appartient. À tous. On se congratule. C'est la fête.
Il est libératoire. C'est celui d'une reconnaissance. Celle d'une dette perpétuelle, imprescriptible, refoulée et foulée depuis des siècles. On ne l'oubliera jamais. Mais aucune excuse, on pardonne. Dès ce soir, c'est le Grand Pardon.
Paradoxalement jubilatoire, ce cri de vérité est immanquablement celui d'une plainte. Il est l'expression d'une viscérale douleur honteuse autant qu' affligeante, dont on réprimait sans cesse, les manifestations incontrôlables de son existence inavouée.
Mais c'est également la preuve du succès d'une thérapie curative de longue haleine contre une automutilation déshonorante et débilitante de la conscience et de la fierté de tout un peuple, d'un grand peuple dont l'aspiration fondatrice et sacrée n'est rien de moins, depuis ses fonts baptismaux, que l'universalité. Ça a été affreusement interminable.
Le melting pot, le creuset où viennent se mélanger sinon fondre les différences de tous les Américains quelles que soient leurs origines, n'est plus définitivement tout à fait, depuis des lustres, ni un mythe ni une légende. Grâce aux inlassables luttes citoyennes menées sans concession par toutes les générations depuis les vaillants et irréductibles premiers Kounta Kinté qui ont été inhumainement débarqués des vaisseaux négriers et trainés enchaînés vers les monstrueuses plantations de tabac et de coton.
Le racisme et l'ethnocentrisme consacrant l'hégémonie de la race blanche et de sa culture sont nés dans la colonie anglaise qu'étaient les États-Unis d'Amérique. La Déclaration d'Indépendance puis un peu plus tard la fameuse Constitution du nouvel État n'y ont rien changé qui n'ait été et ne soit obtenu de longue lutte, par des flots de larmes, de sueur et de sang. Cela c'est l'histoire. Et elle n'a pas toujours été glorieuse. C'est un fait tangible.
Tout aussi matériel et observable aux sens nus est le fait que les États-Unis (avec le Canada) sont devenus le peuple multiethnique par excellence et de référence. Los Angeles, New-York, San-Francisco, Chicago, Boston et toutes les autres grandes villes nord-américaines (incluant Toronto, Edmonton, Vancouver et Montréal au Canada) préfigurent dignement, dans une large proportion, le monde tel qu'il devrait respectueusement être.
Tous les êtres humains, des deux sexes, de toutes les races, de toutes les ethnies, de toutes les cultures, de toutes les confessions, de toutes les couleurs, de toutes les tailles (en hauteur et en volume), de toutes les convictions philosophiques, de toutes les orientations sexuelles, de toutes les conditions vivent et travaillent ensemble et constituent, quoi qu'on en pense et quoi qu'on en dise cette ineffable société nord américaine, riche de sa diversité.
Visitez Une, juste une seule grande ville nord américaine et vous aurez visité le monde entier. Vous y rencontrerez tous les types humains, entendrez toutes les langues et toutes les musiques, verrez tous les alphabets et toutes les écritures du monde (parfois interdites même dans leurs pays d'origine) sur les affiches et les enseignes des établissements les plus divers, visiterez tous les temples et lieux de culte de toutes les croyances, goûterez toutes les cuisines et boissons des coins les plus reculés et les plus méconnus de cette planète.
C'est en ce sens que l'on aime à dire, au risque de faire grincer des dents, que ce à quoi ressemblera peut-être le monde de demain transsude déjà des cités de l'Amérique du Nord. Bien évidemment l'Amérique n'est pas parfaite; tout n'y est pas toujours pour le mieux. Elle a ses lacunes et ses tares. Elle a ses ghettos et ses démons.
C'est indéniable. Mais la pire des inanités idéologiques serait de ne pas lui concéder son rôle spécifique et irremplaçable d'avant-garde en la matière. Même si le racisme peut se manifester insidieusement là où et quand on ne l'attend pas, toutes conditions égales par ailleurs, l'Amérique du Nord reste l'endroit au monde le moins xénophobe, qui puisse être.
Toutes ces gens, nées ici ou là, que vous aurez le plaisir d'y côtoyer, ne manqueront pas d'affirmer avec force conviction et avec une pointe d'orgueil, la même chose : qu'ils sont des citoyens américains.
N'y risquez toutefois pas d'ajouter : à part entière ? Car c'est là où siègeait le douloureux nodule. Le point de couleur. L''american dream'', le rêve américain, consistait à faire accroire que tous les citoyens américains, ou mieux encore tous les résidents américains, quelles que fussent leurs origines, avaient tous les mêmes chances de réussite dans tous les domaines, avaient tous les mêmes droits reconnus.
Ô mythe. Ô utopie
Jusqu'à, il y a à peine quelques minutes, le rêve américain conservait jalousement sa pleine virtualité et sa virginité mythique. Non, malheureusement, tout n'était pas possible dès lors qu'on était Américain. On avait beau le claironner, rien n'y avait encore fait; cela demeurait un voeu pieux, un slogan aussi résonnant que creux.
Dans certains États du sud des États-Unis d'Amérique la superpuissance scientifique et technologique du 21ème siècle, l'enseignement darwinien reste honteusement banni de certaines écoles, car il contredit tout bonnement, entre autres par ses corollaires la soi-disant suprématie de droit divin de la race blanche d'origine européenne.
Il faut continuer, vaille que vaille à justifier les nouvelles et pernicieuses formes de racisme à l'encontre des non-blancs. Quand on avait la peau un peu plus pigmentée, tout n'était pas permis, plein de portes restaient fermées, nombre de choses demeuraient impossibles. On ne naissait pas égaux.
Naître afro ou latino ou sino-américain ou amérindien, n'ouvrait pas droit à tous les cadeaux, à toutes les gratifications, à tous les privilèges promis, il y a encore très peu de temps avant ce soir, exclusivement à la descendance des visages pâles. Loin s'en fallait. N'en déplaise à ses zélés thuriféraires, l'Amérique avec toute sa grandeur c'était tristement cela : le melting pot sans l'american dream. Cela empestait encore la vieille Amérique, celle de la fission.
Up to date. Jusqu'à ce jour
Ce quatrième du onzième mois béni qu'est novembre de tous les saints, le ''rêve américain'' s'est dûment métamorphosé en ''rêve du melting pot américain''. Il est ipso facto devenu enfin réalité. L'Amérique n'a plus besoin de rêver. Exit, the american dream. La nouvelle Amérique vient de voir le jour : celle de l'égalité des chances, celle de l'unité, celle de la fusion. La voie vers l'universalité est dorénavant ouverte.
De la voix unifiée et digne, à laquelle elle aspire en toute légitimité, elle peut scander en toute crédibilité : Yes we can. À cette Amérique là, les jeunes et les moins jeunes des cinq continents répondent solidairement : Oui, à l'impossible nous sommes tous tenus. Ou comme on dit si bien, chez-nous en Afrique du Nord : Li makanet'ch nkewnuha. An'am ya khu.
Montréal, le 18 février 2009.


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