L' incendie qui a eu lieu dimanche après-midi, dans un dépôt de Baghdad où étaient entreposés des bulletins de vote du scrutin législatif du 12 mai, alors que les autorités irakiennes s'apprêtaient à procéder au recomptage manuel des suffrages, en raison de soupçons de fraudes massives, discrédite les élections législatives dans ce pays. Les urnes de la circonscription de l'est de Baghdad, la plus importante de la capitale irakienne et du pays, ont été épargnées par l'incendie, selon le ministère de l'intérieur. Cet incident, dont l'origine reste inconnue, est le dernier rebondissement d'un processus électoral qui menace à tout moment de dérailler. Le premier ministre d'Irak a reconnu que l'incendie a été provoqué pour que le recomptage n'ait pas eu lieu. Le scrutin du 12 mai, marqué par un taux d'abstention record de 55% est au cœur d'un feuilleton politique et judiciaire. La coalition du premier ministre, Haïder Al-Abadi, n'est arrivée que troisième, derrière celle du chef chiite Moqtada Al-Sadr et des listes chiites d'Al-Fatih. Alors que les vainqueurs ont entamé les négociations pour former une coalition gouvernementale, des responsables politiques réclament son annulation. Ils invoquent des fraudes massives, l'absence d'indépendance de la Haute Commission électorale indépendante (HCEI) et le manque de fiabilité des machines à voter électroniques. Le Parlement parvenaît, après plusieurs tentatives infructueuses, à adopter une loi qui prévoit un recomptage manuel des bulletins de vote, l'annulation du vote des expatriés et des déplacés, sur lequel portent la plupart des soupçons, et le remplacement de la direction de la HCEI par neuf juges. Alors que le Conseil judiciaire suprême a nommé dimanche les juges chargés de superviser le recomptage, les membres de la HCEI ont dit leur intention de contester la loi devant la Cour suprême. L'incendie qui a ravagé à Baghdad un dépôt où se trouvaient des bulletins de vote des législatives du 12 mai 2018 est d'origine criminelle, a affirmé, lundi 12 juin, le ministre irakien de l'Intérieur, Qassem al-Araji. Peu après que le Conseil supérieur de la magistrature irakien a annoncé la nomination de neuf juges pour superviser le décompte et remplacer les membres de la commission électorale, un incendie s'est déclaré dans des entrepôts du ministère du Commerce à Baghdad. Les urnes de la circonscription d'al-Roussafa, dans l'est de la capitale, y étaient entreposées. C'est dans celle-ci, la plus grande d'Irak, qu'ont voté 60% des deux millions d'électeurs de la capitale. «Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un acte délibéré et je suis personnellement l'enquête avec la police criminelle et la commission d'enquête chargée de ce cas», a déclaré Qassem al-Araji, le ministre irakien de l'Intérieur. Le scrutin de mai, qui devait permettre à l'Irak de tourner la page après trois années de combats contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), s'est transformé en feuilleton judiciaire et politique à rebondissements, augmentant le scepticisme de la population sur la transparence du scrutin. Les tractations gouvernementales ont débuté entre les vainqueurs, le leader nationaliste Moqtada Sadr en tête, et les tentatives de faire annuler le vote n'ont pas cessé. Après plusieurs sessions sans quorum, le Parlement est finalement parvenu mercredi à obtenir qu'un nouveau décompte, manuel cette fois, ait lieu. La commission électorale a, elle, été limogée et des dispositions ont été prises pour entamer le décompte que le gouvernement veut lancer au plus vite. L'Irak mène une lutte contre les terroristes de Daech qui ont occupé nombre de provinces de ce pays.