La commune de Ath-Yenni, située à 45 km au sud-est de la wilaya de Tizi-Ouzou, vit ces jours-ci au rythme de la 15e édition de la fête du bijou dont le coup d'envoi a été donné, avant-hier, par le wali, Mohamed Bouderbali qui «était accompagné du président de l'Assemblée populaire de wilaya, Youcef Aouchiche et d'une forte délégation de l'exécutif local». A cette occasion, le wali s'est montré prédisposé d'organiser des salons itinérants de la bijouterie à travers le pays, notamment au niveau des grandes wilayas du pays afin de permettre la création des espaces de vente aux artisans-bijouterie pour écouler leur produit tout au long de l'année. Placée sous le thème : «Bijou d'Ath-Yenni : Un patrimoine national à travers les âges», cette 15e édition était une occasion pour exposer, une énième fois, les problèmes sempiternels auxquels font face les artisans-bijoutiers, notamment l'inexistence de la matière première (argent et le corail) sur le marché légal et les difficultés rencontrées sur le terrain pour l'écoulement de leur produit fini. Pour cela, le premier magistrat a promis de saisir les pouvoirs publics concernés qui ont fourni indéniablement beaucoup d'efforts pour la promotion de ce produit artisanal et le développement du bijou. «Nous sommes prêts en concertation avec les autres wilayas du pays d'organiser des expositions périodiques qui regroupera l'ensemble des artisans-bijoutiers pour la promotion de ce métier ancestral». De leur côté, les artisans-bijoutiers rencontrés devant leurs stands d'expositions n'ont pas hésité à exprimer leur inquiétude d'aller vers extinction de ce métier puisque les conditions du travail ne sont favorables pour qu'ils puissent pérenniser leur activité. Un jeune bijoutier, Y.K, nous a affirmé que la matière première que ce soit l'argent ou bien le corail sont disponibles sur le marché parallèle, ce qui les incitent à augmenter les prix du produit fini et bien sûr, ils trouvent des difficultés pour son écoulement. «Il faut savoir que l'argent est vendu à 130 000 da le kilogramme sur le marché noir, alors que son prix réel est nettement inférieur au niveau du marché légal. Idem pour le corail qui se vend entre 400 000 pour atteindre 700 000da/kg. Ce sont des prix excessifs et qui répercutent négativement sur le prix du produit fini qui est devenu inaccessible pour les familles à moyen revenu», a-t-il regretté. Avant de rajouter : «Nous sommes menacés de quitter cette activité que nous avons hérité de nos ancêtres.» Il est à préciser que le nombre d'artisans que compte la wilaya de Tizi-Ouzou est de 13 000, alors que le nombre de postes de travail créés dans l'artisanat est de 34 000 au niveau local. Par ailleurs, le premier magistrat de la wilaya a remis en relief la valeur et la touche particulière que revêt le bijou d'Ath-Yenni qui, d'après lui, se prétend d'être vendu sur le marché international. «En plus de son aspect culturel qu'il revêt, le bijou d'Ath-Yenni doit assumer un rôle économique dans la région. C'est un produit très recherché, il se prétend d'être vendu sur le marché international. Ce qui a été prouvé lors de la Foire de Dubaï où plusieurs artisans-bijoutiers ont exposé leur produit et qui a connu un réel succès», s'est-il félicité. Des commissions de labellisation… Dans le même sillage, le wali a plaidé pour la mise en place de coopératives et des associations dans la bijouterie pour permettre aux artisans-bijoutiers de s'organiser et d'avoir une force de frappe pour faire face aux problèmes qu'ils rencontrent. «Cette démarche devra assurer l'organisation de la bijouterie dans toutes ses étapes en allant de la production, la commercialisation, la distribution équitable du quota de la matière première, mais aussi de mettre en place un dispositif approprié pour l'exportation de ce bijou sur le marché international», a-t-il insisté. Pour concrétiser ce projet, Bouderbali a indiqué qu'il est nécessaire de penser à créer des labels qui seront décernés par les commissions techniques composées de maîtres artisans pour soutenir la concurrence sur le marché extérieur et de s'y imposer. En termes de chiffres, le wali a annoncé que 92 artisans ayant bénéficié des aides financières, pour un montant de 34 millions de DA et ce, dans le cadre du Fonds national de promotion de l'artisanat et de l'artisanat d'art (FNPAAT). Dans le même ordre d'idée, il a appelé les présidents des APC d'attribuer les locaux réalisés dans le cadre du programme du président de la République aux artisans pour leur permettre de confectionner leur métier dans de meilleures conditions.