Tout porte à croire que la récolte de l'olive cette année au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou connaîtra une baisse drastique comparativement à celle de la saison dernière, à s'en tenir aux prévisions de la direction de l'agriculture (DSA). En effet, cette dernière table sur une récolte qui dépasserait un peu 400 000 quintaux d'olives avec une moyenne de 14 quintaux par hectare. Pour rappel, la production totale d'olive l'année dernière avait dépassé les 13 millions de litres avec un rendement moyen de 23 litres le quintal. Le déficit est donc important puisqu'il est estimé à 5 millions de litres. A quelques jours seulement du lancement de l'opération de cueillette, il est aisé de penser que cette baisse très sensible affectera, non seulement les prix de ce produit vital, mais aussi le fonctionnement des huileries recensées au niveau de la wilaya et sont au nombre de 308 dont 170 huileries traditionnelles, 44 semi-automatiques et 94 huileries modernes. La production de l'huile d'olive escomptée pour cette saison est donc très loin de celle loin de la saison passée, considérée d'ailleurs comme l'une des meilleurs ces dix dernières années. Malgré l'excellente production de l'année dernière, les prix du litre d'huile d'olive sont restés élevés. La nouvelle baisse de la production engendrera, à coup sûr, une hausse sensible des prix en raison de la récolte qui est compromise dans les oliveraies de certaines régions, comme celles Larbaâ Nath Irathen au sud-est, à Ouaguenoun et Boudjima au nord etc. Dans ces régions, les paysans ont constaté une nette régression de la production. Certains oliviers n'ont même pas donné une graine. Les mauvaises conditions climatiques avec les importantes pluies tombées au mois de mai dernier sont pour beaucoup dans la chute de la production estiment les spécialistes de la filière. Il y a aussi un phénomène typiquement biologique qui fait que la récolte de l'olive connaît des fluctuations d'année en année car l'oliveraie de Kabylie est marquée par la fructification bisannuelle, c'est-à-dire qu'elle produit une année sur deux. Ce qui fait que les régions ou la production atteint un pic la saison passée a vu la récolte baisser sensiblement durant la saison en cours, ce qui a influé sur le rendement global de l'huile d'olive au niveau de la wilaya, ajoutent les spécialistes. La «Bactrocera oleae» a fait son «œuvre» En plus des autres aléas, cette année encore, la «Bactrocera oleae» a provoqué des ravages aux oliveraies. C'est le cas dans la région de Larbaâ Nath Irathen où les services de la DSA ont organisé il y a trois jours une rencontre avec les oléiculteurs. Cet insecte dit «La mouche de l'olive» a saccagé une importante partie de la production oléicole à travers différentes localités de la wilaya. La prolifération de cette mouche a été favorisée par les conditions climatiques caractérisées par la hausse de la température jusqu'à la fin du mois d'octobre qui correspond à la période de réceptivité de l'olive, ce qui a permis à l'insecte de compléter sa reproduction, et ce, en sachant que la mouche de l'olive hiberne sous forme de pupe dans le sol. Les femelles pondent sur un même fruit et ce dans le cas de fortes infestations associées à de faibles productions et de fruits de gros calibres. Cet insecte ravageur provoque la chute prématurée des fruits et la perte d'une partie importante de leur pulpe consommée par la larve. De surcroît, le dépôt à l'intérieur de l'olive attaquée des déchets de l'activité de ce ravageur, ainsi que la trituration de fruits contenant les larves, a pour conséquence la dépréciation de l'huile produite en lui provoquant un goût désagréable. La mouche se nourrit de la pulpe de l'olive et cause des dégâts pouvant aller jusqu'à 30% de la récolte, et cause également une altération du goût de l'huile d'olive en augmentant son taux d'acidité. Elle touche en moyenne 5% des oliviers de haute montagne et 10% des oliviers du littoral en raison du taux d'humidité très élevé au niveau de la côte. D'autres insectes qui guettent l'olivier à l'image de la teigne, le psylle, l'œil du paon, et même la tuberculose de l'olivier. Ainsi donc, et malgré la mise en place d'un programme de prévention et la pose de pièges (alimentaires, à phéromones et plaques jaunes) afin de prévenir toute prolifération de la mouche de l'olive, elle a fait son apparition et s'est propagée. Toutefois, les temps difficiles que vit la filière oléicole n'est pas seulement due aux aléas climatiques ou encore à l'apparition de maladies et les ravages des incendies qui, chaque été, détruisent des milliers d'hectares. Il y a aussi le savoir-faire en la matière qui se perd, chaque année un peu plus. L'entretien, la taille, l'élagage etc, sont autant d'éléments nécessaires pour faire vivre les oliveraies. C'est d'ailleurs dans le but de sensibiliser les producteurs notamment les plus jeunes sur la nécessité d'entretenir les oliviers que de nombreuses associations locales organisent des foires et des journées d'études pour vulgariser les techniques d'élagage, de taille et d'entretien des oliviers. La qualité de l'huile d'olive reste aussi à améliorer. Selon une étude fait par l'Université Mouloud Mammeri sur des échantillons d'huile d'olive prélevés dans plusieurs daïras de la wilaya, il s'est avéré que dans beaucoup de cas, ils présentent un fort taux d'acidité supérieur à 3 % alors que la norme internationale est de 0,8%. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, selon la même étude. On peut citer la longue durée de stockage des olives au niveau des champs et des unités de transformation (les normes requises pour l'obtention d'un produit de qualité sont de 72 heures maximum de stockage), le non-tri des olives avant la trituration, leur stockage dans des sacs en plastique, alors qu'il est toujours recommandé selon les normes du Conseil oléicole international (COI), d'utiliser des caisses afin d'éviter l'oxydation et la fermentation des olives. C'est pourquoi cette année, les services de la DSA comptent aider les oléiculteurs à acquérir des caisses afin d'éviter l'utilisation des sacs en plastique, comme il a été annoncé par ces mêmes services.
