Décédé mercredi dernier à 15h30, à l'âge de 44 ans à l'hôpital «Les Sœurs Bedj» de Chlef suite à un AVC, cheb Azzedine «chelfi» a été accompagné à sa dernière demeure, jeudi après la prière d'El Asr, en présence d'une foule nombreuse. Cheb Azeddine était de ces artistes engagés qui ne courent pas vers la célébrité, mais qui ne tiennent à dire que qu'ils pensent. A Chlef, sa ville natale où il vivait, il était devenu le porte-parole des pauvres et de ceux qui souffrent de la Hogra. «Azzedine a été admis aux services des urgences mercredi, aux environs de 11h30 suite à un malaise, sa situation s'est compliquée après quelques heures et à 15h30, il a rendu l'âme suite à un accident vasculeux-cérébral AVC», a déclaré le médecin chef de service de l'hôpital Les sœurs Bedj de Chlef. Azzedine Chelfi a été inhumé jeudi, après la prière d'al-Asr au cimetière de Chega en présence d'une foule nombreuse venue lui rendre un dernier hommage. Ses proches, ses amis et ses nombreux fans venus des quatre coins du pays, présents sur place par milliers, ont mis en exergue les qualités du défunt, notamment sa franchise et sa modestie. Abed Benaouda, de son vrai nom, Cheb Azeddine Chelfi est né en 1975 à Chlef dans le quartier de Chega. Cheb Azzedine sort son premier album intitulé «Ach dani lel Ghorba» en 1998. Chanteur engagé Il s'est inspiré des problèmes que rencontraient les émigrants clandestins à l'étranger, ce qui offrit à ce premier opus un rapide succès. Il fut emprisonné pour avoir sorti sa chanson phare «Chouf el hogra chouf» qui ne manque pas de dénoncer l'injustice causée par les autorités locales à cette époque. Il fut condamné à 12 mois ferme pour diffamation et outrage à corps constitué. Benaouda Abed compte plusieurs chansons dans son répertoire comme d'ailleurs ceux traitant les problèmes des algériens clandestins à l'étranger en commençant par la tentation. «Ach Eddani Lelghorba», «Djaya men Paris», «Ana oana brit» et «Ana nstahel» sont parmi les chansons qui traitent de sujets touchant ceux qui souffrent ici en Algérie ou ceux qui ont choisi de partir ailleurs malgré tous les risques. Le défunt a aussi chanté la femme et ses valeurs, notamment dans Karima et Chaourat Fatma. Son registre est bien varié et riche de moralités tirées de ses expériences personnelles. En 2005, dans «Chouf el hogra chouf», il s'élevait contre l'injustice à Chlef et s'en prenait à la gestion des responsables locaux dont le wali et le procureur de la République de l'époque. Cette chanson, interdite d'antenne, a valu à Cheb Azzedine la prison pour outrage. Modestie Dans sa chanson, il s'adressait au président de la République pour dénoncer certains fait «Regarde Bouteflika, ce qui se passe. Ils nous mettent les menottes, nous privent de nos enfants, nous prennent nos biens, les magistrats sont contre nous, la loi reste indifférente(…) Il y a un magistrat qui signe sans voir, regardez le trafic comme il est», dénonçait-il dans cette chanson qui n'avait pas plu aux responsables locaux à cette époque. Ses textes considérés comme osés ont été condamnés par la cour mais cela ne l'empêcha guère de continuer sa carrière. Il est aujourd'hui l'un des chanteurs les plus populaires d'Algérie. Il habite avec sa famille dans un bâtiment à la cité de Hay Zeboudj dans la ville de Chlef. Père de six enfants, très apprécié pour sa modestie, Cheb Azzedine nous a quittés à jamais.