L'institut du Monde Arabe (IMA) organise demain une rencontre autour de l'ouvrage Le trauma colonial de Karima Lazali paru aux éditions de La Découverte en septembre 2018. Ce livre de la psychanalyste Karima Lazali publie les résultats de son enquête consacrée aux conséquences de la colonisation française sur la société algérienne. Plus d'un demi-siècle après l'indépendance de l'Algérie, le trauma colonial est encore à l'œuvre… De singuliers résultats, car Karima Lazali a constaté chez ses patients des troubles dont la théorie psychanalytique rend mal compte, et que seuls les effets profonds du trauma colonial permettent de comprendre : plus d'un demi-siècle après l'indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie et en France. La psychanaliste montre ce que ces «blancs» doivent à l'extrême violence et à la durée de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n'a jamais disparu, falsification des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom… La «colonialité» fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu'à falsifier le sens de l'histoire. Et en cherchant à détruire l'univers symbolique de l' «indigène», elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : «Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne» (Mohammed Dib). La rencontre se tiendra en présence de Karima Lazali, psychologue clinicienne et psychanalyste exerçant à Paris et à Alger, l'historien spécialiste de l'Algérie Benjamin Stora et du psychiatre Mohammed Taleb. La séance sera animée par par Nadia Bey, journaliste et directrice de FÂME Radio TV.