A l'appel de la coordination des maires de Béjaïa ainsi que de nombreux acteurs de la société civile et de militants politiques, des centaines de citoyens ont organisé dimanche un grandiose rassemblement devant le tribunal de la ville d'Akbou afin d'exiger la libération des détenus arrêtés à Alger dans le sillage de la manifestation du 18e vendredi. Arborant des drapeaux berbère et national, les manifestants, en majorité des jeunes issus de toute la région d'Akbou, ont scandé des mots d'ordre en faveur de la libération des détenus. «Libérez les détenus !» n'ont cessé d'appeler les protestataires, vraisemblablement déterminés à faire pression sur la justice pour mettre en liberté les manifestants arrêtés dans la capitale le 21 juin passé. «Libérez la justice, libérez les détenus», pouvait-on lire sur une banderole accrochée sur le portail du tribunal. Tenu pour responsable de toutes les décisions de justice, le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaid Salah a été sévèrement interpellé par les manifestants. Ils ont même laissé suggérer que ce dernier, en véritable chef de la bande au pouvoir, devrait se retrouver avec ses semblables en prison. «Gaid Salah à El Harrach !», hurlaient les citoyens en colère. «Imazighen imazighen !», le slogan phare des militants berbéristes des années 1970 et 1980, a été repris en masse par la foule qui a déployé pour la circonstance un drapeau aux couleurs amazighes, le même qui a valu à des manifestants d'être poursuivis pour atteinte à l'unité nationale par le tribunal de Sidi-M'hamed. Nous avons noté la présence des familles des détenus parmi les manifestants. Deux parmi la vingtaine de détenus du 21 juin sont en effet originaires de la wilaya de Béjaïa. L'un est de Tazmalt et l'autre d'Ighzer Amokrane, deux villes limitrophes situées à quelques encablures d'Akbou. Rappelons enfin que deux actions de rue ont été organisées dans ces deux villes au lendemain de l'arrestation de ces manifestants, tandis que le soir même du vendredi 21 juin, un rassemblement a été organisé à Béjaïa à l'initiative du collectif des étudiants de l'université Abderrahmane Mira.