En sa qualité de sponsor principal du Paris Saint-Germain, l'opérateur de téléphonie mobile Ooridoo a invité 270 «privilégiés» algériens pour assister au match international amical qui a opposé à Doha le champion de France en titre aux Galactiques du Real Madrid. Notre journal était de la partie. Alger 1er janvier 2014. Il est 11h30 de ce premier jour de la nouvelle année quand une immense foule s'est formée rapidement près du point de ralliement du comptoir Qatar Airways après l'ouverture de l'opération d'enregistrement du vol de Doha. Sur les 300 passagers qui devaient rallier la capitale qatarie à bord du Boeing 777, la plupart fait partie de la délégation choisie par Ooredoo pour assister au match gala prévu le lendemain entre le PSG et le Real. Comme il est de coutume pour ce genre d'événement, les responsables du désormais ex-Nedjma ont une nouvelle fois pris l'initiative de faire appel à une frange de personnes composée de présidents de club et de fédérations, d'anciens sportifs, de journalistes, d'artistes et même de simples supporters. Malgré ce nombre important, les organisateurs du voyage ont réussi à encadrer la foule jusqu'à l'embarquement sans le moindre souci. «Ce voyage a été préparé depuis une dizaine de jours, c'est pourquoi rien n'a été laissé au hasard», nous dira Ramdane Djazaïri, le directeur adjoint chargé des relations publiques à Ooredoo. Excités à l'idée de pouvoir voir enfin évoluer de près les stars du Real Madrid et du Paris Saint-Germain, certains s'imaginaient déjà arracher un autographe ou prendre une photo souvenir avec leurs idoles. «Si j'arrive à avoir un autographe de Cristiano Ronaldo, je le mettrais dans un cadre et je le garderais jalousement dans ma chambre jusqu'à la fin de mes jours», promet Hichem, un jeune mordu du Real. Toujours est-il qu'avec un retard d'une vingtaine de minutes, l'avion a quitté le tarmac de l'aéroport international d'Alger pour ce voyage assez spécial. Prévu à 15h30, le vol en question a connu quelques problèmes techniques. Ce long courrier va durer cinq heures et demie durant lesquelles ses passagers ont trouvé plusieurs façons de tuer le temps notamment en papotant ou en regardant des films. «D'habitude, je m'ennuie rapidement dans les longs courriers, mais on a blagué avec les artistes et je n'ai pas vu le temps passer», confessait un employé de Ooridoo. Qatar ou le nouveau monde En raison des deux heures de décalage horaire, notre arrivée à Doha a eu lieu vers 23H30 locales. Visiblement, la majorité des passagers n'est pas fatiguée par ce long voyage depuis Alger. Le temps de s'acquitter rapidement des formalités d'usage, la délégation algérienne a déjà pris place dans les cinq bus loués par les organisateurs pour se rendre directement au luxueux hôtel Ritz-Carlton. Ce 5 étoiles, qui se trouve à 13 kilomètres de l'aéroport international de Doha, va l'accueillir durant trois nuitées. Mais avant d'arriver à ce bijou architectural de 23 étages, on pouvait en admirer d'autres plus beaux, notamment les gigantesques gratte-ciels et immenses centre commerciaux tous illuminés qui ornent le centre-ville et surplombent le golf persique. «Et dire qu'il y a quinze ans, ce pays n'était qu'un désert ! Mais les Qataris ont investi l'argent généré par leurs revenus en gaz pour faire de leurs pays un paradis terrestre», commente plus tard Hafid Derradji, l'ex-journaliste vedette de l'unique, installé depuis quelques années dans ce petit pays pour rejoindre ses nombreux compatriotes chez Al Jazeera sports. Après une belle grasse matinée et un déjeuner copieux, les membres de la délégation algérienne ont dû parcourir le lendemain une quarantaine de kilomètres pour se rendre, en milieu d'après-midi, au Khalifa International Stadium qui accueillait la grande affiche du jour. Cette fois, les 270 «privilégiés» de Ooredoo vont pouvoir découvrir de près les chantiers du paradis artificiel qui doit accueillir la Coupe du monde de football en 2022. Il faut dire que les Qataris mènent une véritable course contre la montre pour pouvoir achever leurs ouvrages avant les délais prévus. «Le Qatar prévoit d'investir 200 milliards de dollars pour préparer la Coupe du monde 2022, soit un montant 13 fois plus élevé que le budget, très critiqué déjà, du Brésil pour le prochain Mondial. Ils n'auront certainement aucune peine à relever ce défi», soutient un collègue de la presse écrite. Hannachi, Selmi et Ouchen ou la nostalgie des Merengues Oublions la Coupe du monde 2022 pour se consacrer au principal motif du voyage. Une fois arrivés au grand stade de Doha, un autre bijou architectural du pays de la péninsule arabique, on peut noter quelques problèmes d'ordres organisationnels à éviter surtout en Coupe du monde. En effet, en dépit du dispositif sécuritaire impressionnant qui a entouré ce match amical, certains stadiers ont failli à leur mission, notamment à l'égard des journalistes puisqu'ils étaient incapables de nous montrer la bonne porte qui donne accès à la tribune de presse. On a dû d'ailleurs poiroter durant une bonne demi-heure pour que quelqu'un vienne nous indiquer enfin le bon itinéraire. Une fois installés, on s'est rendu compte que le chiffre de mille journalistes accrédités pour ce match par les responsables de la Fédération qatarie était exagéré. Il y avait à tout casser 200 journalistes venus principalement des pays voisins ou de France. Même la presse ibérique, qui était attendue en force pour cet événement, n'était pas fortement représentée. Cela dit, pour la première fois depuis qu'il a abrité le match amical Brésil-Argentine, en 2010, le stade Khalifa s'est montré exigu pour accueillir la marée humaine venue spécialement assister au duel des titans Cristiano Ronaldo et Ibrahimovic. D'après les organisateurs, les 40 000 billets mis en vente pour ce match auraient été écoulés en quelques heures en ligne, ce qui a fait l'affaire des adeptes du marché noir. On raconte que quelqu'un aurait même cédé son ticket à 1400 dollars deux heures avant le coup d'envoi du match. Quoiqu'il en soit, la délégation algérienne avait soigneusement pris place dans les travées du magnifique stade de Doha, dont une partie dans l'espace VIP qui jouxtait la tribune de presse. Parmi les présents, trois nostalgiques du grand Real, Moh Cherif Hannachi, Djilel Selmi et Saïd Ouchen, s'apprêtaient à suivre pour la première fois de leur vie un match de leur équipe préférée en Europe. «Je supporte le Real Madrid depuis l'âge de 15 ans et j'ai pu enfin voir à partir des tribunes cette grande équipe», nous confia le boss de la JS Kabylie. L'ancienne gloire du CR Belouizdad des années 60 et 70, Selmi Djileli, partageait également la même sensation. «J'ai été profondément marqué par la génération dorée des Di Stefano, Puskas et autres Gento. Cela me rappelle le bon vieux temps», dit-il. Quant à l'ex-gardien de but du NA Hussein Dey, il a eu énormément de plaisir à admirer le talent de l'équipe de Carlos Ancelloti. «Le Real Madrid est une grande institution. Cela me fait plaisir de voir à l'œuvre cette équipe qui m'a toujours procuré du plaisir.» Une zone mixte inutile pour les journalistes Malgré l'ondée qui s'était abattue soudainement sur la pelouse du stade Khalifa quelques instants avant le coup d'envoi de la rencontre, le PSG-Real a tenu toutes ses promesses. Privé du Mondial brésilien par la faute d'un incroyable Cristiano Ronaldo lors des fameux barrages, le Suédois Zlatan Ibrahimovic n'a finalement pas pu prendre sa revanche sur le Portugais. Très discret en premier temps, ce dernier a dû céder sa place à la mi-temps puisque Carlo Ancelotti a préféré le ménager en prévision de la réception du Celta Vigo lundi prochain pour le compte de la Liga. Malgré quelques beaux gestes techniques dont lui seul à le secret, «Ibracadabra» n'a pas réussi à aider son équipe à combler son retard d'un but qu'elle a encaissé en première mi-temps par le biais du prometteur José Rodriguez. Le match s'est finalement achevé par une victoire logique du Real. Les journalistes se sont rués directement vers la zone mixte dans l'espoir de décrocher des interviews avec les stars madrilènes et parisiennes, à leur tête Cristiano et Ibra. Mais après une attente d'une heure, la déception fut grande lorsqu'on s'est rendu compte que les joueurs des deux camps n'ont pas voulu s'arrêter à la zone mixte à l'exception du géant suédois qui s'est contenté de faire une petite déclaration face aux caméras des télévisions. Quant à Cristiano Ronaldo, il a choisi de filer un bonnet noir et de se faufiler parmi ses coéquipiers jusqu'au bus qui attendait l'équipe madrilène. «Je suis déçu, je voulais au moins qu'il me signe un autographe pour mon petit frère qui est son plus grand fan», regrette un collègue. Petite consolation pour les journalistes algériens, la petite déclaration faite par le coach du PSG, Laurent Blanc, sur les chances des Verts lors du prochain Mondial. Interrogé à ce sujet, le champion du monde 1998 n'a pas voulu trop se prononcer. «Ça sera difficile pour l'Algérie de se qualifier au 2e tour, mais en football tout reste possible.» C'est ainsi que s'est achevée cette belle journée pleine de sensations fortes et qui a replongé trente-deux ans en arrière l'un des invités de marque de ce voyage, un certain Lakhdar Belloumi. «Cette fameuse rencontre m'a rappellé le match amical que nous avons livré en 1982 au stade 5-Juillet face au Real Madrid dans le cadre de la préparation du Mondial espagnol. A l'époque, l'Algérie pouvait amener chez elle les plus grandes équipes du monde. Hélas, ce n'est plus le cas aujourd'hui.»
