Aujourd'hui aussi est un grand jour. Tous les jours sont des grands jours quand une Coupe du monde est en train de se jouer. Mais les jours ne sont jamais les mêmes pour tout le monde. Il y a des jours d'horreur et d'autres de cauchemar. C'est la même chose, l'horreur et le cauchemar ? Il faudra demander aux espagnols qui sont passés de l'un à l'autre le temps de deux matches de premier tour. D'autant plus horrible et cauchemardesque qu'avant de survoler l'Amazonie, le scénario relevait d'un navet de science-fiction. Maintenant, c'est une réalité accablante pour un commando de champions du monde en désintégration organique. Il y a des jours de grâce. Costa Rica n'est pas un grand du foot mais elle s'en est payé deux. L'art, la manière et tout le reste. Il ne faut pas les avoir sur son chemin, ceux-là, quand on nourrit de grandes ambitions. Ou simplement faire durer le plaisir au pays du foot folie nationale. Il y a des jours sans pain. L'Angleterre va devoir rentrer à la maison. C'est au pays de la samba qu'a … sombré la Perfide Albion. En quête d'une couronne, le royaume multiplie les fulgurantes abdications. Deux jours ensoleillés qui donnent la nostalgie du brouillard londonien. Jamais la Grande-Bretagne ne s'est sentie dans de si petits souliers. Au point de vouloir en finir au plus vite. Encore un jour pour… rien et c'est la délivrance. Les jours de grandeur sont à réinventer. Il y a des jours comme ça. Déjà que, hors de leurs bases, les Brésiliens n'ont jamais joué une Coupe du monde autrement qu'avec la ferme détermination de la ramener à la maison. Alors, chez eux, il ne faut plus compter les jours de bonheur. Entre des moments de doute, des moments de magie pure et des moments où tout n'était pas net, le Brésil n'a pas toujours été le Brésil. Et le Mexique y était pour quelque chose, d'avoir eu son jour de bravoure et d'avoir eu dans les buts un rempart infranchissable. Il reste à l'hôte du monde un jour pour installer ses certitudes. Il y a les jours de folie nationale. L'Algérie jouait contre la Belgique. Des Belges plus forts sur papier et dans la vraie vie mais la folie ne s'embarrasse pas des jours, sinon elle cesserait d'être folie. On va gagner. On aurait pu, peut-être. Le naturel a tout de même ses jours de retour au galop. L'a-t-on pour autant chassé un jour ? Pas sûr. Et d'y avoir cru aiguise la désillusion. Ce n'était pourtant pas un jour de catastrophe, la Belgique n'est pas une mince affaire, elle nourrit même des jours extrêmes où elle se fera une place au soleil. Et, pourquoi pas, tenir son jour de gloire. On a perdu mais aujourd'hui est un autre jour pour les Verts. La Corée du Sud a une équipe de laboratoire mais c'est du solide et du rapide. On n'a pas besoin de génie pour gagner, le génie ne triomphe pas toujours. Même si l'Algérie a rarement gagné quand elle laisse ses qualités propres aux vestiaires. Il y a du potentiel dans cette équipe, paraît-il. Mais le jour du «potentiel», c'est quel jour déjà ? Aujourd'hui ou jamais. Avec un peu plus de génie que l'autre fois, ça devrait aller. [email protected]