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Pierre Péan affirme : «Le journaliste d'investigation est manipulable»
Revendiquant le droit de préserver le secret d'Etat
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 06 - 2014

«Le journaliste d'investigation peut être l'objet de manipulations et ça ne tient qu'à lui d'accepter ou non d'être manipulé», a affirmé le journaliste et écrivain français, Pierre Péan, qui a animé avant-hier à Alger un atelier de formation sur le «Journalisme d'investigation».
Préférant la dénomination «d'enquêteur d'initiative sur sujets sensibles» à journaliste d'investigation, Pierre Péan a estimé que le terme investiguer correspond davantage au monde judiciaire, aux services de police, et qu'il a été dénaturé par les relations étroites et malsaines qui se sont nouées entre le pouvoir judiciaire et les médias. «En France, les journalistes n'investiguaient pas. C'est la police, la justice qui leur fournissait les informations pointues.
On travaillait dans le cadre de gestion des fuites», a-t-il expliqué, estimant que son métier est d'enquêter sur des sujets sensibles afin de comprendre les coulisses des pouvoirs politiques, économiques, syndicaux, et démonter des mécaniques ainsi que des systèmes. S'agissant des qualités requises pour être un bon enquêteur, M. Péan a insisté sur l'importance de disposer d'une culture générale solide afin de contextualiser un sujet, de s'alimenter sur les écrits qui l'ont également abordé et ce, afin de dégager des hypothèses. Il a également relevé l'atout majeur de l'enquêteur, à savoir une insatiable curiosité.
«Ce métier est un état d'esprit et nécessite une grande indépendance. On ne doit pas être affilié à un lobby, avoir une étiquette politique trop marquée», a-t-il tenu à indiquer. Relatant son parcours, Pierre Péan a évoqué sa méthode de travail. Il a indiqué être reconnu par ses pairs pour être un faiseur de scoop, une dénomination qu'il réfute car il travaille toujours en ayant comme fil conducteur des thématiques inhérentes à ses enquêtes.
«C'est en labourant des sujets que j'ai produit différentes enquêtes. J'ai longtemps travaillé sur le pétrole puis, l'Afrique, le Moyen Orient, les services secrets. Tous mes sujets ont un fil conducteur», a-t-il expliqué, ajoutant qu'«il essaye toujours de reconstituer une affaire sous un nouvel angle et ce, en se basant uniquement sur le factuel, le croisement des sources». Aussi, il a insisté sur le facteur temps, gage d'une investigation de qualité, estimant que tout son système d'enquête ne saurait être viable sans cette notion de temps, et c'est dans ce sens que faute d'espace dans les quotidiens, il a décidé de s'appuyer sur le livre pour publier ses enquêtes.
«Le journaliste, un citoyen tenu par la limite de l'éthique et de la conscience»
Interrogé à maintes reprises sur les «limites» du journalisme d'investigation, l'animateur de l'atelier a noté que «le professionnel de la presse est avant tout un citoyen qui est tenu par la limite de l'éthique et de la conscience». Cette conception du métier découle également d'une ligne de conduite qu'il tient à préserver en fonction de ses propres règles éthiques et déontologique.
C'est dans ce sens qu'il a insisté sur la responsabilité du journaliste qui, à l'instar des autres citoyens, doit respecter la loi et préserver la présomption d'innocence. «Il faut toujours veiller aux formulations que l'on utilise afin de ne pas diffamer, insulter, diffuser de la haine, de la morale, ne pas véhiculer des rumeurs. Il faut être le plus factuel possible et disposer d'un maximum de preuves. Je suis mes propres règles, je fais en sorte que ma conscience ne me taraude pas», a-t-il mis en exergue, expliquant :
«Il m'est arrivé d'avoir des scoops que j'ai décidé de ne pas publier par souci d'éthique». Il a ajouté, dans ce sens, que «le journaliste enquêteur est entouré par des gens qui tentent de le manipuler». L'intervenant a, dans ce contexte, évoqué les «secrets d'Etat» pouvant également justifier la non diffusion d'une enquête, notant qu'il «croit que toute institution a droit au secret à condition que cela ne soit pas motivé par des magouilles», a-t-il observé, indiquant qu' «il appartient à l'auteur de l'article d'accepter ou non d'être manipulé», considérant que cela fait partie des «risques du métier».
«Ceux qui viennent me voir ont forcément des intentions de manipulation, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, et le jour où on ne voudra plus me manipuler, je serai soit dans ma tombe soit trop fatigué ou inintéressant», a-t-il précisé, conseillant ses plus jeunes confères algériens d'apprendre à «bien gérer» les facteurs et néanmoins «contraintes» du temps et de l'espace.
Affichant sa réticence quant à la nouvelle forme de journalisme telle qu'exercée par Edward Snowden, auteur de fuites sur des documents américains de surveillance sur Internet, il a déclaré remettre en cause la «notoriété» internationale dont jouit l'ex-agent de l'Agence américaine de Sécurité (NSA). Pierre Péan a reconnu également s'être adapté tardivement aux nouvelles technologies qui ouvrent, selon son avis, la voie à une «plus grande manipulation» que l'écrit.
Interpellé, par ailleurs, sur la «collaboration» entre hommes des médias et services de sécurité, Pierre Péan a estimé que la question s'évalue «selon le cas», mais qu'il n'était pas contre cette situation dès lors qu'elle se fait dans un cadre «propre», arguant du fait que ces contacts peuvent avoir «une bonne information» à rendre publique.

par Feriel Arab et Sabrina Benaoudia


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