Voila bien le genre d'histoire dont le football algérien se serait bien passé. Alors qu'il donne une belle image de lui à l'étranger grâce aux performances de son équipe nationale, il reste pris dans des affaires de scandales à l'échelle locale. Le dernière en date est ce fait, peut être unique dans les annales du football mondial, d'un arbitre qui quitte le terrain en plein dans le match qu'il dirigeait. Et pas parce qu'il a été pris d'un besoin physiologique urgent ou parce qu'il a été pris d'un malaise. Non cet arbitre a quitté le terrain, lors du match du championnat de Ligue 2 de samedi soir entre le CABBA et le WAT, tout simplement pour dire son ras le bol sur la manière dont la corporation pour laquelle il travaille est traitée au niveau de la Fédération algérienne de football et à celui de la Ligue du football professionnel. Cet arbitre, qui s'appelle Amin Bitam, est en réalité un juge de touche, un arbitre assistant si vous voulez mais ça ne change pas grand-chose à la gravité des faits. Une gravité qu'il a accentuée en retirant son maillot d'arbitre en sortant pour arborer un maillot de corps sur lequel on pouvait lire : « Kerbadj et Hammoum, une histoire d'un jeu manipulé », du nom du président de la Ligue du football professionnel et du président de la commission fédérale de l'arbitrage. Et ce n'était pas terminé puisque par la suite cet arbitre assistant s'est exprimé dans une chaîne de télévision privée dans laquelle il a expliqué qu'il avait réagi de la sorte « pour dénoncer la hogra dont il est victime. » Il faut dire ici qu'Amine Bitam n'a pas été convoqué pour participer récemment à un séminaire sous l'égide de la Fifa des arbitres. Comme quoi ceci pourrait expliquer cela. Toujours est-il que ce juge-assistant, devenu soudainement loquace, est allé encore plus loin dans ses accusations contre les deux responsables du football algérien que sont Kerbadj et Hammoum. C'est ainsi qu'il a révélé que le second lui aurait demandé, le jour de la finale de la super Coup d'Algérie entre l'USM Alger et le MC Alger, « de favoriser un club par rapport à l'autre ». Il ne cite pas le club en question mais on a vite deviné qu'il lui aurait été demandé de faire perdre l'USMA puisqu'il a déclaré : « je demande pardon à l'USMA pour lui avoir refusé un but valable. » Concernant Kerbadj, Bitam l'accuse de lui avoir demandé « de faire perdre la JS Kabylie, d'une manière intelligente, lors de la dernière demi-finale ayant opposé ce club au CRB Aïn Fakroun. » Il s'agit là d'accusations graves qui imposent à ceux qui sont mis en cause d'y répondre. Nos tentatives pour joindre Kerbadj et Hammoum hier se sont avérées vaines. Il va, pourtant, bien leur falloir répondre à ces accusations sans quoi c'est tout le système qui sera ébranlé alors que la guerre contre les matches truquées est une des priorités de la FAF. Nous ne savons pas si Bitam a agi sous le coup de la déception et de la frustration après avoir été ignoré pour participer au séminaire sous l'égide de la FIFA. En tout cas sa sortie du terrain à Bord Bou Arréridj puis devant la presse démontre que le football algérien a bien du mal à retrouver une certaine crédibilité. Le président de la FAF. Mohamed Raouraoua, qui se trouve en Ethiopie pour une réunion du Comité exécutif de la CAF et pour défendre le dossier de l'Algérie pour l'organisation de la CAN 2019 ou de la CAN 2021, va se retrouver un lourd dossier sur son bureau à son retour au pays. Il y a, en outre, le feu dans la baraque qu'il se doit d'éteindre au plus vite car rien ne dit que demain il n'y aura pas d'autres arbitres à la langue encore plus pendue que celle de Bitam.
