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Les «brigades de la pudeur» sévissent
Israël a aussi ses «talibans»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 14 - 04 - 2009

Non, ne croyez surtout pas qu'il s'agit, ici, d'une mauvaise blague. L'Etat d'Israël, dont les parrains et protecteurs occidentaux disent qu'il est le seul Etat démocratique de la région – ce qui est de la propagande –, commence à pourrir de l'intérieur.
Le ver est dans le fruit depuis 1948, déjà, lorsque David Ben Gourion, un «mécréant» notoire qui, nous dit-on, n'a été qu'une fois à la synagogue, avait accordé aux quelques milliers de «haredim» (ultra-orthodoxes juifs, hommes en noir) de l'époque certains avantages.
Ben Gourion, dont on connaît les rêves sionistes et les ambitions personnelles, a en effet signé un pacte avec le diable, alors qu'il était Premier ministre.
Pourquoi ? Allez savoir ! Je me doute qu'en plus du désir de se refaire «une virginité religieuse» Ben Gourion voulait s'attirer les bonnes grâces des religieux et rabbins intégristes qu'il espérait pouvoir manipuler plus tard…
Les apprentis sorciers toujours rattrapés
Mais quand on joue avec le feu ou qu'on s'amuse à l'apprenti sorcier, il faut savoir maîtriser cette science qui vous échappe à tout moment puisqu'elle relève du diabolique. Et surtout quand il s'agit d'une Torah que des militants ultra-orthodoxes veulent appliquer à la lettre.
Cela rappelle d'ailleurs à bien des égards certains autres laboratoires à travers le monde et surtout musulman et notamment aux Proche et Moyen-Orient, en Asie et au Maghreb, où des expériences similaires ont mal tourné…
Au point qu'aujourd'hui encore, on en paie le prix fort.Mais revenons à Israël. Aujourd'hui, 61 ans après ce coup de «génie sioniste», les ultra-orthodoxes radicaux parmi les intégristes les plus virulents qu'Israël ait conçus représentent 10% de la population israélienne. C'est beaucoup, et la politique de colonisation en rameute beaucoup d'autres.
Des intégristes influents à la Knesset
Regroupés au sein du parti Shas et de la Liste Unie de la Torah, ils ont réussi, lors des dernières législatives, à occuper respectivement 11 et 5 sièges à la Knesset et participent de fait à toutes les coalitions gouvernementales…
Et c'est là que le bât blesse. Connus pour leurs objectifs de création effrénée de nouvelles colonies sur le dos des Palestiniens, leur nuisance coloniale, leur radicalisme, leur intégrisme, leur fécondité hors normes – la libido est-elle boostée par le fanatisme ? –, ils font la pluie et le beau temps partout où ils s'installent. Ils sont craints comme la peste.
Au nom de la bible hébraïque, de la Torah et des textes talmudiques dont ils usent et abusent, ils appliquent leur «charia» à eux. A leur manière… A la manière des talibans afghans et pakistanais… A la manière des intégristes islamistes…
Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop !
Femmes battues et vitriolées en pleine rue !
Et pourtant Dieu seul sait combien les sionistes israéliens et surtout les religieux condamnent l'islamisme et les musulmans les plus radicaux en les affublant de tous les qualificatifs. Mais ils n'en sont pas différents. Bien au contraire on dirait des frères siamois, s'agissant des méthodes que les uns et les autres appliquent pour «pratiquer» leur «religion».
Ainsi en Israël le «démocratique», des femmes sont battues, flagellées, vitriolées à la manière islamiste, afghane, en toute impunité et en public ! Et attention, que personne n'intervienne car sinon… Tout le monde a entendu parler de ces femmes qui ont été battues en pleine rue, en ville. Et surtout de celle qui a été brûlée sur le bas-ventre avec des jets de vitriol, parce qu'elle «était trop maquillée» au goût de ses voisins…
En Israël, les fanatiques ultra-orthodoxes ont créé des «brigades de la pudeur». Des milices qui ont presque le droit de vie et de mort sur les citoyens, surtout les femmes, dès lors que leur attitude, leur aspect extérieur, etc. ne sont pas en accord avec les préceptes religieux de ces «fous de la Torah».
Il est vrai qu'à Tel-Aviv, dans les grands centres, la minijupe et le bikini, voire le monokini ont encore de beaux jours. Dieu merci ! Mais dans les colonies, à majorité «haredim» (ceux qui craignent Dieu), ils font la loi. Et toute la population s'y soumet.
Le mouvement Shas est tellement puissant qu'il impose ses règles partout, dans les rouages de l'administration, le commerce, les écoles, l'armée…
Son influence grandissante lui permet de contrôler bien des secteurs d'activité et la violence utilisée impunément, au nom de la Bible hébraïque, lui permet de faire valoir des avantages exceptionnels surtout en nature au niveau de la Knesset. En effet, aucun autre parti et surtout pas celui au pouvoir n'ose affronter ces «fous de la Torah», par peur des violences.
Ultra-orthodoxes juifs et talibans, même combat ?
Ainsi, les fanatiques israéliens ont obtenu, en plus d'être exemptés du service militaire, des allocations familiales en conséquence (taux de fécondité exceptionnel) et bien d'autres avantages. Mais le pire, c'est que les ultra-orthodoxes ont déjà, en utilisant l'intimidation, la violence et les menaces, instauré leurs règles.
Comme la séparation par un rideau noir des femmes et des hommes dans des bus appartenant à deux compagnies de Jérusalem qui se sont pliées aux pressions de ces malades. D'autres sociétés s'y plient également par la force à leurs injonctions.
Mais c'est dans les colonies que les fanatiques excellent.
Ainsi, en Cisjordanie mais surtout à Bet Shemesh, les femmes juives ressemblent à s'y méprendre à celles de Kaboul… Elles portent, en effet, désormais un vêtement identique à la burka.Comme quoi, tous les fanatiques se ressemblent. Sauf qu'en Israël, nous sommes dans un pays «démocratique» qu'on ne peut pas «envahir», au contraire de l'Afghanistan.
Pour ma part, je ne fais plus la différence entre la vallée de Swat en zones tribales pakistanaises, dominées par les talibans et où AliZardari vient d'accéder à une exigence des islamistes radicaux qui réclamaient l'instauration de la «charia» en échange de la fin d'une insurrection déclenchée il y a plus d'un an et… la vallée du Jourdain où les «haredim» israéliens appliquent aussi leur «charia» et font exactement la même chose. Sauf qu'en Israël, personne n'oblige Netanyahu à abdiquer devant ces fous de Dieu.


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