La coalition dite «anti-houthis», composée par notamment les royaumes saoudien, marocain et jordanien, bombardant des régions au Yémen allonge la liste déjà trop longue de ses victimes et renforce la «guerre ethnique». Pourquoi le Yémen ? Des considérations d'ordre «stratégique» peuvent expliquer «l'enthousiasme» avec lequel l'Arabie saoudite a mobilisé des dizaines d'avions de combat et des dizaines de milliers de militaires pour donner l'assaut contre un pays aux moyens militaires limités. Le Yémen qui partage environ 2000 kilomètres de frontières avec l'Arabie saoudite, et qui partage également 288 kilomètres de frontières avec le Sultanat d'Oman, a accès notamment au Golfe d'Aden et à la mer Rouge, et également au passage maritime Bab El Mendeb par lequel transitent quotidiennement environ 3,3 millions de barils de pétrole, représentant 4% de la demande mondiale. Ce passage maritime auquel accède le Yémen voit transiter annuellement 21 000 navires représentant 10% du volume commercial mondial, occupant la troisième place dans le monde des passages maritimes en termes d'importance commerciale. La situation géographique et stratégique du Yémen en fait aujourd'hui, malgré lui, un élément dans les luttes d'intérêt lancées par certains pays du Moyen-Orient, l'Arabie saoudite en particulier. Un conflit régional et international dans lequel le terrorisme est utilisé comme une carte à jouer dans une «concurrence» pas toujours loyale. Disposer de ces capacités stratégiques en possession du Yémen permettrait de maîtriser un outil économique de grande importance dans la région et au niveau mondial. L'Arabie saoudite qui soutient publiquement le terrorisme sévissant en Syrie et ailleurs ne peut ignorer les capacités dont dispose le Yémen. La coalition formée avec d'autres pays, dont la Jordanie, un des pays alliés de l'Arabie saoudite dans le soutien au terrorisme en Syrie, a tenté, sans réussir, d'entraîner notre pays dans la guerre déclarée au peuple yéménite.
